Des paysages à l’infini, des paysages d’une beauté inoubliable à perte de vue. En regardant le documentaire « Algérie, la mer retrouvée[1] » d’Alexis Marant et Guillaume Pitron sur Thalassa[2] vendredi 3.4.2015 je fus projeté 16, presque 17 ans en arrière. Le Professeur Manfred Meurer[3], membre de mon jury de thèse de doctorat[4] m’avait demandé, si je pourrais encadrer une de ses doctorantes, – une algérienne travaillant sur la flore algérienne. J’avais jusque-là lu presque tous les ouvrages sur la géographie et les paysages algériens, – et étant en charge de cette doctorante depuis 1999 – je voulais tout de suite saisir l’occasion pour faire un voyage d’étude en Algérie, pour connaitre de mes propres yeux ce pays que je considérais comme un des plus beaux pays monde. Mais Abida Z., la doctorante algéroise du Prof. Meurer me disait, – Monsieur Neff, n’y aller pas, – vous avez des enfants … vous savez les islamistes, le GIA ….c’est trop dangereux – vous risquez de ne plus voir vos enfants de ne jamais revenir en Allemagne, de ne jamais revoir votre épouse, votre mère, votre grand-mère. C’était le temps où l’Algérie fut déchirée par une terrible guerre civile – ce fut la décennie noire qui ensanglanta l’Algérie. En regardant les belles images du film d’Alexis Marant et Guillaume Pitron on pourrait croire, que ces années cauchemardesques, sont des souvenirs d’un autre temps, presque oublié, – mais l’assassinat de Hervé Gourdel en Septembre 2014 en Kabylie dans le massif de Djurdjura par les soldats du califat, nous a rappelé que ces cauchemars des années 1990 sont encore bien vivants et réapparaissent brusquement de temps en temps. Finalement donc je ne suis jamais parti en Algérie. En 2005[5] je commençais dans l’équipe du Professeur Meurer à l’ancienne Université de Karlsruhe[6], devenue depuis le KIT, en charge de de plusieurs projets de recherche en Tunisie, ainsi commençèrent mes années tunisiennes, – mes rêves d’Algérie s’éloignaient de plus en plus – et j’apprenais à aimer la Tunisie et ses paysages – ce qui me valut à la longue d’être considéré en Allemagne comme un des rares spécialistes allemands de la Tunisie. Durant l’année 2007 j’aurais encore eu l’occasion de travailler dans un projet de recherche écologique appliquée avec Gonzague Pillet à Annaba en Algérie, mais Gonzague Pillet décéda brusquement en automne 2007, et l’Algérie s’éloigna définitivement de mes intérêts et obligations professionnelles.
En voyant les magnifiques images des côtes algériennes du reportage d’Alexis Marant et Guillaume Pitron sur la cote algéroise, – je me suis dit, qu’un jour je ferai ce voyage en Algérie, dont j’ai toujours rêvé, au plus tard à l’Age de la retraite. Ma retraite je pourrais la prendre dans 17 ans, – espérons qu’ entre-temps les autorités algériennes ne vont dilapider, bétonner cette merveilleuse côte qui est un vrai trésor. Ne surtout pas commettre les erreurs espagnoles, – succomber à l’argent facile du tourisme de masse – et d’abandonner cette merveilleuse côte à la littoralisation, californisation – au bétonnage tout court. Ce littoral mérite mieux que l’exemple effrayant des côtes méditerranéennes espagnoles. Je pense qu’ en développant un tourisme durable on pourrait très bien développer les côtes algériennes sans mettre en péril la valeur écologique et esthétique de ses paysages côtiers uniques. D’Oran jusque à Annaba le film d’Alexis Marant et Guillaume Pitron nous a fait découvrir une cote merveilleuse, mais aussi une jeunesse, des femmes et des hommes, qui prennent leurs destins en main pour un meilleur avenir. Enfin le film m’a donné envie de ne pas attendre jusqu’à ma retraite pour découvrir l’Algérie, ces merveilleuse côtes, découvrir les paysages du Parc national de Gouraya ….. et encore beaucoup plus. De prendre le ferry depuis Marseille, me réveiller à l’aube à Alger la blanche, de monter à la Basilique Notre-Dame d’Afrique, de faire le voyage à Tibhirine pour déposer une gerbe à l’ Abbaye Notre-Dame de l’Atlas en mémoire des sept moines de Tibhirine assassinés, de poursuivre la route traversant toute l’Algérie d’ ouest en est pour finalement après avoir visité le parc national d’El-Kala, d’arriver à Tabarka en Tunisie. On peut toujours rêver ….
Christophe Neff, le 05.04.2015
[1] Voir aussi « L’Algérie à la reconquête de son littoral »
[2] Ce n’est pas la première fois que j’écris sur un épisode de l’émission Thalassa, voir : Quelques remarques sur Thalassa à Lisbonne (émission du 11.9.2009) et la littoralisation du Cap Saint – Vincent (Cabo de São Vicente) ; Quelques remarques sur Thalassa : escale à Tunis (émission du 16.10.2009) ; Quelques mots sur le reportage « la route australe » d’Emilio Pacull dans l’émission Thalassa du vendredi 26.11.2010
[3] Le Professeur Manfred Meurer était considéré en Allemagne comme un spécialiste des écosystèmes méditerranéens, de l’Afrique francophone et surtout de la Tunisie.
[4] Les membres du jury de ma thèse de doctorat furent entre autres les Professeurs suivant: Wolfgang Cramer, Peter Frankenberg, Reinhard Männer (Doyen), et Manfred Meurer.
[5] Jusque en mars 2005 j’étais Post-Doc en géographie à l’ Université de Mannheim.
[6] De nos jours l’Université de Karlsruhe se dénomme Institut de technologie de Karlsruhe ( KIT).
Bonjour, j aimerais juste vous dire que vous pouvez visiter l Algérie et réaliser votre rêve.. il suffit d être bien encadré 🙂 je vous recommande de voir avec la chambre Algero- allemande AHk.
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