Le Cartographe des absences / O Mapeador de Ausências  – ou comment découvrir la géographie secrète des paysages de la Baía de Sofala avec le poète Diogo Santiago

C’est en lisant « le cartographe des absences » que je découvris les paysages de la « Baía de Sofala » et sa mangrove, le Rio Búzi, le Rio Púnguè et naturellement la ville de Beira et son arrière -pays. J’ai d’ailleurs déjà parlé de ce livre dans un de mes derniers billets « Une liseuse „Tolino“ pour délester ma bibliothèque ». Et grâce à cette liseuses « Tolino » que j’ai lu la version intégrale du livre dans la merveilleuse traduction d’Elisabeth Monteiro Rodrigues et partiellement dans la version originale en portugais mozambicain. C’était une belle expérience ! J’ai appris le portugais il y a plus de trente à l’université de Mannheim, dans les cours de portugais de Madame Hundertmark.  La même Maria Teresa Hundertmark Santos Martins qui a aussi édité une grammaire portugaise[1] et autres manuels pour les étudiants allemands en langue portugais! Par manque de pratique je ne parle pas couramment le portugais, – mais je le lis encore assez bien. Est-ce que pendant les cours de Madame Hundertmark durant les années 1980 dans la belle ambiance du « Mannheimer Schloß », – j’avais pensé de lire une fois, même partiellement un roman portugais ? Non, je ne crois pas !

Donc je me permets d’écrire que la traduction Elisabeth Monteiro Rodrigues est un véritable chef d’œuvre, – même si j’aurais traduit « Essa enorme língua de areia era marginada por uma floresta de mangal / Cette grande langue de sable était bordée par une forêt de manguiers  »  par « cette grande langue de sable était bordée par une forêt de mangrove »! Et les forêts de mangrove sont une des éléments caractéristique de la « Baía de Sofala »[2].

Mais il faut dire que j’ai aussi lu le livre comme un livre de géographe qui me permet de découvrir les paysages de la province de Sofala, mais aussi de déchiffrer les paysages intérieures de l’auteur Mia Couto. Comme Gladys Marivat, c’est d’ailleurs par la lecture de sa critique dans le Monde qui j’ai découvert le roman[3], je pense que Mia Couto, pourrait un jour recevoir le prix de Nobel de littérature. Ceci serait un belle récompense pour l’œuvre de Mia Couto, mais aussi un récompense pour la langue portugaise, la lusophonie et aussi naturellement pour la littérature et les auteurs africains !

« Le Cartographe des absences » est déjà l’objet de divers critiques littéraires francophones, dont la critique Marivat Gladys dont j’ai déjà parlé en haut. Mémorable aussi le podcast/la critique de RFI « Revisiter les ténèbres du Mozambique colonial, avec le lusophone Mia Couto (1/2) » et « Dans le sable mouvant de la mémoire, avec le Mozambicain Mia Couto (2/2) ». Et en plus on trouve déjà un article scientifique sur le livre, – « Mia Couto: luto e melancolia em O Mapeador de Ausências[4] » publie par José Paulo Pereira dans NAVEGAÇÕES, Revista de Cultura e Literaturas de Língua Portuguesa en juin 2021.

« Découvrir le monde pour la première fois »

« Le lendemain, une fois la tempête passée, mon père m’avait demandé d’ouvrir les fenêtres. Comme je tardais, il s’était levé, avait débloqué les verrous en cuivre et ouvert grand les battants. Il faisait cela comme s’il ne l’avait jamais fait auparavant, comme si la fenêtre était une invention très récente. Il avait regardé le jour lumineux, inspiré profondément et dit :

– Viens, mon fils, viens voir le monde pour la première fois. [5]»

La lecture du « Cartographe des absences » m’a replonge dans mes premiers lectures des grands roman de la « Weltliteratur » pendant ma jeunesse à Schramberg, à  Aubord, à Leucate …. .  J’ai l’impression de redécouvrir le monde « pour la première fois » comme Diogo, après que la tempête ayant balaye la ville de « Beira ».

Comme je découvris dans la traduction allemand de  Curt Meyer-Clason « les Cent Ans de solitude »  de Gabriel García Márquez[6], – comme je filais dans le bureau de mon père pour y déchiffrer ce Monde lointain et inconnu avec l’aide de ses livres, les atlas géographiques et historiques et surtout sa grande Brockhaus Enzyklopädie en 24 volumes. Les temps ont bien changé, – et j’utilise Internet, ma bibliothèque personnelle durant mes lectures pour y déchiffrer mes « livres & lectures » – de réunir imaginaire littéraire et réalité géographique. Et c’est ainsi que je découvre aussi « Fernando Leite Couto » le père de Mia Couto, – car dans Adriano Santiago on découvre bien l’âme et les souvenirs du père de Mia Couto. A Maputo il y d’ailleurs une fondation, la Fundação Fernando Leite Couto, qui a aussi le but de transmettre l’héritage culturel de  Fernando Leite Couto. Peut-être un jour je pourrais aussi faire le voyage au Mozambique pour découvrir de mes propres yeux les paysages de la « Baía de Sofala », visiter le petit centre culturel  de la Fundação Fernando Leite à Maputo.

Concernant le « Le Cartographe des absences/ O Mapeador de Ausências » je pense que le livre mériterait bien une traduction anglaise et pourquoi pas allemande ? Et je me demande pourquoi ces traductions ne sont pas déjà présentes pour les lecteurs anglophones voire allemanophones ?

Et la traduction française de Elisabeth Monteiro Rodrigues est un véritable chef d’œuvre comme je l’écrivais déjà plus haut dans le texte, – rien que pour lire la traduction du poème de la sorcière Maniara (Parole de la femme qui enterre ses enfants)  – le « Cartographe des Absence » mérite une lecture approfondi ! Et si par hasard une réédition de la traduction française serait envisagée, je pense une belle carte de la Baía de Sofala & de la province de Sofala serait la bienvenue, pour mieux pouvoir accompagner la voyage de Diogo Santiago  à travers le temps et l’espaces des paysages et les brumes de l’océan et les nuages de la mer !

Pour tous les  aficionados du « réalisme magique » – et tous les inventeurs de l’oubli – la lecture du « Cartographe des absences » devient une expérience inoubliable !

Et n’oublions pas, comme le dit Mia Couto lui-même, – le « Mapeador de Ausências » est le roman le « plus autobiograhique » de l’auteur[7] !

Bibliographie :

Couto, Mia (2020) : O Mapeador de Ausências, © Mia Couto, 2020, Al fragide , Editorial Caminho ISBN: 9789722130615

Couto, Mia (2022) : Le Cartographe des absences. Traduit du portugais (Mozambique) par Elisabeth Monteiro Rodrigues à partir du texte original de l’édition Caminho révisé par l’auteur. Éditions Métailié. Titre original : O Mapeador de Ausências, © Mia Couto, 2020, By arrangement with Literarische Agentur Mertin Inh. Nicole Witt e.K., Frankfurt am Main, Germany, E-ISBN : 979-10-226-1227-2

Francisco et al (2019): Análise de Mudança de Cobertura do Mangal na Baía de Sofala, Moçambique. CAPTAR 8(1): 51-60 (téléchargeable ici)

Hundertmark-Santos Martins, Maria Teresa (2014): Portugiesische Grammatik. Berlin, De Gruyter, 3. Aktualisierte Auflage, ISBN 978-3-11-031225-6

Pereira, J. P. C. (2021). Mia Couto: Luto e melancolia em O Mapeador de Ausências. Navegações, 14(1), e39886. https://doi.org/10.15448/1983-4276.2021.1.39886

Christophe Neff, écrit le 06.01.2022, publiée le 07.01.2022


[1]  Hundertmark-Santos Martins, Maria Teresa (2014): Portugiesische Grammatik. Berlin

[2] Voir aussi «Francisco et al (2019): Análise de Mudança de Cobertura do Mangal na Baía de Sofala, Moçambique»

[3] Marivat, Gladys (2022): Le rêve mozambicain de l’écrivain Mia Couto. Mots de passe. Depuis trente ans, il creuse dans la mémoire, l’histoire et les silences de son pays d’Afrique australe, pour en extraire la matière de ses livres. Jamais tant, peut-être, que dans « Le Cartographe des absences ». (Publié le 04 décembre 2022 à 12h00, mis à jour le 08 décembre 2022/ Article réservé aux abonnés).

[4]« Mia Couto deuil et mélancolie dans cartographe des absences  (trad.par C.N) »

[5] Extrait de la page 129 de « Couto, Mia (2022) : Le Cartographe des absences. Traduit du portugais (Mozambique) par Elisabeth Monteiro Rodrigues ».

