Blognotice 21.7.2012

C’est en sortant de Karlsruhe,  le mercredi soir 18.7.2012, vers Graben que je découvris les premières moissonneuses-batteuses  de cet été, jeudi soir aussi quelques rare exemplaires dans le Leiningerland. Enfin, avec le début de la moisson des céréales d’hiver surtout la Wintergerste (orge d’hiver) et le Winterweizen (blé d’hiver) le Hochsommer (plein été) débute réellement en Allemagne,  ceci avec quelques semaines de retard, car la pluie presque incessante a retardé la moisson. Et en plus, la pluie et l’humidité gênent la moisson : les lourdes moissonneuses – batteuses sont handicapées par l’humidité – et elles risquent de s’enfoncer dans les champs. Donc dans beaucoup d’endroits en Allemagne la moisson de céréales attend de meilleurs jours,  surtout un peu plus de soleil pour que les moissonneuses puissent enfin commencer à travailler réellement. Pendant ce temps les allemands partent en vacances : à la recherche du soleil – si on en croit le SPON – « Bloß weg: Deutsche Urlauber fliehen vor Regensommer » ils sont en train de prendre les rives de la méditerrané à l’ assaut. Les céréales en Allemagne pourrissent sur les champs, faute de moissonneuses adaptées, légères qui pourraient aussi s’aventurer dans les champs humides  et les cours mondiaux des céréales ne cessent de grimper. Aux Etats-Unis, une grande sècheresse est en train d’assécher les Midwest,  cela n’a pas encore atteint les dimensions du Great Dust Bowl, les scènes de désolation dans les plaines du Oklahoma que John Steinbeck décrit majestueusement dans « les raisins de la colère » , mais les images se ressemblent  et les cours des céréales flambent. Cela me rappelle un peu le film « Septemberweizen (blé de septembre) » de Peter Krieg. C’est un film sur la faim, la spéculation des céréales  qui sortit au début des années 1980,et a reçu beaucoup des prix et de récompenses ,mais le film est complètement tombé à l’oubli de nos jours. Cependant les mécanismes décrits dans ce film n’ont guère changé depuis. Cet été les prix de céréales vont flamber, à cause de la sècheresse aux U.S.A, ici en Allemagne à cause d’un temps trop humide, – quelques rares « traders » vont se frotter les mains et encore une fois de plus rapporter une grosse cagnotte, – et beaucoup d’hommes, de femmes et d’enfants vont avoir faim, très faim. « Panem nostrum quotidianum da nobis hodie – Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour, – unser tägliches Brot gib uns heute – c’est à ces mots que je pense – quand je vois les champs de céréales dans le « Oberrheingraben », qui attendent qu’enfin l’humidité disparaisse et que les moissonneuses-batteuses puissent commencer leur vrai travail, afin qu’il ne soit pas trop tard et que le grain pourrisse sur la tige.  L’homme ne pourra jamais influencer les fluctuations du climat, les caprices de la météo, mais il pourrait certainement arrêter la spéculation des céréales si seulement il en avait la réelle volonté.

