Blognotice 29.8.2011

En écrivant mon dernier billet sur les 100 premiers jours du gouvernement Kretschmann, j’ai découvert le blog franco-allemand bilingue 3 Rives Ufer. C’est en cherchant une vue française sur le début du gouvernement Kretschmann que je suis tombé sur le billet « Le vert-rouge plaît au Baden-Württemberg » et c’est ainsi que j’ai découvert ce 3 Rives Ufer  qui se nomme aussi erste Deutsch-Französische Internet Zeitung  et semble avoir pour objectif d’informer en bilingue franco-allemand sur les événements au long du Rhin entre Bâle, Colmar, Freiburg, Offenburg et Strasbourg. C’est assez sympathique et depuis je lis assez régulièrement 3 Rives Ufer. Notons d’après mes recherches que 3 Rives Ufer était le seul media francophone avec un reportage sur les 100 premiers jours du gouvernement Kretschmann, maintenant il y a mon propre billet  mais ceci me semble être vraiment assez maigre vu l’importance historique du changement de gouvernement au Baden-Württemberg. On a bien l’impression que de l’autre côté du Rhin on n’a pas encore bien réalisé la dimension de ce changement politique à Stuttgart.

Pour finir, après le nouveau gouvernement Kretschmann ce fut le tour du nouveau gouvernement rouge-vert Beck à Mayence de franchir la barre symbolique de 100 premiers jours! Mais comparé à l’image positive des premiers pas du gouvernement Kretschmann que les medias allemands régionaux nous proposent actuellement, les choses ne se passent si bien pour le gouvernement Beck. Même si on ne peut pas parler de véritable « Fehlstart » (départ manqué) les medias ici dans la Pfalz sont assez critiques avec le nouveau gouvernement Beck, avis que je partage aussi, mais cela mériterait une analyse approfondie et sûrement un billet spécial du blog paysages!

Christophe Neff 29.8.2011

Les 100 premiers jours du gouvernement vert – rouge Kretschmann à Stuttgart (20.8.2011)

Le gouvernement Kretschmann vient de passer la barre des ses premiers 100 jours de gouvernance. Les medias allemands jusqu’à présent sont plutôt favorables à ce premier Gouvernement vert – rouge en Allemagne  et un sondage commandé par la Stuttgarter Zeitung pour les 100 premier jours du gouvernement Kretschmann souligne l’image très positive du gouvernement Kretschmann. D’après ce sondage cette image positive est surtout à l’effet Kretschmann – Winfried Kretschmann est devenu une vrai star de la vie politique allemande.  Même l’initiative pour la double nationalité devant le Bundesrat de la ministre de l’intégration Bilkay Öney, initiative que j’approuve personnellement,  car jusqu’ à présent la double nationalité était un fait exceptionnel et  rarissime en Allemagne,  n’a pas terni l’image positive du gouvernement Kretschmann. On aurait pu croire que dans un Land comme le Baden-Württemberg qui est considéré comme extrêmement conservateur et dans ce contexte on parlait aussi du CDU Staat, une initiative comme celle engagée par Bilkay Öney aurait pu avoir des conséquences négatives dans les sondages, mais il n’en est rien. Ceci montre peut-être a quel point les résultats des dernières élections ne furent pas seulement dûs au Fall – Out politique de Fukushima  mais aussi aux fissures qui gangrenaient de plus en plus le CDU-Staat. Après 60 ans de pouvoir la CDU avait de plus en plus perdu le contact avec ses électeurs plus que le fameux débat sur Stuttgart 21, la décision de fermer l’Hôpital de Schramberg (Fermeture du Kreiskrankenhaus Schramberg – j’en parlais ici dans les posts 1, 2 ,3, 4, 5, 6, 7, 8, 9)  montre à quel point le fameux CDU Staat sous le gouvernement Mappus avait pris de sérieuses fissures ;  les prédécesseurs  de Mappus auraient tout fait pour   éviter la fermeture d’un hôpital dans les fiefs ruraux de la CDU, ou auraient au moins essayer de compenser une telle fermeture par la création d’une Fachhochschule ou d’un autre établissement publique.