[6] Voir aussi « Aubord de « Macondo » (19.04.2014) »

[7] Voir « Revisiter les ténèbres du Mozambique colonial, avec le lusophone Mia Couto (1/2) »

Une liseuse „Tolino“ pour délester ma bibliothèque

Après de longues hésitations,  j’ai donc acheté une liseuses Tolino chez la libraire Frank à Grünstadt (Buchhandlung Frank Grünstadt). Longues hésitations, dont je parlai entre autre dans le billet « « Willy Hahn – Aïcha et les 40 lecteurs – Scènes d’une vie de libraire » notices de lecture, voyages et souvenirs d’un habitué de la librairie « à Livre ouvert » à Wissembourg ».  Mais finalement je l’ai fait, – car il faudra un jour se délester d’une partie des ma bibliothèque, – car je ne sais plus où et comment stocker tous ces livres qui m’appartiennent. Des milliers de livres stockés dans des étagères à livres, des « boites en plastiques », – qui on tendances à envahir pièce après pièce. Le grand lecteur, – a déjà besoin du temps pour la lecture, – mais aussi de la place pour tous ces livres lus, – mais aussi tous les autres livres qui attendent la lecture, la relecture et ainsi va la vie des livres dans une étagère à livres. Tous ce livres ont aussi leur propre histoire, – histoire de lecture, de voyage, de souvenirs. Pierre Assouline nous a récemment parlé des écrivains qui se séparant de leur bibliothèques dans le billet « Quand un écrivain se sépare de sa bibliothèque » de la République des livres. Notons en plus que le billet suivant de la RDL est consacré à une sorte de bibliothèque du future au parfum postapocalytique ! Naturellement je ne suis pas « écrivain », mais simplement un géographe, bloggeur du week-end et lecteur régulier de livres, de textes, journaux etc.  – qui aux fils des années s’est vu déborder par ses « livres » envahissants les lieux d’habitations.  Au début de l’été dernier, en lisant « Vider les lieux » – je me suis déjà préparé mentalement a me séparer d’une partie de ma bibliothèque, – mais en même temps en lisant ce livre étonnant de Olivier Rolin j’ai encore découvert plein de livres – que je devrais un jour découvrir, lire – mais peut être plus – ou en tout cas pas toujours lire en forme de livre traditionnel[1].

Etant en congé maladie après une intervention chirurgical, – je me suis donc mis à utiliser et tester cette fameuse « liseuse Tolino » – qui est d’ailleurs quasiment inconnue en France. Achat de deux livres epub en allemand chez la librairie Frank à Grünstadt (Iglhaut/Poesie und Politik), un en français (Le Cartographe des absences) et en portugais (O Mapeador de Ausências) chez la FNAC, – et un livre anglo-américain chez Lehmanns (the Nethanyhus). Je découvre que le marché pour les epub aux Etats – Uni est minuscule, le marché des livres électroniques est dominé par le « Kindle » d’Amazon.  En France, comme je l’ai déjà décrit – le système Tolino, – qui entre autre fédère les librairies indépendantes allemandes– et leur permets de vendre les livres epub est quasiment inconnue. Donc je peux acheter mes livres epub allemands chez mon librairie à Grünstadt la librairie Frank.  Dommage qu’un tel system n’existe pas en France, – j’ai donc acheté deux eBook chez la FNAC – un en français, – et un en portugais. J’ai mis assez de temps de comprendre l’Univers de ma liseuse Tolino, – et j’ai l’impression que je ne suis pas encore à l’abri de mauvaises surprises. Mais j’ai bien commencé à lire des livres sur la liseuse – et déjà la lecture d’un livre m’emporte vers un univers étrange, – et paysage lointains, – comme pendant mes premiers lectures d’enfance. En fait, souvent malade pendant mon enfance, collé au lit – j’ai aussi découvert le Monde par mes lectures – et je suis devenu aussi un grand lecteur dévoreur de livres, de paysages.  « Le Cartographe des Absences » de Mia Couto m’a  – d’une certaine façon – allumé comme mes premières lectures, et en plus je me suis mis à lire certains chapitres dans la version originale portugaise !

Magnifique traduction d’Elisabeth Monteiro Rodrigues qui transporte le rythme du texte original écrit en portugais mozambicain, mais qui nous ouvre aussi les paysages intérieurs des protagonistes du roman. Mais est-ce que c’est vraiment un roman ? Après avoir lu à peu près 70 pages de la traduction françaises et une trentaine de pages de l’original portugais on pourrait aussi bien avoir l’impression qu’on lit un livre de géographie. Je m’arrêterai ici, – car je n’ai pas encore lu le livre entier. Dans le Monde on trouve un très beau récit sur « le Cartographe des Absences » et son auteur Mia Couto sous le titre « Le rêve mozambicain de l’écrivain Mia Couto » écrite par  Gladys Marivat. En plus sur YouTube « MIA COUTO – LE CARTOGRAPHE DES ABSENCES » une rencontre animée par Gladys Marivat avec Mia Couto et sa traductrice Elisabeth Monteiro Rodrigues publié par la Maison de la Poésie. Peut-être je reviendrai un jour sur le livre « le cartographe des absences » dans paysages.

Donc la liseuse Tolino m’a permis de lire en parallèle «O mapeador de ausências » et la traduction française « Le Cartographe des absences » – vue qu’il est très difficile d’acquérir des livres portugais en Allemagne  cela aurait été quasiment impossible en livre traditionnel. Ce n’est déjà pas si mal pour un premier début.

Donc une première expérience, disons positive avec la liseuse Tolino, – on verra bien que ce donnera – et puis ceci pourrait peut-être libérer un peu de place dans mes étagères de livres.

Photos : toutes Christophe Neff, © Christophe Neff 06.12.2022   + couvertures des ebook O Mapeador de Ausências & Le Cartographe des absences, + capture d’ecran de ma liseuse Tolino du 06.12.2022.

Bibliographie :

Adler, Katharina (2022): Iglhaut. Roman.  Hamburg : Rowohlt E-Book 2022, ISBN 978-3-644-01074-1

Cohen, Joshua (2021): The Nethanyhus. London, Fitzcarraldo Editions, eISBN 978–1–913097–61–5

Couto, Mia (2020) : O Mapeador de Ausências, © Mia Couto, 2020, Al fragide , Editorial Caminho ISBN: 9789722130615

Couto, Mia (2022) : Le Cartographe des absences. Traduit du portugais (Mozambique) par Elisabeth Monteiro Rodrigues à partir du texte original de l’édition Caminho révisé par l’auteur. Éditions Métailié. Titre original : O Mapeador de Ausências, © Mia Couto, 2020, By arrangement with Literarische Agentur Mertin Inh. Nicole Witt e.K., Frankfurt am Main, Germany, E-ISBN : 979-10-226-1227-2

Hörisch, Jochen (2022): Poesie und Politik, München, Carl Hanser Verlag, ISBN (epub) 978-3-446-27648-2

Rolin, Olivier (2022) : Vider les lieux. Paris, © Éditions Gallimard, ISBN 978-2-07-284499-7

Christophe Neff, Grünstadt, écrit le 05.12.2022, publié le 06.12.2022


[1] Très belle critique littéraire  de  Raphaëlle Leyris « « Vider les lieux », d’Olivier Rolin : la mémoire des choses » dans le Monde. Je crois de me souvenir, que j’ai découvert le livre d’Olivier Rolin – ou disons que ce cette critique qui m’a incité d’acheter le livre et de le lire.

Blognotice 22.03.2022: encore l’angoisse de l’Aube

L’aube à Grünstadt 22.03.2022, © Christophe Neff 22.03.2022

L’angoisse de l’Aube, depuis le début de cette guerre en Ukraine, qui entre dans sa quatrième semaine. Le matin vingt-quatre février 2022, c’était un jeudi, les troupes du tsar Poutine attaquaient l’Ukraine. Depuis, la mort et la désolation règnent sur Kiew, Odessa, Kharkiv et surtout Marioupol. Et Poutine semble avoir décidé que Marioupol devrait partager le sort de Grozny et d’Alep !  L’angoisse de l’aube, – les matins quand je me lève je pense aux villes et paysages ukrainiens, – aux cris de blessés sous les décombres après les bombardements russes – et je fais de photos des premiers rayons de soleil sur Grünstadt, sur la plaine du Rhin qui s’étend entre le Odenwald et le Pfälzerwald[1]. Depuis le début de l’invasion russe j’ai pris une photo de presque chaque « Aube » s’étendant sur les toits de Grünstadt.

Je constate que le Tsar Poutine n’a pas encore totalement réussi la « Gleichschaltung »  de la société civile russe. Je pense au geste héroïque de Marina Ovsiannikova, qui en brandissant lors du journal télévisé du soir Vremia, une pancarte « No War, ne croyez pas à la propagande, on vous ment ici. Russians against war » pour manifester son opposition à la guerre en Ukraine – et montrant ainsi au Monde entier que la société civile russe n’est pas encore totalement assommé par la férule de Monsieur Poutine ! Marina Ovsiannikova n’est pas la seule – des centaines, des milliers de russes, qui osent de dire non à la guerre, qui vont faire le chemin silencieux vers les prisons, les «  Lagers », des autres qui essayent de fuir chez nous vers la liberté! Je retiens aussi l’interview de Wladislaw Inosemzew dans le spiegel qui compare Poutine à Mussolini [2]!

Graffiti montrant Salgueiro Maia à Lisbonne, source wikipedia.commons

Parfois je pense aussi à Salgueiro Maia, ce capitaine qui avec ces frères d’armes fut tombé la   dictature salazariste pendant la Révolution des Œillets en avril 1974. De jeunes officiers portugais que ne voulaient plus combattre dans les guerres coloniales atroces que le Portugal menait en Afrique ! Car dans un certain sens la guerre que les troupes du Tsar Poutine mènent en Ukraine, est aussi une guerre coloniale ! Parfois je me mets à rêver en espérant, que des jeunes capitaines de l’armée russe, aient le courage de Salgueiro Maia et de ces jeunes officiers portugais de la Révolution des Œillets, pour mettre fin à cette guerre néocoloniale que l’empire russe mènent en Ukraine ! Parfois aussi comme je l’ai écrit dans trois de mes derniers billets publiés en allemand, – j’espère tous simplement que l’Europe[3], – et spécialement l’Allemagne, car l’Allemagne est le pays où je vis et où je paie mes impôts cesse enfin d’importer du pétrole russe[4] !