Christophe Neff, le 21.7.2012

Été 2012: foudres et orages sur le Fohrenbühl

Nous passions la nuit du 28 au 29 juin 2012 à l’hôtel Adler au Fohrenbühl. Nous, c’était un petit groupe d’étudiants et moi en tournée de prospection pour un petit projet de recherche de dynamique végétale & dynamique de paysages dans la Raumschaft Schramberg. Le soir du 28 juin il faisait assez lourd, – et déjà ici et là  les premiers orages éclataient sur la partie nord de la Forêt Noire. Nous regardions avec le « Stammtisch » de l’Adler le match Allemagne – Italie. L’ambiance était électrique – le Stammtisch avait assez vite « découvert » que « Mario Balotelli » était une menace pour la Mannschaft. En  fin de match c’était une certitude, – Super Mario  avait littéralement achevé la Mannschaft. Le Stammtisch se levaient, déprimés – fatigués, – et prirent  le chemin vers les fermes isolées entre Windkapf, Fohrenbühl, Schondelhöhe et Moosenmättle. Une dernière bière, – un dernier Willi, – et la lourde nuit s’étalait sur les cimes des Pins sylvestres et  des Sapins du Fohrenbühl. Il faisait chaud et lourd. Lentement le sommeil s’emparait du paysage. A deux heures et demie  du matin, 2.30 exactement les fermes isolées du Fohrenbühl furent réveillées par un énorme coup de tonnerre, – la foudre venait  pour une fois de plus d’atterrir sur les sommets du Fohrenbühl. C’est ainsi que débuta une vague d’orages et une période de mauvais temps sur le Sud de l’Allemagne, qui depuis perdure plus ou moins. Orages, averses orageuse depuis sont à l’ordre du jour, et ici et la foudre tue – comme le 1.7.2012 – quand la foudre atteignit un groupe de « golfeuses » dans le land de Hesse. En Allemagne on  redécouvrait une fois de plus que la foudre  peut être mortelle , car les sociétés industrielles  ont tendance à sous-estimer les risques  que peuvent engendrer les orages. Le matin du 29.6 au Fohrenbühl, – Mario Balotelli, la défaite de la Mannschaft, – la crise de l’euro – tout cela semblait être oublié – reculait au second plan devant la force de la nature. On se téléphonait, pour savoir si tout allait bien, – pour s’assurer que ni ferme, étable et bêtes n’ étaient touchés par la foudre. En fait la foudre était descendue  dans une des forêts limitrophes , la terre avait tremblé, – le tonnerre avait déchiré le ciel et la lourdeur de l’air. Le Adlerwirt m’expliquait que depuis l’électrification de la Schwarzwaldbahn, et  la construction d’une ligne de Haute tension pour alimenter cette ligne de chemins de fer en électricité, les trajets de ces fameux orages remontant de France par la vallée de la Kinzig ( Orages dont j’avais déjà un peu parlé entre autres dans la Blognotice 19.5.2012: décidément la météo  ! ) avaient changé de trajectoire. La ligne de Haut-tension construite pour l’alimentation en énergie électrique de la Schwarzwaldbahn, d’après son impression, attirait systématique les orages et la foudre. En plus la Schondelhöhe essuyait de plus en plus de « foudre ».

Depuis cette nuit du 28 au 29. Juin 2012 – orages, averses orageuses etc. se succédaient dans le Sud de l’Allemagne- et en ce moment même où j’écris ces lignes une nouvelle bande orageuse traverse la Forêt noire. Orages, averses orageuses et beaucoup de pluies ,ce pluies qui  font ressurgir le souvenir d’un livre que j’avais dévoré dans ma jeunesse adolescente –  A Farewell to Arms – et qui vient d’être réédité dans une version bibliophile qui contient en version facsimilée une partie des manuscrits originaux et la couverture originale du livre de Hemingway, – dont un article de Julie Bosmann de la NYT et un billet de la RDL nous annonce l’existence. Cette nouvelle édition pourrait peut-être me rafraîchir la mémoire,  et de voir si vraiment ce roman d’inspiration autobiographique de Hemingway se passe réellement  sous la pluie comme les souvenirs de mes lectures me le font croire. J’avais lu le livre dans sa traduction allemande – In einem anderem Land – et il y a quelques années quelques chapitres dans la version originale.

En attendant la sortie de cette version « bibliophile » de « A Farewell to Arms » –  une fois de plus –pendant que j’écris ces mots, le tonnerre gronde sur le Leiningerland et je pense à un autre pays actuellement submergé par des pluies et flots diluviens –  le Sud-Ouest du Japon. On n’en parle guère ici en Europe. Apres le Tsunami, Fukushima – même si cette « catastrophe naturelle » n’a pas le même ordre de grandeur que le Tsunami et la catastrophe de Fukushima – le Japon est une fois de plus confronté aux « démons » de la nature. Je me rappelle  encore ces images parvenant du Japon juste après le Tsunami – un pays en détresse – couvert par des chutes des neiges incessantes – me rappelant d’autres lectures,  aux « pays de neige » de Kawabata. L’orage gronde encore sur le Leinigerland, – le DWD vient de sortir une « Amtliche WARNUNG vor GEWITTER mit STARKREGEN“ pour l’arrondissement de Bad Dürkheim ; le ciel s’assombrit, la période de mauvais temps sur le Sud de l’Allemagne semble perdurer  encore pour  quelque temps. Même dans nos sociétés post-industrielles, nous ne  sommes jamais à l’abri des caprices de la météo, de l’humeur de la nature.

Ecrit pendant un orage de juillet à Grünstadt, le 15.07.2012, publié le 15.07.2012

Christophe Neff.

