BB 67422 traçant le TER 830734 entre Mothern et Lauterbourg

BB 67422 vor TER 830734 zwischen Mothern und Lauterbourg 27.5.2011
BB 67422 entre Mothern et Lauterbourg traçant le TER 830734 vers le terminus de Lauterbourg. © C. Neff 27.5.2011

Ciel orageux en Outre – Forêt sur la ligne Strasbourg – Lauterbourg, – photo prise le vendredi 27.5.2011 en revenant d’une sortie dans le delta de la Sauer à  Munchhausen. En prenant diverses photos (en numérique et en diapositive) du TER 830734, – je me demandais, quand on verra de nouveau des trains de voyageurs directs entre Strasbourg et Woerth en Allemagne. Il y a à peu près 40 ans il y avait un express reliant Ludwigshafen via Spire, Woerth, Lauterbourg à Strasbourg, qui permettait aux familles des soldats français en garnison au Palatinat de passer la journée à Strasbourg et de rentrer le soir au Palatinat. Le nouveau gouvernement rouge-vert de Rheinland-Pfalz nous annonce dans le Koalitionsvertrag que la Bienwaldautobahn (Hagenbachvariante) ne sera définitivement pas construite (« B 9 – Bienwaldautobahn: Die beim Bund zur Linienbestimmung eingereichte Hagenbachvariante wird nicht weiter verfolgt. An der bestehenden B 9 zwischen Scheibenhard und der A 65 erfolgen lediglich Maßnahmen zur Verbesserung der Verkehrssicherheit.“ Source : Koalitionsvertrag Rheinlandpfalz 2011-2026 – den sozial-ökologischen Wandel gestalten, p. 64 ), – mais en contrepartie rien n’est dit sur la revalorisation des liaisons ferroviaires entre le Palatinat et l’Alsace.  Même si normalement je suis contre le bétonnage du paysage par des autoroutes, voies rapides etc.,  je pense que le Lückenschluß à travers le Bienwald entre Kandel et l’autoroute Lauterbourg – Strasbourg est vraiment nécessaire, car emprunter la Bundesstraße B. 9 entre Kandel et Lauterbourg en voiture particulière devient de plus en plus dangereux vu le flot incessant de camions empruntant cette route frontalière. Une vraie politique de transport « durable » aurait enfin tenté de construire ce raccord entre l’autoroute allemande et française, car la situation est vraiment intenable, et aurait surtout investi massivement dans la relation ferroviaire Woerth-Lauterbourg-Strasbourg. Dans un premier temps construction d’une deuxième voie entre Lauterbourg et Woerth, – et à moyenne échéance électrification de cette relation ferroviaire transfrontalière. La ligne de Chemins de Fer entre Karlsruhe et Bâle, la fameuse Rheintalbahn est complètement saturée, et même si cette ligne sera partiellement dédoublée par la Neu- und Ausbaustrecke Karlsruhe–Basel, – les forts problèmes de capacité sur cette magistrale ligne ferroviaire ne vont pas disparaitre.

Rücklichter TER 830734 zw. Mothern und Lauterbourg 27.5.2011
Les lanternes rouges du TER 839734 arrivant dans quelques minutes au terminus de Lauterbourg. © C. Neff 27.5.2011

Si on veut vraiment limiter les flots de camions entre Kandel, Lauterbourg et Strasbourg , il faut massivement investir dans la ligne de chemins de fer Strasbourg-Lauterbourg-Woerth, pour mettre à disposition cette ligne sous-utilisée, où actuellement quelques TER entre Strasbourg et Lauterbourg et quelques rare trains de marchandise circulent, pour un transport européen écologique et durable. Malheureusement nous ne trouvons pas un mot sur l’amélioration du trafic ferroviaire transfrontalier dans le Koaltionsvertrag du Cabinet Beck V. A priori si les données ne changent pas , les lignes de chemins de fer Strasbourg-Lauterbourg et Lauterbourg – Woerth resteront les lanternes rouges du trafic ferroviaires européen. Dommage que le nouveau gouvernement rouge vert de Rheinland-Pfalz n’ait pas saisi l’occasion de s’engager pour un véritable changement dans les transports transfrontaliers.

