Blognotice 01.09.2012: Commentaire sur la „modeste et provisoire“ ristourne sur le prix des carburants

Cette semaine le gouvernement de Jean-Marc Ayrault a décidé de faire une  ristourne „modeste et provisoire“ sur le prix des carburants. Le carburant devrait baisser approximativement de six centimes pour trois mois, si tout va bien: donc,  si le marché du pétrole restait durant ces trois mois à l’abri de tout choc extérieur. Le prix pour l’état :environ 300 millions d’euros. Le Monde avait dédié un très bon éditorial « Un coup d’épée dans l’essence » à cette mesure qui se veut être une mesure phare de l’actuel gouvernement. 300 millions de manque à gagner pour l’état français, 300 millions avec lesquels on aurait pu engager quelques enseignants de plus, quelques chercheurs de plus quelques policiers de plus, car ce qui manque en France ce sont des enseignants, des chercheurs et des policiers. Les 300 millions auraient surtout pu être engagés  pour investir durablement dans l’infrastructure ferroviaire, car  c’est le seul moyen d’abaisser durablement la dépendance énergétique du pétrole de la « mobilité » française. Cette mesure qui  est « la bienvenue pour les ménages modestes des zones périurbaines dont le budget est grevé par la flambée des prix des carburants » rendra encore plus vulnérables ces ménages vis-à-vis du cours du pétrole, car la seule alternative à moyen terme de se libérer de la dépendance pétrolière et de maintenir une certaine mobilité c’est d’avoir la possibilité d’utiliser un système de transport un commun, un système ferroviaire digne de ce nom, comme par exemple on le trouve en Suisse.

Avec ces 300 millions on aurait pu enfin mettre une fin à  la lente agonie des lignes de chemins de fer dans le Massif Central, en  revitalisant la ligne des Cévennes (la ligne du fameux train «Le Cévenol» voire aussi Razemon 2012);  et des Causses, sortir de l’oubli le fameux « plan  Jean-Claude GAYSSOT » pour la modernisation de ligne de l’Aubrac. On aurait pu enfin rouvrir la ligne du Vallespir  comme le prévoit un plan des cheminots CGT (Les Cheminots pour le retour du train au Vallespir), rétablir un service voyageur entre Perpignan et Céret, et peut être même ultérieurement jusqu’ à Arles – sur – Tech, l’ancien terminus de cette ligne de Chemin de Fer tombé à l’oubli. On aurait pu enfin électrifier & moderniser la ligne Strasbourg-LauterbourgBerg- Wörth, – en y incluant le rétablissement et  la modernisation de l’ancienne ligne Roeschwoeg- Rastatt.

On aurait pu enfin reconstruire le pont ferroviaire entre Neuf-Brisach et Breisach et enfin créer une liaison ferroviaire entre Freiburg im Breisgau et Colmar. On aurait pu, enfin, ce sont que des exemples  de ce qu’on aurait pu faire, en investissant dans l’infrastructure ferroviaire, réduire a moyen terme la dépendance énergétique de la société française.  Le gouvernement a tranché et a en fait décidé de prolonger encore cette dépendance énergétique dans la durée. Où est la voix des verts, du mouvement  Europe Écologie Les Verts dans tout cela? En fait réduire la dépendance énergétique devrait être un des objectifs majeurs des verts, mais là s c’est plutôt « Funkstille » silence radio ou on se résigne à crier « Harro sur le Loup » comme dernièrement José Bové. En exprimant son « Haro sur le Loup » José Bové, a surtout démontré qu’il  ne comprenait ni grand-chose sur l’écologie, ni grand-chose sur le mal de vivre de la France rurale. Car même si on chassait tous les Loups du territoire français, les vrais maux des ruraux français ne  seraient pas éliminés, même pas à ses marges. Un de leurs maux est qu’il manque une vraie infrastructure  qui pourrait nous libérer de notre dépendance de la voiture particulière et avec elle  de notre dépendance énergétique. Le grand défi des prochaines décennies sera d’une part réduire la dépendance énergétique et ceci en proposant de solutions de « mobilité » pour les territoires périurbains et ruraux, des vraies alternatives à la voiture.  Le Monde écrit –  « Le litre d’essence à 2 euros est sans doute pour demain. Le seul remède qui vaille tient en un mot d’ordre : plus de sobriété énergétique» je rajouterai et le litre d’essence à trois euro, peut-être déjà après-demain. Il faut donc préparer la société française (et les autres sociétés européennes) à ce défi,  car si on se prépare pas, une grande partie des ruraux français et européens  ne pourront plus participer à cette mobilité individuelle, qui nous est à tous si chère. Rouler en voiture, pourrait devenir un luxe, même pour les fameuses couches moyennes. Et j’aimerais aussi le préciser,  il ne s’agit pas de diaboliser la « voiture » mais il faut trouver des solutions, qui nous permettent  de maintenir un degré de mobilité dans l’espace rural, sans être à 100% dépendant de la voiture, ce qui est actuellement le cas dans une grande partie des espaces ruraux français. Le débat sur le Loup est un faux débat, car l’avenir des ruraux français ne dépend pas d’un iota de l’existence d’une population de Loups. Par contre, si l’espace rural (français & européen) ne pouvait plus profiter de la mobilité, les distances deviendront de plus en plus longues,le temps pour parcourir ces distances prendra une telle ampleur que ces terroirs périphériques seront voués à une longue agonie économique, sociale et culturelle. Cette périphérisation d’une partie des terroirs ruraux, elle a déjà commencé, il faut simplement savoir lire le livre du paysage  (voir p.Ex. Les retraités pauvres, un vote-clé une analyse de Serge Guérin & Christophe Guilluy).

J’aurai aimé voir le gouvernement utiliser ces 300 Mio. d’Euros à trouver des solutions intelligentes, à relever ce défi :réduire la dépendance énergétique en maintenant la mobilité dans l’espace périurbain et rural,mais malheureusement le gouvernement a choisi une mesure  qui ne permet même pas de gagner du temps. Car le prix du pétrole va augmenter,  et ceci durablement!

Source:

Razemon, Olivier (2012): Inquiétude autour de l’avenir du mythique train Cévenol. Le 2 septembre, la ligne reliant Clermont-Ferrand à Marseille s’interrompt pour cause de travaux. Reprendra-t-elle dans les mêmes conditions ? In : Le Monde,  Dimanche 2 – Lundi 3 September 2012, p. 18.

Christophe Neff, le 1.9.2012