Blognotice 16.04.2016: n’oublions pas les lycéennes de Chibok

bring back our girls now 10421400_282213081989732_4576000218190379049_nIl y a deux ans, le 14 avril 2014 276 lycéennes sont tirées de leur sommeil dans un dortoir de l’école secondaire de Chibok, dans le nord-est du Nigeria. Elles sont prises en otage par les terroristes islamistes de Boko Haram, –  et depuis c’est le grand silence.  57 lycéennes de Chibok ont réussi à fuir leurs geôliers, les 219 restantes, d’après ce que nous savons,  ont été transformées en esclaves sexuelles. Mais les lycéennes de Chibok ne sont pas les seules victimes de Boko Haram. Comme le décrit Pierre Lepidi dans son article « Nigeria : deux ans de recherche pour retrouver les lycéennes de Chibok » : « selon les ONG qui militent pour les droits de l’homme, plusieurs milliers de femmes et de jeunes filles ont été enlevées depuis le début du conflit. Boko Haram en fait des esclaves sexuelles ou des bombes humaines, tandis que les garçons et les hommes sont enrôlés de force pour combattre et instaurer un Etat islamique dans le nord-est du Nigeria ». C’est une guerre qui se passe loin de nos yeux, – à peine remarqué par les medias internationaux, – qui transforme toute un pays en champs de mort,  depuis 2009 on compte plus que 20.000 morts, de vies brisées, des cœurs attristés …. et surtout un silence médiatique international hors du commun !

Heureusement que dans les medias francophones et anglophones[1], on a eu droit à quelques reportages et analyses sur le sort des lycéens de Chibok, pour ce triste deuxième anniversaire de leur enlèvement. En Allemagne, malheureusement ce triste anniversaire était presque oublié, –  peut être due à l’enchaînement des medias sur «  l’affaire  Böhmermann ». Personnellement, je suis l’affaire des lycéennes de Chibook depuis le printemps 2014, j’ai mis le logo « Bring Back our Girls[2] » a la une de mon compte publique Google+  et de mon compte privée Facebook.  On me demandera – et cela sera à quoi ?

– et je réponds – que durant la guerre civile dans l’ex Yougoslavie, après le Massacre de Srebrenica, je faisais part de ces « activistes email » qui envoient ces dizaines, voire centaines d’emails à leurs amies, leurs connaissances[3], – mais surtout aux hommes et aux femmes du monde politique. Nous n’avons certes empêché aucun massacre, – mais de voir Radovan Karadžić et Ratko Mladić devant le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie, de voir Radovan Karadžić condamné à 40 ans d’emprisonnement, me laisse penser que tous ces email ont peut-être contribué à ce que la conscience international ne s’endorme pas ! Peut-être le jour viendra –  où les responsables de tous ces massacres qui sont perpétués au nom de Boko-Haram dans le Nord du Nigeria devront aussi se justifier pour leurs actes devant un tribunal international !

Je finis ce billet avec une citation d’un appel publié dans le Monde du 14.06.2014 intitulé « Leur crime : être filles et aller à l’école [4]» dont l’accès est restreint au abonné du Monde, ce qui est fort dommage – car le message suivant aurait dû largement circuler : « La barbarie du mouvement criminel de Boko Haram au Nigeria est sans limite. En face, une impuissance meurtrie des nations civilisées. Le 14 avril dernier des hordes sauvages ont envahi un lycée de Chibok et ont capturé 276 filles âgées entre 12 et 17 ans. 53 parmi elles parviendront à s’échapper. Les autres sont violées, battues en attendant qu’elles soient vendues comme esclaves. Leur crime ? Etre filles et aller au lycée. Pour le champion toute catégorie de la régression et de la sauvagerie, ce sont là deux choses insupportables. » En relisant cette appel après presque deux ans passées, on se demande, ce qui a vraiment changé dans le Nord du Nigeria ….. L’appel qui finit avec les mots « Pourtant nous savons que dans leur sommeil agité, dans leurs rêves brûlés, dans leur espoir haletant, les 223 lycéennes regardent vers cet Occident, vers la liberté, vers les valeurs d’humanisme et de solidarité. Que pouvons nous faire ? Nous entendons leurs voix, nous imaginons leurs souffrances. Alors demandons à l’Europe, à l’Amérique, demandons au monde humilié par ces crimes de faire pression sur les responsables nigérians et aussi sur l’ONU qui, pour une fois, pourra prendre une initiative qui sorte de l’ordinaire et qu’elle fasse ce qu’il faut pour ramener ces filles dans leurs familles. »

Pour finir,  – ce billet est aussi une petite voix pour contrer l’indifférence internationale envers la situation tragique que subissent les populations du Nord du Nigeria !

N’oublions pas les lycéennes de Chibok ! Bring back our Girls!

#2Yearson, #HopeEndures, #bringbackourgirlsnow , #nevertobeforgotten , #Bringbackourgirls !

Christophe Neff, Grünstadt le 16.04.2016

P.S.: Dans ce contexte je suggère de voire la vidéo “Boko Haram : « Les ex-otages subissent une double peine »

[1] Voir par exemple: Nigeria : Deux ans de recherche pour retrouver les lycéennes de Chibok, Nigeria : deux ans après l’enlèvement de 276 lycéennes, Boko Haram envoie une « preuve de vie », The night Boko Haram kidnapped our girls: a Chibok resident remembers, It’s time for Nigeria’s government to tell the truth about the missing Chibok girls.

[2] Site de Bring Back Our Girls (U.S) = http://bringbackourgirls.us/,  Site de  Bring Back Our Girls | Now and Alive (Nigeria) = http://www.bringbackourgirls.ng/

[3] Mes thèmes privilégies durant les années 1990 furent appart la situation en Yougoslavie,  la décennie noire en Algérie, la talibanisation rampante de l’Afghanistan, et la situation au Timor oriental pour en citer les « principaux orientations géographiques ».

[4] J’avais écrit un résumée en anglais dans paysages sous le titre « Blognotice 15.06.2014: Their crime? Being girls and going to School! »