Blognotice 08.11.2018: Quelle surprise : le Goncourt 2018 attribué à Nicolas Mathieu pour « Leurs enfants après eux »

les enfants apres euxJ’étais assez surpris d’apprendre que le Goncourt 2018  est attribué à Nicolas Mathieu pour « Leurs enfants après eux ». Je suis en train de lire le livre et je trouve que c’est un très bon choix. J’ai découvert le livre par la critique de Macha Sery[1] dans le Monde des livres, pendant un séjour professionnel à Madère. Comme je fus déjà passionné par la lecture de son premier livre « Aux animaux la guerre »[2], j’avais commandé cet ouvrage après mon retour à Grünstadt à la librairie « à livre ouvert » à Wissembourg chez Willy Hahn. Celui-ci n’apparemment pas trop aimé la lecture du deuxième livre de Nicolas Mathieu comme on peut le découvrir sur la page Facebook de la librairie « à livre ouvert ».  Personnellement la lecture des quelques 270 pages que j’ai déjà lus m’a fortement impressionné et je pense que le livre mérite bien le prix Goncourt. Je ne vais pas aventurer dans la description et la critique dans ce livre que je n’ai pas encore fini, mais je pense  qu’il mériterait une traduction en allemand et anglais comme d’ailleurs aussi « Aux animaux la guerre ».  Pour Nicolas Mathieu qui évolue loin des cercles littéraires et intellectuels parisiens, – il partage sa vie à Nancy entre l’écriture et le salariat – ce prix est une belle récompense – et avec ce prix ce livre pourrait même avoir la chance d’être traduit et de trouver nouveaux lecteurs hors hexagone !

Mathieu, Nicolas (2014) : Aux animaux la guerre. Roman. Arles, Actes Sud, ISBN 978-2-330-03037-7

Mathieu, Nicolas (2018): Leurs enfants après eux. Roman. Arles,  Actes Sud, ISBN  978-2-330-10871-7

Christophe Neff, le 08.11.2018

[1] « Nicolas Mathieu Les vies désœuvrées Avec « Leurs enfants après eux », le romancier accompagne des adolescents sans perspectives au cœur de la Lorraine désindustrialisée. Sensible et juste » dans le Monde des livres, Vendredi 14 septembre 2018, p.1, (en version electronique voir ici)

[2] Voir aussi dans  « Blognotice 15.10.2014: Gare de Gallician 27.09.2014 13 heures 20 »

Blognotice 03.12.2014: La traduction allemande de « La fin de la classe ouvrière » d’Aurèlie Filippetti dans les 20 livres à lire du Literaturherbst 2014 du Spiegel-online

En Allemagne nous avons le Bücherherbst ou Literaturherbst, – l’automne des livres. Cette saison de lecture débute avec la Frankfurter Buchmesse – et finit pendant l’Avent quand les journaux (quotidiens et hebdomadaires) nous inondent avec leurs pernicieux conseils pour les « livres-cadeaux » pour les fêtes de noël. D’ailleurs la Zeit a déjà fait un début cette année en publiant dans le dernier Zeit Literatur – 20 Schriftsteller empfehlen Bücher zu Weihnachten (20  écrivains nous recommandent des livres pour noël)(2014). Mais avant noël et pendant l’Avent il y a donc ce fameux Bücherherbst. A Grünstadt, – véritable trou de brouillard (Nebelloch) où pendant les mois d’automne le soleil  ne se montre que très rarement – cette saison est vraiment une saison particulièrement propice pour la lecture. Naturellement toute l’Allemagne n’est pas couverte  de brouillard pendant les mois, d’automne,  – personnellement la région où j’ai grandi la Raumschaft Schramberg dans la Forêt – Noire connaissait et connaît aussi pendant l’automne de belles éclaircies, – même parfois de véritables périodes de chaleurs automnales, pendant que la plaine rhénane, la vallée de la Kinzig sont couvertes  de brumes et de brouillards. Mais même dans cette  région plutôt ensoleille pendant l’automne, – le Bücherherbst invite le lecteur a la lecture.

C’est donc au début de ce Bücher & Literaturherbstes 2014 que je découvris début octobre 2014 dans l’article de Sebastian Hammelehle « Hits des Literaturherbstes: Die 20 wichtigsten neuen Bücher » du SPON  dans le 17 eme des 20 livres à lire pendant le Bücherherbst 2014 (d’après le SPON) la traduction allemande de       .  Der Untergang einer ganzen Welt, geschildert mit Pathos und Melancholie: In „Das Ende der Arbeiterklasse“ schildert Aurélie Filippetti am Beispiel der eigenen Familie den Niedergang der stolzen Französischen Linken. Lesen Sie hier die Rezension des Buches (La fin de tout  un monde,  nous est racontée  avec pathos et mélancolie. Dans « La fin de classe ouvrière » Aurélie Filippetti nous raconte à travers l’exemple de sa propre famille le déclin de la gauche française, de la fiiére gauche française (trad. C.Neff) »[1].

Donc je retrouve dans les critiques du SPON la traduction allemand du livre « la fin de la classe ouvrière » les souvenirs de mes premiers billets de paysages[2]  – dans lesquels le livre d’Aurèlie Filippetti et le monde qu’elle décrivait prenait une place considérable. Quand je lisais le livre d’Aurèlie Filippetti à la fin du printemps 2009, – débutant dans les blogs le monde, – encore traumatisé par un accident grave, – en mai 2009 je n’étais pas  sûr de retrouver mes capacités motrices pour enfin pouvoir  remarcher  de mes propres pieds.

Souvenirs de la mines et des mineurs sur les murs d’Hussigny, © C.Neff 8.5.2011

Dans le livre de Filippetti je retrouvais le monde dans lequel j’avais grandi,- ces histoires du Pays-Haut – de mineurs, de la minette, du fer – de l’Italie – même si tous ces paysages d’enfance  ne se passaient pas à Villerupt mais dans un village un peu plus à l’ouest, – à Hussigny-Godbrange, donc à peine quelques kilomètres près de Villerupt. Des autres noms, des autres villages de souvenirs en Italie, un décor  et des paysages semblables – mais le même monde, – qui était en train de disparaitre. En lisant la critique de Felix Bayer sur la traduction allemande du livre, je me disais qu’enfin je pourrais faire cadeau de ce livre à des amis, aux amis allemand de la Famille Neff, pour qu’ils découvrent ce monde, – dont on parlait aussi bien à Eckbolsheim, qu’à Aubord et à Port Leucate dans la famille des Migliori – et que ma mère avait importé  dans les profondeurs de la Forêt Noire et de l’aile gauche de la SPD à Schramberg, dans les Kreisverband Rottweil et même dans le « Landesvorstand » de SPD du Bade-Wurtemberg des années 1970. En quelque sorte les souvenirs de ce monde, – Hussigny – centre d’un paysage virtuel oublié – ressurgissait durant la lecture du livre de Filippetti – pendant le printemps 2009 – même si le centre littéraire du livre se situe plutôt entre Villerupt et Audun-le-Tiche.

La traduction d’Angela Sanman me semble être correcte, redonnant un peu le rythme du livre, même si personnellement je préfère la version originale écrite en français avec ces minuscules incursions en italien. D’ailleurs la traduction allemande contient un glossaire où les incursions italiennes sont traduites en allemand, et en plus quelques lieux géographiques et historiques sont expliqués au lecteur allemand. Bonne idée, mais on aurait pu un peu mieux détailler certaines explications. Dommage qu’on ne trouve pas de « Vorwort » ou de « Nachwort » d’Aurèlie Filippetti pour cette traduction.  Lisant régulièrement les blogs littéraires de Paul Edel et de Pierre Assouline, – on y rencontre assez souvent des discussions de commentateurs des deux blogs sur la qualité de traduction des œuvres littéraires. Je me demande, comment peuvent-ils juger sur la qualité littéraire d’une traduction – ont-ils lu la version originale et la traduction ? Comment pouvoir donner un jugement sans connaitre l’original et la traduction ? Cela me semble assez difficile.

