Il y a vingt ans[1], dans la nuit du 26 au 27 mars 1996, vers une heure du matin furent enlevés les 7 moines de l’Abbaye Notre-Dame de l’Atlas à Tibhirine[2],[3]. Les têtes des sept moines assassinés furent retrouvées fin Mai 2006 dans les environs de Médéa. Vingt ans après ces crimes les circonstances de leur assassinat n’ont toujours pas été élucidées[4],[5]. Ce crime m’avait fortement marqué il y a vingt ans. Je suivais les évènements de la décennie noire en Algérie de près[6], et ce crime, ce drame reste gravé dans ma mémoire comme le symbole des drames sanglants que subissait le peuple algérien pendant la décennie noire, massacres sanglants à répétition dont souvent on ne savait pas très bien si c’étaient les bourreaux du GIA, ou bien les tortionnaires des forces de sécurité algériennes qui en étaient les responsables. Concernant les responsables de l’assassinant des moines de Tibhirine, je crois que le mystère ne sera levé (comme pour beaucoup d’autres crimes de la décennie noire), que si l’Algérie devient réellement une vraie démocratie et que les Algériens retrouvent la parole libre et la liberté. Malheureusement, on est encore bien loin de l’établissement d’une vraie démocratie en Algérie, et en outre, de nouvelles anciennes menaces semblent de plus en plus peser sur l’Algérie[7].
Comme je l’ai déjà écrit ici dans paysages, le jour viendra où je ferai le voyage vers Tibhirine pour déposer une gerbe de fleurs à la mémoire des sept moines assassinés. Mais aussi en mémoire des innombrables massacres dont les algériens furent victimes durant la décennie noire. Faute de mieux, je laisse ici une photo d’une branche d’abricotier en fleurs de notre jardin à Grünstadt. En souvenir de Christian de Chergé, Luc Dochier, Christophe Lebreton, Michel Fleury, Bruno Lemarchand, Célestin Ringeard, Paul Favre Miville – mais en souvenir innombrables victimes de la décennie noire en Algérie.
Christophe Neff, Grünstadt, Pâques 2016 (publiée le 29.03.2016)
P.S : Dans le contexte de mon billet, je me permets de signaler la parution prochaine d’un livre à la mémoire et à l’héritage des moines de Tibhirine : Henning, Christophe (Ed) : Tibhirine, l’héritage. Bayard, 178 p., 14,90 €, ISBN 978-2227488700. En librairie le 7 avril.
[5] Voir aussi le chapitre « Moines de Tibhirine » dans le Dictionnaire amoureux de l’Algérie, chapitre qui débute avec les phrases suivantes : « Connaîtra-t-on jamais la vérité ? Les sept moines trappistes de Tibhirine,monastère situé non loin de Médéa, à moins de 100 kilomètres d’Alger, sont morts à une date inconnue et furent enterrés en mai 1996 (Chebel, M. 2012, p. 430).
Le journaliste Hasnain Kazim de l’hebdomadaire allemand der Spiegel en Turquie a été contraint de partir car son accréditation de presse n’a pas été prolongée par les autorités turques. Un signe de plus qui témoigne de la dérive autoritaire de l’actuel gouvernement turc. Même en France ce triste évènement a été repris par les médias comme par exemple par le Monde.fr « Le correspondant du magazine allemand « Spiegel » contraint de quitter la Turquie ». Si les autorités turques commencent à se débarrasser des correspondants étrangers un peu trop critiques envers le gouvernement turc on peut que craindre le pire pour la liberté de la presse, la liberté tout court en Turquie. Ce qui semble être sûr, c’est que les medias critiques en Turquie en ce moment n’ont pas la vie facile.