Photos:

BB 67422 entre Mothern et Lauterbourg traçant le TER 830734 vers le terminus de Lauterbourg. © C. Neff 27.5.2011

Les lanternes rouges du TER 839734 arrivant dans quelques minutes au terminus de Lauterbourg. © C. Neff 27.5.2011

Christophe Neff, Grünstadt le 30.5.2011

Quelques mots sur le billet « Gracq en guerre ou comment Louis devient écrivain » de la République des livres

Les vastes paysages du Pfälzerwald en tête, revenant de la sortie avec la Pollichia au Grünstadter Berg dimanche le 15.5.2011 je découvris un billet de la République de livres rempli de paysages et de géographie. Naturellement la caravane des commentateurs sur la RDL s’est déplacée depuis vers d’autre lieux – en ce moment chez un libraire en colère dans un quartier du bas des Champs Elysées. Mais le billet « Gracq en guerre ou comment Louis devient écrivain » était tellement rempli de « paysages » que le verbe en tremble; que j’ai laissé les mots suivants dans les commentaires « Revenant d’une longue ballade à travers le Grünstadter Berg – avec ces beaux panoramas qui s’ouvrent vers l’Ouest, le Mont Tonnerre, le Pfälzer Wald et tout au fond à l’ouest la Lorraine et la France – cette lecture paysagère parachevait un beau matin de dimanche ! Belle Phrase « Au fond, l’œuvre de Julien Gracq Français viscéralement attaché à l’Ouest, ne serait-elle pas la démonstration que « la géographie, ça sert aussi à faire la littérature ? ». Et toujours cette guerre, partout cette guerre …. » –

« Et c’est ainsi que le billet de Pierre Assouline commence « La guerre, la guerre, la guerre. Il est peu de visiteurs de Julien Gracq , à Paris comme à Saint-Florent-le-Vieil, qui ne se souviennent l’avoir écouté parler de la guerre. Ou plutôt des guerres, la grande et la dernière. La première fois, il avait 8 ans lorsqu’il entendit les volées de cloches et les sonneries de clairons annonçant la signature de l’armistice à travers tout le pays et, partant, le début du XXème siècle ; la seconde fois, il avait 29 ans lorsqu’il assista impuissant et les armes à la main à l’effondrement de son pays et de son peuple. Comment la guerre aurait-elle jamais pu le lâcher ? » – toujours cette guerre, le soir même de ce dimanche 15 mai je remontai vers le Grünstadter Berg, pour prendre encore quelques photos, et en voyant le Donnersberg, le Mont Tonnerre en français , lieu qui donna son nom au Département historique du Mont Tonnerre, je me souvenais qu‘ une semaine avant, le 8.5.2011, j’avais participé à la cérémonie d’honneur pour Libéro Casciola à Hussigny, Libéro Casciola mort en déportation dans un camp en Allemagne, toujours ces souvenirs de guerre que je n’ai pas vécu mais qui sont toujours omniprésents.

Il y a quelques jours en revenant d’une sortie en Alsace , précisément le delta de la Sauer, roulant sur la Weinstraße, quelques kilomètres avant Grünstadt, entre les villages de Herxheim an der Weinstraße et de Kirchheim an der Weinstraße, je découvris perdu dans les vignes le petit cimetière juif de Kirchheim an der Weinstraße. Il n y a plus de communauté juife à Kirchheim depuis la période tragique de 1933 – 1945 ; au milieu des tombes, une petite plaque commémorative de 1947 rappelle l’existence de la petite commune juive de Kirchheim.

Durch Menschenhand wurde auch dieser jüdische Friedhof im Nov. 1938 vollständig zerstört. Selbst den Toten nahm man ihren Frieden.

Dieses Monument wurde durch die Gemeinde Kirchheim A.D. Eck im Jahr 1947 als Wiedergutmachung errichtet. Es soll eine ewige Mahnung sein, dass eine Schändung des Menschenantlitzes wie in den Jahren 1933- 1945 geschehen, sich niemals wieder ereignen möge, denn alle Menschen sind doch Brüder und haben einen Gott„.

« Par la main de l’homme ce cimetière juif fut complètement détruit en Novembre 1938. Même aux morts on vola leur paix.

