Le Cartographe des absences / O Mapeador de Ausências  – ou comment découvrir la géographie secrète des paysages de la Baía de Sofala avec le poète Diogo Santiago

C’est en lisant « le cartographe des absences » que je découvris les paysages de la « Baía de Sofala » et sa mangrove, le Rio Búzi, le Rio Púnguè et naturellement la ville de Beira et son arrière -pays. J’ai d’ailleurs déjà parlé de ce livre dans un de mes derniers billets « Une liseuse „Tolino“ pour délester ma bibliothèque ». Et grâce à cette liseuses « Tolino » que j’ai lu la version intégrale du livre dans la merveilleuse traduction d’Elisabeth Monteiro Rodrigues et partiellement dans la version originale en portugais mozambicain. C’était une belle expérience ! J’ai appris le portugais il y a plus de trente à l’université de Mannheim, dans les cours de portugais de Madame Hundertmark.  La même Maria Teresa Hundertmark Santos Martins qui a aussi édité une grammaire portugaise[1] et autres manuels pour les étudiants allemands en langue portugais! Par manque de pratique je ne parle pas couramment le portugais, – mais je le lis encore assez bien. Est-ce que pendant les cours de Madame Hundertmark durant les années 1980 dans la belle ambiance du « Mannheimer Schloß », – j’avais pensé de lire une fois, même partiellement un roman portugais ? Non, je ne crois pas !

Donc je me permets d’écrire que la traduction Elisabeth Monteiro Rodrigues est un véritable chef d’œuvre, – même si j’aurais traduit « Essa enorme língua de areia era marginada por uma floresta de mangal / Cette grande langue de sable était bordée par une forêt de manguiers  »  par « cette grande langue de sable était bordée par une forêt de mangrove »! Et les forêts de mangrove sont une des éléments caractéristique de la « Baía de Sofala »[2].

Mais il faut dire que j’ai aussi lu le livre comme un livre de géographe qui me permet de découvrir les paysages de la province de Sofala, mais aussi de déchiffrer les paysages intérieures de l’auteur Mia Couto. Comme Gladys Marivat, c’est d’ailleurs par la lecture de sa critique dans le Monde qui j’ai découvert le roman[3], je pense que Mia Couto, pourrait un jour recevoir le prix de Nobel de littérature. Ceci serait un belle récompense pour l’œuvre de Mia Couto, mais aussi un récompense pour la langue portugaise, la lusophonie et aussi naturellement pour la littérature et les auteurs africains !

« Le Cartographe des absences » est déjà l’objet de divers critiques littéraires francophones, dont la critique Marivat Gladys dont j’ai déjà parlé en haut. Mémorable aussi le podcast/la critique de RFI « Revisiter les ténèbres du Mozambique colonial, avec le lusophone Mia Couto (1/2) » et « Dans le sable mouvant de la mémoire, avec le Mozambicain Mia Couto (2/2) ». Et en plus on trouve déjà un article scientifique sur le livre, – « Mia Couto: luto e melancolia em O Mapeador de Ausências[4] » publie par José Paulo Pereira dans NAVEGAÇÕES, Revista de Cultura e Literaturas de Língua Portuguesa en juin 2021.

« Découvrir le monde pour la première fois »

« Le lendemain, une fois la tempête passée, mon père m’avait demandé d’ouvrir les fenêtres. Comme je tardais, il s’était levé, avait débloqué les verrous en cuivre et ouvert grand les battants. Il faisait cela comme s’il ne l’avait jamais fait auparavant, comme si la fenêtre était une invention très récente. Il avait regardé le jour lumineux, inspiré profondément et dit :

– Viens, mon fils, viens voir le monde pour la première fois. [5]»

La lecture du « Cartographe des absences » m’a replonge dans mes premiers lectures des grands roman de la « Weltliteratur » pendant ma jeunesse à Schramberg, à  Aubord, à Leucate …. .  J’ai l’impression de redécouvrir le monde « pour la première fois » comme Diogo, après que la tempête ayant balaye la ville de « Beira ».

