Aout 2023: vacances, pluies, soleil et livres

Aout, – le mois des Grandes vacances! Je vais profiter des vacances pour enfin essayer, –  de « délester » un peu ma bibliothèque ! Comme je suis en possession d’une liseuse Tolino depuis quelques mois, j’essaie donc de plus en plus lire des « livres numériques », – mais naturellement il m’arrive de temps en temps d’acheter et lire des « livres traditionnelles » en papier[1]! Et comme il pleut énormément depuis des semaines,- les nappes phréatiques du Oberrheingraben ont certainement dû se recharger assez facilement  – je pense que je pourrais enfin un peu « vider les lieux ». Pendant les rares apparitions du soleil je fais un peu de train spotting – et comme je n’aurais pas l’occasion de voir la mer ou simplement une plage de lac ou d’un fleuve – je me suis rapproché de la mer et des plages par la lecture du livre « Éloge de la plage » – un véritable «Strandbuch/livre de plage » écrit par Grégory le Floch. J’avais découvert le livre par la critique de Virginie François dans le Monde des livres[2].

J’ai d’ailleurs lu le livre, après l’avoir acheté à libraire « à livre ouvert » chez « Willy Hahn » à Wissembourg, en version traditionnel en papier.  J’avais pensé de donner/prêter le livre à la « famille » ou des amis comme lecture estivale,-  et pour cela le livre numérique n’est pas trop adapté ! Si par hasard j’aurais toute la place du Monde pour ranger tous mes livres, je n’aurai certainement pas acheté une « liseuse » ! Concernant le livre de Grégory Le Floch, je dirai simplement, que c’était une belle lecture estivale qui m’a bien rapproché un peu à la mer, que je n’aurais certainement pas l’occasion de la côtoyer pendant ces vacances ! J’ai particulièrement aimé le chapitre «  faire renaitre les plages d’Ukraine » –  et naturellement la fin – car je retrouve l’œuvre de Thomas Mann. Etrange coïncidence, avant d’entamer « L’Éloge de la plage » je venais juste finir la lecture du livre impressionnant de  Volker Weidermann sur Thomas Mann et la Mer « Mann vom Meer. Thomas Mann und die Liebe seines Lebens (non traduit) (Homme de la mer – Thomas Mann et l’amour de sa vie), – un essai sublime sur l’œuvre de Thomas et la mer, qui mériterait surement une traduction en français ! Et pour continuer, – pour le lecteur de plages & rivages – le livre de Menget Lucas « Nages Libres », que j’ai lu pendant mes derniers « grandes » vacances en aout 2022[3] – est certainement aussi une lecture estivale à déguster !

Comme le décrit merveilleusement Olivier Rolin dans « vider les lieux » – se séparer d’une partie de ses livres, – cela réveille de souvenirs. C’est ainsi que je suis tombé sur le petit livre de Philippe de Baleine « le petit train de la brousse » que j’avais acheté en 1989 à la librairie de France à Abidjan. Le livre décrit un voyage en train en Afrique francophone, en occurrence la fameuse ligne de chemin de fer Abidjan à Ouagadougou, tout simplement le Abidjan-Niger , – à laquelle Clive Lamming vient de consacrer un billet de blog sous le titre « L’Abidjan-Niger : Niamey attend toujours son train. ».

Dans ce petit livre de poche, – qui a parcouru les forêts de la région de Man, le mont Tonkoui dans mes « poches » on retrouve même encore la fiche libraire de la librairie de France d’Abidjan de 1989 que j’avais oubliée de retirer et de renvoyer à Abidjan ! Ce livre, plein de souvenirs, – car c’est en Afrique francophone entre Abidjan et les montagnes de Man pour ainsi dire que j’avais commencé ma carrière de « géographe de terrain & universitaire»  – il ne partira surement pas dans une « Librairie de livres anciens et d’occasion » dénommé « Antiquariat » en allemand ! Et même si mon parcours professionnel a pris un autre chemin, – depuis ce séjour en Côte d’Ivoire et même avant – je suis avec attention les « évènements » en Afrique francophone » ! Dans ce contexte je n’étais pas trop surpris par le pronunciamiento[4] de Niamey au Niger du 26 juillet 2023 !