Le soleil printanier a pris possession de l’Unterhaardt, les amandiers et les abricotiers sont en fleur. Le printemps débute ici, je relis Romain Gary, quelques lignes de la Promesse de l’aube

« Il y a aussi Filoche, le dieu de la petitesse, des préjugés, du mépris, de la haine- penché hors de sa loge de concierge, à l’entrée du monde habité, en train de crier « Sale Américain, sale Arabe, sale Juif, sale Russe, sale Chinois, sale Nègre»- c’est un merveilleux organisateur de mouvements de masses, de guerres, de lynchages, de persécutions, habile dialecticien, père de toutes les formations idéologiques, grand inquisiteur et amateur de guerres saintes, malgré son poil galeux, sa tête d’hyène et ses petites pattes tordues, c’est un des dieux les plus puissants et les plus écoutés, que l’on trouve toujours dans tous les camps, un des plus zélés gardiens de notre terre, et qui nous en dispute la possession avec le plus de ruse et le plus d’habileté[5] 

Le printemps est arrivé dans la Unterhaardt, – l’Ukraine pleure ses morts, et se prépare encore à tenir une journée de combat de plus ! J’aimerais tant voir des « Capitães de Abril »[6] russes finir la guerre sanglant coloniale que l’armée russe mène en Ukraine ! La dernière fois que des officiers russes osent de se opposer au « pouvoir », fut d’ailleurs  « Insurrection décabriste »  en décembre 1825 !

 On peut toujours rêver des jours meilleurs au début du printemps !

Bibliographie :

Gary, Romain  (2018) : la promesse de l’aube. Folio/Éditions Gallimard, Paris, 2018, ISBN 978-2-07-036373-5

Photos :

La photo de la graffiti montrant Salgueiro Maia provient de de wikimedia commons, source originale : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Salgueiro_Maia_graffiti.jpg

La Photos montre l’aube à Grünstadt le mardi 22.03.2022, © Christophe Neff 22.03.2022

Christophe Neff, Grünstadt le mardi 22.03.2022


[1] Comme par exemple la ville de Mykolaïv, voir le reportage  de Emmanuel Grynszpan du mardi 22.03.2022 : « Dis aux autres que désormais on tirera sans sommation » : à Mykolaïv, la vie sous la menace des armes russes »

[2]„ »Putin ähnelt Mussolini« – Der russische Ökonom und Politologe Wladislaw Inosemzew hält den Kremlchef für einen faschistischen Herrscher. Der Krieg könne nur beendet werden, indem der Westen die Moskauer Führung spaltet. Wie soll das gelingen?. Interview  Ann-Dorit Boy 20.03.2022.

[3] Voir aussi „Öl und Gas aus Russland Warum ein Embargo Putins Krieg beenden könnte. Ein Gastbeitrag von Sergej Gurijew und Oleg Itskhoki“ dans Spiegelonline du 22.03.2022

[4] Voir „Blognotiz 13.03.2022: Erinnerungen an eine Bahnreise nach Saulgau im März 2010“ et „Blognotiz zur Veranstaltung des Literaturhauses Stuttgart – Ukraine im Krieg“ et enfin „Blognotiz 20.03.2022: Notizen zur aktuellen Linkreparatur in Paysages“.

[5] Citation de Romain Gary „la promesse de l’aube », p.19 de version poche, folio, Paris, 2018, ISBN 978-2-07-036373-5

[6] « Capitães de Abril » est aussi un film franco-portugais de Maria de Medeiros retrace la Révolution des Œillets.

Vue depuis Grünstadt: « Le coup de force institutionnel de Kaïs Saïed en Tunisie du dimanche 25 juillet 2021»

Le jour du coup de force de Kaïs Saïed, le dimanche 15 juillet je revenais d’une semaine de vacances de randonnée en Autriche. J’aurais du prendre le train à Zell am See pour rejoindre Mannheim,  – mais pour divers raisons familiales, je reviens en voiture, – beaucoup de bouchons sur les autoroutes allemandes, – et dans les diverses radio qui m’accompagnait à travers les autoroutes bochonnées du Sud de l’Allemagne aucune parle de la crise constitutionnelle qui sévit en Tunisie depuis janvier 2021.

En fait la crise institutionnelle en Tunisie est un non-évènement en Allemagne. La crise sanitaire du COVID qui ravage la Tunisie, – on en parle jamais ici en Allemagne – pour se rendre compte il faut bien lire les médias francophones. La Tunisie pour beaucoup d’analystes et experts politiques allemands,  – revient dans le collimateur comme pays exportateurs d’immigrations – à part cela le pays ne semble pas exister. Personnellement j’apprends du gel du parlement tunisien par le président tunisien Kaïs Saïed dans la nuit du 25 au 26 juillet par divers médias francophones. Durant la journée du lundi 26 juillet les médias allemands redécouvrent  la Tunisie – la Tunisie – l’expérience démocratique tunisienne semble être sérieusement menacée – beaucoup de « blabla » et des larmes de crocodiles sur les menaces qui pesaient sur la démocratie tunisienne. A part une analyse très réussi publiée par Sarah Mersch dans le Spiegel « Wie es zum Staatsstreich kommen konnte – und was jetzt bevorsteht (Comment le coup d’État a pu se produire – et ce qui nous attend maintenant) » jusqu’à présent je n’ai trouvé de analyse convaincante sur le coup de force de Kaïs Saïed dans les medias allemands. La Tunisie semble être bien loin des préoccupations des medias et experts politiques allemands. J’ai l’impression que finalement la Tunisie ne les intéresse pas trop, – pourvue que « l’immigration clandestine tunisienne » concerne surtout l’Italie et la France et ne semble pas trop bouleverser le quotidien politique allemand. En contrepartie – les soignants tunisiens – pourvue qu’ils parlent un peu l’allemand – ils sont les bienvenues en Allemagne !

Personnellement je « suis » la crise tunisienne depuis des mois dans les médias francophones et aussi en lisant les posts Facebook de quelques ami(e)s tunisiens. La situation était devenue vraiment intenable – une très grande partie de la population tunisienne souffre déjà énormément des conséquences de la crise sanitaire due au COVID, – et la crise institutionnelle semblait s’empirer de jour en jour !

Difficile de porter un jugement sur les évènements actuels en Tunisie. Au mieux Kaïs Saïed pourrait transformer le régime parlementaire tunisien envers un système présidentielle de type 5 république française , – pour suivre l’exemple du général de Gaulle. Au pire nous allons revivre l’expérience égyptienne ou Abdel Fattah al-Sissi l’homme fort égyptien qui règne avec une main de fer sur ses administres sur les rives du Nil. Peut-être même nous allons revivre l’idée d’un Estado Novo tunisien – qui reprend les principaux mécanismes dictatoriales qu’avait établi António de Oliveira Salazar au Portugal il y fort longtemps. Franchement je ne le sais pas, – mais j’espère que le président tunisiens suivra plutôt les pas d’un Charles de Gaulle que les traces de Abdel Fattah al-Sissi en Egypte ou de António de Oliveira Salazar au Portugal dans les années 1930.

Christophe Neff, écrit le 31.07.2021, publié le 31.07.2021

Les belles de Tunis sont en deuil

Les belles de Tunis sont en deuil, Nine Moati Cariès vient de décéder début mai[1]. Je l’ai appris en écrivant mon dernier billet par diverses sources tunisiennes[2]. D’ailleurs je suis étonné, de ne retrouver aucune nécrologie sur Nine Moati dans la presse française, – dommage[3] car elle était une écrivaine reconnue et ses livres ont aussi connu un succès en librairie et dans les mains de ses lecteurs et lectrices. Oui les nouvelles de son décès me sont donc arrivées par la Tunisie, ce pays qu’elle aimait tant.