Comme je découvris dans la traduction allemand de  Curt Meyer-Clason « les Cent Ans de solitude »  de Gabriel García Márquez[6], – comme je filais dans le bureau de mon père pour y déchiffrer ce Monde lointain et inconnu avec l’aide de ses livres, les atlas géographiques et historiques et surtout sa grande Brockhaus Enzyklopädie en 24 volumes. Les temps ont bien changé, – et j’utilise Internet, ma bibliothèque personnelle durant mes lectures pour y déchiffrer mes « livres & lectures » – de réunir imaginaire littéraire et réalité géographique. Et c’est ainsi que je découvre aussi « Fernando Leite Couto » le père de Mia Couto, – car dans Adriano Santiago on découvre bien l’âme et les souvenirs du père de Mia Couto. A Maputo il y d’ailleurs une fondation, la Fundação Fernando Leite Couto, qui a aussi le but de transmettre l’héritage culturel de  Fernando Leite Couto. Peut-être un jour je pourrais aussi faire le voyage au Mozambique pour découvrir de mes propres yeux les paysages de la « Baía de Sofala », visiter le petit centre culturel  de la Fundação Fernando Leite à Maputo.

Concernant le « Le Cartographe des absences/ O Mapeador de Ausências » je pense que le livre mériterait bien une traduction anglaise et pourquoi pas allemande ? Et je me demande pourquoi ces traductions ne sont pas déjà présentes pour les lecteurs anglophones voire allemanophones ?

Et la traduction française de Elisabeth Monteiro Rodrigues est un véritable chef d’œuvre comme je l’écrivais déjà plus haut dans le texte, – rien que pour lire la traduction du poème de la sorcière Maniara (Parole de la femme qui enterre ses enfants)  – le « Cartographe des Absence » mérite une lecture approfondi ! Et si par hasard une réédition de la traduction française serait envisagée, je pense une belle carte de la Baía de Sofala & de la province de Sofala serait la bienvenue, pour mieux pouvoir accompagner la voyage de Diogo Santiago  à travers le temps et l’espaces des paysages et les brumes de l’océan et les nuages de la mer !

Pour tous les  aficionados du « réalisme magique » – et tous les inventeurs de l’oubli – la lecture du « Cartographe des absences » devient une expérience inoubliable !

Et n’oublions pas, comme le dit Mia Couto lui-même, – le « Mapeador de Ausências » est le roman le « plus autobiograhique » de l’auteur[7] !

Bibliographie :

Couto, Mia (2020) : O Mapeador de Ausências, © Mia Couto, 2020, Al fragide , Editorial Caminho ISBN: 9789722130615

Couto, Mia (2022) : Le Cartographe des absences. Traduit du portugais (Mozambique) par Elisabeth Monteiro Rodrigues à partir du texte original de l’édition Caminho révisé par l’auteur. Éditions Métailié. Titre original : O Mapeador de Ausências, © Mia Couto, 2020, By arrangement with Literarische Agentur Mertin Inh. Nicole Witt e.K., Frankfurt am Main, Germany, E-ISBN : 979-10-226-1227-2

Francisco et al (2019): Análise de Mudança de Cobertura do Mangal na Baía de Sofala, Moçambique. CAPTAR 8(1): 51-60 (téléchargeable ici)

Hundertmark-Santos Martins, Maria Teresa (2014): Portugiesische Grammatik. Berlin, De Gruyter, 3. Aktualisierte Auflage, ISBN 978-3-11-031225-6

Pereira, J. P. C. (2021). Mia Couto: Luto e melancolia em O Mapeador de Ausências. Navegações, 14(1), e39886. https://doi.org/10.15448/1983-4276.2021.1.39886

Christophe Neff, écrit le 06.01.2022, publiée le 07.01.2022


[1]  Hundertmark-Santos Martins, Maria Teresa (2014): Portugiesische Grammatik. Berlin

[2] Voir aussi «Francisco et al (2019): Análise de Mudança de Cobertura do Mangal na Baía de Sofala, Moçambique»

[3] Marivat, Gladys (2022): Le rêve mozambicain de l’écrivain Mia Couto. Mots de passe. Depuis trente ans, il creuse dans la mémoire, l’histoire et les silences de son pays d’Afrique australe, pour en extraire la matière de ses livres. Jamais tant, peut-être, que dans « Le Cartographe des absences ». (Publié le 04 décembre 2022 à 12h00, mis à jour le 08 décembre 2022/ Article réservé aux abonnés).