En dehors de mes livres, cet été pas de voyages, peut-être si la météo veut un petit séjour dans les Vosges ou en Forêt-Noire. Ce temps que nous avons depuis à peu près mi-juillet, – beaucoup de pluie, – qui permet au nappe phréatiques de la plaine du Rhin de ce recharger, – me rappellent un peu des conditions météorologiques des étés de mon enfance en Forêt-Noire. Il pleuvait beaucoup, – de voir un ciel bleu, limpide en pleine été sans craindre un prochain orage était plutôt rare ! Ces étés pluvieux étaient surement aussi un des facteurs de la rue vers le Sud[5] des vacanciers Allemands (Belges, Hollandais et c’est surement aussi valable pour les vacanciers du  Nord-est de la France) durant les années 1970, 1980 ….….

Et comme je ne voyagerai pas, ou presque pas comme en 2022[6], pendant ce vacances d’été je lis le blog de voyage de Vivian Pons « Viviane Voyage… Écrire le monde » que j’ai découvert via Mastodon ! Un blog de voyage qui est présent sur la toile depuis 2005, ce qui est vraiment remarquable, car comme je l’ai déjà décrit l’ère « d’or » des blogs et de la blogosphère est certainement déjà dépasse depuis longtemps, éditer régulièrement un blog cela appartient en réalité déjà un peu au « passé », fait déjà partie de l’histoire contemporaine  ! Donc je découvre par la plume de Vivian Pons les paysages, les ours, les aigles, les Wapiti de « Yurok Country » sur la côte pacifique du Nord de la Californie !

Et naturellement j’essaierai de finir la lecture de « Pour une juste cause » de Vassili Grossman. Mes cours reprennent le vendredi 25 aout, – et j’aimerais bien finir ce grand ouvrage de Grossman dans la traduction de Luba Jurgenson avant ma rentrée ! Et peut-être commencer à relire le Docteur Jivago dans la nouvelle traduction d’Hélène Henry [7]!

Bibliographie :

Baleine, Philippe de (1985) : le petit train de la brousse. Paris, © Librairie Plon, 1982, presses pocket 1985, ISBN 2-266-01654-7

Le Floch, Grégory (2023) : Éloge de la plage, Paris, © Éditions Payot & Rivages, Paris 2023, ISBN 978-2-7436-5993-6

Grossman, Vassili ; Jurgenson, Luba (traduction)  (2023) : Pour une juste cause. Traduit du russe par Luba Jurgenson.. Édition établie et préfacée par Luba Jurgenson. Postface de Robert Hugh Chandler. Paris, За правое дело (For a just cause), © Ekaterina Vasilyevna Korotkova et Yelena Fedoronvna Kozhichkina, 2019, Postface © Robert Hugh Chandler, pour la traduction français © Calmann-Levy 2023, ISBN 978-2-7021-8035-8

Menget, Lucas (2022): Nages Libres. Paris, Éditions des Equateurs, ISBN 978-2-3828-4334-5

Pasternak, Boris: Herny, Hélène (trad.)(2023): Le Docteur Jivago. Nouvelle traduction. Roman. Traduction du russe, note et postface d’Hélène Henry. Éditions Gallimard, 4 mai 2023, Paris. ISBN 978-2-07-292533-7

Rolin, Olivier (2022) : Vider les lieux. Paris, © Éditions Gallimard, ISBN 978-2-07-284499-7

Weidermann, Volker (2023) : Mann vom Meer. Thomas Mann und die Liebe seines Lebens. © 2023, Verlag Kiepenheuer & Witsch, Köln, ISBN 978-3-462-30394-0 (epub)

Photo: © Christophe Neff 05.08.2023, Gare de Lauterbourg les X73908 et X73906 filent vers Strasbourg.

Christophe Neff, aout 2023, publié le 13.08.2023


[1] Voir : « Une liseuse „Tolino“ pour délester ma bibliothèque » et « « Willy Hahn – Aïcha et les 40 lecteurs – Scènes d’une vie de libraire » notices de lecture, voyages et souvenirs d’un habitué de la librairie « à Livre ouvert » à Wissembourg ».