Je me vois encore descendre la colline de Sidi Dhriff pour aller chercher le Monde à la Marsa Gare, entrez dans la librairie Mille feuilles véritable « institution à la Marsa » , comme je le faisais régulièrement pendant mes années tunisiennes. Et c’est ici que j’ai acheté le roman « les belles de Tunis[4] » de Nine Moati dans une édition spéciale pour le Maghreb francophone. C’est d’ailleurs ici que j’ai aussi acheté les livres de son frère, Serge – dont « Villa Jasmin » auquel j’avais dédié un de mes premiers post de blog sur paysages « Villa Jasmin – quelques pensées personnelles en vagabondant sur le téléfilm de Férid Boughedir ». C’est grâce aux livres de Nine et de son frère Serge dont j’ai lu une très grande partie à la Marsa, pendant ces dites « mes années tunisiennes », que j’ai aussi appris à comprendre l’histoire de la Tunisie et peut être aussi un peu la mienne !  On peut retrouver d’ailleurs les souvenirs de jeunesses tunisiens de Nine et de Serge dans le livre édité par Éric Fottorino « Mille et un soleil. Paroles du Maghreb en France » en 1995. Je reprends donc quelques paroles du chapitre « la coquille de Nine Moate » :

« Je me sentais tout à la fois, se souvient Nine Moati quand elle évoque son arrive à Paris en 1957 avec son frère Serge, peu après le traumatise de la mort de leurs parents et  le départ loin de la Tunisie natale. Je me sentais Française car j’avais été éduquée dans cette culture (son père était président de la Ligue des droits de l’homme). Sentimentalement, j’étais Tunisienne. Et juive à l’évidence, sans m’en rendre compte. Je n’avais pas connu l’antisémitisme en Tunisie ! Je n’avais pas l’impression qu’il existait des juifs ailleurs. J’ai seulement ressenti cette identité en arrivant à Paris. « On pense au mots de Sartre : c’est le regard des autres qui crée le Juif ». A cette époque, continue Nine Moati, je n’avais pas les clefs de la société française (Fottorino 1995 110-111)  » 

On retrouve dans ses paroles les souvenirs de son père, – Serge Moati (1903 – 1957), journaliste, résistant, socialiste, – comme dans beaucoup d’écrits de Serge[5], – mais hélas il est vraiment difficile de retrouver des sources sur la vie du père de Serge et de Nine à part cette petite notice biographique dans le dictionnaire biographique Le Maitron on ne trouve guerre de sources scientifiques. J’écris ceci, car j’avais moi-même pour un exposé scientifique recherché des sources pertinentes sur la biographie du père de Serge et Nine –  car dans cet exposé j’avais aussi dédié un transparent entier aux « vue de Serge Moati père » sur la Tunisie des années 1940/50[6].

Je finis ce texte en mémoire de Nine Moati, en reprenant une partie de la préface de Nine Moati du roman « les belles de Tunis » de Nine Moati dans une éditions spéciale pour le Maghreb francophone que j’avais acheté durant l’année 2005 à la libraire « Mille feuilles » à la Marsa !

 « Préface à la présenté édition 

Voir Les belles de Tunis édité en Tunisie me procure une grande émotion, tant j’ai l’impression que les choses rentrent dans leur ordre naturel.

Car c’est d’abord pour répondre aux questions intéressées de mon mari sur mes ancêtres et sur mon pays, que j’ai écrit ce livre. La mémoire, chez nous en Tunisie et dans la plupart des pays méditerranéens, était transmise uniquement par la parole. 0 ‚où le rôle essentiel des conteurs et conteuses, et pas seulement des Milles et Une Nuits. Totalement différente est la conservation de la mémoire dans les pays occidentaux. Ma belle famille, par exemple, gardait des archives remontant au 17‘ siècle et des arbres généalogiques plus nombreux que nos oliviers. Chez nous, rien. Hormis quelques légendes familiales qu’on se racontait sur un ton léger, sans avoir l’air d’y toucher ni de s’apesantir: « Oui, nous avions un grand oncle ministre des finances du Bey qui avait quitté la Tunise en catimini …. Oui, c’est vrai, les Grana (Juifs d’origine livournaise) et les Tounsi ne se supportaient pas; même dans la mort, jusqu’à exiger des cimetières séparés… »

Et puis, on racontait des petites affaires de cœur, des  deuils, des mariages, des entrevues, le montant de la dot de la fille Untel… la routine. Mais jamais on ne parlait de ce qu’avait fait l’arrière grand’père ou la cause de sa venue en Tunisie depuis Livourne …

C’est en France que je me suis aperçue que je ne savais rien, mais rien de tout, de mon pays. Alors, je me suis lancée dans de longues recherchs. J’ai eu beaucoup de mal à retrouver des documents pour préparer la première partie, celle qui relate l’instauration du Protectorat français. Ensuite, pour la période commençant en 1900, je me suis empressée de recueillir certains témoignages de survivants de ces années là. Pour la dernière partie, c’est-à-dire celle de la Deuxième Guerre Mondiale et de l’Indépendance de la Tunisie, je n’ai eu qu’à plonger dans mes propres souvenirs et à consulter mes petits agendas rouges avec leur crayon accroché. je me suis souvenue, toute petite fille, de notre installation pendant la guerre dans le hammam de l’avenue de Londres. Pendant que les bombes pleuvaient sur Tunis, nous mangions du couscous en esquissant quelques mouvements de danse orientale … Puis, après, notre villa au Belvédère, les magazines achetés chez Younès avenue de Paris,  les surprises parties sur les terrasses qui sentaient bon le jasmin et le fel en bord de me, les baignades à Bikini, le T.G.M.. le Ma’sar, le poisson complet de Bichi, les bonbaloni et les cornets de frites, les frigolos et les cakis, les amandes et les glibettes ….

Je n’ai jamais coupé mes liens avec la Tunisie. J’y reviens très régulièrement comme on revient à maison ….

Nine Moati »

Cette préface dédié aux lecteurs du Maghreb francophone et surtout aux lecteurs tunisiens, écrite il y maintenant presque vingt ans est un véritable document historique qui nous montre à quel point Nine Moati était attaché à sa « Tunisie ».  En écrivant ces lettres, je me souviens, qu’à  la libraire « Mille feuilles » on me disait que les Moati frères et sœurs étaient parfois de passage à la libraire, – mais personnellement je ne les ai jamais rencontré à la Marsa. Même si je ne les  ai jamais rencontrés personnellement ni en Tunisie, ni en France c’est  à travers leurs livres qui j’ai découvert une autre image de la Tunisie, – et à travers ces livre j’ai aussi fait la connaissance de « Serge Moati père » le socialiste, – décédé beaucoup trop jeune en Aout 1957.

Le fait que « l’annonce du décès de Nine Moati » m’est parvenue par la Tunisie (par les médias tunisiens) montre à quelle point Nine Moati ne se trompait en écrivant dans les derniers lignes de préface aux lecteurs francophone « Cette nouvelle édition de « Les Belles de Tunis » m’attache encore d’avantage à mon pays, le pays de mon cœur et de ma mémoire. »

Peut-être un jour j’aurais l’occasion de retourner à la Marsa, – de descendre la colline de Sidi Dhriff, de rentrer à la librairie « Mille feuilles », d’acheter le Monde chez le marchand de journaux en proximité de la Gare du TGM, – et j’aurais certainement une pensé pour Nine Moati, la grand sœur courageuse de Serge[7], pour « les belles de Tunis » – et pour ma jeunesse. Quand je lisais «les belles de Tunis », « Villa Jasmin » j’étais un jeune père, avec de petits enfants, auxquels je rapportais toujours des pâtisseries tunisiennes (« tunesische Süßigkeiten) des me séjours professionnels en Tunisie – et depuis le temps a passé – je suis même retourne en Tunisie en 2018 – et mes enfants sont devenues des personnes adultes – mais ils n’ont pas oubliés les « tunesische Süßigkeiten » – les pâtisseries tunisiennes !

Images : Les scan de la couverture des « belles de Tunis », édition spéciale pour le Maghreb francophone, éditions Cérès Tunis avec comme illustration de couverture une aquarelle de l’artiste Victor Sarfati, – ce livre que j’ai acheté en 2005 dans la librairie « Mille feuilles » à la Marsa !

Bibliographie (livre consultés et cités) :

Fottorino, Éric (1995 ) : Mille et un soleil. Paroles du Maghreb en France. Éditions Stock, Paris., ISBN 2-234-04542-8

Moati, Nine (2004) : Les Belles de Tunis. Cérès Editions, Tunis. ISBN 9973 – 19-418-7

Moati, Serge ( 2003 ) : Villa Jasmin, Fayard, le livre de Poche, ISBN 2-253-10851-0.

Tselikas, Effy ; Hayoun, Lina (Eds.),(2004): Les lycées français du soleil. Creusets cosmopolites du Maroc, de l’Algerie et de la Tunisie. Éditions autrement, Paris, ISBN 2-7467-0435-8

Christophe Neff, écrit durant le week-end de pente cote 2021

Publié le lundi 24.05.2021 à Grünstadt


[1] Avis de décès, paru le 7. Mai 2021 sur dansnoscœurs.fr

[2] Entre autre sur le site tunisiens Kapitalis   « Décès de Nine Moati : Les « Belles de Tunis » en pleurs » et sur la page facebook du Lycée Carnot de Tunis dans le post « Nine Moati nous a quittée hier ».

[3] Apparemment l’article « « Portraits de mon père » de Félix Moat» sur le site « Véronique Chemla Informations et analyses de géopolitique, sur l’antisémitisme, la culture, les Juifs, le judaïsme, Israël, l’Histoire et l’aviation » est le seul media français que mentionne le décès de Nine Moati.

[4] Voir la critique de « Serge Koster » « Nine Moati et “ les Belles de Tunis “ » dans le Monde en mars 1983.

[5] Voir aussi « Serge Moati : „Le jour où mon père est mort“ »

[6] Exposé  « Incendies de forêts, changements climatiques, paysages et révolutions – une vue virtuelle sur une Tunisie qui change » tenu pendant la Conférence « II ème symposium international sur le thème : Territoires, Changements Globaux et développement durable. Hammamet du lundi 12 au samedi 17 novembre 2018 » dont je parle dans le billet «Impressions du « Deuxième Symposium International de l’AGT : « Territoires, Changements globaux et Développement Durable», 12-17 novembre 2018, Hammamet –Tunisie ».

[7] Cette phrase parvient d’un Interview de Serge Moati dans Paris Match « Ma grande soeur, si courageuse, m’emmène à Paris où nous habitons ensemble chez des gens. La vie n’est pas facile : on passe d’une existence bourgeoise à la galère sans le sou » déjà mentionée plus haut (Serge Moati : „Le jour où mon père est mort“).