En tous cas ce que me plaît beaucoup dans la RDL, c’est la version du traducteur , véritable coin du traducteur – car traduire un œuvre littéraire c’est un véritable art, qui n’ est malheureusement pas reconnu comme tel.  Là Pierre Assouline a eu une très bonne idée d’ouvrir son blog aux traducteurs littéraires.

Concernant la traduction du livre d’Aurèlie Filippetti j’ai le sentiment que c’est assez réussi et vais certainement faire cadeaux du livre (pour noël ? ou un anniversaire ?) à un de mes amis.

Pour finir, – personnellement j’aurais préféré voir Aurèlie Filippetti rester au gouvernement comme ministre de la culture. Je comprends ses raisons  d’avoir préféré retrouver de son siège de parlementaire – personnellement je suis plutôt favorable  au tournant social-libéral du nouveau gouvernement Valls II – même se je crains que le réseau ferré français, ce qu’ il reste des lignes de chemins de fers traversant les ruraux français auront un fort prix à payer –  oui je pense, que si le gouvernement ne change pas de politique  de transports – le chemin de fer va tout simplement disparaitre des paysages français, des campagnes françaises  –  combien de temps encore les trains circuleront encore sur la ligne des Causses  – est-ce que dans dix ans il y aura encore de trains empruntant le viaduc du Garabit pour simplement citer un exemple.

Le livre « la fin de la classe ouvrière » écrit par Aurèlie Filippetti il y a presque quinze ans est un peu tombé à l’oubli en France.  C’est un peu dommage – car ce livre est d’une part un voyage dans les paysages oubliés du Pays Haut « du Texas français, redevenu désert (Filippetti 2003, 11) » – d’une autre part la lecture de ce livre permet de mieux comprendre  les récentes choix politiques d’Aurélie Filippetti.

Notons à la fin de ce billet,  que la FAZ, quotidien allemand de tendance assez conservateur, nous livre une très bonne critique du livre par la plume de Lena Bopp – « Der Schatten eines Unterschiedes – In der Mine ist man solidarisch oder tot- : Wie die einstige französische Kulturministerin Aurélie Filippetti ihrer lothringischen Heimat ein Denkmal setzt (L’ombre d’une différence –  dans la mine on est solidaire ou on est mort – comment l’ancienne ministre de la culture française Aurélie Filippetti  a écrit un livre mémoire pour sa lorraine natale (trad. C. Neff).

Oui, on peut aussi lire ce livre, aussi bien dans sa traduction allemande comme dans l’originale français comme une géographie historique des paysages disparus du Pays Haut entre Longwy et Metz et partir en voyage.

Relire ce livre[3], personnellement pour moi, –  c’est une sorte de voyage de retour de à Hussigny, – dans le pays des mineurs de fer, le pays des hauts-fourneaux, le pays de de la petite Italie – encaisse entre la France et le Luxembourg –  un voyage que j’ai fait le 8.5.2011 en mémoire d’un lointain cousin mort en déportation à Bergen – Belsen ……. voyage que je referai certainement un jour – dans mes bagages le livre « Les Derniers Jours de la classe ouvrière » – qui m’accompagnera comme guide à travers les paysages oubliées du Pays Haut , et des ces hommes et femmes venue d’Italie pour en extraire de ses entrailles, le minerai de fer de la minette pour les besoins de l’industrie de l’acier français …..  Les paroles « Angelo, filio mio, quanto mi ha mancato ! sono fiero de te, sai, di tutto quel che hai fatto. Adesso, viene col babo, che ti aspetto da tanti anni ….. (Filippetti 2003, 47) » qui résonnent comme souvenir d’une lecture, d’un livre, – et la mémoire du gout des Gnocchi du Dimanche qui m’ont accompagné durant ma jeunesse à Eckbolsheim, à Aubord, à Port Leucate, à Schramberg-Sulgen ….

Sources :

Bayer, Felix (2014): Hollandes Ex-Ministerin als Romanautorin: Das letzte Hurra der Linken. Spiegel-online. 29.9.2014

Bopp, Lena (2014) : Der Schatten eines Unterschiedes – In der Mine ist man solidarisch oder tot- : Wie die einstige französische Kulturministerin Aurélie Filippetti ihrer lothringischen Heimat ein Denkmal setzt. In: Frankfurter Allgemeine Zeitung, Literatur 1.6, Samstag, 29. November 2014, Nr. 278

Filippetti, Aurélie (2003) : Les derniers Jours de la classe ouvrière. (Stock – Le Livre de Poche), ISBN 2-253-10859-6

Filippetti, Aurélie (2014) : Das Ende der Arbeiterklasse. Ein Familienroman. Aus dem Französischen von Angela Sanmann, S. Fischerverlag Frankfurt am Main, ISBN 978-3-10-002213-4

Zeit Literatur (2014): Schriftsteller empfehlen Bücher zu Weihnachten. N. 49, November 2014

Photos:  Souvenirs de la mines et des mineurs sur les murs d’Hussigny, Hussigny – Godbrange toutes © C.Neff  8.5.2011

Christophe Neff,  03.12.2014

Blognotice 22.01.2013: pensées personnelles franco-allemandes sur le cinquantième anniversaire du Traité de l’Elysée

Le couple franco-allemand fête le cinquantième anniversaire du Traité de l’Elysée en grande  pompe à Berlin. Les medias français et allemands nous présentent  « éditons spéciales » sur cet anniversaire si spécial. Partout des « Symboles-Franco-Allemands » – récemment même un petit livret écrit par Andreas Rittau (2012 : Symboles Franco-allemands 1963-2013 – Construction d’un champ transnational) fut consacré au sujet. Durant une de ces Sondersendungen de la Télévision allemande, – nous fut présentée l’histoire des époux  Klinger, Francette et Gérard Klinger (1,2) qui se marièrent en 1966 et formèrent  depuis un couple franco-allemand. Quand Francette raconta la grande solitude des débuts du couple, cette histoire me rappela des souvenirs personnels. Mes parents formaient aussi un tel couple franco-allemand, mais ils n’eurent pas la chance de vivre une retraite paisible, de connaitre leurs petits-enfants franco-allemands, car mon père décéda des suites d’un cancer en janvier 1992. Mais la grande solitude, comme beaucoup de couples franco-allemands qui ont eu le courage d’affronter  les dures réalités d’un ménage franco-allemand, au début des années 1960 ils l’ont  aussi connue. Mes parents se sont mariés en 1962 à Dijon. Les parents de mon père, mes futurs grand parents allemands, n’avait pas participé à la cérémonie de mariage à Dijon. Ils n’apprécèrent pas trop, que leurs fils se marient avec une fille française. En fait, le rapprochement  ne se fit qu’à ma naissance à Tübingen en Juin 1964, à peu près 1 ½  ans après la signature du traité de l’Elysée. Dans le vieil album de photos familial qui se trouve encore chez ma mère,  mon père avait écrit quelques mois avant sa mort sous les photos de mon baptême – « und dann kamen Sie doch   (et ils arrivèrent tout de même) » ces photos sur lesquelles  on me voit entouré de mes grands-parents, les oncles et tantes allemandes. Ce fut ma naissance qui rapprocha enfin vraiment les deux familles. Avant ma naissance mes parents,  partiellement « boycottés» par la famille allemande, surtout ma mère, qui débarquait en Allemagne, sans comprendre ou parler un mot d’allemand avait dû faire face à des temps durs. Après cette naissance, – les choses s’arrangèrent  lentement. Les grands-parents allemands, Anton et Blanka Neff étaient aussi fiers de leur petit fils franco-allemand que les grands-parents français Jean et Germaine Migliori. Christophe Neff, – un petit franco-allemand, – avec une double nationalité franco-allemande – ce fut enfin le moment où la famille de mon père accepta le mariage de mon père avec une française. Un des premiers souvenirs de ma petite enfance, – c’est mon grand-père Anton Neff qui m’a amené voir les trains à la gare de Saulgau. Comme mon père m’amenait à la gare de Tübingen regarder les trains. Comme mon grand-père français Jean Migliori m’amenait au port du Rhin à Strasbourg voir les péniches et chalands du Rhin, – le Lookheed Constellation à Strasbourg-Neuhof (un ancien Constellation d’Air France transformé en bar (F-BHMJ / L1049G-82-98)), les visites de la gare de Strasbourg quand on allait chercher les tantes, ou les visites de aérodrome de Entzheim pour chercher la famille, qui arrivait d’ Angleterre ou des Etats-Unis. C’est ainsi que mes grand-pères, français et allemands en me faisant visiter gares, ports & aéroports m’avaient fait découvrir le monde de transports, – plus particulièrement le monde du Chemin de Fer, – le Monde du Chemins de Fer, qui fut dans un certain sens, aussi un de mes premiers amours.

