Blognotice 29.09.2012: Peer Steinbrück – candidat de la SPD à la chancellerie

Peer Steinbrück est le candidat de la SPD à la chancellerie. La fameuse troïka (Peer Steinbrück, Sigmar Gabriel, Frank-Walter Steinmeier), a enfin fait ses choix, – et hier vendredi 28.09.2012 Sigmar Gabriel a informé le public et les medias. L’ancien ministre des finances de la grande coalition d’Angela Merkel, Peer Steinbrück sera le Kanzlerkandidat de la SPD, et affrontera donc la chancelière Angela Merkel dans les prochaines élections fédérales en Allemagne en Septembre 2013. Etant membre du SPD j’aurais personnellement préféré  voir un vote des militants du SPD choisir le « Kanzlerkandidat » –  comme l’avait préconisé  entre autres Franz Walter dans un commentaire publié dans le Spiegel intitulé « Dann wagt doch mehr mehr Demokratie » en référence à la fameuse phrase de Willy Brandt « Mehr Demokratie wagen ». Les verts allemands vont faire choisir leur tête de liste pour la Bundestagswahl 2013 par un vote des militants, – et le P.S. français il faut peut-être le rappeler avait aussi fait le choix de faire décider ses militants – et le vote et la mobilisation des militants pendant cette période préélectorale pour François Hollande  était peut-être aussi une des clefs pour sa réussite aux élections présidentielles en France. Mais la troïka de la SPD a donc fait ses choix sans consultation des membres de la SPD. Des trois candidats potentiels  Sigmar Gabriel, Frank Walter Steinmaier,  Peer Steinbrück celui-ci est sûrement le candidat qui pourra espérer  capter le maximum de voix pour la SPD. Ce qu’il perd sur sa gauche, il pourra largement le rattraper au centre,  ce qui me parait décisif car jusqu’à présent les élections fédérales en Allemagne se sont gagnées avec les voix du centre, pour ainsi dire du « Mittelstand/de la Mittelschicht ».  Les chances de battre Angela Merkel semblent être minimes, les medias allemands nous annoncent une grande coalition CDU/SPD avec une chancelière Angela Merkel. Mais les Bundestagswahlen sont encore loin, et durant une année, beaucoup de  choses peuvent encore changer la donne. En plus avec Peer Steinbrück la SPD peut s’ouvrir des choix stratégiques au-delà d’une coalition rouge/vert ou une grande coalition avec la CDU ; je pense à une coalition sociale-libérale  avec la FDP ou même une Ampel (Coalition en feu tricolore). De plus, avec son fameux « Bankenpapier »  – un papier de discussion sur les possibilités de limiter le pouvoir «  du Monde de la finance et des banques » – un papier qui est resté inaperçu en France – qui est largement discuté en Allemagne il a attiré l’attention. Avec «Vertrauen zurückgewinnen: Ein neuer Anlauf zur Bändigung der Finanzmärkte“ Peer Steinbrück a réussi à très bien se placer dans l’arène politique allemande. Les chances de battre Angela Merkel sont, si on en croit les Augures de la presse allemande, minimes  pour Peer Steinbrück, mais personnellement je crois  que Peer Steinbrück pourra redresser la SPD de la dure défaite des dernières Bundestagswahlen,  et peut être au-delà ouvrir de nouveaux  choix stratégiques pour reconquérir le « Bundeskanzleramt ».

Au-delà de la Bundespolitik, – ce vendredi 28.09.2012 fut aussi une journée décisive pour la SPD au niveau régional  allemand (Länderebene) – Kurt Beck annonça qu’il se retirait de la politique – la nouvelle ministre – présidente désigne de la Rhénanie-Palatinat est Malu Dreyer (voici un portait politique du SPON (en allemand) sur Malu Dreyer «Beck-Nachfolgerin Dreyer Die Überraschungskandidatin ») et  Roger Lewentz est le chef de file désigné de la SPD de la Rhénanie-Palatinat.

Qui qu’il arrive – le vendredi 28.09.2012 fut une journée décisive pour la Social-démocratie allemande !

Sources :

Dausend, Peter; Hildebrandt, Tina; Niejahr, Elisabeth (2012): Bis alles platzt. Die Kanzlerin glaubt nicht mehr an Schwarz-Gelb, die SPD ahnt, dass sie nicht den Kanzler stellen wird, und die Grünen wollen auch ohne die Roten an die Macht. Warum sagt das niemand den Wählern. In: Die Zeit, 27. September 2012, Nr. 40, p. 2-3.

Lemaître, Frédéric (2012): M.Steinbrück, l’ancien grand argentier, choisi par le SPD pour défier Mme Merkel.A un an des élections législatives, les sociaux-démocrates se donnent un chef de file réputé centriste In : Le Monde, Dimanche30 septembre- Lundi 1er octobre 2012, p.6. (Version électronique chargeable pour les abonnées le Monde.fr)

Steinbrück, Peer (2012): Vertrauen zurückgewinnen: Ein neuer Anlauf zur Bändigung der Finanzmärkte. Berlin 25. September 2012. Download ici.