Souvenirs d’Aline – souvenirs personnels d’une chanson

Anmerkung 2020-04-17 095723 Aline
Capture d’écran de mon post Facebook « Souvenirs d’Aline » du 17.4.2020

J’avais appris la disparition de Christophe en lisant la nécrologie « « Christophe est parti, ses forces l’ont abandonné » : le mythique chanteur d’« Aline » et des « Mots bleus » meurt à 74 ans » écrit par Bruno Lesprit dans le Monde. En lisant cet « Adieu » à Christophe les souvenirs d’une rencontre que j’avais faite à Praia sur l’ile de Santiago sur  l’archipel du Cap Vert me ressurgissaient. C’était en Novembre 2017, – je participais à un congrès sur la phytosociologie et la biographie des régions atlantiques où j’avais aussi tenu une conférence sur la dynamique végétale du Capelinhos, ce volcan qui avait surgi des flots de l’Atlantique en 1957 [1], [2], [3] . C’était une collègue qui avait tenu une conférence dans la même session que moi-même et elle s’appelait « Aline »[4].  Apres la clôture de la session on discutait un peu ensemble, et je lui racontait que durant mes années étudiantes parfois je me faisais un peu d’argent de poche en chantant dans les bars à Mannheim, et que la chanson « Aline » de Christophe était dans mon répertoire d’antan –   « Aline c’était un peu le succès de mes années chantantes durant mes études ». En souriant elle me dit dans un français impeccable «  vous savez  Christophe – je connais très bien la chanson. Mon père est musicien et il ma nommé « Aline » en souvenir de la chanson de Christophe ». Je ne sais si l’histoire est vraie, – mais c’est une très belle histoire, qui nous montre que les paroles  d’Aline ont même fait le voyage jusqu’aux iles lointaines du Cap Vert au milieu de l’Atlantique.  Le chanteur Christophe  a disparu de notre monde, –  mais les paroles et la mélodie  d’Aline resteront toujours inoubliables. Des souvenirs inoubliables qui ont réussi à traverser l’Atlantique jusqu’aux îles du Cap Vert. Des souvenirs de jeunesse étudiante quand je chantais Aline, que ce soit dans les bars & tavernes de Mannheim et ses environs[5], ou au « alte Socken[6] » à Schramberg en Forêt-Noire.

Et voici pour se souvenir, le début des paroles d’Aline, –

« J’avais dessiné

Sur le sable

Son doux visage

Qui me souriait

Puis il a plu

Sur cette plage

Dans cet orage

Elle a disparu

Et j’ai crié, crié

Aline

Pour qu’elle revienne

Et j’ai pleuré, pleuré

Oh! J’avais trop de peine »

(paroles Daniel Bevilacqua (dit Christophe) ; arrangements Jacques Denjean)

Pour finir ce petit récit très personnel sur une chanson qui m’a accompagné pendant une bonne partie de ma vie, je renvoi aux archives de la RTS  présent sur Youtube avec l’enregistrement de l’interprétation d’Aline par Christophe de l’émission Tiercé Mélodies en 1979[7]. C’est en 1979 que la chanson est ressortie une deuxième fois par le label Motors, – et devient encore une fois un succès sur la hitparade français quatorze ans après sa sortie en juillet 1965. Je pense que j’ai découvert « Aline » durant l’été 1979, – peut être même écoutant ma radio préfèrée le SWF3, car  durant ces années-là, on donnait assez de titres français dans les radios allemandes !

Image: Capture d’écran de mon post Facebook « Souvenirs d’Aline » du 17.4.2020

Christophe Neff, écrit le 03.05.2020, publié le  04.05.2020

[1] C’était le congres  “European Meeting of Phytosociology Biogeography and Syntaxonomy of the Atlantic Regions November 5 – 7, University of Cape Verde”, voir aussi le billet “« Lua Nha Testemunha »– souvenir d’un voyage « phytogéographique » aux iles du Cap Vert (Santiago/Fogo) en Novembre 2017 » dédie a cette conférence & l’excursion post conférence sur l’île de Fogo et l’ascension du Pico do Fogo.

[2] Concernant mes recherches & voyages aux  Açores voir aussi le billet « Souvenirs de vingt ans de voyages de recherche à Capelo (Île le de Faial/Açores) ».

[3] On trouve le programme du congrès  “European Meeting of Phytosociology Biogeography and Syntaxonomy of the Atlantic Regions November 5 – 7, University of Cape Verde” ici.

[4] Aline Rendall Monteiro, enseignante-chercheuse  à l’Université du Cap Vert.

[5] Voir aussi « Mannemer Dreck- traumhafte Zeiten – eine autobiographische Zeitreise mit Musikbegleitung nach Mannheim ».

[6] Le « alte Socken (vielle chaussette) » fut un « jazz-club » a Schramberg dans les années 1980. Véritable institution du Jazz en Forêt- Noire durant les années 1980 ce club de jazz est tombé totalement à l’oubli. On trouve quelques mots sur ce club dans l’article « Schramberg :  Schon die Nazis wittern Verrat » de Christoph Ziechhaus publié dans le Schwarzwälder Bote , qui résume l’histoire du Jazz dans la Raumschaft Schramberg.

[7] On retrouve sur les archives de l’INA une interpretation d’Aline de Christophe du 14 octobre 1965.

Paysages forecast for Nobel Prize in Literature 2018/2019

Next Thursday, 10 October, at 13:00 CET the Swedish Academy will announce the winner of the Nobel Prize in Literature 2018 and 2019. In the years as blogger on le Monde.fr I tried to make a forecast for the annual Nobel Prize in Literature[1], the last in 2017 – under the titel “Paysages forecast for Nobel Prize in Literature 2017”. Since them a long time has passed, – the paysagesblog on le Monde.fr disappeared, because in April 2019 le Monde decided to stop his subscribers blogs, blogs which were called “les blogs abonnées du Monde.fr” in French[2]. In Juin 2019 “paysages” was relaunched with the post “Nouveau départ pour le blog paysages” on wordpress.com.  So I relaunch here my “Nobel Prize Forecast in Literature” on paysage, in continuation of what I wrote on paysages when it was hosted and edited on “les Blogs le Monde.fr”.

Concerning the Nobel Prize in Literature 2018/19 it’s very difficult to make a plausible forecast, perhaps we will see the name of Anne Carson or Maryse Condé appear on the scene, as  M.A. Orthofer wrote it on the 30 of September 2019 in the Literary saloon. Perhaps one of the prizes could be awarded to Milan Kundera as Bertrand Fitoussi wrote recently in the Express.

scan pierre antónio lobo antunesBut frankly spoken I have no clear idea, – my personal favorite is the Portuguese novelist António Lobo Antunes. Just reading “Até Que as Pedras Se Tornem Mais Leves Que a Água” in the French translation «Jusqu’à ce que les pierres deviennent plus douces que l’eau » of Dominique Nédellec published by Christian Bourgois Éditeur in Paris, I think that Antunes would largely merit to get a Nobel prize in Literature. The book was also recently translated into English by Jeffe Love under the titel “Until Stones Become Lighter Than Water[3]” in the serie “The Margellos World Republic of Letters” published by Yale University Press.

Bookcover Until Stones Become Lighter Than WaterSo my list of favorite’s begins with António Lobo Antunes, even if he does not appear on any odd list. Antunes could be followed by Maryse Condé, Claudio Magris, and the following writers I also listed in 2017Adonis, Ismail Kadare, Margaret Atwood, Art Spiegelman, Marjane Satrapi, or Don DeLillo. Next Thursday at 13.00 we will know more!

Christophe Neff, 08.10.2019

P.S. (10.10.2019 13:25): Finally Olga Tokarczuk was awarded with the Nobel Prize in Literature 2018 and Peter Handke with the Nobel Price in Literature 2019.

 

[1]  See also, Le Nobel à Herta Müller ? Der Literaturnobelpreis für Herta Müller ? ,Wer wird den Literaturnobelpreis 2010 verliehen bekommen?, Blognotice 5.10.2011 – neiges automnales & prochain lauréat du Prix Nobel de littérature , Paysages forecast for Nobel Prize in Literature 2012, Paysages forecast for Nobel Prize in Literature 2013, Paysages forecast for Nobel Prize in Literature 2014, Paysages forecast for Nobel Prize in Literature 2015, Paysages forecast for Nobel Prize in Literature 2016, Paysages forecast for Nobel Prize in Literature 2017.

[2] See also: «La fin annoncée des blogs abonnées du Monde.fr, la fin du blog paysages sur les blogs leMonde.fr » and « La fin du blog paysages sur les blogs LeMonde.fr – Das Ende des Blog « paysages » auf den Blogs von Le Monde.fr ».

[3] Book description of “Until Stones Become Lighter Than Water” on the Yale University Press Site.

Rétrospective sur le blog paysages en 2018 – les billets les plus lus de « paysages » en 2018

waldbrandfläche Schiltach - Kirchberg - Zustand am 07.09.2018
le site de l’incendie de forêt de Schiltach-Kirchberg du 20.08.2018, situation du 07.09.2018, © Christophe Neff 07.09.2018

Le blog paysages entre dans sa dixième année d’existence[1]. Comme les années précédentes[2], je publie une petite rétrospective sur l’année passée sur paysages présentant les billets les plus lus de paysages durant l’année 2018.