[2] Voir: Le Monde des livres – Récits francophones « « Eloge de la plage » : Grégory Le Floch en bordure du monde. L’écrivain dit tout le bien qu’il pense des rivages sableux, de leur histoire et de leur sensualité. Par Virginie François(Collaboratrice du « Monde des livres »). Publié le 30 juillet 2023 à 17h00

[3] Voir : « Se ressourcer – auftanken, – über versteckte Orte in der Zeit vom 14. Juli 2022 – und andere Ferne und Nahe „Aufladestationen“ ».

[4] Coup d’etat militaire, voir aussi Pronunciamiento dans la wiki.fr!

[5] Italie, Espagne, le Midi de la France

[6] Voir: « Paysages d’été – pays de Gex, Genève et autres paysages d’été (Aout 2022) »

[7] Voir aussi : « « Le Docteur Jivago » : retrouver la musique de Pasternak. Une nouvelle traduction du chef-d’œuvre de l’écrivain soviétique paraît enfin. On le redécouvre, au-delà des péripéties qu’a connues ce roman dans les années 1950. Par Elena Balzamo(Collaboratrice du « Monde des livres »). Publié le 08 juillet 2023 à 20h00, modifié le 10 juillet 2023 à 10h05.

Flâneries d’un phytogéographe sur le billet « Les fleurs qui rendent immortel » du blog « l’Aventura – le BD blog scientifique de Fiamma Luzzati »

père david Fiamma Luzzati 2016
Le père David s’adresse à Fiamma © Fiamma Luzzati 2016 / Les fleurs qui rendent immortel

Dans paysages je ne parle presque pas de mon métier de géographe – botaniste universitaire. Naturellement dans divers « post » on trouve des liens plus ou moins forts avec mes activités professionnelles. Il y a quelque temps, j’ai découvert le très beau billet de Fiamma Luzzati « Les fleurs qui rendent immortel » – une invitation à un voyage de  découverte de l’herbier national et d’une petite initiation à l’histoire de la botanique. En lisant le père David prononcer les paroles « Mais elle ne s’enrichit pas, parce-que on n’envoie plus de botaniste comme moi sur le terrain » – je me rappelai les paroles d’un collège tunisien qui me disait « en fait Christophe, tu es une espèce en voie de disparation, tu appartiens à une espèce en danger critique d’extinction – des scientifiques comme toi, qui vont sur le terrain, étudier la végétation, les arbres, les fleurs et les hommes, les paysages et leurs descriptions littéraires,- qui essaient de comprendre l’empreinte de l’homme sur les paysages – ils n’ont plus de place dans la science moderne ». Les temps modernes ont sonné le glas pour les « Feld-Wald – und Wiesen Geographen » (les géographes des champs, des bois & forêts et des prés). L’ami tunisien avait certainement raison, même si personnellement je pense que le travail de terrain peut, même de nos jours, enrichir la science. En fait je ne suis pas botaniste pur, mais un géographe avec une formation de botaniste.  Durant mes études, il y a maintenant presque trente ans, pour les géographes voulant se spécialiser dans la biogéographie et l’écologie de paysages des cours de botanique était plus ou moins obligatoires, l’objectif était d’être capable de déterminer une plante sur le terrain avec une flore comprenant un clé de détermination dichotomique, en occurrence le « Schmeil-Fitschen »,  – et de synthétiser ses observations de terrain dans une cartographie floristique. Ce que j’ai appris appris à faire durant la deuxième partie des années 1980 à l’université de Mannheim est très bien décrit dans le chapitre « la géographie-botanique » du livre « les botanistes – contribution à une ethnologie des passions naturalistes » de Sylvia Magnanon. Ce livre est d’ailleurs une très belle « ethnographie » de l’état de la botanique francophone actuelle et en plus il décrit l’histoire de la botanique francophone. Au-delà de la disparition des « Feld-Wald – und Wiesen Geographen » et je pense aussi à cela en visionnant le billet de Fiamma Luzzati c’est l’espèce de géographes-botanistes-explorateurs universitaires qui disparaît lentement, -au moins en Allemagne- où jadis il existait une vraie branche d’explorateurs de terres africaines – je me souviens encore bien il y a maintenant presque 25 ans, je sillonnais brousse sénégalaise, forêt ivoirienne le « Maydell [1]» en main pour approvisionne entre autres l’herbier de Dieter Anhuf. Le géographe Erhard Schulz de l’Université de Würzburg  a par  exemple par ses diverses publications contribué à la connaissance scientifique des terres lointaines et inconnues des Adrar des Ifoghas au Mali[2].  Tout cela me semble déjà appartenir à une autre époque comme l’histoire de l’herbier national dont nous parle Fiamma Luzzati.