[4]« Mia Couto deuil et mélancolie dans cartographe des absences  (trad.par C.N) »

[5] Extrait de la page 129 de « Couto, Mia (2022) : Le Cartographe des absences. Traduit du portugais (Mozambique) par Elisabeth Monteiro Rodrigues ».

[6] Voir aussi « Aubord de « Macondo » (19.04.2014) »

[7] Voir « Revisiter les ténèbres du Mozambique colonial, avec le lusophone Mia Couto (1/2) »

Fleurs de Novembre « Courir toujours plus loin pour un brin de liberté – pour les courageuses femmes iraniennes » / Novemberflowers  « Running further and further for a bit of freedom  – – for the brave Iranian women »

Prunus subhirtella Miq. en fleurs d’automne à Grünstadt, © Christophe Neff 23.11.2022 

Je reprends ici mon poème « Courir toujours plus loin pour un brin de liberté – pour les courageuses femmes iraniennes » que j’ai publié  dans le dernier billet, en ajoutant une traduction anglaise et persan. Ces traductions sont l’œuvre d’une amie iranienne. Pour des raisons de sécurité elle préfère l’anonymat.

I am reprinting my poem „Running further and further for a bit of freedom – for the brave Iranian women I published“ in the last post, adding an English and Farsi translation. These translations are the work of an Iranian friend. For security reasons she prefers to remain anonymous.

Courir toujours plus loin pour un brin de liberté

(pour les courageuses femmes iraniennes)

Courir toujours plus loin …..

Courir sur une plage déserte

Sentir le vent

Pour voir les premiers aurores

Toujours plus

Sentir

Le premier souffle du jeune matin

dans tes longs cheveux

Courir dans le sable

Pour une simple mèche

Qui brille

Dans les premières lumières du jour naissant

Toujours plus

Ne jamais s’arrêter

Semer l’espoir

D’un matin meilleur

Le chant des premiers oiseux

Caresse les mèches des femmes iraniennes

Qui rêvent d’un jour meilleur

Courir

Sentir le vent

Entendre les vagues silencieuses

Les vagues silencieuses qui ne cesseront jamais de chanter

La liberté

Courir toujours plus loin

Écrit pour les courageuses femmes iraniennes, durant un samedi soir de novembre 2022

Courir toujours plus loin pour un brin de liberté – Courir toujours plus loin pour un brin de liberté Running further and further for a bit of freedom – for the brave Iranian women

Always run further…..

Running on a deserted beach

Feel the wind

To see the first dawns

Always more

Feel

The first breath of early morning

In your long hair

Run in the sand

For a single strand

Shining

In the first light of dawn

Always more

Never stop!

Sowing hope

Of a better morning

The song of the first birds

Strokes the (hair) strands of Iranian women

Who dream of a better day

To run

Feel the wind

Hear the silent waves

The silent waves that will never stop singing

Freedom

Run ever further



(تقدیم به زنان شجاع ایرانی)

به دویدن ادامه بده

دویدن در یک ساحل خلوت

برای احساس باد

برای دیدن اولین سحر
ادامه بده

اولین نفس صبح جوان را در موهای بلندت احساس کن

برای قدم زدن در میان ماسه ها

برای یک رشته (تار) باریک که می درخشد

در اولین چراغ های سپیده دم

ادامه بده

هیچگاه توقف نکن

امید را به فردایی بهتر بکار

به آواز پرندگان

به رویای یک روز بهتر
که تار موهای زنان ایرانی را نوازش می کند

بدو

باد را احساس کن

امواج خاموش را بشنو

امواج خاموشی که هرگز از آواز خواندن دست بر نمی دارند

آزادی

به دویدن ادامه بده …

Photo : Prunus subhirtella Miq. en fleurs d’automne à Grünstadt /automn flowers of Prunus subhirtella Miq. in Grünstadt © Christophe Neff 23.11.2022 

Christophe Neff, Grünstadt le 23.11.2022

Courir toujours plus loin pour un brin de liberté

Courir toujours plus loin pour un brin de liberté

(pour les courageuses femmes iraniennes)

Courir toujours plus loin …..