Blognotice 8.7.2012

François Hollande et Angela Merkel ont célébré, dimanche 8 juillet à Reims, les 50 ans de la réconciliation franco-allemande, scellée dans la cathédrale de cette ville le 8 juillet 1962 par le général de Gaulle et le chancelier chrétien-démocrate Konrad Adenauer.  L’Editorial du dernier Monde est intitulé – Pour un nouveau traité franco-allemand – et nous propose un renouveau du traité franco-allemand – un nouveau traité franco-allemand. Belle paroles du dimanche, beaux symboles, pour cet acte courageux de Konrad Adenauer et de Charles de Gaulle, dans ce lieu historique, qui est la Cathédrale de Reims. Oui en juillet 1962, il fallait encore beaucoup de courage et de vision historique, pour entamer cette « réconciliation » historique franco-allemande, car les plaies de la deuxième guerre mondiale n’étaient guère cicatrisées. J’en sais quelque chose, de ces douleurs franco-allemandes, – mes parents formant un couple franco-allemand, se sont mariés en Aout 1962, – j’ai vu le monde en 1964, – ce rapprochement franco-allemand fut un acte courageux et hautement symbolique – et ceci à tous les niveaux. Naturellement ce projet fut d’abord un projet des élites politiques des deux côtés du Rhin, – mais ces élites ont  pu à travers ce projet rapprocher réellement une grande partie de la population française et de  la population de l’Allemagne de l’ouest, il faut le rappeler, car l’ Allemagne était encore divisée en deux états distincts, – mais depuis la réunification la donne a sensiblement changé, qu’on le veuille ou non. Dans le dernier Monde – on trouve une très remarquable analyse  de Frédéric Lemaître « Le  grand dessin de Angela Merkel » –  qui débute  avec ces mots mémorables  « La chancelière célèbre à Reims le 50e anniversaire de la réconciliation franco-allemande, dimanche 8juillet. Mais la France n’est plus son horizon. Angela Merkel est en campagne pour l’Europe de demain, une Europe qu’elle veut politique. Par conviction autant que par intérêt » qui résume en quelque part les grands changements de la politique franco-allemande comme elle est actuellement pensée sur les rives de la Spree.  Oui en écrivant « Si jamais, à Reims, l’émotion est au rendez-vous, elle risque de n’être que fugitive », Fréderic Lemaitre décrit avec une précisions remarquable ce qui se passe actuellement dans le Berlin politique. Le « succès story » du rapprochement franco-allemand, – cela se passait dans les années 1970 et 1980, – échanges de classe, jumelage franco-allemand, – c’était en partie dû au travail remarquable du Deutsch-Französische Jugendwerk. Mais aujourd’hui en dehors de belles paroles de dimanche – on peut légitiment se demander ce qu’il reste de l’effort courageux de Konrad Adenauer et de Charles de Gaulle. En France l’enseignement de l’allemand régresse. Combien des élus de la XIVe législature de la Cinquième République française qui siègent au Palais Bourbon  peuvent encore s’exprimer dans la langue de Goethe?  Combien des « Bundestagsabgeordnete » maitrisent encore le français ? Au niveau du Bundestag il n’en reste pas beaucoup, Gunther Krichbaum, Peter Altmeier, Andreas Schockenhoff et Wolfgang Schäuble de la CDU, Claudia Roth des verts, Ernst Burgbacher de la FDP, ce sont les noms de membres du Bundestag qui sont souvent  cités par les medias allemands comme « francophones ». La SPD manque à l’appel, – il y a certes peut être des « Bundestagsabgeordnete » membres de la SPD Bundestagsfraktion francophones  – mais ils ne se sont a priori pas fait connaitre par les medias – travailler au quotidien pour le « rapprochement » franco-allemand n’étant pas considéré comme un travail prometteur pour une carrière politique en Allemagne.

Personnellement je crois qu’un réel rapprochement franco-allemand sur le terrain du quotidien, se fera seulement par l’apprentissage mutuelle de la langue de l’autre – et ceci n’est pas gratuit, cela demande un effort collectif– et individuel des deux côtés du Rhin.  Oui apprendre la langue de l’autre, de faire l’effort de se plonger dans la culture de l’autre, d’essayer de « comprendre » la vie de l’autre – n’est pas gratuit, – mais je pense, que, au-delà des symboles des commémorations des anniversaires historiques, – c’est le seul moyen pour assurer dans la durée ce que Charles de Gaulle et Konrad Adenauer ont fait débuter durant cette messe historique à la Cathédrale de Reims le 8 juillet 1962.