J’avais déjà parlé de Hasnain Kazim dans paysages, en avril 2010, car son livre « Grünkohl und Curry. Die Geschichte einer Einwanderung » – fut déjà sujet de bac allemand en France. Dans son livre, histoire d’une intégration réussie – mais aussi d’une enfance entre Inde, Pakistan et Allemagne du Nord (Norddeutschland), – nous trouvons dans les dernières pages un chaleureux témoignage de l’auteur envers son ancienne enseignante de français « Manon Maliszewski » passage que je me permets de citer et de traduire ici « Es war eine merkwürdige, von Angst bestimmte Zeit. In der Schule vertraute ich mich einer Lehrerin an, Manon Maliszewski, selbst Ausländerin, Französin. Ich erzählte ihr von den Anrufen und von meiner Sorge, meine Eltern könnten sich für einen Wegzug aus Deutschland entscheiden. In ihr fand ich eine Verbündete/ Ce fut une période étrange dominée par la peur. A l’école je me confiais à une enseignante Manon Maliszewski, un française, étrangère comme moi-même. Je lui parlais des appels téléphoniques et de mes craintes que mes parents puissent décider de quitter l’Allemagne. Dans la personne de Manon Maliszweski j’ai ainsi trouvé une alliée contre mes peurs (libre traduction de l’allemand C.Neff 20.03.2016) (Kazim, H, 2009, 250, 251). Ce livre, dont je tire cette petite citation mériterait certainement une traduction française. Et pour finir, l’article « Ein schmerzlicher Abschied » mériterait une large distribution, – et comme le Spon a aussi publié une version anglaise sous le titre « A Painful Farewell » on peut au-moins espérer que cette fine analyse très personnelle de l’évolution politique en Turquie de 2013 à 2016 trouve aussi une résonance internationale plus large.
Sources :
Kazim, Hasnain (2009) : Grünkohl und Curry. Die Geschichte einer Einwanderung. München, DTV, ISBN 978-3-423-24739-9
Kazim, Hasnain (2016): Ein schmerzlicher Abschied. Der Spiegel-Korrespondent Hasnain Kazim über seine Erfahrungen mit der Pressefreiheit unter Präsident Erdogan- und seine unfreiwillige Ausreise aus dem Land. In: Der Spiegel, 12/2016, pp. 106 – 107. Version www de l’article dans le SPON: „Hasnain Kazim über die Türkei: Ein schmerzlicher Abschied“, version anglaise „A Painful Farewell“.
Christophe Neff, écrit le 20.03.2016 publié le 21.03.2016
« Adieu, la France, welcome America» c’est le titre d’un petit billet dans le SPON du 02.03.2016, qui annonce qu’après que la France fut pendant 40 ans le premier partenaire commercial de l’Allemagne, ce sont maintenant le Etats-Unis qui jouissent du privilège d’être le premier partenaire commercial de l’Allemagne[1]. Cette nouvelle se retrouvait dans une grande partie des journaux allemands parus le jeudi 03.03.2016. Dans les journaux et medias français que je consulte régulièrement, apparemment, on ne parlait pas de ce petit changement de place dans balance commerciale allemande. Le journal die Welt nous livre une intéressante analyse sur ce changement de position dans la balance commerciale allemande sous le titre « Was hat Amerika, was Frankreich fehlt ( Ce que les Etats-Unis ont qui manque à la France ? » résumant clairement que c’est la « réindustrialisation des Etats-Unis » qui est le principale responsable pour le retour en force des USA dans la balance commerciale allemande.
En-dehors de tous aspects commerciaux, et c’est la raison pour laquelle parle ici dans paysages, ce petit changement de place dans la balance commerciale allemande est aussi un coup dur pour l’apprentissage du français en Allemagne. Car jusqu’à présent l’argument principal des professeurs de français dans les écoles allemandes pour inciter les élèves à apprendre le français, était le fait que la France était le principal partenaire commercial de l’Allemagne – et que sans connaissances approfondies de français il était difficile de faire du commerce en France (Geschäfte machen in Frankreich). Une argumentation, qui après tout avait jusqu’ à présent encore assez de charme pour les parents du Bildungsbürgertum, qui incitait donc leurs enfants à apprendre le français. Avec ce changement de place dans la balance commerciale allemande cette argumentation en faveur du français est donc en train de devenir intenable. Oui pour l’apprentissage du français en Allemagne, la relégation de la France à la deuxième place de la balance commerciale allemande est plutôt une mauvaise nouvelle ! Et en plus malheureusement en France, on ne semble même pas prendre conscience de ce que cela pourrait avoir comme conséquences – aussi bien sur le plan socio-économique et que en ce qui concerne les relations culturelles ainsi que la place du français dans le Monde.