Christophe Neff, le 29.09.2012

Blognotice 22.09.2012: Commémoration du discours historique de Charles de Gaulle du 9.9.1962 à Ludwigsburg

Journée historique à Ludwigsburg, – le couple Franco-Allemand commémorait le discours historique du General de Gaulle du 9.9.1962 – la fameuse « Rede an die Deutsche Jugend ».  On avait droit à un discours du Ministre-président Winfried Kretschmann, un discours de la chancelière Angela Merkel, et un discours du président François Hollande. Très beaux discours, mais qui, dans cinquante années se souviendra de ces trois discours ? Personnellement, j’aurais bien aimé voir François Hollande prononcer son discours entièrement en allemand, comme jadis le Général De Gaulle à Ludwigsburg.  La fin de son discours, François Hollande l’a dite  en allemand, – et je reprends ici un extrait du Monde : « François Hollande a donné le change en s’adressant en allemand à la jeunesse à la fin de son discours prononcé en français : „Votre rôle est de donner réalité au rêve européen et de lui donner un avenir. Vive l’amitié franco-allemande. (…) La réponse à la crise à un seul nom l’Europe, c’est l’Europe qui vaincra la crise„, a ajouté le président français ». Très émouvante aussi Angela Merkel , qui a également rappelé qu’à l’époque du discours du général de Gaulle elle avait huit ans, vivait en RDA, derrière le rideau de fer, un an après la construction du mur. «A l’époque, il était inimaginable de penser être ici ».  Oui j’aurais bien aimé voir  François Hollande s’exprimer en allemand,  nous déplorons si souvent le manque d’intérêt pour la langue du voisin,  les connaissances de l’allemand en France sont en chute libre,  l’enseignement du  français en Allemagne ne se porte guère  mieux.  Voir  François Hollande  prononcer un discours entièrement en allemand, ceci aurait été peut-être un véritable appel à la jeunesse  allemande de rallumer la flamme franco-allemande,  de lui donner un nouveau souffle  cela aurait pu être un véritable discours historique  dans la ligne du discours historique de Charles de Gaulle à Ludwigsburg du 9 Septembre 1962. En prononçant  « Ich beglückwünsche Sie ferner, junge Deutsche zu sein, das heißt, das heißt, Kinder eines großen Volkes. (Je vous félicite d’ être de jeunes  allemands, cela veut dire les enfants d’un grand peuple (Trad. C.Neff) » Charles De Gaulle, redonna à la jeunesse allemande, la dignité et le respect perdu pendant la dictature nazis  et ouvra ainsi la voie vers un meilleure futur!

Sources et liens :

Discours de M. la chancelière Angela Merkel lors du cinquantenaire du discours du général DE GAULLE à la jeunesse allemand/ Rede von Bundeskanzlerin Angela Merkel anlässlich des Festaktes des 50. Jahrestags der Rede Charles de Gaulles an die deutsche Jugend in Ludwigsburg (en Allemand).

Discours de M. le Président de la République François Hollande lors du cinquantenaire du discours du général DE GAULLE à la jeunesse allemand.

Enregistrement sonore du discours de Charles de Gaulle du 9.9.1962 à Ludwigsburg: Rede an die deutsche Jugend

Südwestfernsehen „50 Jahre deutsch-französische Freundschaft“. Sendung vom Samstag, 22.9. | 12.00 Uhr | SWR Fernsehen. Livestream/Video du Südwestfernsehen (en allemand) de la commération du discours historique de Charles de Gaulle du 9.9.1962 à Ludwigsbourg (105minutes)

Vidéo du discours de Charles de Gaulle du  9.9.1962 à Ludwigsburg: Rede an die deutsche Jugend(Cliquer Video der Rede ansehen!)

Christophe Neff, le 22.09.2012

Commentaire sur les évènements de la journée du 14.09.2012 à Tunis.

Le vendredi 14.09.2012 fut une journée de colère dans le Monde Musulman, la vidéo «L’innocence des musulmans » avait provoqué une réaction vive, manifestations, émeutes, mises à sac d’ambassades, destruction de l’école américaine de Tunis.  En Allemagne le réveil fut particulièrement rude, car on se croyait être hors de cible, mais la mise à sac de l’ambassade allemande au Soudan montrait bien que tous l’occident était ciblé – et que cette mise à sac de l’ambassade à Khartoum ne fut pas l’œuvre d’un évènement de colère spontané, mais  bien préparé et orchestré en avance. La même chose semble avoir lieu à Benghazi.

Naturellement on pourrait se demander pourquoi cette vidéo, ce brûlot  islamophobe, déchaîne tant de  passion,   et en même temps la guerre civile en Syrie, où les bourreaux du boucher de Damas, tuent, massacrent jour après jour, n’ont  jusqu’à présent engendré  aucune démonstration de solidarité visible et audible  dans le monde arabe avec les victimes des massacres commis par les troupes de Bachar el-Assad. Cette question mériterait surement une réflexion approfondie (voire aussi ici).

La destruction des mausolées et de mosquées de Tombouctou par Ansar ed-Dine  en Juin/Juillet dernier n’a que je ne sache pas provoqué une telle indignation furieuse dans le monde islamique! En fait qui encore pense aux destins de manuscrits millénaires, qui fut le trésor de cette ville, qui de nos jours sont menacées par l’obscurantisme le plus arriérée !

On pourrait aussi demander à qui réellement profite la mise en circulation de la vidéo?