Courir sur une plage déserte

Sentir le vent

Pour voir les premiers aurores

Toujours plus

Sentir

Le premier souffle du jeune matin

dans tes longs cheveux

Courir dans le sable

Pour une simple mèche

Qui brille

Dans les premières lumières du jour naissant

Toujours plus

Ne jamais s’arrêter

Semer l’espoir

D’un matin meilleur

Le chant des premiers oiseux

Caresse les mèches des femmes iraniennes

Qui rêvent d’un jour meilleur

Courir

Sentir le vent

Entendre les vagues silencieuses

Les vagues silencieuses qui ne cesseront jamais de chanter

La liberté

Courir toujours plus loin

Écrit pour les courageuses femmes iraniennes, durant un samedi soir de novembre 2022

J’ai écrit ce petit poème le soir du samedi 19 novembre sous l’impression des courageuse iraniennes et iraniens que font face à une répression sanglante de la part du régime des mollahs de Téhéran. Que peut-on faire comme simple citoyen pour exprimer son soutien, sa sympathie pour ces courageuses femmes. Ecrire un poème pour avoir au moins une lueur d’espoir. Dans ma jeunesse entre 15 ans et 30 ans, – j’en écrivais assez souvent dans des petit cahiers – on retrouve un petit vestige d’essai littéraires dans le billet « Les premières neiges de l’hiver 2009/10 sont arrivées à Grünstadt ». Et la situation politique en Iran ma toujours inquiété, bouleversé – d’ailleurs  un de mes billet dans paysages, écrit en juin 2009 « F comme Freidoune – et ouvrons-leur nos portes quand ils en auront besoin » n’a pas perdu en brin d’actualité ! Les moyens d’un simple citoyen pour venir à l’aide d’iraniens qui se battent à mains nue contre la terreur sanglante sont assez limités, mais nous gouvernement pourraient faire un effort. Il y a en France, en Allemagne, en Suisse, en Belgique etc. des jeunes doctorants, des post doc – qui vivent sous la menace permanant de devoir retourner dans le pays des Mollahs, – après la fin du  financement du doctorat, du post-doc.  Là nos gouvernements pourraient faire beaucoup plus  ……  en fait parfois j’ai même le sentiment qu’ils ne se rendent pas compte ce qui se passe là bas dans les villes du Kurdistan iraniens.

Comme j’écrivais déjà en juin 2009 «  Espérons le meilleur pour le mouvement de liberté qui bouleverse l’Iran en ce moment – et ouvrons quant à nous nos portes quand ils en auront besoin » !

Ich habe dieses kleine (siehe oben) auf Französisch verfasste Gedicht am Samstagabend, dem 19. November, unter dem Eindruck der mutigen Iranerinnen und Iraner geschrieben die versuchen der blutigen Repression durch die Mullahs zu trotzen. Das Gedicht selbst habe ich nicht übersetzt, man müsste es wohl nochmals auf Deutsch nachdichten. Es handelt von jungen Iranerinnen, die an einem menschenleeren Strand, zum Tagesanbruch durch den Sand rennen, ihre Kopfbedeckung abwerfen … und der Freiheit entgegen eilen.

Was kann man als einfacher Bürger tun, um seine Unterstützung, seine Sympathie für diese mutigen Frauen auszudrücken? Ein Gedicht schreiben, um wenigstens einen Hoffnungsschimmer zu haben. Ich habe in einer früheren Lebensphase, so zwischen meinem fünfzehnte und dreißigstem Lebensjahre eine Menge von Gedicht in kleine Schreibhefte geschrieben, ein kleines Überbleibsel dieser literarischer Versuche befindet sich in „« Les premières neiges de l’hiver 2009/10 sont arrivées à Grünstadt „.

Die politische Situation im Iran hat mich schon immer beunruhigt und erschüttert – übrigens hat einer meiner Blogbeiträge  in paysages , der im Juni 2009 geschrieben wurde, “ Espérons le meilleur pour le mouvement de liberté qui bouleverse l’Iran en ce moment – et ouvrons quant à nous nos portes quand ils en auront besoin“, nichts von seiner Aktualität verloren! Die Mittel eines einfachen Bürgers, um den Iranern zu helfen, die mit bloßen Händen gegen die blutigen Staatsrepression kämpfen, sind ziemlich begrenzt, aber unsere Regierungen könnte sich schon etwas mehr bemühen, da gibt es noch Luft nach oben. In Frankreich, Deutschland, der Schweiz, Belgien usw. gibt es junge Doktoranden und Postdoktoranden, die unter der ständigen Bedrohung leben, in das Land der Mullahs zurückkehren zu müssen, wenn die Finanzierung des Doktorats oder des Postdoktorats ausläuft.  Hier könnten unsere Regierungen viel mehr tun …… Manchmal habe ich sogar das Gefühl, dass sie sich nicht bewusst sind, was in den Städten im iranischen Kurdistan vor sich geht.