Ce monument fut érigé par la commune de Kirchheim A.D. Eck (aujourd’hui Kirchheim an der Weinstraße) comme acte de repentance. Le monument veut servir d’appel éternel, pour qu’une profanation de l‘ « humain « comme cela eut lieu pendant les années 1993 – 45 ne se répéte plus jamais, car tous les hommes sont frères et ils ont un seul dieu ». (trad. C.Neff)

Ceux qui sont en train de fossoyer le rêve d’une Europe citoyenne unie et sans frontière devraient peut- être un jour se souvenir du « jamais plus cela » et traverser les vignes de la Unterhaardt en silence pour retrouver le vieux cimetière juif de Kirchheim et se rappeler pourquoi Konrad Adenauer, Charles de Gaulle, Willy Brandt, François Mitterrand et Helmut Kohl (et tant d’autres) ont tant œuvré pour ce rêve d’une Europe sans frontières.

Photos :

Vue sur le Mont Tonnerre. © C. Neff 15.5.2011

Plaque commémorative au vieux cimetière juif de Kirchheim an der Weinstraße. Vue sur le Mont Tonnerre. © C. Neff 17.5.2011

Au coeur des vignes – les tombes du vieux cimetière juif de Kirchheim an der Weinstraße. © C. Neff 17.5.2011

Christophe Neff, Grünstadt le 22.5.2011

P.S : Très bon interview de Franz Walther Steinmeier dans le SPON sur l’etat actuelle de l‘ Europe politique.

Blognotice 18.5.2011: Observations sur le Grünstadter Berg

Himantoglossum hircinum Grünstadter Berg 14.05.2011
Himantoglossum hircinum sur le Grünstadter Berg / Gemeindeberg; Himantoglossum hircinumauf dem Grünstadter Berg / Gemeindeberg,  © C. Neff 14.5.2011

Pour préparer un cours de géobotanique et une sortie botanique de la Pollichia je fis durant les derniers jours plusieurs « sorties d’éclaireur » sur le Grünstadter Berg, colline surplombant la ville de Grünstadt, dont je parlais déjà dans la notice Balade d’été sur le Grünstadter Berg. Le Grünstadter Berg est connu pour sa richesse floristique,  beaucoup d’Orchidées et en plus c’est pour quelques plantes une des rares stations connues en Allemagne, comme par exemple la Scorsonère pourpre (Scorzonera purpurea) – que l’on trouve encore assez couramment dans les pelouses sèches du Grünstadter Berg.

 

Scorzonera purpurea auf dem Grünstadter Berg 13.5.2011
La scorsonère pourpre (Scorzonera purpurea) sur le Grünstadter Berg. /Die violette Schwarzwurz (Scorzonera purpurea) auf dem Grünstadter Berg, © C. Neff 13.5.2011

En France nous retrouvons la Scorsonère pourpre à peu près 800 km plus au Sud, dans les collines calcaires sèches du Gard, de l’Hérault, de l’Aveyron et de la Lozère. Malheureusement ce site botanique particulièrement intéressant qui est partiellement protégé, présente aussi des mauvaises surprises. Vandalisme et dégradations, – qui ne sont pas seulement monnaie courante dans les sites protègés du Grünstadter Berg, mais qu’on retrouve de plus en plus dans les autres sites classés du Palatinat (Naturschutzgebiete). Je me rappelle bien que quand j’ai débuté mon parcours professionnel il y a plus de 15 ans, des dégradations des sites classé par vandalisme étaient presque inconnues en Allemagne, pour rencontrer ces phénomènes il fallait bien franchir le Rhin , car en France ces phénomènes de dégradations étaient déjà assez courants.