Personnellement la mort de John Christopher Stevens à Benghazi, et de voir l’ambassade américaine de Tunis saccagée, de voir partir l’école américaine partir en fumée, m’ont fortement touché. J’avais suivit les évènements de Tunis via le „live“ du Monde, et quelques sources twitter et j’étais littéralement foudroyé  par ce que j’ai pu suivre via twitter etc. Voici des extrais du reportage de Isabelle Mandraud (2012b) paru dans la version papier du Monde du 16.09.2012 : « Fenêtres brisées sur toute une façade, drapeau arraché, sol jonché de pierres mais aussi de douilles de balles et de cartouches de chevrotine, voitures en feu sur le parking… Des annexes continuaient à brûler, tandis que montait de l’école américaine toute proche, entièrement pillée et incendiée, un épais nuage noir visible à plusieurs kilomètres. …. A Tunis, avec une violence inouïe, des groupes de salafistes et de casseurs ont tenté de prendre d’assaut le bâtiment diplomatique américain aux cris d’«Allah Akbar» et «Obama, nous sommes tous des Oussama ». (Version électronique chargeable pour les abonnées le Monde.fr)

Pendant mes années tunisiennes, entre 2005 et 2008, – il y avait des périodes, où je passais plusieurs fois par jour devant les bâtiments de l’ambassade U.S., et devant l’école américaine, la  «American Cooperative School of Tunis» en faisant le trajet la Marsa – Tunis Ville et retour en voiture, car souvent  pendant cette période tunisienne j’habitais à la Marsa-Corniche.  La destruction de l’école américaine, est d’ailleurs un symbole très fort, car c’est un symbole du savoir qui fut mis à feu. Les lieux du savoir étant depuis tout temps cibles des violences déclenchées par l’obscurantisme de tout bord. Néanmoins, même si je considère que les évènements de Tunis du vendredi 14.09.2012 sont très graves, je pense, et là je rejoins l’analyse et le cri de cœur d’Isabelle Mandraud –« Sur la Tunisie, halte au feu ! » (Article réservé aux abonnés Le Monde/payant), que la Tunisie a encore toutes les chances d’évoluer vers une vraie démocratie, comme je l’avais déjà écrit dans les lumières du Fohrenbühl. Naturellement le danger salafiste a pris de l’ampleur, mais cela était prévisible. En plus, depuis le début du printemps arabe l’environnement géopolitique a fortement changé, la désintégration du Mali met en danger aussi bien l’Afrique subsaharienne et le Grand Maghreb, même l’Egypte et le Machrek, et je dirais même que l’Europe n’est pas à l’abri des conséquences des évènements dans le Nord du Sahel. La désintégration du Mali, l’infiltration de la mouvance  Touareg par AQMI au Nord du Sahel n’est d’ailleurs pas liée aux évènements en Lybie, car ceci s’est annoncé longtemps avant la chute du régime de Khadafi,  j’y avais même dédié un petit billet en février 2010. La chute du régime de Khadafi a peut-être précipité les choses, mais les failles et les structures annonçant des lourds problèmes au Nord du Sahel, la désintégration du Mali etc., étaient déjà bien visibles  avant,  il suffisait d’avoir un œil géopolitique attentif. La présence accrue d’AQMI dans le Nord du Sahel, la désintégration du Mali  font de cette partie du Monde un véritable « porte d’avion », un « terrain de refuge » pour AQMI  et les mouvances salafistes, d’où il est possible de s’infiltrer dans les états avoisinants pour les déstabiliser.

Donc depuis le début de la révolution jasmin en Tunisie, l’environnement géopolitique s’est nettement assombri pour la Tunisie. En plus à la question socio-économique, cette question fondamentale pour la survie durable d’un état démocratique, à cette question, le nouveau gouvernement tunisien, ce premier gouvernement tunisien issu d’une vraie élection démocratique, n’a jusqu’à présent trouvé aucune réponse significative. Ajoutons à cela que le dernier hiver fut , de plus, particulièrement  rude  dans le Nord de la Tunisie, par endroits il y avait plus de neige qu’ en Allemagne, par surcroît  il y avait une pénurie de bouteilles de gaz (voir aussi Blognotice 22.12.2011) : donc une grande partie de la population n’a guère l’impression que les changements politiques aient engendré une amélioration de leur situation socio-économique personnelle , bien au contraire. Et si par malchance la Tunisie devait encore affronter un hiver rude comme l’hiver 2011/12 on aurait vraiment  à se faire des soucis.

Mais je pense que l’avenir du printemps arabe en Tunisie  se jouera principalement sur l’évolution socio-économique du pays. Pendant mes années tunisiennes, j’avais aussi la chance de travailler dans les ruraux tunisiens, du Sud au Nord, et toutes ces fortes impressions que les ruraux tunisiens m’avaient  laissé je les avais inclus dans mes cours sur la géographie du Maghreb, spécialement dans le chapitre que j’avais dénommé « le Djebel a faim ». En fait j’avais emprunté le titre de ce chapitre au livre de Serge Moati « Du Côté des vivants », livre que j’avais acheté à la librairie Milles-feuilles à la Marsa, – et dont la lecture m’accompagnait pendant mes travaux dans les ruraux brûlants de Tunisie. Je me permets de citer quelques passages d’un chapitre qui m’a fortement marqué, car j’avais l’impression qu’ en fait les choses n’avaient guère changé loin des côtes qui s’étaient enrichies avec le tourisme, mais qu’une grande partie de l’intérieur du pays, n’avait guère profité des retombées du tourisme. L’intérieur de terres tunisiennes, c’était des pays  bien loin des côtes touristiques,  de véritables planètes à part.