L’article le plus consulté en 2018 fut l’article «« Lua Nha Testemunha »– souvenir d’un voyage « phytogéographique » aux iles du Cap Vert (Santiago/Fogo) en Novembre 2017» (5,44% des consultations sur paysages en 2018), article écrit en 2017 qui retrace un voyage d’étude géobotanique à l’archipel de Cap Vert (Santiago, Fogo) que j’ai effectué en Novembre 2017. Les paysages que j’ai découverts pendant ce voyage d’étude m’ont fortement marqué, mais cela n’explique pas le succès du billet que j’avais dédié à ce voyage. Peut-être aurai- je la chance de revenir aux iles du Cap dans quelques années, peut être pourrai-je approfondir le remarquable travail de Teresa Leyens sur la végétation de l’ile de Fogo[3].

En deuxième position on trouve l’article « Erinnerungen an die „märklinModerne“ » ((5,19% des consultations sur paysages en 2018), billet assez autobiographique, qui à partir d’une analyse d’un livre «märklin Moderne. Vom Bau zum Bausatz und zurück »  sur la relation entre modélisme ferroviaire et architecture en Allemagne dans la période d’après-guerre, retrace aussi la relation que l’auteur avait pour les trains miniature, et plus spécialement les trains de la marque Märklin. D’ailleurs c’est la première fois qu’un article écrit en allemand se hisse à la deuxième place des articles les plus consultés sur paysages durant une année.

Enfin au troisième rang le billet «Feux de forêts et lectures de paysages méditerranéens: (Écologie et biogéographie des forêts du bassin méditerranéen ; The Nature of Mediterranean Europe – an Ecological History ; Le feu dans la nature – mythes et réalité)» (3,57% des consultations sur paysages en 2018). C’est un article déjà écrit le 04. juin 2009, traitant « paysages & feux de forêts », c’est d’ailleurs un des premiers articles de paysage, car c’est le 24. Mai 2009 que le blog paysages débutait avec l’article « I. Un blog sur les paysages : un petit début – ou quelle langue choisir ? ». C’est certainement aussi un des premiers « notices de blog » qui thématise les relations entre changements climatiques et fréquences d’incendies de forêts.

En quatrième position l’article « 1949 – l‘incendie meurtrier dans la Forêt des Landes » (3,35% des consultations sur paysages en 2018) billet écrit en 2009 qui nous rappelle l’Incendie de la forêt des Landes de 1949.

En  cinquième position on trouve l’article « The Fatal Forest Fire – remembering the “1949 Mega fire” in the „Forêt des Landes” (South West France) » (3,28% des consultations sur paysages en 2018), billet écrit en anglais en 2009, décrivant l’Incendie de la forêt des Landes de 1949. Ce billet est une adaptation anglaise du billet 1949 – l‘incendie meurtrier dans la Forêt des Landes. A la différence de l’article français, la version anglaise insiste sur le fait qu’avec les changements climatiques les feux de forêts catastrophiques, tels que le fut l’incendie de la forêt des Landes, pourraient sensiblement augmenter en Europe.

En sixième position on trouve le billet « Pyrotragedies – a critical retrospective on the wildfire situation in Europe during July 2018 » (3,05% des consultations sur paysages en 2018), encore un article qui se penche sur les incendies de forêts de l’été 2018. Dans ce billet publié en anglais j’insiste surtout sur les interdépendances entre dangerosité de futurs feux de forêts et changements climatiques.

En septième position on trouve  l’article « Blognotice 12.2.2012: la banquise bloque le Port de Port Leucate » (3,00% des consultations sur paysages en 2018) écrit en février 2012 et décrivant les conséquences d’un hiver exceptionnel sur le pays leucatois. D’ailleurs ce billet fut aussi le billet le plus consulté en 2014, en 2015 et en 2016.

En huitième position on trouve l’article « Blognotice 01.05.2017: « Les fleurs qui poussent à travers les rails de la France périphérique » (2,96% des consultations sur paysages en 2018). Ecrit en début de Mai 2017 ce billet est une sorte de « géographie personnelle » sur l’état de la France pendant l’Élection présidentielle française de 2017. Ce billet écrit un en 2017 est aussi un aperçu géographique sur la France périphérique, où beaucoup des problèmes qui ont ressurgi avec le mouvement des gilets jaunes sont déjà décrits assez précisément. C’est d’ailleurs avec le mouvement des gilets jaunes que cet article a de nouveau retrouver un lectorat assez large. Notons que en 2017 le billet ce trouvait à la cinquième place (2,67 % des consultations sur paysages en 2017) des consultations sur paysages.

En neuvième position la notice « Bonne année 2018 – Prosit Neujahr 2018 – Happy New Year 2018 » (2,14% des consultations sur paysages en 2018), pas un article mais une sorte de carte de bonne année – avec une très belle photo comme décor que j’ai prise à Horta sur l’ile de Faial montrant l’aurore sur le  Pico (Montanha do Pico en portugais) en Septembre 2017.

Enfin en dixième position la petite notice bilingue  « Märzwinter und Frühlingsbeginn 2018 an der Unterhaardt/ Hiver de Mars et début de printemps 2018 dans la Unterhaardt » (2,12% des consultations sur paysages en 2018)sur les derniers soubresauts de l’hiver avec apparition des neiges de mars (Märzschnee en allemand) et le début du printemps avec les premiers amandiers en fleurs et les vignes légèrement recouvertes de neige dans la Unterhaardt.

entre terre et mer - une um agc languedoc-roussillon travese l'e
« entre etang et mer » une UM de AGC « Languedoc-Roussillon» traverse le chenal entre « Grau de la Franqui » et « l’etang de Lapalme ». © Christophe Neff 31.03.2018

Comparé aux années passée le blog paysages est devenu moins leucatois, donc plus international même si nous trouvons à la onzième place encore un article traitant de Leucate, « Début Août 2018 : 39,1 à Leucate, intempéries en Tunisie, et l’« Incêndio de Monchique (Incendie de Monchique) » (1,90% des consultations sur paysages en 2018) – le record de température avec 39,1 sur la station météo du Cap Leucate. Et à la douzième place, dans l’article « Impressions du « Deuxième Symposium International de l’AGT : « Territoires, Changements globaux et Développement Durable», 12-17 novembre 2018, Hammamet –Tunisie » je parle aussi de Leucate, des risques de submersion marine à Port Leucate qui étaient aussi en rendez-vous de cette conférence internationale de géographie.

Les évènements de l’année 2018 ont laissé des traces sur paysages, –  d’une part les évènements des gilets jaunes ont provoqué un gain d’intérêt pour le billet «  Blognotice 01.05.2017: « Les fleurs qui poussent à travers les rails de la France périphérique » – et de l’ autre ce furent surtout les articles traitant les incendies de forêts qui furent les articles les plus consultés dans paysages pendant l’année 2018. Et malheureusement, l’année 2018, même si ceci est déjà tombé un peu en oubli, fut une année assez dévastatrice quant aux incendies de forêts, -surtout en Grèce, au Portugal, en Suède, aux Etats-Unis en Californie et même l’Allemagne a eu droit à son lot de feux de forêts durant l’été 2018. Personnellement pour diverses raisons, je ne travaille presque plus sur les feux de forêts, – quelques interviews données à des medias allemands durant l’été 2018[4] –et la supervision d’une thèse de Master sur la modélisation des risques des incendies de forêts en Forêt – Noire[5], ainsi que qu’ un petit cours de terrain sur le feux de forêts en Forêt -Noire[6] –mais néanmoins avec l’expertise scientifique que j’ai acquise pendant les dernières décennies je pense que en 2019 nous allons une fois de plus être confrontés à des scenarios d’incendies de forêts catastrophiques. La Californisation, la suburbanisation d’une part, – et les changements climatiques d’autres part – sont un cocktail particulièrement dangereux qui peuvent engendre de plus en plus de feux de forêts mortels.

Biblio :

Berkemann, Karin; Bartetzko, Daniel (HG./EDS)(2018): märklin Moderne. Vom Bau zum Bausatz und zurück. From Architectur to Assembly KIT and back again. Berlin, 2018, Jovis Verlag, ISBN 978-3-86859-518-5

Leyens, Teresa (2002) : Biodiversität und Erhalt der Hochlagenvegetation der Insel Fogo (Kap Verde): Ausarbeitung eines Konzeptes für ein Schutzgebiet. Dissertation. Rheinischen Friedrich-Wilhelms-Universität Bonn.

Photo : © Christophe Neff 1.) 07.09.2018 – le site de l’incendie de forêt de Schiltach-Kirchberg du 20.08.2018, situation du 07.09.2018, 2.) 31.03.2018 « entre etang et mer » une UM de AGC « Languedoc-Roussillon» traverse le chenal entre « Grau de la Franqui » et « l’etang de Lapalme ».

Christophe Neff, le 27.01.2019

[1] Le premier billet « I. Un blog sur les paysages : un petit début – ou quelle langue choisir ?«  fut édité le 24,.5.2009.

[2] Voir :  « Rétrospectives sur le blog paysages en 2017 – les billets les plus lus de « paysages » en 2017 », « Rétrospectives sur le blog paysages en 2016 – les billets les plus lus de « paysages » , « Rétrospectives sur le blog paysages en 2015 – les billets les plus lus de paysages en 2015 » et « Rétrospectives sur le blog paysages en 2014 – les billets les plus lus de paysages en 2014 ».