Bierflaschen, Partyreste und Vandalismus auf dem Grünstadter Berg Mai 2011
Traces de vandalisme sur le Grünstadter Berg, © C. Neff 13.5.2011

Mais j’avoue que je préfère constater ces phénomènes loin de mon lotissement sur le Grünstadter Berg que devant mon propre jardin. Car les petites et moyennes villes allemandes sont de plus en plus confrontées à un phénomène de vandalisme et de dégradations – dont il y a vingt ans dans les paisibles campagnes allemandes on pensait que cela ne pouvait seulement arriver en France. Les Feux de Poubelles durant les week – ends de plein été sont malheureusement devenus dans de nombreuses petites et moyennes villes allemandes des phénomènes récurrents. Que ce soit à Grünstadt, à Schramberg (ou ici à Schramberg – Sulgen)  ou dans des autres villes moyennes , même si l’on n’aime pas trop en parler ,ce phénomène est en augmentation constante dans beaucoup de petite et moyenne villes de l’Allemagne du Sud. Et parfois cela touche au cœur de l’Allemagne du Bildungsbürgertum – le « Gymnasium » – ainsi le Leininger-Gymnasium, un des plus anciens lycées du Palatinat est de plus en plus confronté aux actes de vandalisme, poubelles en feux, etc. – ce qui une fois de plus fut confirmé par le proviseur du Lycée Madame Knopp durant la sortie de la Pollichia sur le Grünstadter Berg le dimanche 15.5.2011.

Bunias orientalis am Wegrand auf dem Grünstadter Berg 15.5.2011
Bunias d’Orient (Bunias orientalis) sur le Grünstadter Berg/ Bunias Orientalis auf dem Grünstadter Berg, © C. Neff 15.5.2011

Revenons aux paysages du Grünstadter Berg,  un autre aspect des paysages du Grünstadter Berg, – aspect que certains puristes écologistes désigneraient comme nuisance, est la population de bords de chemins, friches etc. par le Bunias d’Orient (Bunias orientalis) sur une grande partie du Grünstader Berg. Personnellement je considère cela plutôt comme un phénomène de dynamique de paysages naturelle sans grand danger pour la fonctionnalité de l’écosystème, mais notons qu’en Suisse le Bunias d’ Orient est considéré comme une espèce invasive qui est mentionnée dans la Watch-Liste de la commission suisse pour la conservation des plantes sauvages. Notons aussi que dans la Hesse rhénane la dynamique de population du Bunias d’ Orient a pris une telle ampleur qu’ une association environnementale (Gesellschaft Mensch und Natur) a organisé une campagne de sensibilisation. Personnellement je ne crois pas que la forte progression du Bunias d’Orient est un danger pour les paysages du Grünstadter Berg, là je vois comme je l’ai écrit plus haut d’autres dangers plus préoccupants : d’ une part le vandalisme décrit plus haut, d’autre part l’embroussaillement progressif dû à l’abandon du pâturage de brebis. Même si les associations écologiques qui gérent un peu le milieu met de temps un temps sous contrat un berger avec son troupeau , l’embroussaillement gagne de plus en plus du terrain. Peut être un chantier de brûlage dirigé pourrait- il dans certains endroits donner des résultats un peu plus encourageants que le pâturage trop éphémère.

Photos:

Orchis bouc (Himantoglossum hircinum) sur le Grünstadter Berg. © C. Neff 14.5.2011

Scorsonère pourpre (Scorzonera purpurea) sur le Grünstadter Berg. © C. Neff 13.5.2011

Traces de vandalisme sur le Grünstadter Berg.  © C. Neff 13.5.2011

Bunias d’Orient (Bunias orientalis) sur le Grünstadter Berg. © C. Neff 15.5.2011

Des très belles photos de la flore du Grünstadter Berg se trouvent aussi sur le site de Günther Blaich dédie au lieu-dit Gemeindeberg du Grünstadter Berg.

Christophe Neff, Grünstadt le 18.5.2011

Blognotice 6.5.2011 : – souvenir d’une longue attente pour un enfant du Pays-Haut mort en déportation

Le 8 mai 2011 une stèle en l’honneur de Monsieur CASCIOLA LIBERO, enfant de Hussigny-Godbrange décédé en déportation, sera inaugurée à Hussigny-Godbrange devant le groupe scolaire.

