Memorial – les forêts de Carélie n’oublieront jamais les âmes perdues des « zaklioutchonny kanaloarmeets », les détenus-combattants du Belomorkanal

L’annonce de la dissolution de Memorial International par la Cour suprême de Russie le mardi 28. Decembre 2021 ne m’a pas trop surpris ! C’était malheureusement plus que prévisible ! L’évolution de la Russie vers un régime autoritaire a débuté depuis fort longtemps, – j’avais déjà décrit le début de ce processus dans « De Dostoïevski à Mikhaïl Khodorkovski » en décembre 2013. Mais avec la dissolution de « Memorial » un nouveau pas envers un état autoritaire pur et dur, voir une véritable dictature est entamé[1] ! Cette volonté affiche du pouvoir russe de vouloir contrôler la mémoire collective des années staliniennes, me rappelle des sinistres souvenirs. Quel que soit le but du Président Poutine et de son cercle intérieur, le souvenir des  morts de la terreur bolchevik repose éternellement dans les forêts de Carélie, dans les fonds glacés du Belomorkanal, dans les paysages froids de la Kolyma ! Les  âmes des « zaklioutchonny kanaloarmeets » les détenus-combattants du canal ne seront jamais oubliées ….. [2]

Le souvenir des « zaklioutchonny kanaloarmeets » on peut le retrouver dans le livre « les eaux glacées du Belomorkanal » de Anne Brunswic déjà publié en 2009 – et qui vue ce qui ce passe en Russie actuellement une (ré) lecture attentive. Et naturellement le livre « Sandormokh – le livre noire d’un lieu de mémoire » de Irina Flige, – traduit du russe par Nicolas Werth. Le souvenir de Sandarmokh, des exécutions de masse dans la forêt de Sandarmok, ne disparaitra plus du monde libre, grâce au livre d’Irina Flige. Les deux livres mériteraient sûrement une traduction en allemand et anglais. Car eux aussi sont des lieux de « mémoire » virtuelle, des témoignages sur le souvenir des crimes commis en Russie pendant la période soviétique.

Je pense que « Memorial » va faire appel du jugement de la Cour suprême russe, – donc le dernier mot ne peut être pas encore prononcé! Il reste donc un petit infime luron d’espoir ! Mais personnellement je ne suis pas très optimiste!

J’ai écrit ce petit billet de blog le soir du 29. Décembre 2021 pour que les « zaklioutchonny kanaloarmeets », les détenus-combattants du Belomorkanal et tous les autres « Zek/Zeka » ne tombent pas dans l’oubli et en remercient l’organisation « Memorial » d’avoir donné un nom et un visage a ces milliers de victimes des purges staliniennes & soviétiques, mort  par épuisement, fatigue, de faim, de nostalgie du pays dans le froid du grand nord, et assez souvent aussi assassinés par milliers par des pelletons d’exécutions comme dans la forêt de Sandarmokh en Carélie !

Livres & ouvrages citées :

Brunswic, Anne (2009): Les eaux glacées du Belomorkanal. Arles, Actes Sud. ISBN 978-2-7427-8214-7

Flige, Irina (2021) : Sandormokh. Le livre noire d’un lieu de Mémoire. Traduit du russe par Nicolas Werth. Deuxieme tirage. Titre original: Sandormokh, Dramaturgia smyslov. Paris, Société d’édition des belles lettres, ISBN 978-2-251-45129-9

Christophe Neff, écrit le 29.12.2021, publie le 30.12.2021


[1] Voir aussi: « L’ONG russe Memorial liquidée, la mémoire verrouillée » , Éditorial du Monde 29.12.2021.

[2] J’ai utilisé une partie de ce passage dans les contributions du Monde. « Merci pour l’editorial ! Les forêts de Carélie n’oublieront jamais les sanglots silencieux des victimes des purges soviétiques ! Quel que soit le but du Président Poutine (et de ses amis ici dans les contributions), le souvenir des morts de la terreur bolchevik repose éternellement dans les forêts de Carélie, dans les fonds glacés du Belomorkanal, dans les paysages froid de la Kolyma ! Les âmes des « zaklioutchonny kanaloarmeets » ne seront jamais oubliées ….. » dans les contributions des lecteurs du Monde de l’editorial « L’ONG russe Memorial liquidée, la mémoire verrouillée » du 29.12.2021 et aussi dans les contributions de l’article «  En Russie, la dissolution de l’ONG Memorial marque l’ampleur du recul démocratique de l’ère Poutine La fin de la plus connue des associations de défense des droits de l’homme russes, gardienne de la mémoire des victimes de la terreur stalinienne, a été prononcée par la Cour suprême, mardi. Par Par Isabelle Mandraud et Benoît Vitkine(Moscou, correspondant) (29.12.2021) ».