Précisons que ce que Serge Moati fils nous raconte se passe pendant le protectorat français.

« Il y avait aussi parmi eux quelques évadés politiques, je vous le concède. Beaucoup venaient de Tripolitaine. Ceux-là ont composé le premier noyau de ces bandes armées. Et puis, ils ont recruté ce qu’ils ont pu et comme ils ont pu, y compris des gamins excités et désœuvrés… – Ils ont trouvé des volontaires dans les bleds les plus perdus … Ils leur disaient : « Tu n’es pas content de ton sort, la récolte a été mauvaise ou il y de la sécheresse, ton patron, ce salaud de colon, t’a renvoyé, viens avec nous dans le maquis… » L’action pourrait se passer à l’identique en Calabre, en Sicile, en Corse…

Rejoindre les fellaghas devient pour des types paumés une façon de s’opposer de manière forte et, si j’ose dire, romantique, à la présence française…

– Je me permets de vous donner une preuve de ce que j’avance, enchaine Papa. Au printemps dernier, vous le savez, le recrutement des fellaghas s’est accru. Pourquoi, selon vous ? …

Parce que c’était la période de chômage la plus terrible ! Entre la récolte de l’alfa et la moisson. On rejoint les rangs des fellaghas aussi parce que l’on a faim et que l’on se sent abandonné ! Voilà !

-« Voilà ! » Dites-moi, Monsieur Moati, vous pourriez écrire une thèse sur les fellaghas! Vous semblez si bien les connaître ! Curieux, d’ailleurs ce savoir presque intime…

– Je sens les choses. Je connais mon pays. Je suis Tunisien, après tout…

– Je vous croyais Français ?

– Je suis franco-tunisien. Voilà ce que je suis. Et juif

– Je sais

– Et livournais. Et arabe.

– Tout ça ?

– Tout ça. Et j’en suis fier !

Le problème est social ! Il faut reclasser les fellaghas, leur trouver du travail, leur donner de quoi manger ! Ce serait tout à l’honneur de l’administration française et des nouveaux pouvoirs tunisiens! Comme dit le secrétaire général de mon parti, Elie Cohen-Hadria : « Rendre nourricière la steppe brûlante, c’est en fin de compte en arracher pour l’éternité, la semence des fellaghas ! »

-C’est beau comme l’antique.

– C’est surtout vrai » (Citations extraites des pages 253-257 du livre « Du côté des vivants » de Serge Moati).

Cette conversation entre Serge Moati père et un colonel de l’armée française, dont nous parle Serge Moati fils dans son roman autobiographique « Du Côté des Vivants », s’est passée  durant les années cinquante du dernier siècle et depuis beaucoup de choses ont changé: la présence française, les colons français ont disparu, les fellaghas pour ainsi dire aussi. Le récit de Moati, – fiction ou réalité vécue, – cela n’a aucune importance – car ce fut ce fut une des réalités vécues des ruraux tunisiens d’après-guerre.

Mais la steppe est restée aussi brûlante de nos jours,  et je crois que ces professions  de foi de Serge Moati père rapportées par son fils Serge – sont toujours valables  c’est au moins ce que je ressentais pendant mes séjours dans les ruraux tunisiens. Et je me disais, si un jour la Tunisie devenait  par chance un état véritablement démocratique,  se débarrassant  de son lourd historique autocratique, il faudra absolument trouver une solution pour les populations des ruraux marginaux, les faire participer à la richesse nationale!

Car si la « steppe brûlante » pour utiliser les mots de Serge Moati père et de Elie Cohen-Hadria, si la faim, les sentiments d’abandon,  tous ces maux persistent en Tunisie,  ne disparaissent pas aussi bien du Djebel, des bleds, que des quartiers pauvres du grand Tunis,  l’avenir pour la jeune démocratie tunisienne s’annonce  plutôt sombre. Ceci dit, cela ne se limite pas au cas tunisien, mais ces problèmes se posent dans tous les états du Maghreb et bien au-delà !

C’est vraiment un grand défi,  et franchement l’actuel gouvernement, premier gouvernement tunisien issu  d’une élection libre et démocratique, le Gouvernement Hamadi Jebali semble avoir des grandes difficultés à trouver des réponses adéquates à  ces problèmes difficiles et cruciaux pour l’avenir de la Tunisie. Mais à ceux qui voient le printemps arabe tourner au  cauchemar, – il faudrait peut-être rappeler que la voie vers la démocratie de nos états occidentaux fut aussi un chemin long, périlleux, plein de dangers, de déceptions, de violences … tout cela ce ne s’est pas construit du jour au lendemain. Cela a pris du temps, même beaucoup de temps, de grandes lenteurs!