La semaine dernière, vers le mercredi le 27.4.2011 je m’apercevais que l’article, Quelques nouvelles de Grünstadt (26.9.2009), était d’un jour à l’autre visité plusieurs fois par jours, alors qu‘ avant cette date cette petite notice de blog ne recevait presque pas de visite (15 depuis la création le 26.9.2009 jusqu’au 27.4.2011). Je m’aperçus donc sur mon wordpress « dashboard » dans la rubrique « Mots clefs utilisés pour trouver votre blog » que le mot « Libéro Casciola » était de plus en plus présent, – et effectivement dans la petite notice de blog du 26.9.2010 je parlais entre autres de Libéro Casciola, – cousin de mon grand père Jean Migliori – Libéro Casciola mort en déportation en Allemagne. Après une petite recherche Google je découvris sur la homepage de la commune d‘ Hussigny-Godbrange, qu’en fait la commune de Hussigny allait commémorer le sort tragique du cousin de mon grand-père Jean Migliori avec une petite cérémonie le dimanche 8.5.2011.Cérémonies du 8 mai 1945

Le Maire et son Conseil Municipal invitent toute la population à participer aux cérémonies du 8 mai 1945 ainsi que celle des victimes de la déportation qui auront lieu le dimanche 8 mai 2011 à 10h30 au sein de l’école Jacques Prévert.

A cette occasion, une stèle en l’honneur de Monsieur CASCIOLA LIBERO, enfant de Hussigny-Godbrange décédé en déportation, sera inaugurée devant le groupe scolaire.

A l’issue de ces cérémonies, un vin d’honneur sera offert dans le cour de l’école.

(Source: Site officiel de la Mairie de Hussigny-Godbrange , dernière consultation le 6.5.2011 vers 7:00)

Et comme on ne trouve pas grand-chose dans le web sur Libéro Casciola – une copie de la déclaration de décès du journal officiel du 7 aout 2007 dans le site morts dans les camps – les quelques internautes qui cherchent à en savoir plus sur l’histoire de Libéro Casciola atterrissent chez paysages, la plupart du temps dans le billet du 26.9.2009. C’est ainsi que je découvris la cérémonie d’honneur que la mairie de Hussigny préparait pour le 8.5.2011. Cette découverte je la fis, – il y a parfois vraiment d’étranges coïncidences – en lisant les derniers chapitres du roman « Lutetia » de Pierre Assouline qui décrit  les jours de 1945 où l’hôtel Lutetia fut un centre de « rapatriés ». « « Ne dites pas « déporte » mais « rapatrié ». C’est le terme que nous avons adopté dans nos rapports, lettres et circulaires. Alors dites « rapatrié » vous aussi, sinon vous ne vous comprendrez pas (Assouline, P. 2006, p. 336). » Les souvenirs d’enfance d‘ Eckbolsheim, c’est ici que j’appris la première fois l’histoire tragique de Libéro Casciola, par la voix de mes grands-parents, – histoire qui depuis m’a poursuivi comme une ombre invisible – se mêlaient avec le récit, les yeux, les impressions du personnage fictif d‘ « Édouard Kiefer » – voyant les « déportées » arrivées au Lutetia – et voyant les proches, les familles, les amis attendre l’arrivée d’un proche. L’attente infinie d’un proche – qui ne reviendra peut être jamais. Comme gamin en 1968 à Eckbolsheim, j’avais eu le sentiment que dans ma famille, comme dans la fameuse chanson J’attendrai interprétée par Rina Ketty, on attendait encore le retour de Libéro.

J’attendrai,

Le jour et la nuit,

j’attendrai toujours

Ton retour …

J’attendrai

Car l’oiseau qui s’enfuit vient chercher l’oubli

Dans son nid

Le temps passe et court

En battant tristement

Dans mon coeur plus lourd

Et pourtant, j’attendrai

Ton retour

(Dino Olivieri (music), Nino Rastelli (paroles italiennes de l’originale italien Tornerai),  Louis Potérat (paroles françaises)).