[3] Leyens, Teresa (2002): Biodiversität und Erhalt der Hochlagenvegetation der Insel Fogo (Kap Verde): Ausarbeitung eines Konzeptes für ein Schutzgebiet. Dissertation. Rheinischen Friedrich-Wilhelms-Universität Bonn. Download ici.

[4] Par exemple „Bundeswehrgelände in Meppen Warum der Moorbrand so schwer zu löschen ist“ dans le Spiegelonline du 18.09.2018 .

[5] Hodapp,L. (2017): Assessment of the wildfire hazard potential in the Black Forest National Park. KIT, unpublished Masterthesis in Geoecology.

[6] Voir aussi „Schiltach  -Waldbrandgebiet als Studienobjekt“ dans le Schwarzwälder Bote du 07.09.2018.

Impressions du « Deuxième Symposium International de l’AGT : « Territoires, Changements globaux et Développement Durable», 12-17 novembre 2018, Hammamet –Tunisie »

IMG_20181112_101332153J’ai eu la chance de participer au « Deuxième Symposium International de l’Association des géographes tunisiens » intitulé : « Territoires, Changements globaux et Développement Durable», 12-17 novembre 2018, Hammamet –Tunisie » à Hammamet. Donc après exactement dix ans d’absence, la participation à ce colloque m’a donné l’occasion de revenir en Tunisie. Comme « au bon vieux temps »[1]  c’est grâce à la « mailing List » de Maria Paradiso[2], ces fameuses mailing lists sur la géographie de la Méditerranée, datant des temps d’avant l’émergence des réseaux sociaux, avec laquelle Maria Paradiso informait sur tous les évènements, toutes les nouveautés concernant la géographe et l’environnement de la « Méditerranée ». Communications orales, posters et discussions intéressantes étaient au rendez-vous. Déjà pour cela le voyage en Tunisie valait la peine. En plus nous avons eu droit à une sortie de terrain dans la dans la région de Nabeul sur les traces des inondations du 22 septembre 2018 qui avaient ravagé la région de Nabeul et laissé derrière elles des dégâts assez considérables. Et naturellement on avait l’occasion de faire des rencontres intéressantes, – l’infatigable Annik Dougedroit, qui même étant éméritée depuis un certain temps fréquente encore les conférences internationales.  Nathalie Lemarchand, Vice-présidente de l’Union Géographique Internationale, était au rendez-vous. Des trois conférence plénières, c’est surtout l’intervention de  Jean Marie Miossec « La géographie au XXIe siècle, entre diversification et épanouissement, et toujours science des territoires » qui m’a dans un certain sens touché personnellement, car cela me rappelait une expression que j’avais utilisée en Chine durant une conférence pour me présenter « I am an old fashioned geographer reading books and landscapes (je suis en géographe démodé lisant des livres et des paysages)». Jean Marie Miossec nous présentait une géographie, qui au moins en Allemagne, se perd de plus en plus, ne se pratique presque plus au niveau universitaire[3].  En plus, nous avons eu beaucoup d’échanges intéressants sur l’évolution de la Tunisie depuis la révolution de 2010/11, car Jean Marie Miossec est certainement un des meilleurs experts géographiques internationaux de la Tunisie.

Gherardi Leucate III (avec Monique Gherardi)
Monique Gherardi devant le poster: L’apport de la géomatique dans l’évaluation des vulnérabilités humaines et matérielles (submersion marine). L’exemple de la commune littorale de Leucate (France).

Au niveau personnel j’étais assez surpris de découvrir un post qui traite des risques de submersions marines à Leucate[4]. Commune où je suis inscrit sur les listes électorales et c’est exactement sur ces risques de submersions marines que pourraient encourir les rivages leucatois que je tente de sensibiliser les lecteurs leucatois du blog paysages depuis des années[5].  Personnellement j’ai aussi très apprécié la conférence de Babacar FAYE[6] sur la dynamique du couvert végétal dans la forêt classée de Koutal au Sénégal qui me rappela mes débuts de carrière[7]. Et la conférence de Rim KLIBI[8] sur la conservation de la biodiversité à Tunis me rappelant que j’avais passe une partie de ma vie professionnelle à la Marsa[9]. Et pour finir la communication de Khouloud Hamdi[10] sur les feux de forêts dans la forêt de Béchateur. Communication qui d’ailleurs appuie mes propres observations que j’ai communiquées dans une présentation spéciale, que les feux de forêts en Tunisie ont depuis 2010 littéralement explosé. Oui j’ai aussi tenu une petite présentation orale[11], qui se focussait principalement sur les scénarios de l’étude « Stratégie nationale d‘adaptation de l‘agriculture tunisienne et des écosystèmes aux changements climatiques » établie en 2006/07 et les réalités tunisiennes de 2018, l’explosion des incendies de forêts depuis 2010 et ma vue de bloggeur sur le Monde.fr sur la Tunisie depuis 2009[12]. Naturellement il m’est impossible de refléter toutes les communications, discussion et posters durant ce symposium. Mais il me semble que le complexe urbanisation-inondations fut très bien représenté pendant le symposium, je me souviens par exemple de la communication de Hayet HMERCHA[13] sur la Périurbanisation et vulnérabilité face au risque d’inondation, les risques d’inondations semblent  se faire plus en plus  menaçants en Tunisie. Collusion entre changements climatiques et urbanisations/périurbanisation dans les grandes agglomérations tunisiennes ?

Ce que j’en retiens c’est que les contributions de géographes tunisiens, algériens, marocains, sénégalais, libanais et espagnoles m’ont beaucoup impressionné – ce fut aussi une rencontre de la géographie francophone internationale. Donc une vraie réussite pour les organisateurs de ce symposium – et ici je pense surtout à Habib Ben Boukaber[14] qui a tout fait pour que cette rencontre des géographes francophones devienne un évènement scientifique mémorable. Dans ce contexte, s’agissant de géographie francophone, dans ce congrès  réunissant des géographes francophones, il y avait deux géographes franco-allemands, constellation assez rare dans les congrès de géographie & géobotanique que je fréquente, à part ma personne, il y avait Frank Babinger[15] Enseignant-Chercheur à Madrid[16] qui a tenu une communication originale sur l’évolution du tourisme de croisière en Tunisie depuis 2010. J’espère donc  pouvoir participer à un prochain symposium de l’Association des géographes tunisiens. De la Tunisie, dans ce billet de blog, je n’en ai  presque pas parlé,-  mais je voulais ici surtout décrire mes impressions personnelles de ce Deuxième Symposium International de l’AGT.

Naturellement nous avons beaucoup parlé et discuté entre collègues sur l’évolution de la Tunisie depuis la révolution de 2010/11, – mais je pense que ceci nécessiterait un nouveau billet, peut-être même d’y consacrer un ouvrage scientifique complet. Concernant la situation politique en Tunisie, je dirais simplement, – la Tunisie a vécu des années difficiles après la révolution, l’avenir politique me semble être encore être assez difficile, surtout les perspectives socio-économiques sont encore un énorme « défi » pour la jeune démocratie tunisienne, – mais après tout les tunisiens et les tunisiennes ont déjà gagné la liberté de parole – ce qui n’est pas rien dans le monde actuel.

Christophe Neff, le 04.12.2018

P.S. : On trouve une interview radio avec Habib Ben Boubaker sur « le  Deuxième Symposium International de l’AGT : « Territoires, Changements globaux et Développement Durable», 12-17 novembre 2018, Hammamet –Tunisie » ici.

[1] « Au Bon vieux temps » est aussi un restaurant à Sidi Bou Saïd où j’aimais souvent diner le soir durant mes années tunisiennes. Il existe aussi un restaurant du même noms à la Marsa.

[2] Professeur de Géographie humaine et de l’aménagement du territoire à l’Université du Sannio à Benevento en Italie.

[3] Dans ce contexte je reviens aussi sur ce que j’écrivais dans « Flâneries d’un phytogéographe sur le billet « Les fleurs qui rendent immortel » du blog « l’Aventura – le BD blog scientifique de Fiamma Luzzati »

[4] L’apport de la géomatique dans l’évaluation des vulnérabilités humaines et matérielles (submersion marine). L’exemple de la commune littorale de Leucate (France). Auteurs du poster: Stéphanie Defossez, Monique Gherardi et Fréderic Léone.

[5] Voir entre autre : Blognotice 13.10.2016: La mer déferle sur les plages leucatoises, Lundi 11 octobre 2010 – la mer se déchaîne sur la plage de Port Leucate, Notice de blog 17.10.2010 – mémoires collectives et tempêtes oubliées à Leucate, Sturm Xynthia : Blick von der Unterhaardt auf La Faute-sur-Mer, L’Aiguillon und Port Leucate.

[6] Babacar FAYE et P. NDIAYE: Dynamique du couvert végétal dans la forêt classée de Koutal: Effets de surpâturage ou d’une pratique agricole ?

[7] Voir aussi «  « Lua Nha Testemunha »– souvenir d’un voyage « phytogéographique » aux iles du Cap Vert (Santiago/Fogo) en Novembre 2017 ».

[8] Rim Klibi :  Urbanisation et conservation de la biodiversité. Quel avenir pour les écosystèmes périurbains? L’exemple de la métropole de Tunis

[9] Voir aussi « Villa Jasmin – quelques pensées personnelles en vagabondant sur le téléfilm de Férid Boughedir »

[10] Khouloud HAMDI et B.JAZIRI : Les feux de forêt : Étude, cartographie et processus de la dynamique paysagère de la forêt de Béchateur (Bizerte) après 2010

[11] Christophe Neff: Incendies de forêts, changements climatiques, paysages et révolutions  – une vue virtuelle sur une Tunisie qui change.