Personnellement, je crois que la société tunisienne peut réussir sa transition démocratique même si le chemin à parcourir sera long et difficile. Même très difficile, – voir partir l’American Cooperative School of Tunis en fumée  cela affecte d’une certaine manière mon optimisme, mais néanmoins je veux bien croire aux mots que je prononçais dans les lumières du Fohrenbühl : « je ne suis pas voyant, je ne partage pas le pouvoir clairvoyant de tant d‘ « experts du monde arabe » mais je pense que, si il y a actuellement une société du monde arabe qui pourrait réussir à construire une véritable démocratie laïque et une société libre c’est bel et bien la société tunisienne – le peuple tunisien . »

Je me permets de finir ce billet avec une citation d’Isabelle Mandraud « Les islamistes n’ont pas pris le pouvoir avec le couteau entre les dents: ils ont été élus, démocratiquement. Ils ne sont d’ailleurs pas majoritaires, ce qui les a contraints à nouer une triple alliance pour gouverner un pays encore déstabilisé, qui tâtonne et qui se cherche aujourd’hui une identité. Comment pourrait-il en être autrement dans une petite république qui n’a jamais connu la démocratie, même au temps de Bourguiba? Oui, l’islamisation de la société est un sujet sensible, mais qui mérite mieux que des caricatures. (Mandraud, I. 2012a, p.1) ». Oui je pense, que ces mots écrits par Isabelle Mandraud, même après les évènements d’hier, n’ont rien perdu de leur signification – bien au contraire !

Œuvres & sources citées :

Mandraud, Isabelle (2012a) : Sur la Tunisie, halte au feu! Le Monde Géopolitique, N˚ 21038 daté Dimanche 9 – Lundi 10 septembre 2012, page 1. (Version électronique chargeable pour les abonnées le Monde.fr)

Mandraud, Isabelle (2012b) : Tunis touchée par les violences anti américaines – Trois personnes sont décédées dans l’attaque de l’ambassade des Etats-Unis par des groupes salafistes et des casseurs. Le Monde, Dimanche16- Lundi 17 septembre 2012, page 3. (Version électronique chargeable pour les abonnées le Monde.fr)

Moati, Serge (2006) : Du côté des vivants. Paris, Librairie Artheme Fayard, ISBN 2-213-63087-9

Christophe Neff, écrit le 15.09.2012, publié le 16.09.2012

Blognotice 10.09.2012: Changements de Paysages dans la Raumschaft Schramberg

Schramberg - Blick auf die Steighäuslefläche 16.8.2012Des changements des paysages, il y en a aussi dans la Raumschaft Schramberg, petit terroir de la Forêt Noire dans lequel j’ai passé une grande partie de mon enfance. J’ai eu  dernièrement, durant un cours pratique sur les changements de paysages dans le « Mittlerer Schwarzwald », cours pratique qui eut lieu du 15 au 19.8.2012,  l’occasion de le constater. Le but de ce cours était d’initier les étudiants à la pratique de la cartographie du paysage et de la dynamique végétale. Nous avons donc travaillé sur deux chantiers distincts – l’un sur la reprise végétale du feu de forêt de Hornberg-Niederwasser –  et l’autre sur la coupe blanche du Steighäusle à Schramberg (voir aussi la notice: La Forêt progresse à Schramberg). Donc deux chantiers dédiés à la dynamique végétale et à la fermeture du paysage.

La Forêt Noire est aussi une terre de Feux de Forêts, même si cela a presque disparu complètement de la mémoire collective  et la recherche scientifique jusqu’ à présent n’a pas encore écrit l’histoire des incendies de forêts en Forêt Noire. Le Brandenkopf, – la tête brûlée, porte le souvenir du grand incendie de 1730 dans son nom, avant il s’appelait Varnlehenskopf. Le plus grand incendie fut certainement le grand incendie de Baiersbronn-Schönmünzach qui dévasta une grande partie des forêts du Grindenschwarzwald et de la Murg en 1800. Le nouveau livre de Wolfgang Schlund & Georg Jehle & Charly Ebel,  „100 Jahre Bannwald Wilder See„, dédié au centenaire de la réserve forestière du « Bannwald Wilder See »  a le mérite de dédier un chapitre entier à l’incendie oublié de Baiersbronn-Schönmünzach. En dehors de l’aspect feu de forêt, le livre est aussi une magnifique initiation aux paysages du nord de la Forêt Noire.

L’incendie de Hornberg – Niederwasser, éclata en Avril 1997 le long de la Schwarzwaldbahn, – dû à un blocage de freins d’un train de marchandise – il  brûla à peu près 100 ha de Forêt de Montagne (voir aussi ici). Depuis, la reconquête végétale a repris ses droits  et une nouvelle forêt émerge lentement des brûlis. Cette reconquête naturelle, seulement une partie infime du terrain incendié, fut replantée par des Sapins de Douglas (Pseudotsuga mensziesii), de la végétation que j’observe depuis avec l’aide des étudiants. Des connaissances approfondies sur l’historique de feux de forêts de la Forêt-Noire ou des Vosges avoisinantes pourraient aussi nous donner des enseignements précieux sur ce qui nous attend, car si les prévisions climatologiques s’avèrent être correctes, il y aura de plus en plus d’incendies de forêts dans ces deux massif montagneux.