Et depuis, cette histoire du « cousin Libéro Casciola » mort en déportation à Bergen-Belsen n’a cessé de me poursuivre.  C‘ est comme petit gamin dans la rue de pommes à Eckbolsheim que je compris qu’il y avait eu durant les années 1940 un triste événement qui avait déchiré l’Europe, – une barbarie sans précédent – et que le responsable de cette barbarie était l’Allemagne nazie. C’est là (et à Schramberg – Sulgen et à Saulgau) que j’entendis la première fois les mots, camps, déportation, résistance, le Struthof, Bergen-Belsen, Dachau, le Heuberg  – mais aussi des noms comme Stalingrad et Tambov – le camp N° 188 dit camps des français. Et c’est peut-être encore une coïncidence de plus,  le vendredi 29.4.2011 le soir sur Arte je regardai le film policier « Hunkeler et l’affaire Livius » de Stefan Jäger avec Matthias Gnädiger dans le rôle principal du commissaire Peter Hunkeler – film qui se base de sur le roman de Hansjörg Schneider « Hunkeler und der Fall Livius » – et c’est encore une fois de plus les ombres de l’histoire franco-allemandes, les ombres personnelles de ma famille qui réapparaissent. En regardant le film,  je me demande pourquoi les réalisateurs ont transformé le nom de Baldersdorf en Balderskirch dans le film. Car c’est  bien le massacre de Baldersdorf qui est au cœur du roman de Hansjörg Schneider.

Er schob das eiserne Tor zum Friedhof auf. Die Gräber lagen in Reih und Glied. Viele von Ihnen waren kürzlich besucht worden, die Querwege waren gepfadet. Hinten an der Rückwand stand ein großes Kreuz. A la mémoire de nos enfants fusilles au camp de Struthof war zu lesen, in Erinnerung an unsere Kinder, die im Lager Struthof fusiliert worden sind. Zehn Namen waren aufgelistet, es waren die Namen der Burschen aus Ballersdorf. Die Schneefläche davon war unberührt, niemand hatte den Fuß hineingesetzt. (Schneider, HJ. 2009, p. 189)

Il remua la porte en fer du cimetière. Les tombes étaient allongées une après l’autre. Beaucoup de tombes avait reçu des visites récemment, les chemins couverts de neige ressemblaient à des sentiers. Derrière il y avait une grande croix. On pouvait lire « A la mémoire de nos enfants fusillés au camp de Struthof ». Il y avait dix noms, c’était les noms des garçons de Ballersdorf. La neige devant la croix était vierge, personne n’avait mis le pied. (Traduction C. Neff d’après «Hunkeler und der Fall Livius» de Hansjörg Schneider).

Pourquoi le film cache- t-il le nom de Baldersdorf ? Pourquoi tant de morts, pourquoi Libéro Casciola n’est il pas revenu ? En fait je ne connais pas l’histoire de Libéro Casciola, je connais seulement l’histoire d’une immense attente sans fin, que ma grand-mère me racontait encore durant les années 1990. Des peurs, des angoisses, des souvenirs :  Libéro Casciola mourut en déportation en Allemagne en 1945, la fin d’un long voyage depuis l’Italie dans le Pays-Haut , pour finir dans un camp en Allemagne. « Ils s’en allèrent mourir au fonds de camps allemands sans avoir revu le cœur vert de l’Italie » comme l’écrit Aurélie Filippetti (2003 :26) dans son roman autobiographique en mémoire a l’immigration italienne dans le Pays-Haut. Ils mouraient dans les camps allemands sans revoir ceux qu’ils les aimaient, qui les attendaient dans le Pays-Haut, – que se soit à Hussigny, à Godbrange, à Villerupt – qui les attendaient même encore beaucoup plus tard à Eckbolsheim, Aubord, Port Leucate et ailleurs dans des lieux inconnus.

« Dans un murmure, que la nuit transformait en une longue plainte, des absents demandaient juste qu’on les oublie pas. (Assouline, P. 2006, p. 362). Libéro Casciola n’est pas retourné au Pays-Haut, mais nous ne l’avons jamais oublies, même moi qui connaissais simplement l’ombre invisible que son souvenir a laissée sur notre famille.

Bibliographie & Sources :

Assouline, Pierre (2006): Lutetia. Folio Poches/Gallimard, Paris, ISBN  978-2-07-032097-4

Filippetti, Aurélie (2003) : Les derniers Jours de la classe ouvrière. (Stock – Le Livre de Poche), ISBN 2-253-10859-6

Schneider, Hansjörg (2009): Hunkeler und der Fall Livius. Bastei Lübbe, ISBN 978-3-404-15983-3 (Taschenbuchversion)

Christophe Neff, Grünstadt le 6.5.2011