La décision de fermer l’Hôpital de Schramberg est seulement un exemple, mais il montre très bien que sous le gouvernement Mappus le CDU Staat avait atteint ses limites. L’ancien député de la FDP Dieter Kleinmann qui fut un de protagoniste de la fermeture de l’Hôpital de Schramberg paya cher son combat pour la fermeture de l’Hôpital de Schramberg, il ne fut plus réélu au Landtag aux élections régionales du 27 mars 2011. En tout FDP et CDU avaient perdu plus que 10 % de voix  résultats d’un pouvoir trop sûr de lui et qui s’était éloigné de ses propres bases électorales. Ce fut la fin du CDU Staat. En fait, à part l’initiative Bilkay Öney pour l’établissement de la double-nationalité – le gouvernement Kretschmann n’a jusqu’à présent pas encore pris de grandes initiatives législatives. Mais c’est à l’intérieur du pouvoir exécutif, là où le CDU Staat se manifestait le plus  dans les postes clefs de la haute fonction publique, les vrais changements politiques se font sentir de plus en plus. Le départ de Zinelli le rouge, Herbert Zinell, – l’ancien maire SPD de Schramberg vers Stuttgart pour devenir Ministerialdirektor au Ministère de l’intérieur  donc Amtschef , le plus haut fonctionnaire du  Ministère de l’intérieur qui est dirigé par Reinhold Gall  est plus qu’ un symbole. C’est ici chez les hauts fonctionnaires que le changement politique à Stuttgart se fait réellement sentir, car c’est le fin rouage entre la Ministerialbürokratie et la CDU qui à condition de savoir jouer habilement sur se clavier  était crucial, ce qui ne fut pas le cas pour le malheureux Stefan Mappus  – le garant du succès politique du CDU Staat.  Chaque jour que le gouvernement Kretschmann réussit à gouverner, à survivre politiquement (car il ne faut pas être dupe, l’épée de Damoclès pour le gouvernement Kretschmann – reste la fameuse question de Stuttgart 21) les structures du CDU Staat solidement ancrées dans  les 60 ans de gouvernement CDU vont peu à peu disparaitre. Les bons sondages et la bonne image médiatique des premiers 100 jours du gouvernement Kretschmann  ne doivent pas faire oublier  que Stuttgart 21 est devenu un défi quasiment insurmontable les verts sont contre , l’actuel ministre des Transports et des Infrastructures Winfried Hermann est un farouche opposant du projet Stuttgart 21  et la SPD est pour le projet Stuttgart 21. Je ne vois pas comment Winfried Kretschmann pourra combler le fossé profond qui sépare les Verts et la SPD dans la question du projet Stuttgart 21. Stuttgart 21 est le Talon d’Achille du premier gouvernement vert – rouge en Allemagne ! Actuellement aucune issue politique à ce problème clef ne semble être en vue.

Pour finir ce billet, pour tous ceux qui lisent l’allemand  et qui s’intéressent de plus près au phénomène Winfried Kretschmann , je suggère de lire la biographie « Winfried Kretschmann. Das Portrait» écrite par les époux Henkel.

Source :

Henkel, Peter; Henkel-Waidhofer, Johanna (2011) : Winfried Kretschmann. Das Portrai.     ISBN 978-3-451-33255-5 (Herder), Freiburg 2011.