Wie ich bereits im Juni 2009 schrieb: “ Espérons le meilleur pour le mouvement de liberté qui bouleverse l’Iran en ce moment – et ouvrons quant à nous nos portes quand ils en auront besoin / Hoffen wir das Beste für die Freiheitsbewegung, die den Iran derzeit erschüttert – und öffnen wir unsere Türen, wenn sie es brauchen„!

Christophe Neff, Grünstadt 21.11.2022

P.S. (22.11.2022 20:00): Hieranbei der Versuch der Übertragung/Nachdichtung des Gedichtes „Courir toujours plus loin pour un brin de liberté“ aus dem Französischen.

Immer weiter laufen für ein Stückchen Freiheit

(für die mutigen iranischen Frauen)

Immer weiter laufen…..

An einem einsamen Strand rennen

Den Wind zu spüren

Um die erste Morgenröte zu sehen

Immer weiter

Den ersten Atemzug des jungen Morgens fühlen

in deinem langen Haar

Durch den Sand zu laufen

Für eine einzige Strähne

Die glänzt

In den ersten Lichtern des beginnenden Tages

Immer mehr

Niemals aufhören

Die Hoffnung säen

Auf einen besseren Morgen

Der Gesang der ersten Vögel

Streichelt die Strähnen der iranischen Frauen

Die von einem besseren Tag träumen

Rennen

Den Wind spüren

Die stillen Wellen hören

Die stillen Wellen, die nie aufhören werden zu singen.

Die Freiheit

Immer weiter laufen

Les premières neiges de l’hiver 2009/10 sont arrivées à Grünstadt

Les premières neiges de l’hiver 2009/10 sont arrivées à Grünstadt durant la nuit du 12 au 13 décembre 2009. Evénement extrêmement rare à Grünstadt et dans le reste du palatinat, car ici on parle même de « Toscane du Palatinat » ou de « Toscane allemande». Neige et hivers rigoureux sont si rares ici que je me suis mis depuis quelques années déjà à faire des photos des premières neiges à Grünstadt. Evènement tellement rare que je me suis donc mis à préserver sous forme de photo. Le palatinat et surtout la Unterhaardt entre Grünstadt et Bad Dürkheim ne fut jamais le pays de la « weisse Weihnacht » (pays de Noël blanc)

Mais ceci n’a rien à voir avec les changements climatiques, qui sont tellement en vogue en ce moment. Autrefois, dans les années 1980, on parlait même du pays des citrons allemands. En fait on ne trouvait pas de vrais citronniers dans les jardins du palatinat, mais des Poncirus (Poncirus trifoliata ) qui en Allemagne partage le nom vernaculaire Bitterorange (orange amer) (mais aussi Bitterzitrone, dreiblättrige Orange) avec le Bigaradier (Citrus aurantium). Mais à ma connaissance il n’y n’a jamais eu de Bigaradier dans les jardins du palatinat. De nos jours, on peut même parfois rencontrer ici et là des Kumquat nagami (Fortunella margarita) comme plante ornementale. Je ne m’étonnerais même pas de trouver des Mandariniers satsuma (Citrus unshui) dans les jardins du palatinat, mais je crois que les aptitudes climatologiques du satsuma ne sont pas encore connues du grand public, ni en Allemagne, ni en France. Les Agrumes cités en haut sont tous des espèces pouvant pousser en plein air sous le climat méditerranéen & subméditerranéen, – donc leur présence en Palatinat (et dans le reste du Oberrheingraben /plaine rhénane) n’a rien d’exceptionnel, et surtout rien à voir avec les changements climatiques. Les « modes de jardins » changent – et les agrumes cités en haut se raréfient plutôt dans les jardins du palatinat, en ce moment la mode serait plutôt aux palmiers, les Palmiers de Chine (Trachycarpus fortunei) surtout ,sont en train de prendre un place importante dans les jardins entre Grünstadt et Bad Dürkheim, et même en Alsace on peut observer le phénomène (Neff 2007). Le palmier de Chine, qui peut résister à des températures jusque – 18°est donc particulièrement bien adapté à la culture ornementale en paysage subméditerranéen, disons partout où la vigne pousse et où on peut faire un bon vin, le palmier de Chine peut très bien réussir. Ceci n’à rien avoir avec les changements climatiques, même s’il y a des scientifiques qui font de la progression du Trachycarpus leur cheval de bataille pour prouver le réchauffement climatique. Une espèce méditerranéenne qui réussit depuis fort longtemps dans les jardins de palatinat, est l’arbousier – les fleurs et les fruits de l’arbousier sous les rares neiges du Palatinat cela peut donner de très belles images. Mais en ce moment c‘ est le Trachycarpus qui est en vogue dans les jardins entre Grünstadt et Bad Dürkheim transforment la Toscane allemande de plus en plus en petit Tessin palatinois, notons que les chataigners sont déjà là depuis les temps des Romains (Abt et al. 1993)