De nos jours, – les couples franco-allemands n’ont plus affronté les dures réalités des années 1950, 1960, de fonder une famille franco-allemands quelques années après les douleurs de la guerre – c’était insensé. Aujourd’hui, 50 ans après la signature du traité de l’Elysée – fonder un couple franco-allemand n’a plus à faire face aux vieux démons de la guerre, des souvenirs de morts, de la déportation …… Un couple franco-allemand de nos jours n’a plus rien de spécial, – il doit faire face aux risques  de la vie normale de nos jours, – divorce, chômage, maladie … – mais grâce aux traités de l’Elysée les vieux démons de la guerre, des guerres (1870, 1914-18,1939-45) des souvenirs de guerre ont  disparu. D’avoir fait disparaitre ces vieux démons …. « Le bruit des bottes des SS qui résonne sur la cours de l’école de Hussigny » c’est aussi un des grands mérites du traité de l’Elysée. Parfois de nos jours, en critiquant l’état des relations franco-allemands, on oublie trop vite cette réalité …. Mes grands-parents n’ont jamais oublié Libéro Casciola mort en déportation à Bergen-Belsen, – mais ils ont quand même accepté que leur fille se marie avec un allemand. Ce fut en 1962, – le traité de l’Elysée n’était pas encore signé …. 41 ans plus tard, leur fille, en 2003 reçut  le Bundesverdienstkreuz, une des plus hautes décorations allemandes,  pour son travail politique au sein de la SPD, le travail pour les enfants en danger (Kinderschutzbund) – et la réconciliation franco-allemande.

Dommage, que mon père n’ait pas eu la chance de participer à cette cérémonie, lui qui avait risqué il y a maintenant 51 ans la rupture avec sa famille pour le simple fait d’épouser une jeune française.

Ouvrages et sources cités :

Rittau, Andreas (2012): Symboles franco-allemands. 1963-2013. Construction d’un champ transnational. Paris, L’Harmattan, Allemagne d’hier et d’aujourd’hui. ISBN 9788-2-296-99598-7

Christophe Neff, le 22.01.2013

P.S.: Les souvenirs très personnels franco-allemands de ma mère se trouvent dans le petit billet  «Cinquante ans … déjà! » du blog  Au jour le jour.

Blognotice 19.5.2012: décidément la météo

Le mardi 15.5.2012 matin, jour de l’investiture du 7ème président de la Vème République, Monsieur François Hollande, en écoutant la radio pendant le petit déjeuner, on nous annonçait des fortes chutes de neige pour les divers Mittelgebirge (Forêt Noire, Jura Souabe) je me disais « décidément, la météo, cette première visite présidentielle prévue pour le soir du 15.5. à Berlin chez la chancelière ne sera, déjà de par le fait des aléas météorologiques  pas «  une promenade de printemps ». Le soir même l’avion présidentiel, avec François Hollande à bord, fut touché par la foudre, et retarda le voyage présidentiel vers Berlin. Et pendant ce temps, la neige couvrait les « Mittelgebirge allemands » (moyennes altitudes)presque 20 centimètres sur les hauteurs de la Forêt Noire.  Cette réapparition brusque d’une météo hivernale, cela me rappelait des souvenirs d’enfance : combien de fois les fleurs de notre « cerisier du japon » à Schramberg – Sulgen au Lärchenweg  et de notre Magnolia stellata, qui fleurissaient toujours début/mi-mai furent  couvertes de neige. En fait la Raumschaft Schramberg, ce petit pays, en moyenne forêt noire, ce fut aussi un pays sans vrai printemps, – souvent des chutes de neige jusqu’ à début /mi-mai  et après, tout d’un coup l’été arrivait, chaleur, temps lourd apportant ces séries d’orages remontant de l’alsace par la vallée de la Kinzig et s’accrochant aux sommets des « sargdeckel de Buntsandstein »(couvercles de cercueil en grès rose)  pour plonger vallées et montagnes  dans des pluies parfois diluviennes qui provoquent  parfois ici et là des inondations considérables dans la Raumschaft Schramberg. Une fois l’orage passé, chaleurs et temps lourd  revenaient en attendant le prochain « orage de montagne ». La Raumschaft Schramberg, n’était sûrement pas un pays de printemps. Si en Allemagne, il y a une région avec un beau printemps, c’est sûrement la « Pfalz » – le palatinat rhénan  – pays de vins et de la Mandelblüte (floraison des amandiers) – et la Pfalz depuis quelque temps s’autodésigne aussi comme « Deutsche Toskana (toscane allemande) ».  L’Allemagne,  ou au moins une partie du « Deutsche Bildungsbürgertum » est liée par des liens particulièrement affectifs avec l’Italie, ou disons avec une certaine image d’une Italie, image que personnellement je ne partage pas ; mais ceci est surement dû à mes racines familiales franco-italiennes. Pour revenir au petit livre, « Tour de Franz » dont je parlai dans mon dernier billet, je trouve le chapitre « Italienisch für Angeber (Italien pour prétentieux)» particulièrement réussi. Dans ce chapitre (pages 121-125), Cécile Calla, – dans un ton charmant dévoile cet « amour allemand » pour cette « Italie imaginaire ».

L’Allemagne politique a certainement honoré la nomination de  Jean – Marc Ayrault comme premier ministre, – la presse allemande a interprèté ceci comm eun  geste de bonne volonté envers l’Allemagne et le gouvernement Merkel. Personnellement, j’étais assez surpris de voir Laurent Fabius, farouche opposant de la constitution européenne lors du Référendum français sur le traité établissant une Constitution pour l’Europe , nommé  Ministre des Affaires étrangères. Françoise Fressoz interprète cette nomination comme « signal aux électeurs de la France du non » – mais hélas cette explication ne convainc guère.