Christophe Neff 20.8.2011

Blognotice 17.8.2011

Le dernier week-end fut un week-end de commémoration en Allemagne. Il y a cinquante ans, le 13.8.1961 le mur de Berlin, – die Berliner Mauer – fut construit. Les medias allemands étaient pleins d’articles, d’émissions de commémorations,  –  postings de blogs de souvenirs etc.  Ceci pour la version officielle , mais j’ai bien eu l’impression que tous ces « événements  de souvenirs» , pour une grande partie de la population n’ont plus une très grande importance ; au moins pour les jeunes générations, pour eux le Mur de Berlin «  die deutsche Teilung » c’était le Monde de leur parents, de leurs grand parents  et tout cela est pour eux très loin du « Alltag » du quotidien contemporain.  J’appartiens à une génération, ( même si je n’ai pas vécu le Mauerbau, car je suis ne en 1964) qui a toujours vécu avec l’omniprésence du mur  – die Mauer im Kopf – jusqu’ à la chute du mur en novembre  1989. En automne 1989 quelques semaines avant la chute du mur de Berlin  j’absolvais mon stage d’élève d’officier de réserve à la Offiziersschule des Heeres à Hanovre  et durant ce stage nous avons fait un sortie de reconnaissance du rideau de fer : armés de jumelles nous étions censés reconnaitre les grades et les unités des Grenztruppen en service quelque  part  dans le secteur entre Wolfsburg et Goslar.  Quelques semaines plus tard, le 11 novembre 1989 ce fut la chute du mur de Berlin et  l’ Allemagne trouva enfin la paix après 136 morts les « Maueropfer » dont Ida Siekmann, Heinz_Sokolowski, Peter FechterChris Gueffroy et 132 autres (voir Liste der Todesopfer an der Berliner Mauer ).

Une chose que je trouvais assez stupéfiante durant ce week-end de commémoration du « Mauerbau » – on ne parla guère du fameux discours de Willy Brandt devant les Berliner Abgeordneten du 13.8.1961 , j’ai trouvé une petite citation dans l’article « 50 ans après, l’Allemagne se souvient du „Mur de la Honte“ » de Frédéric Lemaître,  – «Cinquante ans après, les dirigeants de l’Allemagne réunifiée ont tenu à commémorer „ce jour fatal de l’histoire allemande“, selon l’expression du président de la République, Christian Wulff. Devant environ 500 invités dont la chancelière Angela Merkel et une foule de plusieurs centaines de personnes, le président a rendu hommage aux 136 victimes décédées lorsqu’elles tentaient de franchir le Mur. Un nombre sans doute inférieur à la réalité. „Nul ne connaît le nombre exact“ a rappelé le président. Évidemment, celui-ci s’est également félicité que „la liberté soit invincible“ et que le Mur soit tombé le 9 novembre 1989. Voulant, comme sa fonction l’exige, se tenir au-dessus des partis, Christian Wulff, membre de la CDU, a aussi salué Willy Brandt, maire social-démocrate de Berlin en 1961 qui, dès le 13 août, a déclaré que „les hommes ne peuvent être tenus durablement en esclavage“ »  mais dans les medias allemands je n’ai pas trouvé  grand chose.  Le Bundespräsident Christian Wulf dans son discours de commémoration l’avait bien cité « Willy Brandt hatte es bereits am Abend des 13. August 1961 den Bürgern in der DDR und in Ostberlin zugerufen: „Noch niemals konnten Menschen auf die Dauer in der Sklaverei gehalten werden.“ – comme l’écrit Lemaitre  dans « 50 ans après, l’Allemagne se souvient du „Mur de la Honte“»  mais la retombée médiatique en Allemagne ne fut presque pas audible.

Discours de Willy Brandt qui mérite encore de nos jours d’être lu et relu – car on y trouve des phrases qui n’on rien perdu de leurs actualité « Lassen Sie sich nicht fortreißen, so stark und berechtigt die Erbitterung auch sein mag. Ergeben Sie sich nicht der Verzweiflung. Noch ist nicht aller Tage Abend. Die Mächte der Finsternis werden nicht siegen. Noch niemals konnten Menschen auf die Dauer in der Sklaverei gehalten werden.  (Ne vous laissez pas arracher par l’amertume, – même si celle ci semble insupportable et justifie. Ne vous laissez par emporter par le désespoir.  Ce n’est pas la fin du Monde.  La tyrannie des ténèbres ne va pas triompher. Les hommes ne peuvent être tenus éternellement en esclavage (trad. C.Neff))». Ces mots que Willy Brandt exprima lors de la construction du mur de la honte à Berlin, – n’ont rien perdu de leur pertinence – il suffit simplement de porter le regard vers la Corée du Nord, l’Iran, la Syrie  – pour en citer quelques uns de ces états où la liberté d’opinion est quasiment inexistante – et l’homme souvent réduit à l’esclavage.