Le site du Steighäusle à Schramberg est une coupe blanche que la ville de Schramberg a établie entre la Talstadt Schramberg et le Sulgen pour gagner de l’espace ouvert, lumière et air frais pour la ville de Schramberg, qui, encaissée dans le Talkessel de la Schiltach, entourée de forêts et de montagnes, manque d’air et de lumière.  Dans le livre de Cornelia Stubbe sur la géographie industrielle de la Forêt Noire on trouve une belle phrase sur la structure géographique de Schramberg – «Une répartition des rôles semble s’effectuer : Schramberg la vielle ville, rassemble les fonctions administratives, commerciales et sanitaires, donc l’ensemble du tertiaire, tandis que Sulgen, sur les hauteurs, avec une belle vue et davantage de soleil, offres des espaces à vocations industrielles, résidentielles et récréatives.» (Cornelia Stubbe:« L’Industrie en Forêt Noire », Paris 2005, p. 12) même si depuis, le rôle sanitaire de la vielle ville, la Talstadt, se beaucoup rétréci car l’Hôpital de Schramberg, le Kreiskrankenhaus Schramberg a disparu.

La coupe blanche du Steighäusle, est entretenue périodiquement par un petit troupeau de chèvres pour freiner la reprise de la forêt. Il était prévu d’installer un chantier de brûlage dirigé pour pouvoir plus efficacement gérer la reconquête végétale, mais il y avait tellement d’obstacles bureaucratiques, que l’entretien de ce terrain se résume à  des passages périodiques d’un troupeau de chèvres. Comme pour le terrain de Hornberg-Niederwasser, nous observons sur la « Steighäuslefläche» la dynamique végétale. Cette fois ci, nous avons surtout travaillé sur des relevés témoins à gauche et à droite de la « Steighäuslefläche » – le long du Steighäusleweg et de la Charlottenhöhe. Le Steighäusleweg,  chemin pédestre entre la Bergvorstadt Sulgen et la Talstadt Schramberg, ce fut pendant 9 ans mon chemin d’écolier, chemin que je descendais presque tous les jours pour descendre au Gymnasium Schramberg, lycée où j’ai passé le bac (Abitur) en 1984. Pour le retour, les 5 km de chemin, ont un dénivelé de presque 400metres, c’était la voiture de mon père, qui était enseignant dans ce même lycée, ou dans des voitures d’un de  ces collègues qui en majorité résidaient aussi au Sulgen, ou parfois le bus, mais je  faisais à pied assez souvent le retour en hauteur au Sulgen. Ces kilomètres de marche à pied, c’était surement une bonne préparation pour mon service militaire et la formation d’officier de réserve chez les paras de la Bundeswehr au sein de la Luftlandebrigade 25 à Nagold et à Calw. Donc beaucoup de souvenirs personnels pour dresser un tableau subjectif des changements de paysages depuis que j’ai quitté l’école en 1984. En plus, nous avons exploré le « Broghammerweiher » – ou les vestiges du Broghammerweiher car, en fait, il  ne reste que quelques vestiges de l’étang de mon enfance. C’est sur les falaises entourant l’étang que j’avais découvert mes premières salamandres de feu, capturé des tritons dans la mare d’eau, observé les grenouilles. C’est grâce à mon ami d’enfance, Dirk S., qui habitait aussi comme moi jadis au Lärchenweg au Sulgen, qui m’avait fait découvrir le Broghammerweiher durant l’été 1972. Donc depuis que j’ai quitté le Gymnasium Schramberg, le paysage le long de mon chemin d’écolier a manifestement changé, la forêt, sauf sur la coupe blanche du Steighäusle, a progressé, le paysage s’est renfermé, le Broghammerweiher étouffe sous un manteau végétal, la forêt s’est visiblement refermée, là où l’homme l’a laissée se développer librement. Et des nouvelles espèces apparaissent, – les châtaignes (Castanea sativa), qu’on ne trouvait pas sur les flancs est de la vallée de la Schiltach, mis à part les trois exemplaires que j’avais plantés dans notre jardin au Lärchenweg, mais il y avait de beaux exemplaires entre Schramberg et Lauterbach au Schloßberg sur la façade ouest de la vallée de la Schiltach, font  partie de la dynamique végétale entre Schramberg et Sulgen. Et les espèces exogènes – les « Neophyten » comme on dit en allemand, sont en nette progression, dont le Laurier-cerise (Prunus laurocerasus)  et surtout la Balsamine de l’Himayala (Impatiens glandulifera). Mais il y  a aussi des plantes qui semblent avoir disparu, – les échappés de jardins de Rhododendron ponticum du « Stadtpark » de Schramberg sur la Charlottenhöhe – je ne les ai plus retrouvées. Ils ont peut-être disparu à cause de l’entretien du paysage par les chèvres, – car ici aussi la ville de Schramberg essaie de contenir la progression de la forêt  par des chantiers d’entretien du paysage. La Rhododendronblüte au Stadtpark, fin mai et début juin, ce fut  longtemps la fierté de la ville de Schramberg, – on organisait même de voyage pour la Schramberger Rhododendronblüte – mais tout cela est un peu tombé à l’oubli même si la collection de Rhodedendrons est encore en place au Stadtpark, parc qui se dénomme de nos jours « Park der Zeiten » en souvenir de l’industrie horlogère, dont Schramberg fut une fois le fief incontestable au moins en Allemagne. Dans cette belle collection de Rhododendrons, les Rhododendrons ponticum en place avait donné lieu à quelques échappées de jardin et une petite colonisation subspontanée de Rhododendron de la Charlottenhöhe. Le changement le plus spectaculaire, à part la fermeture du paysage, est sûrement la progression de la Balsamine de l’Himalaya. Cette plante était tout simplement inexistante le long de mon chemin d’écolier, que fut le Steighäusle entre 1975 et 1984. De nos jours, elle est quasiment omniprésente le long de chemins, des trouées, des cours d’eau, par endroits on a vraiment le sentiment de se retrouver face à une vraie espèce envahissante.