Au niveau personnel, j’étais ému de voir Aurélie Filippetti, promue  ministre de la Culture et de la Communication . Nous partageons, pour ainsi dire les mêmes racines, – l’immigration italienne dans le « Haut-Pays de Lorraine » ces « italiens » qui arrivaient parfois par trains complets pour y travailler dans les mines de Fer – et dans mon premier billet de paysages j’avais dédié un petit chapitre à son roman « Les Derniers Jours de la Classe ouvrière » – je cite « Revenant aux paysages, en lisant il y a quelques jours Les Derniers Jours de la Classe ouvrière de Aurélie Filippetti, je commence à replonger dans les paysages imaginaires de mon enfance, les paysages des histoires de mes grand parents, de l‘ immigration italienne en Lorraine, de la résistance, du combat politique de la classe ouvrière ». Et quelques semaines plus tard un autre billet, – et depuis en lisant assez régulièrement son blog, j’ai un peu suivit le parcours politique de « Madame la Ministre ». Mes grands-parents, surtout mon grand-père Jean Migliori, auraient surement été émus de voir un « macaroni » nommé Ministre, Ministre dans un gouvernement de gauche. C’était un peu leurs rêves – que les enfants des couches populaires, immigre ou pas, – nés français ou de souche italienne, polonaise etc. (L’immigration maghrébine n’existait pas encore – au moins dans leur temps d’ Instituteurs à l’école d’Hussigny), – puissent  grâce à l’école laïque changer le monde vers un meilleur monde, mais aussi par l’acquis des connaissances puissent  accéder à des hautes responsabilités politiques dans la république française.

Aurélie Filippetti se présente dans la première circonscription de Moselle à Metz pour la députation. Ce ne sera sûrement pas facile, mais je crois qu’elle pourrait bien réussir ce pari électoral. En tous cas, je lui souhaite bonne chance !

Je finis l’écriture de cette blognotice, – même si la « Unterhaardt » fait partie de ce pays de printemps du palatinat rhénan : nous connaissons aussi temps lourds et orages. Il fait assez lourd et je pense que nous risquons peut être ce soir un orage de printemps sur le Linange et la Unterhaardt.

Ouvrages citées :

Calla, Cécila (2009) : Tour de Franz.  Mein Rendezvous mit den Deutschen.Unter Mitarbeit von Johanna Lühr. Aus dem Franzöischen von Brigitte Lindecke. Berlin (Ullstein), ISBN 978-3-548-26862-0

Filippetti, Aurélie (2003) : Les derniers Jours de la classe ouvrière. (Stock – Le Livre de Poche), ISBN 2-253-10859-6

Ecrit le 19.5.2012, publié le 20.5.2012

Christophe Neff, Grünstadt

Blognotice 6.5.2011 : – souvenir d’une longue attente pour un enfant du Pays-Haut mort en déportation

Le 8 mai 2011 une stèle en l’honneur de Monsieur CASCIOLA LIBERO, enfant de Hussigny-Godbrange décédé en déportation, sera inaugurée à Hussigny-Godbrange devant le groupe scolaire.

La semaine dernière, vers le mercredi le 27.4.2011 je m’apercevais que l’article, Quelques nouvelles de Grünstadt (26.9.2009), était d’un jour à l’autre visité plusieurs fois par jours, alors qu‘ avant cette date cette petite notice de blog ne recevait presque pas de visite (15 depuis la création le 26.9.2009 jusqu’au 27.4.2011). Je m’aperçus donc sur mon wordpress « dashboard » dans la rubrique « Mots clefs utilisés pour trouver votre blog » que le mot « Libéro Casciola » était de plus en plus présent, – et effectivement dans la petite notice de blog du 26.9.2010 je parlais entre autres de Libéro Casciola, – cousin de mon grand père Jean Migliori – Libéro Casciola mort en déportation en Allemagne. Après une petite recherche Google je découvris sur la homepage de la commune d‘ Hussigny-Godbrange, qu’en fait la commune de Hussigny allait commémorer le sort tragique du cousin de mon grand-père Jean Migliori avec une petite cérémonie le dimanche 8.5.2011.Cérémonies du 8 mai 1945

Le Maire et son Conseil Municipal invitent toute la population à participer aux cérémonies du 8 mai 1945 ainsi que celle des victimes de la déportation qui auront lieu le dimanche 8 mai 2011 à 10h30 au sein de l’école Jacques Prévert.

A cette occasion, une stèle en l’honneur de Monsieur CASCIOLA LIBERO, enfant de Hussigny-Godbrange décédé en déportation, sera inaugurée devant le groupe scolaire.

A l’issue de ces cérémonies, un vin d’honneur sera offert dans le cour de l’école.

(Source: Site officiel de la Mairie de Hussigny-Godbrange , dernière consultation le 6.5.2011 vers 7:00)

Et comme on ne trouve pas grand-chose dans le web sur Libéro Casciola – une copie de la déclaration de décès du journal officiel du 7 aout 2007 dans le site morts dans les camps – les quelques internautes qui cherchent à en savoir plus sur l’histoire de Libéro Casciola atterrissent chez paysages, la plupart du temps dans le billet du 26.9.2009. C’est ainsi que je découvris la cérémonie d’honneur que la mairie de Hussigny préparait pour le 8.5.2011. Cette découverte je la fis, – il y a parfois vraiment d’étranges coïncidences – en lisant les derniers chapitres du roman « Lutetia » de Pierre Assouline qui décrit  les jours de 1945 où l’hôtel Lutetia fut un centre de « rapatriés ». « « Ne dites pas « déporte » mais « rapatrié ». C’est le terme que nous avons adopté dans nos rapports, lettres et circulaires. Alors dites « rapatrié » vous aussi, sinon vous ne vous comprendrez pas (Assouline, P. 2006, p. 336). » Les souvenirs d’enfance d‘ Eckbolsheim, c’est ici que j’appris la première fois l’histoire tragique de Libéro Casciola, par la voix de mes grands-parents, – histoire qui depuis m’a poursuivi comme une ombre invisible – se mêlaient avec le récit, les yeux, les impressions du personnage fictif d‘ « Édouard Kiefer » – voyant les « déportées » arrivées au Lutetia – et voyant les proches, les familles, les amis attendre l’arrivée d’un proche. L’attente infinie d’un proche – qui ne reviendra peut être jamais. Comme gamin en 1968 à Eckbolsheim, j’avais eu le sentiment que dans ma famille, comme dans la fameuse chanson J’attendrai interprétée par Rina Ketty, on attendait encore le retour de Libéro.

J’attendrai,

Le jour et la nuit,

j’attendrai toujours

Ton retour …

J’attendrai

Car l’oiseau qui s’enfuit vient chercher l’oubli

Dans son nid

Le temps passe et court

En battant tristement

Dans mon coeur plus lourd

Et pourtant, j’attendrai

Ton retour

(Dino Olivieri (music), Nino Rastelli (paroles italiennes de l’originale italien Tornerai),  Louis Potérat (paroles françaises)).

Et depuis, cette histoire du « cousin Libéro Casciola » mort en déportation à Bergen-Belsen n’a cessé de me poursuivre.  C‘ est comme petit gamin dans la rue de pommes à Eckbolsheim que je compris qu’il y avait eu durant les années 1940 un triste événement qui avait déchiré l’Europe, – une barbarie sans précédent – et que le responsable de cette barbarie était l’Allemagne nazie. C’est là (et à Schramberg – Sulgen et à Saulgau) que j’entendis la première fois les mots, camps, déportation, résistance, le Struthof, Bergen-Belsen, Dachau, le Heuberg  – mais aussi des noms comme Stalingrad et Tambov – le camp N° 188 dit camps des français. Et c’est peut-être encore une coïncidence de plus,  le vendredi 29.4.2011 le soir sur Arte je regardai le film policier « Hunkeler et l’affaire Livius » de Stefan Jäger avec Matthias Gnädiger dans le rôle principal du commissaire Peter Hunkeler – film qui se base de sur le roman de Hansjörg Schneider « Hunkeler und der Fall Livius » – et c’est encore une fois de plus les ombres de l’histoire franco-allemandes, les ombres personnelles de ma famille qui réapparaissent. En regardant le film,  je me demande pourquoi les réalisateurs ont transformé le nom de Baldersdorf en Balderskirch dans le film. Car c’est  bien le massacre de Baldersdorf qui est au cœur du roman de Hansjörg Schneider.