Le récit de Fiamma Luzzati sur les fleurs qui rendent immortel, m’a fait revivre mes sorties avec René Jeantet[3] dans la garrigue nîmoise, découvertes des fabuleuses Gorges du Gardon, les Costières, la Vaunage. C’est lui qui m’a initié à découvrir la garrigue à travers ses plantes, – m’a fait découvrir les Costières avec leurs étranges forêts de Pins parasols, d’Arbousiers, de Chênes pubescents, des lambeaux bois de Chênes – lièges, mais aussi ses colonies de Guêpier d’Europe etc. Même si Monsieur Jeantet n’était pas botaniste au sens strict, il prenait son temps pour m’initier à la flore méditerranéenne, à l’utilisation de la flore portative de Bonnier & Layens (Flore complète portative de la France, de la Suisse et de la Belgique) sur le terrain[4], – et à réanalyser des « découvertes » avec la « Flore complète illustrée en couleurs de France, Suisse et Belgique » à la Bibliothèque du Museum d’histoire naturelle à Nîmes – et si nécessaire nous consultions les divers herbiers du muséum. Pour ainsi dire, c’est Monsieur Jeantet qui m’a donné le goût des senteurs de garrigues et de forêts méditerranéennes pendant mes années nîmoises[5]. C’est aussi grâce à ces premiers pas à travers les Garrigues de Nîmes en compagnie de Monsieur Jeantet que se traça la voie vers mon métier de géographe-botaniste universitaire.

Arbutus unedo Grünstadt 31.10.2016
Arbousier (Arbutus unedo) à Grünstadt, © Christophe Neff 31.10.2016

Mais des découvertes botaniques on ne les trouve pas seulement dans les contrées lointaines, – il suffit simplement de se promener les yeux ouverts. Ainsi à Grünstadt, la ville dans laquelle j’habite depuis 1999, – pourrait aussi se dénommer « Grünstadt unter Palmen (Grünstadt sous les palmiers)» vu le nombre de Palmiers[6] dans les jardins et espaces verts publiques,  mais pas seulement des Palmiers, – ici et là on y trouve des Chênes verts, des Arbousiers, des Lauriers – tins – et depuis quelques années les  Bambous sacrés (Nandina domestica) se font de plus en plus remarquer. A première vue on pourrait croire que c’est peut-être le changement climatique qui en est responsable, – mais ce sont plus les diverses modes de jardins d’ornement qui sont responsables de ce goût pour les plantes exotiques à Grünstadt et dans une grande partie de la Unterhaardt. Voir un peu de vert,  voir les fruits de l’arbousier, les fleurs du Laurier-tin, – pour  faire oublier la tristesse des hivers rhénans. D’ailleurs même si cela n’est pas connu par le grand public, le palmier chanvre par exemple est considéré comme un des palmiers les plus rustiques – on le cultivera sans problèmes dans les régions viticoles de l’Europe centrale – à l’âge adulte il supporte sans problèmes quelques jours de grands froids (-15 à – 18, exceptionnellement – 22).

Dans une quinzaine d’années je suis supposé de prendre ma retraite. Ce ne sera certainement pas un « Feld-Wald – und Wiesen Geograph » – un géographe-botaniste qui prendra ma relève. Peut-être un géographe-écologue spécialiste en modélisation ou en télédetection, – mais je ne peux m’imaginer que ce sera un géographe-botaniste qui me succédera. Mais au fur et à mesure que cette tendance, de ne plus enseigner la botanique de terrain au niveau universitaire[7] –se développe, la biologie se transforme en life science – la géographie physique & environnementale en science de modélisation & géomatique – c’est au moins ma perception personnelle – qui dans une vingtaine d’années enseignera encore la botanique de terrain au niveau universitaire ? Comment parler d’une écologie scientifique si au fur et mesure la science de déterminer les plantes sur le terrain se perd– si ces aptitudes sont de moins en moins enseignées ? Le botaniste-géographe, on le retrouvera dans quelques années dans un coin perdu d’un musée naturaliste, près de l’herbier – un peu comme  nous le raconte si délicatement Fiamma Luzzati dans son blog – le géographe-botaniste une espèce en voie de disparition comme le disait il y a quelques années l’ami tunisien.