Durant presque trente ans, les paysages le long de mon chemin d’écolier que fut le Steighäusleweg, se sont renfermés (sauf naturellement sur la coupe blanche de la Steighäuslefläche), la forêt progresse,  des espèces thermophiles (Châtaignes) et exotiques comme le Laurier-cerise et la Balsamine de l’Himalaya sont apparues, progressent, et comme la Balsamine de Himalaya deviennent par endroits invasives. Durant ces presque trente ans, la ville de Schramberg a perdu sa gare, son hôpital ; oui, le paysage a beaucoup changé pendant ce temps, qui est, avec presque trente ans, le temps d’une génération. Quelques jours après ce travail de terrain, j’avais écouté une pièce radiophonique (Hörspiel)  sur le fictif retour du Loup en Forêt Noire «Der Schwarzwald-Ranger – Die Wölfe kommen ». Cette pièce fut écrit par Daniel Bachmann, écrivain-réalisateur avec le quel j’ai passé le bac au Gymnasium Schramberg en 1984. La pièce radiophonique de Daniel Bachmann est une pure fiction, mais des loups, ces fameux loups dont on parlait temps durant cet été en France (le Harro sur le Loup de Louis Bové)(voir aussi ma dernière note), je pense qu’ils pourraient bien apparaitre un jour ou l’autre en Foret Noire. D’ailleurs il s’est déjà manifesté aussi bien dans le Jura que dans les Vosges, donc le Loup est actuellement présent dans presque la totalité des massifs montagneux français, – c’est donc seulement une question de temps, il arrivera dans les massifs montagneux de l’Allemagne – aussi bien dans le Pfälzer Wald qu’en Forêt Noire.

L’entretien des paysages en Forêt Noire par des troupeaux de chèvres sans protection sera sûrement incompatible avec la réapparition probable du Loup. La fermeture du paysage, la progression de la foret  est aussi l’ image  d’une transformation socio-économique de l’espace, disparitions des infrastructures,  gares, hôpitaux, écoles, postes de polices, gendarmeries etc., un changement qui n’est pas restreint à la Raumschaft Schramberg, ce petit pays de Forêt Noire où j’ai passé une grande partie de mon enfance; cette transformation du paysage, nous la retrouvons un peu partout dans les ruraux de montagne en Allemagne, en France, en Suisse, oui, dans une grande partie de l’Europe rurale nous pouvons observer ce changement de paysages profond. Les paysages se referment et l’homme se sent terriblement seul et à l’abandon, cela attire les Loups. De ces loups, le vrai Loup, le Canis lupus, ne me semble pas être l’espèce la plus nuisible, car d’autres loups, bien plus dangereux,  nous attendent!

Sources & Ouvrages cités :

Bachmann, Daniel (2012): Der Schwarzwald-Ranger – Die Wölfe kommen. Badisches Mundarthörspiel. Pièce radiophonique émise par SWR4  Baden-Württemberg le Samedi 1.9.2012 à 21.00.  Livestream ici (7 eme emisson).

Schlund, Wolfgang ; Jehle, Georg ; Ebel, Charly (2012): 100 Jahre Bannwald Wilder See. Naturschutzzentrum Ruhestein & Landesbetrieb Forst BW Stuttgart, ISBN 978-3-00-035118-1

Stubbe, Cornelia (2005): L’Industrie en Forêt Noire, le defi d’une industrie en moyenne montagne. Paris (L’Harmattan), ISBN 2-296-00071-1

Photo:  © C. Neff – Vue sur la Steighäuslefläche et le Eckenhof à Schramberg-Sulgen depuis le Schloßberg-Hohenschramberg  16.8.2012. (Minolta 7000AF, Kodak Elite Chrome)

Christophe Neff, le 10.09.2012

Blognotice 01.09.2012: Commentaire sur la „modeste et provisoire“ ristourne sur le prix des carburants

Cette semaine le gouvernement de Jean-Marc Ayrault a décidé de faire une  ristourne „modeste et provisoire“ sur le prix des carburants. Le carburant devrait baisser approximativement de six centimes pour trois mois, si tout va bien: donc,  si le marché du pétrole restait durant ces trois mois à l’abri de tout choc extérieur. Le prix pour l’état :environ 300 millions d’euros. Le Monde avait dédié un très bon éditorial « Un coup d’épée dans l’essence » à cette mesure qui se veut être une mesure phare de l’actuel gouvernement. 300 millions de manque à gagner pour l’état français, 300 millions avec lesquels on aurait pu engager quelques enseignants de plus, quelques chercheurs de plus quelques policiers de plus, car ce qui manque en France ce sont des enseignants, des chercheurs et des policiers. Les 300 millions auraient surtout pu être engagés  pour investir durablement dans l’infrastructure ferroviaire, car  c’est le seul moyen d’abaisser durablement la dépendance énergétique du pétrole de la « mobilité » française. Cette mesure qui  est « la bienvenue pour les ménages modestes des zones périurbaines dont le budget est grevé par la flambée des prix des carburants » rendra encore plus vulnérables ces ménages vis-à-vis du cours du pétrole, car la seule alternative à moyen terme de se libérer de la dépendance pétrolière et de maintenir une certaine mobilité c’est d’avoir la possibilité d’utiliser un système de transport un commun, un système ferroviaire digne de ce nom, comme par exemple on le trouve en Suisse.