Zhang Zhan: Derrière des barreaux, pour quelques mots, qu’elle pensait si fort

Vers la fin décembre 2020 j’avais écrit un petit billet bilingue (français/anglais) « N’oubliez jamais Zhang Zhan, Loujaïne Al-Hathloul , Nasrin Sotoudeh! Never forget Zhang Zhan, Loujaïne Al-Hathloul ,! ». Depuis Loujaïne Al-Hathloul a été libérée de sa prison en février 2021, mais elle vit plus au moins en liberté surveillée, avec interdiction de quitter l’Arabie saoudite pendant plusieurs années. Presque plus d’info sur Nasrin Sotoudeh, qui croupit quelque part dans une prison iranienne. Concernant Zhang Zhan c’est un article de Frédéric Lemaître « Vive inquiétude en Occident sur l’état de santé d’une journaliste chinoise incarcérée », billet publie le 09. Novembre dans le Monde, qui me rappelait le triste sort de Zhang Zhan.

Le triste sort de Zhang Zhan a d’ailleurs mobilisé une très grande partie de journalistes allemands le lundi 27. Novembre qui avaient essayé de mobiliser via Twitter le public allemand sur le triste sort de Zhang Zhan sous le Hashtag #ZhangZhan, #FreeZhangZhan et pour faire pression sur le gouvernement allemand pour qu’il s’engage pour la libération immédiate de la bloggeuse chinoise[1]. Bloggeur du « week-end » franco-allemand je rejoins ce mouvement avec cette adaption des paroles de «Diego libre dans sa tête » de Michel Berger[2], [3],[4]. On pourrait aussi écrire « Zhang Zhan libre dans sa tête, ou Nasrin Sotoudeh libre dans sa tête, ou Loujaïne Al-Hathloul libre dans sa tête, ou ….. »

« Derrière des barreaux,

pour quelques mots,

qu’elle pensait si fort

Dehors il fait chaud

Des milliers d’oiseaux

S’envolent sans effort

Quel est ce pays

Où frappe la nuit

La loi du plus fort ? »

Towards the end of December 2020 I had written a small bilingual (French/English) post “N’oubliez jamais Zhang Zhan, Loujaïne Al-Hathloul , Nasrin Sotoudeh! Never forget Zhang Zhan, Loujaïne Al-Hathloul ,! “ Since Loujaïne Al-Hathloul was released from prison in February 2021, but she lives more or less under probation, banned from leaving Saudi Arabia for several years. Almost no more info on Nasrin Sotoudeh, who is languishing somewhere in an Iranian prison. Concerning Zhang Zhan, it is an article by Frédéric Lemaître „Vive inquiétude en Occident sur l’état de santé d’une journaliste chinoise incarcérée“, published on November 09. November in Le Monde, which reminded me the sad fate of Zhang Zhan.

The sad fate of Zhang Zhan has also mobilized a large part of German journalists on Monday 27. November which had tried to mobilize via Twitter the German public on the sad fate of Zhang Zhan under the Hashtag #ZhangZhan, #FreeZhangZhan and to make pressure on the German government so that it engages for the immediate release of the Chinese blogger[5]. Franco-German „weekend blogger“ I join this movement with the adaptation of the lyrics of „Diego libre dans sa tête“ (see above in italics the french lyrics were not translated) by Michel Berger[6],[7],[8]. We could also write „Zhang Zhan free in her head, or Nasrin Sotoudeh free in her head, or Loujaïne Al-Hathloul free in her head, or ….. „

Christophe Neff, le 04.12.2021


[1] Voir „Journalisten fordern Freilassung von chinesischer Bloggerin“ et „Menschenrechte in China Twitter-Aktion unterstützt inhaftierte Bloggerin Zhang Zhan“.

[2] L’article „Diego libre dans sa tête » de la wikipedia.fr reproduit que très brièvement l’histoire de cette chanson écrite au début des années 1980 par Michel Berger pour France Gall. Pour trouver une version un peu détaillée on lira avec intérêt l’article de blog de Frédéric Grolleau « „Diego libre dans sa tête“ (M. Berger) : Peut-on ôter à l’homme sa liberté ? (exposé) ». Durant mes années étudiantes (mes années chantantes (1, 2) j’avais aussi interprété cette chanson de Michel Berger, mais durant les années 1980, 1900 en chantant « Diego » on pensait surtout aux dictatures sud-américaines.

[3] France Gall interpretant „Diego“ sur youtube (Audio officiel)

[4] Johnny Hallyday interpretant „Diego“ sur youtube.

[5] See „Journalisten fordern Freilassung von chinesischer Bloggerin“ et „Menschenrechte in China Twitter-Aktion unterstützt inhaftierte Bloggerin Zhang Zhan

[6] The article „Diego libre dans sa tête“ of the wikipedia.fr reproduces only very briefly the story of this song written in the early 1980s by Michel Berger for France Gall. To find a more detailed version, it is interesting to read the blog article by Frédéric Grolleau ““Diego libre dans sa tête“ (M. Berger) : Peut-on ôterer à l’homme sa liberté ? (presentation)„. During my student years (my singing years (1, 2) I had also interpreted this song of Michel Berger, but during the years 1980, 1900 while singing „Diego“ one thought especially of the South American dictatorships.

[7] France Gall interpreting „Diego“ on youtube (Audio officiel)

[8] Johnny Hallyday interpreting „Diego“ on youtube.