Pour revenir au Père David, – ce que Fiamma Luzatti aura peut-être pu mentionner dans son petit billet, c’est que pour le grand public le nom du Père David est associé au Buddleia du père David aussi dénommé aux papillons (Buddleja davidii). J’en ai d’ailleurs planté un dans mon jardin pour attirer les papillons pour que mes enfants puissent les observer dans notre jardin – et ceci en sachant que cette plante est considérée par beaucoup de collègues comme une espèce envahissante.

Viola arborescens  Falaises du Cap Leucate 14.10.2016
Viola arborescens Falaises du Cap Leucate 14.10.2016 / © Christophe Neff

Je finis avec cette photo des fleurs de la Violette ligneuse (Viola arborescens) , prises dans les falaises du Cap Leucate en octobre 2016, simplement  pour montrer que la botanique de terrain – c’est l’art de découvrir et d’observer silencieusement son environnement – que ce soit en forêt ombrophile dans la Montagne de Man en Côte d’Ivoire, dans la laurisilvae des Azores, des falaises du Cap Leucate, les garrigues des Nîmes, les flancs du Stromboli, des forêts de Sapins de la forêt Noire dans la Raumschaft Schramberg, le delta de la Sauer, aussi bien que la flore et les fleurs des villes comme Mannheim, Grünstadt, Nîmes, Lisbonne etc. C’est aussi sortir des sentiers habituels et de découvrir l’Oiseau de paradis (Caesalpinia gilliesii) en fleurs sur les remblais du pont de la Corrège à Port Leucate[8].

Photos et Figures:

Père David devant l’herbier : © Fiamma Luzzati 2016 dans « Les fleurs qui rendent immortel » – Blog « l’Aventura – le BD blog scientifique de Fiamma Luzzati » sur les blog le Monde. Publié avec l’autorisation de Fiamma Luzzati

Arbousier (Arbutus unedo)  à Grünstadt, © Christophe Neff 31.10.2016

Viola arborescens en fleurs,  falaises du Cap Leucate en Octobre 2016, © Christophe Neff 14.10.2016

Christophe Neff, Grünstadt le 23.12.2016

Littérature citées et autres sources :

Allorge, Lucile; Roussel-Versini, Anne et al. (2013) : L’œ herbier du Muséum : l’aventure d’une collection. Paris, (© Paris Éditions Artlis, © Paris, Muséum d’Histoire naturelle, 2013), ISBN 978-2-85495-557-6

Luzzati, Fiamma (2016) : « Les fleurs qui rendent immortel » – Blog « l’Aventura – le BD blog scientifique de Fiamma Luzzati » sur les blog le Monde.

Magnanon, Sylvie (2015) : Les botanistes. Contribution à une ethnologie des passions naturalistes, Paris, L’Harmattan, 978-2-343-05389-9

Maydell, Hans-Jürgen von (1990) : Arbres et Arbustes du Sahel – leurs caractéristiques et leurs utilisation. GTZ, Eschborn, ISBN 3-8236-1197-6

Neff, C., Scheid, A. (2005): Der mediterrane Süden Frankreichs. Vegetationsdynamik und Kulturlandschaft im Languedoc-Roussillon. Geographische Rundschau 57(9), S. 38–44.

Schulz, E., Adamou, A., Ousseini, I. 2001. Air et Adrar des Iforas: une comparaison de deux montagnes du sud du Sahara et de leur évolution actuelle.  In: Bart, F., Salomon, N.(Hrsg.) Les montagnes tropicales:identités,mutations, développement. Espaces Tropicaux 16, Talence, 219-232

P.S. : Pour en savoir plus sur l’herbier national qui est hébergé au Museum national d’histoire naturelle  je suggère fortement la lecture du très beau livre «l’Herbier du Muséum » édité par Lucile Allorge et al.  (2013).

[1] Le « Maydell » ainsi fut dénommé le livre de terrain – guide dendroécologique  « Arbres et Arbustes du Sahel – leurs caractéristiques et leurs utilisation » écrit par Hans –Jürgen von Maydell et édité par la GTZ.

