Beaucoup de bruit pour – Der patagonische Hase. Erinnerungen von Claude Lanzmann – en Allemagne

Triste dimanche d‘ automne à Grünstadt. Beaucoup de bruit pour rien est le titre d’un des derniers billets de la RDL – et souvent les dimanches matin je prends le temps pour lire billet et commentaires de la RDL, mais l’a j’avoue que j’avais ni courage ni le temps de lire les presque 300 commentaires (283 commentaires exactement). Une fois la pluie termine je fit une petit ballade en ville, car ce dimanche ce fut un « verkaufsoffener Sonntag » – avec petit tour chez mon libraire la « Buchhandlung Frank » – et j’ai découvert que le livre – « Der patagonische Hase. Erinnerungen von Claude Lanzmann ( la traduction allemande du livre « Le Lièvre de Patagonie ») était déjà dans la Spiegelbestsellerliste (39/2010 ) – exactement à la place 13. Cela n’arrive pas si souvent qu’une traduction d’un livre français arrive dès la sortie sur la Spiegelbestsellerliste.

En fait ici en Allemagne, radio, journaux, tous parlent du livre de Lanzmann ou de Claude Lanzmann tout court (p.ex. ici dans le Spiegel un Interview avec Claude Lanzmann). La sortie du livre de Lanzmann est devenue un véritable événement littéraire en Allemagne – c’ est pourquoi j’ai emprunté une partie du titre du billet de la RDL – même si « Much Ado About Nothing » is much older. Le livre de Lanzmann mérite certainement ce bruit médiatique en Allemagne – et dans ce contexte je conseille la lecture ou la relecture du billet « Claude Lanzmann, le maître du temps » de Pierre Assouline sur le livre.

La pluie reprenait ;vers le soir , je découvris un nouveau billet de la RDL – où j’ai laissé mes traces en allemand (disparus entre – temps – mais quelques vestiges subsistent dans le commentaire de mal d’accents du 27.09.2010 2 :30) sur le nouveau roman de Robert Bober «On ne peut plus dormir tranquille quand on a une fois ouvert les yeux». Un billet qui donne envie de lire le livre – mais comme je l’ai déjà remarqué dans le commentaire en allemand – „Sehr schön geschrieben Passou – in Grünstadt beginnt der Herbst mit Regenwetter – aber wer soll denn das alles lesen – all die Bücher die Sie uns vorstellen“ – qui peut lire tous ces livres dont la RDL nous parle avec tant de verve. Par exemple je n’ai pas lu le lièvre de Patagonie – je vois très bien l’emplacement du livre dans la bibliothèque familiale à Port Leucate. Quand est- ce que j’ aurai enfin le temps de lire le livre de Lanzmann. Mais qui a le temps de lire tous ces livres dont la RDL nous parle ?

En lisant dans Jules, Jim et Bober les phrases «On est parisien comme seuls ces yids-là savaient l’être. On croise des gens qui furent des personnes avant de devenir des personnages. Le fameux clown Pipo, qui faisait rire les spectateurs sous la botte, et qui était le seul du cirque à ne pas rire car lui seul savait qu’il était né Sosman. Cette Boubé qui décida d’être muette sous l’Occupation car « les mots qui sortaient de sa bouche portaient tous une étoile jaune », qui s’est rattrapée depuis sans apprendre le français pour autant et serait bien capable de dire « rue des Hospitalières-Saint-Gervais » en yiddish » – il me vient à l’ esprit que dans la ville où je vis Grünstadt, on parlait aussi le yiddish jusqu’en 1933 – Grünstadt jusqu’en 1933 hébergeait une des plus grandes communautés juives du Palatinat – mais le Pfälzer Landjudentum a disparu depuis – «On ne peut plus dormir tranquille quand on a une fois ouvert les yeux ».

Christophe Neff, Grünstadt dimanche/lundi 26./27.9.2010

Vue de Grünstadt – clocher et carillon de Sankt Martin résonnent de nouveau sur l’Unterhaardt

 L’automne arrive – après de longues semaines sans carillon et sans clocher de St. Martin de Grünstadt – nous avons droit de nouveau à  cette petite musique qui baigne les vignes des environs de Grünstadt dans un paysage de sons. De  plus, l’horloge de l’église de St. Martin Grünstadt nous donne enfin l’heure exacte. 