Avec ces 300 millions on aurait pu enfin mettre une fin à  la lente agonie des lignes de chemins de fer dans le Massif Central, en  revitalisant la ligne des Cévennes (la ligne du fameux train «Le Cévenol» voire aussi Razemon 2012);  et des Causses, sortir de l’oubli le fameux « plan  Jean-Claude GAYSSOT » pour la modernisation de ligne de l’Aubrac. On aurait pu enfin rouvrir la ligne du Vallespir  comme le prévoit un plan des cheminots CGT (Les Cheminots pour le retour du train au Vallespir), rétablir un service voyageur entre Perpignan et Céret, et peut être même ultérieurement jusqu’ à Arles – sur – Tech, l’ancien terminus de cette ligne de Chemin de Fer tombé à l’oubli. On aurait pu enfin électrifier & moderniser la ligne Strasbourg-LauterbourgBerg- Wörth, – en y incluant le rétablissement et  la modernisation de l’ancienne ligne Roeschwoeg- Rastatt.

On aurait pu enfin reconstruire le pont ferroviaire entre Neuf-Brisach et Breisach et enfin créer une liaison ferroviaire entre Freiburg im Breisgau et Colmar. On aurait pu, enfin, ce sont que des exemples  de ce qu’on aurait pu faire, en investissant dans l’infrastructure ferroviaire, réduire a moyen terme la dépendance énergétique de la société française.  Le gouvernement a tranché et a en fait décidé de prolonger encore cette dépendance énergétique dans la durée. Où est la voix des verts, du mouvement  Europe Écologie Les Verts dans tout cela? En fait réduire la dépendance énergétique devrait être un des objectifs majeurs des verts, mais là s c’est plutôt « Funkstille » silence radio ou on se résigne à crier « Harro sur le Loup » comme dernièrement José Bové. En exprimant son « Haro sur le Loup » José Bové, a surtout démontré qu’il  ne comprenait ni grand-chose sur l’écologie, ni grand-chose sur le mal de vivre de la France rurale. Car même si on chassait tous les Loups du territoire français, les vrais maux des ruraux français ne  seraient pas éliminés, même pas à ses marges. Un de leurs maux est qu’il manque une vraie infrastructure  qui pourrait nous libérer de notre dépendance de la voiture particulière et avec elle  de notre dépendance énergétique. Le grand défi des prochaines décennies sera d’une part réduire la dépendance énergétique et ceci en proposant de solutions de « mobilité » pour les territoires périurbains et ruraux, des vraies alternatives à la voiture.  Le Monde écrit –  « Le litre d’essence à 2 euros est sans doute pour demain. Le seul remède qui vaille tient en un mot d’ordre : plus de sobriété énergétique» je rajouterai et le litre d’essence à trois euro, peut-être déjà après-demain. Il faut donc préparer la société française (et les autres sociétés européennes) à ce défi,  car si on se prépare pas, une grande partie des ruraux français et européens  ne pourront plus participer à cette mobilité individuelle, qui nous est à tous si chère. Rouler en voiture, pourrait devenir un luxe, même pour les fameuses couches moyennes. Et j’aimerais aussi le préciser,  il ne s’agit pas de diaboliser la « voiture » mais il faut trouver des solutions, qui nous permettent  de maintenir un degré de mobilité dans l’espace rural, sans être à 100% dépendant de la voiture, ce qui est actuellement le cas dans une grande partie des espaces ruraux français. Le débat sur le Loup est un faux débat, car l’avenir des ruraux français ne dépend pas d’un iota de l’existence d’une population de Loups. Par contre, si l’espace rural (français & européen) ne pouvait plus profiter de la mobilité, les distances deviendront de plus en plus longues,le temps pour parcourir ces distances prendra une telle ampleur que ces terroirs périphériques seront voués à une longue agonie économique, sociale et culturelle. Cette périphérisation d’une partie des terroirs ruraux, elle a déjà commencé, il faut simplement savoir lire le livre du paysage  (voir p.Ex. Les retraités pauvres, un vote-clé une analyse de Serge Guérin & Christophe Guilluy).

J’aurai aimé voir le gouvernement utiliser ces 300 Mio. d’Euros à trouver des solutions intelligentes, à relever ce défi :réduire la dépendance énergétique en maintenant la mobilité dans l’espace périurbain et rural,mais malheureusement le gouvernement a choisi une mesure  qui ne permet même pas de gagner du temps. Car le prix du pétrole va augmenter,  et ceci durablement!

Source:

Razemon, Olivier (2012): Inquiétude autour de l’avenir du mythique train Cévenol. Le 2 septembre, la ligne reliant Clermont-Ferrand à Marseille s’interrompt pour cause de travaux. Reprendra-t-elle dans les mêmes conditions ? In : Le Monde,  Dimanche 2 – Lundi 3 September 2012, p. 18.

Christophe Neff, le 1.9.2012