[2] Notons qu’on retrouve encore des traces de ces géographes-explorateurs dans « l’Afrikazentrum der Universität Würzburg », centre interdisciplinaire universitaire regroupant les recherches de l’Université de Würzburg où la Géographie et la Biologie sont très bien représentées !

[3] René Jeantet était Conservateur du Museum d’histoire naturelle de Nîmes de 1948 à 1995.

[4] Avant de m’acheter ma propre flore de terrain « Bonnier & Layens » , j’utilisais le « Bonnier & Layens » de ma grand-mère, Germaine Migliori (née Monasse). Dans sa jeunesse elle était intéressée par la botanique, – elle entretenait même son herbier personnel. Et elle aimait peindre les fleurs – ce qu’elle faisait encore quelques mois avant sa mort en 2011.

[5] Voir aussi « Aubord de « Macondo » (19.04.2014) », « premières floraisons d’Arbre de Judée à Grünstadt dans la Unterhaardt », « Vendanges dans la Unterhaardt, – les Brauds sont là / Weinlese an der Unterhaardt – die Brauds sind wieder da! ».

[6] Principalement les Palmiers de Chine (Trachycarpus fortunei).

[7] Voir aussi ce que écrit Sylvia Magnanon (2015:102) dans son livre « les botanistes »  sur la situation en France : « Mais il est vrai que le fait que les organismes de formation scientifique n’enseignent quasiment plus aujourd’hui la botanique de terrain en France et que par conséquent, aucun diplôme national de botanique soit délivré (pas plus que d’ornithologue ou d’entomologue) peut poser un problème de reconnaissance du statut de botaniste en tant que chercheur scientifique ». Ma perception personnelle est que cette situation se retrouve dans beaucoup de pays européens.

[8] Description (avec photo) dans:  Neff, C., Scheid, A. (2005): Der mediterrane Süden Frankreichs. Vegetationsdynamik und Kulturlandschaft im Languedoc-Roussillon. Geographische Rundschau 57(9), S. 38–44.

Quelques mots sur le reportage „la route australe“ d’Emilio Pacull dans l’émission Thalassa du vendredi 26.11.2010

Même si l’émission est passée sur l’écran il y a maintenant déjà plus d’une semaine je consacre quelques mots  à ce beau reportage de Emilio Pacull sur la Carretera Austral. Par mes obligations professionnelles je suis obligé de voyager beaucoup, et je serais prêt à travailler dans la plupart des pays, sauf dans les pays où je juge que le régime politique est vraiment inadmissible du point de vue de leur « gestion des droits de l’homme » comme par exemple actuellement l’Iran ou la Corée du Nord – et naturellement les pays qui sont simplement trop dangereux comme en ce moment la Somalie etc. Donc voyage professionnel  pour ce que le « Dienstherr » ou le « Drittmittelprojektgeber »  finance. Pour mes voyages privés je n’ai pas beaucoup de destinations de rêve. J’aime l’Allemagne, la France, la Suisse & Mitteleuropa – le monde méditerranéen – le mare nostrum – der altweltliche Mittelmeerraum dans le sens large incluant aussi le Portugal et les iles macaronésiennes mais en dehors de cela je n’ai pas beaucoup de destinations de rêve. Peut être que j‘ aimerais  refaire le voyage que j’ai fait comme étudiant à travers la Cote d‘ Ivoire en hiver-printemps 1990 – mais j‘ aimerais refaire ce voyage à travers ces magnifiques paysages de forêts et de savannes dans un pays démocratique et libre où les vieux démons de l‘ Afrique ne seraient qu‘ un malheureux souvenir lointain. Vu les actuels événements à Abidjan, – l’auto proclamation de Laurent Gbagbo comme président de la République de la Côte d‘ Ivoire – je crains vraiment le pire pour ce pays que j’ai connu étant la perle de Afrique de l’Ouest.