Er schob das eiserne Tor zum Friedhof auf. Die Gräber lagen in Reih und Glied. Viele von Ihnen waren kürzlich besucht worden, die Querwege waren gepfadet. Hinten an der Rückwand stand ein großes Kreuz. A la mémoire de nos enfants fusilles au camp de Struthof war zu lesen, in Erinnerung an unsere Kinder, die im Lager Struthof fusiliert worden sind. Zehn Namen waren aufgelistet, es waren die Namen der Burschen aus Ballersdorf. Die Schneefläche davon war unberührt, niemand hatte den Fuß hineingesetzt. (Schneider, HJ. 2009, p. 189)

Il remua la porte en fer du cimetière. Les tombes étaient allongées une après l’autre. Beaucoup de tombes avait reçu des visites récemment, les chemins couverts de neige ressemblaient à des sentiers. Derrière il y avait une grande croix. On pouvait lire « A la mémoire de nos enfants fusillés au camp de Struthof ». Il y avait dix noms, c’était les noms des garçons de Ballersdorf. La neige devant la croix était vierge, personne n’avait mis le pied. (Traduction C. Neff d’après «Hunkeler und der Fall Livius» de Hansjörg Schneider).

Pourquoi le film cache- t-il le nom de Baldersdorf ? Pourquoi tant de morts, pourquoi Libéro Casciola n’est il pas revenu ? En fait je ne connais pas l’histoire de Libéro Casciola, je connais seulement l’histoire d’une immense attente sans fin, que ma grand-mère me racontait encore durant les années 1990. Des peurs, des angoisses, des souvenirs :  Libéro Casciola mourut en déportation en Allemagne en 1945, la fin d’un long voyage depuis l’Italie dans le Pays-Haut , pour finir dans un camp en Allemagne. « Ils s’en allèrent mourir au fonds de camps allemands sans avoir revu le cœur vert de l’Italie » comme l’écrit Aurélie Filippetti (2003 :26) dans son roman autobiographique en mémoire a l’immigration italienne dans le Pays-Haut. Ils mouraient dans les camps allemands sans revoir ceux qu’ils les aimaient, qui les attendaient dans le Pays-Haut, – que se soit à Hussigny, à Godbrange, à Villerupt – qui les attendaient même encore beaucoup plus tard à Eckbolsheim, Aubord, Port Leucate et ailleurs dans des lieux inconnus.

« Dans un murmure, que la nuit transformait en une longue plainte, des absents demandaient juste qu’on les oublie pas. (Assouline, P. 2006, p. 362). Libéro Casciola n’est pas retourné au Pays-Haut, mais nous ne l’avons jamais oublies, même moi qui connaissais simplement l’ombre invisible que son souvenir a laissée sur notre famille.

Bibliographie & Sources :

Assouline, Pierre (2006): Lutetia. Folio Poches/Gallimard, Paris, ISBN  978-2-07-032097-4

Filippetti, Aurélie (2003) : Les derniers Jours de la classe ouvrière. (Stock – Le Livre de Poche), ISBN 2-253-10859-6

Schneider, Hansjörg (2009): Hunkeler und der Fall Livius. Bastei Lübbe, ISBN 978-3-404-15983-3 (Taschenbuchversion)

Christophe Neff, Grünstadt le 6.5.2011

Quoi qu’il arrive, la flamme de la résistance française ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas (18.06.1940 – 18.06.2010)

« Le gouvernement français a demandé à l’ennemi à quelles conditions honorables pourrait cesser le combat. Il a déclaré en outre que la lutte devrait continuer si ces conditions étaient contraires à l’honneur, à la dignité, à l’indépendance de la France. Nous avons été surpris et submergés par la force mécanique, la tactique de l’ennemi. Mais il y a, malgré tout, des raisons d’espérer.Croyez-moi, rien n’est perdu pour la France. Les mêmes moyens qui nous ont vaincus peuvent nous apporter la victoire.

La France n’est pas seule ! La France n’est pas seule ! La France n’est pas seule ! Elle peut faire bloc avec la Grande-Bretagne et disposer d’immenses réserves.

La guerre n’est pas tranchée par la bataille de France. Toutes les fautes qui ont été commises n’empêcheront pas qu’un jour l’ennemi sera écrasé Cela pourra se faire grâce à une force mécanique supérieure encore.

Moi, Général de Gaulle, actuellement à Londres, j’invite les officiers et les soldats français qui se trouvent actuellement en Grande-Bretagne ou qui viendraient à s’y trouver, à se mettre en rapport avec moi. Ceci vaut également pour les ingénieurs et les ouvriers spécialistes qui se trouvent déjà en Grande-Bretagne ou qui viendraient à s’y trouver.

Quoi qu’il arrive, la force intérieure de la résistance des Français ne doit pas faiblir. Demain, comme aujourd’hui, je parlerai à la Radio de Londres. »

petitprovencaljpg.1276882592.jpgL’appel du général de Gaulle tel qu’il a été publié par le petit provençal le 19.06.1940. En faite peu de Français ont réellement entendu ce discours du 18.06.1940 diffusé par la BBC depuis Londres. Ni l’appel du 22.6.1940 . Pour mes grands-parents résistants – ce furent surtout les indignes accords de Montoire signés par le maréchal Pétain qui les poussèrent dans la résistance à Hussigny-Godbrange . Mais le Général de Gaulle n’est pas seulement le symbole de la résistance face à l’envahisseur nazi – mais il restera à jamais gravé comme le symbole de la réconciliation franco-allemande. Est-ce que mes grands-parents résistants auraient pu s‘ imaginer en 1944 juste après la libération que leur fille se marierait un jour avec un étudiant allemand, est-ce qu’ils auraient pu  imaginer qu‘ ils auraient un jour un petit fils  lieutenant-colonel (de Réserve) (Oberstleutnant der Reserve) d‘ une armée allemande, d’une Allemagne démocratique qui renaitrait des cendres de cette tragédie mondiale que fut le fascisme, le nazisme et qui culminaa dans le IIème  guerre mondiale. appel_du_18_juin_1940-21276841118.1276888544.jpgCharles de Gaulle, Jean Monet, Robert Schuman – et dans leur sillage historique Helmut Schmidt, Valery Giscard d‘ Estaing – Helmut Kohl & François Mitterrand – et tous les autres noms un peu moins connus (p.e. Robert Ditter, Konstantin Hank, Carlo Schmid , Evelyne Neff Migliori etc. (voir aussi La cérémonie franco – allemande du 11.11.2009 : un beau symbole ? )) – tous ces hommes et ces  femmes qui on sut surmonter les ombres du passé et ainsi contribué  la réconciliation franco – allemande. Réconciliation franco-allemande, construction européenne :idées pour lesquelles, il faut le rappeler de nos jours où l’idée européenne est tellement malmenée par la crise ou les crises,  il faut oeuvrer quotidiennement !

En fin de ce petit billet de mémoire personnelle du 18. Juin – notons aussi le remarquable billet de la rdl « Des 18 juin à la pelle ! » sur le mythe du 18. Juin ainsi que les divers articles du Monde (  p.e. Il y a soixante-dix ans, l’appel du 18 juin   ).