[12] Le premier post traitant de la Tunisie dans le blog paysages édité dans les blogs le Monde fut le post « « Villa Jasmin – quelques pensées personnelles en vagabondant sur le téléfilm de Férid Boughedir » le dernier « Début Août 2018 : 39,1 à Leucate, intempéries en Tunisie, et l’« Incêndio de Monchique (Incendie de Monchique) » »

[13] Hayet HMERCHA, A. DAOUD et  T. SAINT GERAND: Périurbanisation et vulnérabilité face au risque d’inondation: cas des bassins versants des oueds El-Aouabid et Ezzit (agglomération de Sfax)

[14] Habib Ben Boubaker est professeur de géographie à l’Université de La Manouba.

[15] Frank BABINGER, I.R. GUERRA et A. M. MORENO : Croisières en Méditerranée : Développement durable et stratégique pour des territoires en risque d’exclusion.

[16] Professur de géographie à Universidad Complutense de Madrid.

Rétrospectives sur le blog paysages en 2017 – les billets les plus lus de « paysages » en 2017

Bem Vindo ao Parque natural do Fogo,  © Christophe Neff (08.11.2017)

Comme les années précédentes[1] je publie une petite rétrospective sur l’année passée sur paysages, – présentant les billets les plus lus de paysages durant l’année 2017.

L’article le plus consulté en 2017 fut l’article « 1949 – l‘incendie meurtrier dans la Forêt des Landes » (4,91% des consultations sur paysages en 2017), article écrit en 2009 qui nous rappelle l’Incendie de la forêt des Landes de 1949.

En deuxième position on trouve l’article « Flâneries d’un phytogéographe sur le billet « Les fleurs qui rendent immortel » du blog « l’Aventura – le BD blog scientifique de Fiamma Luzzati » » (3,97% des consultations sur paysages en 2017). Billet écrit en décembre 2016, – qui propose des réflexions personnelles sur l’évolution de la botanique, géobotanique, phytogéographie, écologie de terrain universitaire.

Enfin au troisième rang le billet « Lua Nha Testemunha »– souvenir d’un voyage « phytogéographique » aux iles du Cap Vert (Santiago/Fogo) en Novembre 2017 » (3,18% des consultations sur paysages en 2017), un témoignage d’un voyage professionnel aux Iles du Cap Vert.

En quatrième position l’article « Blognotice 12.2.2012: la banquise bloque le Port de Port Leucate  » (2,73% des consultations sur paysages en 2017) article écrit en février 2012 et décrivant les conséquences d’un hiver exceptionnel sur le pays leucatois. D’ailleurs ce billet fut aussi le billet le plus consulté en 2014, en 2015 et en 2016.

En  cinquième position on trouve l’article « Blognotice 01.05.2017: « Les fleurs qui poussent à travers les rails de la France périphérique  » (2,67 % des consultations sur paysages en 2017). Ecrit en début de Mai 2017 ce billet est une sorte de « géographie personnelle » sur l’état de la France pendant l’Élection présidentielle française de 2017.

En sixième position on trouve le billet « The Fatal Forest Fire – remembering the “1949 Mega fire” in the „Forêt des Landes” (South West France) » (2,61% des consultations sur paysages en 2017), billet écrit en anglais en 2009, décrivant l’Incendie de la forêt des Landes de 1949. Ce billet est une adaptation anglaise du billet 1949 – l‘incendie meurtrier dans la Forêt des Landes. A la différence de l’article français, la version anglaise insiste sur le fait qu’avec les changements climatiques les feux de forêts catastrophiques, tels que le fut l’incendie de la forêt des Landes, pourrait sensiblement augmenter en Europe. Voir ce billet anglophone, déjà écrit en 2009, entrer dans liste des 10 articles les plus lu dans paysages, est une première – avant, jamais les rares billets anglophones n’avaient réussi à capter un lectorat significatif. Je pense que le bilan assez catastrophique des incendies en 2017 au niveau planétaire a peut-être sensiblement augmenté l’intérêt pour cet article. Dans ce contexte, il faut aussi rappeler que les pays qui sont normalement moins concernés par le phénomène de feux de forêts comme par exemple la Tunisie, furent particulièrement touchés par les incendies de forêts et les phénomènes de sècheresse durant l’été 2017, – même si en Europe les medias ne se sont pas intéressés à ce phénomènes préoccupant – dans ce contexte je renvoie aussi au billet « Blognotice 14.08.2017: Sècheresse, canicule et feux de forêts – au Maghreb aussi ! ». Il me semble clair que vu les changements globaux qui balaient la terre, nous devons nous attendre à une augmentation des risques d’incendies de forêts, – et dans les régions ou abandonnement rural, embroussaillement & reforestation d’une part – et processus de californisation d’autre part s’entrecroise comme dans une grande partie des régions méditerranéennes françaises, – ou comme au centre du Portugal entre Lisbonne et Porto – nous risquons de voir de plus en plus de feux de forêts engendrer des conséquences dramatiques voire même meurtrières. Dans ce contexte il faut aussi se rappeler le bilan humain des incendies de forêts au Portugal en 2017. L’incendie de Incendie de Pedrógão Grande en juin 2017 avait à lui seul coûté la vie à 65 personnes. Et en Octobre 2017 le Portugal fut encore une fois touché par une vague d’incendies de forêts meurtriers.

En septième position on trouve  l’article « Das Biafrakind (l’enfant de Biafra) » (2,22% des consultations sur paysages en 2017) – article que j’avais écrit en janvier 2010 en souvenir de la capitulation de la république du Biafra – et aussi pour rappeler ce que signifia dans l’Allemagne des années 1970 le mot « Biafrakind » – un mot un peu tombé en oubli en Allemagne depuis.

En huitième position on trouve l’article «Huit ans de blog paysages sur le Monde.fr » (2,11 % des consultations sur paysages en 2017). Ce billet est une petite réflexion personnelle sur huit ans d’existence du blog paysages sur les blogs le Monde. Blog qui débuta en Mai 2009 avec le billet «  I. Un blog sur les paysages : un petit début – ou quelle langue choisir ? ».

En neuvième position encore un article écrit en allemand « Blognotiz 28.08.2017: ein Abend im „Aubord du Rhin“ in Lauterbourg » (1,81 % des consultations sur paysages en 2017), un billet qui discute les conséquences de l’avarie du chantier du Tunnel ferroviaire de Rastatt le 12 aout 2017 qui avait en autre provoqué la fermeture de la « Rheintalbahn » jusqu’ en début Octobre 2017. La fermeture de cette véritable artère de la vie économique allemande avait des conséquences dramatiques pour tout le réseau ferroviaire allemand. En France on n’avait guère parlé de l’évènement. Par contre les riverains de la ligne de chemins de fer Strasbourg –Lauterbourg ont sûrement constaté que cette ligne, qui ne voit normalement que quelques rares trains de marchandise l’emprunter, a vu pendant la fermeture de la Rheintalbahn un lot assez considérable de trains de marchandises transitant de l’Allemagne vers la Suisse.

Enfin en dixième position la « Blognotice 17.03.2017: Il y avait une fois un train direct Worms – Paris via la Zellertalbahn » (1,79 % des consultations sur paysages en 2017)Notice de blog assez personnelle qui résume mes sentiments après avoir dû subir un accident vasculaire cérébral en février 2017.

croisement de trains en gare de Leucate,  © Christophe Neff , 10.6.2017

Vu les préférences des lecteurs de paysages en 2017 le lectorat semble avoir un peu changé comparé aux autres années –  moins « Leucatois » – un peu moins francophone – et un petit peu plus international. D’ailleurs en 2017, j’ai réellement moins écrit de billets en relations avec Leucate et ses environs – « Rétrospectives sur le blog paysages en 2016 – les billets les plus lus de « paysages » en 2016 », « Blognotiz 22.03.2017: Rückblick auf das Paysagesblog im Jahr 2016 », « Blognotice 06.08.2017: Souvenirs d‘un bibliophile des sables », « Blognotice 14.08.2017: Sècheresse, canicule et feux de forêts – au Maghreb aussi ! »,

Même si paysages est devenu un peu moins « Leucatois » et un plus « international » – j’ai néanmoins choisi une photo prise à la gare de Leucate – La Franqui  –  croisement de trains le 10.06.2017 pour cette petite rétrospective du blog paysages en 2017. En plus une photo montrant le Pico do Fogo en Novembre 2017. Le voyage aux iles du Cap Vert, l’ascension du Pico do Fogo avec un groupe de collègues-botanistes, fut certainement un évènement inoubliable de l’année passée.

Photos :

Toutes © Christophe Neff :  Bem Vindo ao Parque natural do Fogo (08.11.2017) ; Croisement de train en gare de Leucate – La Franqui (10.06.2017).

Christophe Neff, le 28.01.2018

[1] Voir « Rétrospectives sur le blog paysages en 2016 – les billets les plus lus de « paysages » , « Rétrospectives sur le blog paysages en 2015 – les billets les plus lus de paysages en 2015 » et « Rétrospectives sur le blog paysages en 2014 – les billets les plus lus de paysages en 2014 ».