Source :

Brandt, Willy (1961): Erklärung des Regierenden Bürgermeisters von Berlin, Willy Brandt, vor dem Berliner Abgeordnetenhaus am 13. August 1961. Pressedienst des Landes Berlin, Nr. 173 vom 13. August 1961, S. 3-8. Abgedruckt in  Siegfried Heimann (Bearb.): Berlin bleibt frei. Politik in und für Berlin 1947- 1966 (Willy Brandt – Berliner Ausgabe, Band 3, hrsg. von der Bundeskanzler-Willy-Brandt- Stiftung, Bonn 2004, Dokument Nr. 66). Download/chargeable chez la Bundeskanzler Willy-Brandt Stiftung.

Christophe Neff

De Mogadiscio à Port Leucate (10.8.2011)

Il y a quelque temps déjà que j’ai rencontré un médecin somalien originaire de Mogadiscio passant régulièrement ses vacances à Port Leucate.   A ma question pourquoi il venait si régulièrement à Port Leucate, il me répondit  qu’il aimait beaucoup le climat ici à Port Leucate , surtout l’omniprésence du soleil, le vent un peu moins – mais le soleil oui cela lui rappelait le soleil et le temps à Mogadiscio, – les souvenirs d’un temps où Mogadiscio était encore une ville heureuse. Il a quitté la Somalie depuis longtemps, études de médecine en Allemagne et après il s’est installé en Angleterre.  En Angleterre le soleil lui manque et c’est pourquoi il revient régulièrement dans le pays Leucatois.

Seule chose qu’il lui manque à Leucate – c’est la cuisine italo-somalienne que la communauté somalienne a importée à Londres. Il n’y a pas de restaurant italo-somalien à Leucate,  ni même un restaurant italien,  autrefois on trouvait de très bonnes pizzas au Fort de l’eau  à Port Leucate ;le Bar- Restaurant les voiliers qui a pris la relève du Fort de l’eau  est aussi une bonne adresse pour les pizzas – mais un vrai restaurant italien – ou une sorte de grotto ticinese avec pasta, risotto et pizzas manque terriblement dans le pays Leucatois.

En parlant de la cuisine italo-somalienne je pensais qu’ en ce moment à Mogadiscio on a terriblement faim, – et ce qui restait de la cuisine italo-somalienne a certainement disparu depuis longtemps dans les décombres de plus de vingt ans de guerre civile.  Je ne partage pas l’avis de beaucoup de soi- disant experts, qui essaient d’expliquer que la crise humanitaire qui secoue actuellement une grande partie de la corne d’Afrique est surtout une crise hydrique ou climatique. Non j’estime que c’est plutôt la conséquence de vingt-ans de guerre, conséquence catastrophique pour un « failed state »  qui nous intéresse seulement quand les medias nous présentent les images choquant d’enfants  mourants , les « ewige Biafrakinder (les éternels enfants de Biafra) » ;en fait depuis l’opération « restore Hope » il y a juste 21 ans , les choses en Somalie n’ont pas beaucoup changé. Guerre et famine sont un cercle infernal en Somalie  et les changements climatiques n’y sont pour rien (ou disons ne sont certainement pas les causes principales de l’actuelle famine), – même si quelques experts et journalistes essaient de le nous faire croire.

De Mogadiscio à Port Leucate , j’écris ce petit billet entre fortes ondées et orages et quelques rares rayons de soleils qui ici et là éclaircissent la plaine du Palatinat en me souvenant du Soleil de Leucate, ce Soleil de Leucate qui rappelait à ce médecin d’origine somalienne les souvenirs d’un temps où Mogadiscio était encore une ville heureuse.  Ce fut, il me semble, il y a très très longtemps.

Christophe Neff, 10.8.2011