Christophe Neff, Grünstadt le 18.06.2010

P.S.: Une excellente documentation sur la période de guerre de 1939 à 1944 à Hussigny-Godbrange – où mes grands-parents (Jean Migliori (1914 – 1980) et Germaine Migliori) furent engagés dans la résistance est le livre de René et Daniel Agarant « Un village lorrain dans la guerre Hussigny – Godbrange 1939-1944 » (Pont à Mousson 1992, ISBN 2-9506-451-0-0).

P.S. (19.06.2010 11:40): Le titre du billet remarquable sur le 18. Juin 1940 et le livre de Sudhir Hazareesingh sur la RDL a changé pendant la nuit – maintenant le titre est l‘ esprit du 18 juin, ce qui me plaît mieux. Pour la version suisse documentée par le groupe Ohr j‘ étais au courant (remarques de nomade dans la RDL et paysages – et le billet L’APPEL DU 18 JUIN 1940 EN SUISSE de Journal d’un taxi de montagne ). Notons en passant que pour la presse allemande telle que je la perçois l‘ anniversaire de l‘ appel du 18. Juin ne semble jouer aucun rôle. Par contre ,il y a dans la Zeit un article de Gero von Randow « Fremde Nachbarn » sur les disharmonies actuelles du couple franco-allemand – mais apparemment pas un mot sur le 18.6.1940. Et naturellement des articles en masse sur la defaite des bleus face au Mexique (p.e. dans la Zeit Frankreich – Mexiko Adieu les bleus et dans le SPON Waterloo am Limpopo ) 

Quelques nouvelles de Grünstadt (26.9.2009)

Le temps passe et les paysages coulent devant mes yeux durant mes trajets entre Grünstadt et Karlsruhe. Je passe à peu près trois heures en voiture pour rejoindre mon lieu de travail . Difficile dans ces circonstances de trouver le temps pour s’occuper de son blog. La valse des voyages d’études a aussi repris, – une journée de terrain sur les risques de feux de forêts dans la forêt de Schwetzingen (Schwetzinger Wald) – plusieurs journées avec sorties de terrains sur les changements globaux en Forêt Noire (Moyenne Forêt Noire & Fohrenbühl ). Ici aussi échange de réflexions avec étudiants et experts forestiers sur « changements de paysages – abandon de l’agriculture traditionnelle » – et les conséquences pour les paysages de moyenne montagne en Europe – embroussaillement, fermeture du paysage, néophytes, changements climatiques et augementations des risques de feux de forêts. Dans ce contexte nous avons visitées le site de l‘ incendie de Hornberg de avril 1997 – un des derniers incendies de Forêt Noire ou la television allemande (Br3) avait il y a quelques années tournée un film sur les consequences écologiques des incendies de forêt . En dehors de cela , il ne reste guère de temps pour m’occuper du blog.

En ce qui concerne le blog , le billet « Petite note personnelle sur une ancienne photo de Hussigny (25.7.2009) « – a fait ressurgir des souches familiales franco-italiennes de la petite Italie de Hussigny . Il faudrait vraiment un jour que j’aille visiter ce pays imaginaire de mon enfance, – récit de paysages de mes grands-parents franco italiens, récits de mon arrière grand-père – l’oncle Quequino de J.F Gelezuinas – pour nous, c’était simplement le nono qui nous racontait aussi bien à Eckbolsheim qu’à Aubord ses aventures entre Hussigny, le lac de Constance, la Serbie et la jeune Italie. J’avais même ,pendant ma longue convalescence relu, le livre des deux Agarant (1992) sur la guerre et la résistance à Hussigny pour me rapprocher un peu de ce paysage. Dans ce petit ouvrage on les retrouve tous – les Migliori, les Casciola, – tous ces immigrés italiens réunis dans la résistance – qu’il soit communistes, de gauche ou même d’extrême gauche.

« En juin 1943, écrit A.Beyhurst, ordre me fut donné de rassembler à Hussigny, en un seul mouvement, sous ma responsabilité, tous ces résistants isolés ou groupés en petit noyaux : F.T.P., Ceux de la Résistance, Libération Nord, Mouvement Lorraine etc.

Il existait tout un noyau d’extrême gauche dont les chefs étaient Fernand Casciola et J.Migliori avec Hilaire Balducci, F.T.P., Mirgaine Léon, René Ribière, Cardinal Vincent, Vesperini etc. (Agarant & Agarant, 1992 p.93). »

Et naturellement Libéro Casciola , – l’histoire du cousin – comme ma grand mère m’avait tant de fois raconté – Libéro Casciola mort en déportation à Bergen-Belsen. Tout cela ressurgit en lisant le commentaire de J.F. Gelezuinas sur l’ancienne photo de Hussigny .

En ce qui concerne l’ancrage de gauche de mes ancêtres franco-italiens – j’ai l’impression que mon cœur politique bat encore entièrement à gauche, – gauche de tendances grand S comme Socialiste. Ayant l’impression que la section locale du SPD à Grünstadt ne faisait vraiment rien pour appuyer le candidat de la SPD pour le Bundestag Dr. Wolfgang Ressmann (Circonscription de Neustadt-Speyer) – je viens de lancer une annonce de publicité (à mes frais personnels) pour Wolfgang Ressmann – mit der roten Berta nach Berlin – dans le journal régional , la « Unterhaardter Rundschau ».

Mit der roten Berta nach Berlin – avec la Berta rouge à Berlin – mon annonce publicitaire de soutien pour le candidat SPD Dr. Wolfgang Ressmann paru dans la Unterhaardter Rundschau (pages locale du Leiningerland de la Rheinpfalz) le Samedi 26.9.2009.

La « Bundestagswahl » ne semble guère intéresser les barons locaux de la SPD à Grünstadt, – aujourd’hui‘ hui jour de la « Ré-inauguration de la zone piétonnière de Grünstadt » – on aurait pu s’attendre à un dernier stand de la SPD – mais rien – apparemment la Bundestagswahl ne méritait pas ce petit effort.

Espérons que malgré cela – la journée du 27.9.2009 ne sonnera pas le glas de la social-démocratie allemand, – die alte Tante SPD – la vielle tante SPD comme on dit en allemand. Car ce pays a besoin d’une social-démocratie forte et vivante – car les grands-prêtres de la « théocratie du libéralisme » après un petit repli stratégique dû à l’« effet Lehmannbrothers » préparent déjà leur grand retour.

Bibliographie:

Agarant, R., Agarant, D. (1992) : Un village lorrain dans la guerre – Hussigny- Godbrange 1939-1944. Pont – a – Mousson (Passe-Present-Futur), ISBN 2-9506-451-0-0.