Wie schon letztes Jahr gibt es hier an dieser Stelle ein paar Zeilen zum phänologischen Geschehen an der Unterhaardt. Den ersten blühenden Mandelbaum[1] habe ich am Samstag, den 9.1.2016 zwischen Deidesheim und Meckenheim an der B 271 blühen sehen. Das liegt zwar nicht an der Unterhaardt sondern mehr im Randbereich der Mittelhaardt, aber eine derart frühe Mandelblüte ist dennoch ein für Mitteleuropa bemerkenswertes phänologisches Ereignis. Ende Januar blühten fast an der gesamten Weinstraße die Mandelbäume. So etwas kenne ich eigentlich nur aus dem mediterranen Südfrankreich. In Aubord wo ich ja einige Zeit gelebt hatte, blühten die Mandelbäume gewöhnlicher Weise gegen Ende Januar. Was ich eigentlich für viel bemerkenswerter halte als die Mandelblüte ist die frühe Blüte der Osterglocken an der Unterhaardt. Meine ersten blühenden Osterglocken in diesem Jahr habe ich am Donnerstag den 06.02.2016 auf dem Weg ins Büro zwischen am KIT entdeckt. Einmal rund um den Golfplatz in Dackenheim. Der andere Standort waren die blühenden Osterglocken in der Grünanlage der Winzergenossenschaft Herxheim am Berg. Abgesehen davon ist die Grünanlage der Winzergenossenschaft Herxheim am Berg, sowie die neue Weinlounge[2] die in diese Grünanlage eingebunden ist, ein äußerst gelungenes landschaftsarchitektonisches „Gesamtensemble“. Aber wieder zurück zu den Osterglocken, – in Karlsruhe habe ich die ersten blühenden Osterglocken erst am Donnerstag den 25.02.2016 entdeckt. Trotz Stadtklimaeffekt begann die Osterglockenblüte in Karlsruhe erst ca. 14 Tage später, – das zeigt doch beeindruckend die besondere Klimagunst der „Unterhaardt“. Das erinnert mich auch die Worte meines akademischen Lehrers Peter Frankenberg, der die Klimagunst des Haardtrandes – „Monsieur Neff le climat du Haardtrand ressemble beaucoup au climat des environs de Nîmes[3]“ – während meines Studiums und meiner Assistenzzeit an der Universität Mannheim, gern mit dem mediterranen Klima der Landschaften rund um Nîmes verglich. Mir erschien dieser Vergleich damals etwas gewagt, – aber in diesem Winter 2015-16 erscheint er doch ganz zutreffend zu sein. Ich denke, dass soweit man die phänologische Uhr des DWD für den nördlichen Oberrhein als Bezugsgröße nimmt[4], man feststellen kann – dass die phänologischen Phasen in diesem Winter ca. 2 – 3 Wochen früher als sonst im langjährigen Durchschnitt üblich eingetreten sind. In diesem Zusammenhang sei abschließend noch auf die von Heiko Himmler (2016) im Pollichia Kurier veröffentlichen phänologischen Beobachtung verwiesen. Himmler verweist, darauf dass der Dezember 2015, „der mildeste Dezember seit Beginn der Wetteraufzeichnungen in Südwestdeutschland(Himmler, H. 2016, 9) “ gewesen sein. Außerdem findet man in diesem kleinen Aufsatz eine Reihe interessanter phänologischer Beobachtungen – wie z.B. u.a. die Hinweise zur Schneeglöckchenblüte[5] am 26.12.2015 in Sandhausen und auch die Beobachtung von ersten blühende Huflattichen am 27.12.2015 bei Ludwigshafen. Aus phänologischer Sicht war der Winter 2015/16 an der Unterhaardt, sowie in Teilen Südwestdeutschlands eine interessante Jahreszeit.