Petite tournée virtuelle dominicale – dans la RDL , nous apprenons par la voix de Passou que la grande majorité des commentaires proviennent des bureaux de lecteurs, donc le week-end le débat reste plutôt calme pour ainsi-dire.   a des obligations professionnelles j’ai passé la semaine en Forêt Noire, loin des mondes virtuels : il y  a même des endroits là- haut où on n’a toujours  pas accès au réseau de téléphone portable. Incroyable mais vrai : dans l’Allemagne de 2010, il y a des localités où l’utilisation de téléphone portable  n’est pas possible.  

Ayant travaillé pendant une semaine sur les changements globaux (un séminaire sur la « global change ecology »& sortie sur le terrain) et sur la dynamique des paysages dans la Raumschaft Schramberg (préparation d’un chantier de brûlage dirigé), même si il reste quelques trouées de communication pour les téléphones cellulaires , je me suis rendu compte à quel degré les changements globaux affectent  la région où j’ai  grandi. La Forêt progresse de plus en plus  et l’état, la ville et  la région  ont de plus en plus de mal à financer les infrastructures publiques. Il y a cinq ans Je n’aurais j’aimais cru que le jour viendrait où la question  de la survie de l’Hôpital de Schramberg se poserait !

Hier la petite ligne de chemins de fer reliant Schramberg au réseau ferroviaire (neutralisation 1989, dépos des voies 1992)- demain l’hôpital ,  quand parlera –t- on de la fermeture du lycée ? Sans Hôpital, sans lycée – la Raumschaft Schramberg, la ville de Schramberg sont programmées  pour  entrer dans une longue phase d’agonie socio-économique. Est-ce que les hommes et femmes politiques locaux et régionaux sauront stopper ce processus ? A voir, en attendant on peut observer la lente progression de la Forêt, comment  elle envahît lentement les paysages.  Pour les amoureux de la Forêt c’est certes une bonne chose, mais les habitants « du coin » préfèrent plutôt un paysage ouvert avec une mosaïque de forêts, de prés et de champs.

 Il y avait aussi un petit événement historique dans ce coin perdu de la Forêt Noire – Zinelli le rouge – Herbert Zinell  fêtait ses  vingt ans de Bourgmestre de Schramberg. Un maire de gauche – dans un fief traditionnellement  de droite, et cela depuis vingt ans , c’est vraiment remarquable .En ce moment,  Herbert Zinell a entamé un dur combat pour essayer de  sauver ce qui reste de l’Hôpital de Schramberg. Combat qui réunit tous les hommes et femmes politiques locales, quelle que soit leur appartenance politique, car ils savent tous qu’une fois l’Hôpital perdu, le déclin socio-économique de Schramberg, la perte du rôle de statut de Mittelzentrum sera inévitable. 

Zinelli le rouge aura besoin de beaucoup de courage et de sagesse pour gagner ce combat vital pour la Raumschaft Schramberg. Comme on parle de figure politique de la gauche,  dans le dernier billet « Retour de vacances » du blog Au jour le jour nous apprenons le décès d’un figure emblématique « marieausoleil, une femme de tête, fille de la mer et de la tramontane » de la gauche audoise, Marie-Claude Gleizes.  Je ne pourrais pas décrire son action politique en détail, mais dans les domaines où je me sens compétent je pense qui il faut rappeler qu’ elle a bien su mettre à l’ordre du jour  politique un des plus grands risques naturels  et environnementaux qui pourraient fortement mettre en danger  le territoire  de la commune de Leucate, submersion marine, rentrées  de mer, raz  de marée  etc. sont certainement les forces dynamiques  naturelles qui pourraient dans un proche futur  fortement perturber la vie des Leucatois (J’ en parlais ici et ici ).

Finissons avec le décès d’une autre personnalité – Bärbel Bohley vient de décéder – sans Bärbel Bohley, il n’y aurait pas eu de Neues Forum et en conséquences, pas de réunification allemande.

Photo: Les horloges des clochers de St. Martin et St. Peter de Grünstadt parfaitement synchronisées © C.Neff 11.9.2010 19.41.

Christophe Neff, Grünstadt le 12.9.2010