Christophe Neff, Grünstadt le 26.9.2009

Blogroll : Aurélie Filippetti

cv-les-derniers-jours-fili.1248682145.jpgEn écrivant le 25.7 mini-billet signalant le billet « Jean Miglirori le socialiste » dans le blog famillenounouneff – je me disais qu‘ il faudrait peut – être mettre le Blog d‘Aurélie Filippetti sur mon blogroll. J’avais déjà signalé son livre „les derniers jours de la classe ouvrière“ dans I. Un blog sur les paysages : un petit début – ou quelle langue choisir ? – je cite : « Revenant aux paysages, en lisant il y a quelques jours les Les Derniers Jours de la Classe ouvrière de Aurélie Filippetti, je commence à replonger dans les paysages imaginaires de mon enfance, les paysages des histoires de mes grand parents, de l‘ immigration italienne en Lorraine, de la résistance, du combat politique de la classe ouvrière. Je n‘ ai jamais mis les pieds dans ce pays, mais en lisant le livre d’Aurélie Fillppetti, j‘ avais l‘ impression de connaître chaque ruelle de la Basse – Italie d‘ Hussigny, la cour de l‘ ecole d‘ Hussigny , les cheminées du four crématoire du camp de Thil , les mines de fer, les peurs de la gestapo, des SS, – à vrai dire une géographie imaginaire qui n‘ existait que dans ma mémoire d‘ enfant, mais qui a survécu à l‘ enfance et qui ressurgit pendant la lecture du livre de Fillipetti. C’est en fait aussi la lecture du roman autobiographique de Fillipetti, qui m’a donné le courage de m’attaquer à ce blog sur les paysages, – même si je n’ai pas encore résolu le problème de la langue d’écriture adéquate. « – donc pourquoi ne pas mettre en blogroll son blog comme je sympathise un peu avec ses idées politiques. En plus, je trouve assez sympathique qu’elle ne renie pas ses souches originaires. Notons que la 7ème circonscription de Meurthe-Moselle où se situe Hussigny n’est pas la circonscription de Filippetti – mais celle du député Christian Eckert (P.S.). Filippetti , mais cela doit être bien connu, est député de la 8ème circonscription de Moselle. Son roman, qui est plutôt un documentaire historique, qu’un roman & récit autobiographique m‘ avait tellement impressionné que je me suis même aventuré avec les quelques mots d‘ italien qui me restaient d‘ écrire un petit article sur wikipedia.it sur l‘ auteur de « Les Derniers Jours de la classe ouvrière ». Je ne vais pas faire une critique du livre de Filippetti, se sera peut être pour un autre billet. Mais le livre nous montre bien qu’il faudrait absolument s’attaquer à une vraie documentation scientifique, – sorte de livre de mémoire – avant que les souvenirs de l’immigration italienne dans le « Haut-Pays » se dissipe à tout jamais dans le temps et l’oubli. Un livre que retrace la vie des italiens du Haut-Pays, leurs angoisses et les peurs, leurs petite joie de gnocchi et cappelletti du dimanche, mais aussi leurs espoirs vers un meilleur avenir, – en fait leurs espoirs étaient rouges – rouge comme communistes, rouge comme socialistes !

Et mon grand – père Jean Migliori , lui surnommé le sorcier rouge de Hussigny, lui il croyait encore au rêve socialiste rouge, à l‘ école républicaine laïque – au changement vers un meilleur monde par l‘ éducation et la connaissance – et il y a même de nos jours encore des personnalités politiques de gauche qui croient à ces idées et rêveries socialistes d‘ antan – comme nous le montre par exemple Frank Walter Steinmeier dans un interview publie dans la Zeit – « Jede Mark zählt » le 23.07.2009.

En ce qui concerne le Blog d‘Aurélie Filippetti, c’est fait, il se trouve depuis hier sur mon blogroll.

Sources & Ouvrages citées :

Filippetti, Aurélie (2003) : Les derniers Jours de la classe ouvrière. (Stock – Le Livre de Poche), ISBN 2-253-10859-6

Christophe Neff, Grünstadt le 27.6.2009

Petite note personnelle sur une ancienne photo de Hussigny (25.7.2009)

Une petite note personnelle pour reprendre une citation du billet « Villa Jasmin – quelques pensées personnelles en vagabondant sur le téléfilm de Férid Boughedir » du 2.6.2009 ou j‘ ai aussi en quelques lignes fait revivre les souvenirs de mon grand -père Jean Migliori.

« J’ai lu l’ouvrage dans les trois nuits suivantes à l hôtel, – et pendant la lecture je retrouvais un peu le monde perdu de mon enfance quand mon grand – père me racontait sa gauche. Les mémoires d’une gauche, d’un monde meilleur, mais aussi cette vision d’une France- pays des droits de l’homme, pays du progrès, – ceci fut le monde de Jean Migliori, mon grand père, immigré italien, macaroni, rêveur marxist, résistant, socialiste, mitterrandiste avant que le mot « génération Mitterrand » fut invente. Monde, idées et histoires de mon grand père qui il me racontait, – le Journal Le Monde à l’appui, – et qui ressurgissait pendant ma lecture de l’ouvrage de Moati sur la colline de Sidi Dhrif surplombant Marsa la Corniche et Marsa Plage. »

Sur le blog de famillenounouneff on trouve un minuscule billet titré « pour les Migliori – Jean Migliori le socialiste », on y trouve quelques mots biographiques, une citation de Léon Blum, et deux photos. Une des photos montre Jean Migliori le « sorcier rouge » comme il fut appeler par ses élevés, devant son école de Hussigny

Christophe Neff, Grünstadt le 25.7.2009

I. Un blog sur les paysages : un petit début – ou quelle langue choisir ?

Aujourd’hui où j‘ écris mes premières phrases dans mon blog, – l‘ Allemagne, la République fédérale d‘ Allemagne, die Bundesrepublik Deutschland fête ses soixante ans d‘ existence. J‘ ai l‘ impression qu‘ ici en Allemagne on ne fête guère cet événement. Dommage en fait, eigentlich schade, – car on pourrait être fier de ce qu’on a construit au cours de ces 60 ans. Depuis que j’ai eu l‘ idée d‘ écrire un blog, je me suis toujours heurté à la question de la langue – dans quelle langue écrire. En français, ma vraie langue maternelle, la langue que j‘ ai parlé avec ma mère, pendant les premières années de mon existence, à Tübingen, à Eckbolsheim, à Schramberg-Sulgen où j‘ ai appris à rêver des paysages mediterranéens perdus, accompagnés des chansons mélancoliques d’Enrico Macias, que ma mère écoutait pendent des heures, peut- être pour se souvenir de son identité méridionale franco-italienne qui sombrait dans une Allemagne qui se remettait lentement de ses blessures de guerre . Les deux chansons d’Enrico Macias, qui depuis me accompagnent pendant mes voyages dans les paysages lointains, me rappelant mon identité franco-italienne, sont «Paris tu m’as pris dans tes bras » et «l’amour c’est pour rien».

Ou en dialecte romagnol, parsemé de mots francais, italiens, – la langue dans laquelle mon arrière grand-père me racontait ses histoires, ses voyages, ses paysages, ses géographies lointaines dans un temps où l‘ empire austro-hongrois existait encore. Ou en allemand, la langue que j‘ ai commencé à apprendre le jour où nous débarquons à Schramberg-Sulgen, quand ma mère jouait pendent des longues heures du Schubert, et que j‘ imaginais entendre la houle d‘ une mer invisible quand les tempêtes venues de l‘ ouest balayaient les cimes des arbres, sapins, épicéas, des pins sylvestres du «Feurenmoos» dont ,quand les grandes tempêtes remuent des fonds de sombres forêts, les arbres orchestrent un boucan d’enfer ressemblant à une mer se dechaînant pendant une grande tempête. Cette musique que les tempêtes provoquent dans les forêts de forêt noire est particulièrement bien décrite dans le Roman de Vincenz Erath , «größer als des Menschen Herz», – un très beau roman d‘ une enfance en forêt noire dans le environs de Schramberg , roman et auteur qui sont malheureusement presque tombés en oubli en Allemagne.

Et plus tard à l‘ école, ou j’ai réellement appris l‘ allemand: avant , c’était plutôt le Schramberger Schwäbisch, même le Sulgenerisch, à ne pas confondre avec le Sulgerenisch de Saulgau le lieu de naissance et d‘ enfance de mon père. Oui ,c’est à l’école que j‘ ai réellement appris à parler, lire et écrire la langue de Goethe, – à la Grundschule Sulgen au Kirchplatz à Sulgen, – une paisible école de campagne entourée de beaux marronniers d‘ inde et d‘ une vielle Église. Au lycée vient l‘ anglais et plus tard le latin. Le latin ne me rappelle guère de bons souvenirs d’école. Pour l‘ anglais, même si j‘ étais au début plutôt un élève médiocre, l’anglais est peut être la seule langue où je maîtrise approximativement l‘ orthographe. Une langue devenue langue de travail, langue de lecture, langue dans laquelle je commence parfois à rêver, comme dernièrement après la lecture d‘ une des 40 pages du livre « the conquest of nature – Water, Landscape and the Making of modern Germany » de David Blackbourn.