Comme l’année dernière à cet endroit voici une petite notice sur la phénologie dans la Unterhaardt. Le premier amandier[6] en fleurs je l’ai vu le samedi 09.01.2016 sur les bords de la B. 271 entre Deidesheim et Meckenheim. Ce lieu n’appartient pas à la Unterhaardt, mais se situe plutôt sur les bords de la Mittelhaardt, une floraison tellement précoce d’ amandiers est certainement un phénomène phénologique rarissime pour l’Europe centrale. Fin janvier une grande partie des amandiers longeant les bords de la route du vin allemand étaient en fleurs. Des amandiers en fleurs mi/fin janvier avant cet hiver 2015/16, je n’avais vu cela que dans le Midi méditerranéen français. A Aubord qui était longtemps mon point d’attache en France, petit village de Vistrenque dans les environs de Nîmes, où j’ai aussi vécu quelque temps, la floraison des amandiers se passait normalement vers la fin janvier. Mais d’un point de vue phénologique la floraison très précoce des Narcisses jaunes dans la Unterhaardt est certainement plus remarquable que la floraison des amandiers. J’ai vu mes premiers Narcisses jaunes le jeudi 06.02.2016 pendant mon trajet au Kit, sur les bords du terrain de golf de Dackenheim et sur l’espace vert longeant la coopérative viticole de Herxheim am Berg. D’ailleurs sous l’aspect d’architecture du paysage, les espaces verts et la nouvelle « Weinlounge (bar à vins) [7]» de la coopérative viticole de Herxheim am Berg me semblent être particulièrement réussis. Mais retournons aux Narcisses jaunes. A Karlsruhe la floraison des Narcisses jaunes débuta le jeudi 25.02.2016, donc deux semaines plus tard que sur la Unterhaardt. Ce décalage montre bien la particularité climatologique de la Unterhaardt, – car même l’ Îlot de chaleur urbain de Karlsruhe n’influença pas le cycle de floraisons des Narcisses jaunes. Ceci me rappela un peu les mots de mon maitre académique le Professeur Peter Frankenberg, « Monsieur Neff le climat du Haardtrand ressemble beaucoup au climat des environs de Nîmes[8]» qui aimait, durant mes études et mes années d’assistant à l’Université de Mannheim, comparer la particularité climatologique du Haardtrand avec le climat méditerranéen des paysages des environs de Nîmes. Cette comparaison m’avait semblé être un peu osée– mais durant cet hiver 2015-16 je pense que cette comparaison décrit assez bien la situation de la saison hivernale actuelle. Je pense que si on compare la situation de cet hiver à l’horloge phénologique du DWD pour le Nördliche Oberrhein[9] (Rhin supérieur du Nord) on voit bien que les phases phénologiques sont en avance de deux à trois semaines sur le calendrier phénologique habituel. Dans ce contexte je renvoie aussi aux observations climatologiques de Heiko Himmler (2016) publiés dans le dernier Pollichia Kurier. Heiko Himmler écrit que Décembre 2015 fut le Décembre le plus doux observé en Allemagne du Sud-Ouest (Südwestdeutschland) dans les relevés météorologiques (Himmler, H. 2016, 9). En plus dans cette petite notice phénologique sont publiées quelques observations phénologiques intéressantes dont la floraison de perce- neiges[10] à Sandhausen le 26.12.2015 et le Tussilage le 27.12.2016 dans les environs de Ludwigshafen. D’un point de vue phénologique l’hiver 2015/16 dans la Unterhaardt comme dans une partie de « Südwestdeutschland » fut donc un hiver intéressant !
Bibliographie:
Himmler, Heiko (2016): Phänologische Beobachtungen im Dezember 2016 (Berichte aus den Arbeitskreisen AK Botanik). In: Pollichia Kurier, Jg. 32, H.1, S. 9- 10.