Avec les premières neiges de l‘ hiver qui sont arrivées cette nuit de l‘ ouest (donc apparemment de France) à Grünstadt, la « république des livres » nous réveille dans le billet « Le petit prince à la triste figure » avec la belle idée de consacrer une Pléiade au petit prince ; « Ne restera alors à l’éditeur original du Petit Prince qu’à prendre les devants en préparant une Pléiade princière ; elle intégrerait non seulement variantes, dessins et brouillons, mais encore tout ce qui relève de la réception (critiques, réactions, commentaires) et enfin le récit de ses aventures posthumes dans les 180 langues dans lesquelles il a été traduit. » Idée tellement poétique que je me suis laissé aller à poster un sorte de poème franco-allemand sur les commentaires , mots que je reprends ici en dessous. Même si il existe déjà un volume de la Pléiade St. Exupery, je trouve l‘ idée de consacrer un volume entier de la pléiade au petit prince comme le suggère Pierre Assouline (voir citation au dessus) vraiment intéressante.

« Une pléiade princière – ! les premières neiges de l‘ hiver font leurs apparition à Grünstadt, – et la république des livres nous apporte l’idée d’une pléiade princière !

«une drôle de petite voix m’a réveillé »

Schneesterne vom Himmel fallen,

und fahles Morgenlicht uns weckt

Im Wüstensand verloren

Erinnerungen aus Kindheitstagen

im Schnee verborgen

die Spuren eines Tages

im Winterschnee wir suchen

uns eine Stimme spricht

« S’il vous plaît, dessine-moi un mouton ! » »

Et pour finir quelques photos hivernales de Grünstadt.

le grand bouleau im Winterkleid
Le Grand Bouleau de Grünstadt en habit d’ hiver (Photo ©  C.Neff 13.12.2009 Canon Powershot A720IS)

neige et fruits d' Arbousier 13.12.2009
Neige et fruits d‘ arbousiers à Grünstadt (Photo  © C. Neff 13.12.2009 Canon Powershot A720IS)

 

fleurs d'arbousier hivernale Dez. 2009
Nuits d’hiver à Grünstadt et fleurs d’arbousier hivernale (Photo © C. Neff 13.12.2009 Canon Powershot A720IS)

Nuit d' hiver à Grünstadt - Arbousier
Neiges, lumières et arbousier hivernales à Grünstadt (Photo © C. Neff 13.12.2009 Canon Powershot A720IS)

 

Sources :

ABT, T., FRANKENBERG, P., NEFF, C. (1993): Quantitative Untersuchung der Waldmantelgesellschaft des Haardtrandes zwischen Landau und Bad Dürkheim. In: Erdkunde, Bd. 47, H. 4, 282-300.

NEFF, C. (2007) : Naturkundliche Beobachtungen in Munchhausen (Frankreich) Sauerdelta und Laurophyllisation in Munchhausen.. In: Vogt, J. et al. (Eds): Karlsruhe, Stadt und Region. Ein Landeskundlicher Führer zu bekannten und unbekannten Exkursionszielen. Karlsruhe, Regionalwissenschaftlicher Fachverlag, p. 201 – 215, (ISBN 978-3-9811189-2-6).

Christophe Neff, Grünstadt le 13.12.2009