Après le bac et le service militaire, pendant les études universitaires à Mannheim, parallèlement à mes études de géographie, j‘ avais commencé à étudier les langues romanes, un peu d‘ italien, mais vers la fin des années quatre-vingt l‘ italien était tellement à la mode en Allemagne (ce fut les temps de la „Toskana-fraktion “ de la SPD, de carborna de Spliff , que ,du moins à l‘ université de Mannheim , les cours étaient super pleins), faute d‘ avoir l‘ occasion de parler on n‘ apprenait pas grand-chose. Le peu d‘ italien qui me reste est plutôt dû aux vestiges de mes fonds familiaux, aux multiples vacances passées en Italie, et de mes essais d‘ imiter svalution de Adriano Celentano pendant ma phase de chanteur rock qui dura à peu près de 1980 – 1990.

J‘ ai donc filé vers les cours de portugais, en me souvenant que, quand j‘ étais gamin, je lisais avec mon grand – père dans son journal à Aubord , on disait toujours le journal du pépère, dans le Monde , les progrès de la révolution des oeillets. Salgueiro Maia était un des mes héros de jeunesse, mais je me demande qui au Portugal se souvient encore de son histoire. Plus tard pendant mes divers voyages d‘ études au Cabo de Rocca, mais surtout au Cabo de Sao Vicente et le long de toute Costa Vicentina je me mettais à rêver de voyages lointains, de rêver mes Luisades « Onde a terra acaba e o mar começa (Os Luisadas, III, 20 ) ». Entre temps le Portugal continental, à part quelques ilôts de résistance est devenue une terre anglophone, – à force de ne plus pratiquer le portugais, j’ai presque perdu ma maitrise active du portugais. Les quelques mots et phrases qui me restent, sont dues au fait que sur les îles lointaines des Açores comme Pico, Faial ou Flores il reste de minuscules pays où il est absolument nécessaire de parler portugais si on veut communiquer.

Revenant aux paysages, en lisant il y a quelques jours les Les Derniers Jours de la Classe ouvrière de Aurélie Filippetti, je commence à replonger dans les paysages imaginaires de mon enfance, les paysages des histoires de mes grand parents, de l‘ immigration italienne en Lorraine, de la résistance, du combat politique de la classe ouvrière. Je n‘ ai jamais mis les pieds dans ce pays, mais en lisant le livre de Aurélie Fillppetti, j‘ avais l‘ impression de connaître chaque ruelle de la Basse – Italie d‘ Hussigny, la cour de l‘ ecole d‘ Hussigny , les cheminées du four crématoire du camp de Thil , les mines de fer, les peurs de la gestapo, des SS, – à vrai dire une géographie imaginaire qui n‘ existait que dans ma mémoire d‘ enfant, mais qui a survécu à l‘ enfance et qui ressurgit pendant la lecture du livre de Fillipetti. C’est en fait aussi la lecture du roman autobiographique de Fillipetti, qui m’a donné le courage de m‘ attaquer à ce blog sur les paysages, – même si je n‘ ai pas encore résolu le problème de la langue d‘ écriture adéquate. Notons que dans ma perception, le livre de Fillipetti est une rare sources écrites et disponibles sur l‘ immigration italienne dans le Haut-Pays de Lorraine, et à ce titre ce livre est déjà cité comme source scientifique, comme par exemple dans l‘ article de Pierre Schill (2003) sur la résistance ouvrière en Moselle de 1940 à 1945.

En fait ce blog est un peu dédié à la construction des paysages, de nos paysages imaginaires, et ici je reviens à David Blackbourn «Many historians have devoted themselves in recent years to mental topographies, and with good reason. What we call landscapes are neither natural nor innocent ; they are human constructs. How and why they were constructed (many would say „imagine“ even „invented“)belongs to the stuff of history (Blackbourn 2007: 16). Blackbourn a parfaitement raison, mais je pense également que ce type d‘ analyse fait aussi partie du devoir de lecture et d‘ interpretation des paysages par la géographie et les sciences de l‘ écologie du paysage. La géographie , dans le sens d‘ une science naturelle et les sciences du paysage ont tout interêt à intégrer ce concept de Blackbourn, – car en se réduisant aux aspects physique ou biologique d‘ un paysage, la lecture du paysage devient illisible, il reste au moins partiellement indéchiffrable, – ou simplement mal interprété. Notons aussi qu‘ au moins une partie du concept de Blackbourn se retrouvait au moins partiellement dans la théorie de la « Wesenheit der Landschaft » (Paffen 1973) de l‘ ancienne école de géographie allemande, mais qui est completement tombée en oubli en Allemagne.

Ce blog sera multilingual, donc allemand, francais et anglais, et il sera en partie dédié aux paysages imaginaires que nous construisons chaque jour, et d’autre part, à mes lectures , dans le sens de Golo Mann « wir alle sind was wir gelesen », qui est en fait un titre de livre emprunté à une citation de Eichendorff. Naturellement ce blog est aussi consacré à mes point de vue politiques , culturels et artistiques , les opinions d‘ un citoyen européen de double nationalité franco -allemande.

Et pour bien feter les 60 ans de la Bundesrepublik Deutschland voici – en mémoire de nos paysages imaginaires d‘ Allemagne – écoutons Patricia Kaas, qui nous chante ces paysages allemands imaginaires que nous véhiculons aves nous.

Sources :

Livres et autres ouvrages ecrites :

Blackbourn, D. (2007): The Conquest of Nature. Water, Landscape and the Making of Modern Germany. New York (Norton Paperback)

Erath, V. (1951): Größer als des Menschen Herz. Das Buch vom wahren Leben. Tübingen (Rainer Wunderlich Verlag)

Filippetti, A. (2003): Les derniers jours de la classe ouvrière. (Stock, le livre de poche)

Mann, G. (1991): Wir alle sind war wir gelesen. Aufsätze und Reden zur Literatur. Berlin (Verlag der Nation).

Paffen, K.H. (1973) : Das Wesen der Landschaft. Darmstadt (Wissenschaftliche Buchgesellschaft)

Schill, P. (2003) : Antifascisme et résistance ouvrière organisés autour de la CGT et du Parti communiste en Moselle annexée (1940-1945), entre histoire et mémoire. In : Schirmann, S. (Ed.) Annexion et nazification en Europe, Actes du colloque de Metz, 7-8 Novembre 2003, p. 173 à 187. Document téléchargeable sous l’adresse : (http://www.memorial-alsace-moselle.com/f/colloque.html )

Sources Internet:

Centro Virtual Camoes – Biblioteca Digital Camoes: Luis de Camoes, Os Luisadas (et autres œuvres) (version wayback machine),  et Os Luisadas (CAMOES, Luís de, 1524-1580, Os Lusiadas / de Luis de Camões dans la Bibliothèque nationale du Portugal / Biblioteca Nacional de Portugal copie digital.) (Révision du lien datant du 23.5.2009 16 :20 et correction 19.03.2023 9 :00 et le 25.04.2023 11:30)

Christophe, Neff, Grünstadt, le 23.5.2009

P.S. (26.04.2023) : Dépôt de l’article dans la bibliothèque KIT-Open. Premier billet du blog paysages, qui a débuté en mai 2009 comme blog abonné le Monde.fr .  Un PDF (copie de la version du 26.04.2033) du billet sera/est disponible sous DOI: 10.5445/IR/1000158169.