Un des voyage de j’aimerais bien faire en dehors de toute obligation professionnelle – c’est la Carretera austral – la route australe qui traverse la Patagonie chilienne du Nord au Sud. Naturellement je sais que la route australe a été un des projets phare du gouvernement de Pinochet. J’ai grandi dans un environnement de vieille tradition de gauche et dans notre demeure famille du Lärchenweg à Schramberg figurait en bonne place dans le salon un tableau de Uwe Rettkowski  en mémoire de Salvadore Allende. Le 11. Septembre 1973, j’avais juste 9 ans, m’avait terriblement marqué.  Cela m’avait tellement marqué  que 14 ans plus tard pendant mes études de géographie à Mannheim je me suis inscrit dans un séminaire de Ludwig Spielmann sur le putsch de Pinochet et les années Pinochet. Je me suis même mis à apprendre l’espagnol pour pouvoir lire les analyses et textes en version originale, car je voulais comprendre pourquoi le héros de mon enfance fut la victime d’un terrible putsch. Mais les plans de la route australe ne date pas des années Pinochet, – l’idée d’une route reliant le Sud du Chili a été déjà débattue durant les années 1950 à ce que je sache. Mais c’est le gouvernement de Pinochet qui réalisa enfin l’idée. Cela rappelle  un peu les Reichsautobahnen qui furent déjà projetées   et même partiellement construites durant la République de Weimar en Allemagne, mais qui fut un des grands succès de la Propagande du 1000 jährige Reich.

Cette  route australe, la nationale 7 chilienne qui traverse la Patagonie chilienne sur près de 1000 km est au centre du  reportage d‘Emilio Pacull de 37 minutes montré  dans l’émission du 26.11.2010 de Thalassa. Cette route, d‘ après ma géographie imaginaire qui se forge sur lectures et reportage & documentations de films, doit traverse un des plus magnifiques paysages du monde. Forêts, fjords, glaciers et volcans longeant les milles kilomètres de cette route à travers la Patagonie chilienne. Mais si on suit le reportage cette route qui amena progrès et civilisation dans cette partie de la Patagonie devient de plus en plus une menace pour ce formidable paysage (barrages hydroélectriques, prolifération des fermes d‘ élevage en mer, réchauffement climatique, changements globaux). Donc il faudrait plutôt faire vite pour réaliser  mon rêve de traverser  la Patagonie chilienne en empruntant la N.7, la ruta siete. Pas seulement la Patagonie chilienne, – mais en fait toute la Patagonie, – qu’elle soit Chilienne ou Argentine.  Donc pour conclure – ce reportage d’Emilio Pacull fut vraiment un des rares bijoux de la télévision publique. Un reportage qui renforçait mon désir de partir un jour en Patagonie pour découvrir ce paysage mystérieux.

« Une des images les plus impressionnantes  des Andes est la formidable ossature granitique du mont Fitz-Roy, en Argentine, semblable à une baleine qui sillonnerait le ciel, son dos ocre et neigeux émergeant des nuages. Les rayons des nuages dorent ses sommets, mais sur une des pentes les plus basses de la montagne, la nuit est tombée. Sa charge dramatique et son sens, cependant, ne viennent pas de l’écrasante puissance de  ce monde naturel, mais, par comparaison, de la fragilité  et de l’insignifiance  de l’être humain, cet invisible habitant d’un minuscule hameau surgissant, comme à la dérobée, au pied de la cordillère cyclopienne, sous la forme d’une trainée de maisons presque indiscernables, qu’on prendrait pour des flocons de neige tombés de la haut. Ce contraste est d’un grand effet plastique ; mais il souligne aussi quel esprit indomptable, quelle volonté de fer et quel héroïsme silencieux il a fallu aux êtres humains pour prendre racines dans les Andes. Et combien la vie, dans certaines régions andines, malgré les progrès de la modernité, demeure un combat  quotidien. » (Vargas Llosa, Mario (2005) : Dictionnaire amoureux de l’Amérique latine, Chapitre Andes, p. 40)

La route australe – progrès de la modernité – ou menace pour ces magnifiques et fragiles paysages  de la Patagonie ? Je n’ai pas de réponse !

Je ferme les yeux, – et je vois l’ossature de la baleine de Mario Vargas Llosa surgissant des nuages à l’horizon formant un étrange paysage de neige et de roches, comme une montagne magique.

Sources :

Vargas Llosa, Mario (2005) : Dictionnaire amoureux de l‘ Amerique latine. Paris (Plon), ISBN 978-2-259-202258-9.

Christophe Neff, Grünstadt le 5.12.2010