Sources citées:

Lemaître, Frédéric (2012):  Le  grand dessin de Angela Merkel. Le Monde Dimanche 8, Lundi 9 Juillet 2012, décryptages ENQUÊTE, page 13.

Christophe Neff, le 8.7.2012

Blognotice 1.07.2012: orages sur l’Allemagne …

L’Allemagne est actuellement touchée par une vague d’orages, faisant ici et de considérables dégâts. Travaillant avec des étudiants en Forêt Noire pendant les derniers jours de la semaine dernière, nous fûmes aussi concernés pas ces orages, car nos travaux de terrains sur quelques sites botaniques de la Raumschaft Schramberg furent aussi quelques peu perturbés par ces orages. Pendant que les sapinières suant d’humidité, crachant des vapeurs de nuage, – la radio nous apprit une bonne nouvelle de l’autre part de l’atlantique – la Cour suprême des Etats Unis vient de valider la réforme de l’assurance-maladie, le projet emblématique du mandat de Barack Obama. Je me réjouissais de cette bonne nouvelle – et me revinrent les souvenirs des premières phrases des raisins de la colère, du périple de la famille « Joad » à travers les Etats Unis. « To the red country and a part to the gray country of Oklahoma, the last rains came gently, and they did not cut the scarred earth. The plows crossed  and recrossed the rivulets marks(Steinbeck, J. 2000, 3)”.  Enfin, presque 80 ans après le Great Dust Bowl et le New Deal de Franklin Delano Roosevelt , – les Etats Unis se dotent enfin d’un système d’assurance maladie digne de ce nom. A  mon retour de Forêt Noire je découvris aussi le très bon commentaire «  The Real Winners » de Paul Krugman dans la NYT sur cette décision historique du Supreme Court.

Mais  je découvris une autre nouvelle, – bien plus négative – qui me rappelait la  destruction des Bouddhas de Bamyan, dans le centre de l’Afghanistan en mars 2001, –   à Tombouctou, les islamistes détruisent les mausolées musulmans. Je l’avais déjà écrit il y a quelques semaines –  nous sommes les témoins d’une réelle afghanisation de la région du Sahel sous la main mise de  AQMI ! Notons que même le SPON a mis les événements de Tomboctou à la une !

Afghanisation ou Somalisation les images se ressemblent –  l’afghanisation du Sahel   va certainement nous encore faire payer un prix fort ! Même s’il n’y a priori pas de lien direct – les propos  de  Abdou Diouf dénonçant le désintérêt de la France pour la francophonie sont alarmants, il faudrait aussi se souvenir qu’une grande partie du Sahel ce sont aussi des états francophones. Le Mali est aussi un état francophone, il faudrait peut-être le rappeler ici et là à Paris.  Et il faudrait aussi constater que l’avenir du français est en Afrique et enfin s’intéresser un peu de plus près à ce qui se  passe en Afrique avant qu’il ne soit trop tard !

Je finis cette petite blog notice – on nous annonce encore de forts orages dans le Sud de l’Allemagne. Je vais essayer de finir le dernier Bienzle – « Adieu Bienzle » – j’avais débuter les Bienzle – avec « Bienzle und die schöne Lau » – c’est un ami de Schramberg avec lequel je passai mes années étudiantes à Mannheim qui m’avait offert « Bienzle und die schöne Lau », – et c’est avec ce livre que je découvris la série des Blienzle, – mais aussi l’œuvre et la poésie de Eduard Mörike – car Bienzle und die schöne Lau – c’est une réminiscence du Stuttgarter Hutzelmännchen – l’ Histoire de Lau la Belle (Die schöne Lau)  de Mörike.

Livres  cités :

Huby, Felix (1985): Bienzle und die schöne Lau.

Huby, Felix(2011): Adieu Bienzle. Fischer Taschenbuchverlag Frankfurt am Main. ISBN 978-3-596-19142-0

Steinbeck, John (2000) : The Grapes of Wrath. Penguin Books.  Copyright John Steinbeck 1939, first published in the United States of America by the Viking Press 1939. ISBN 0-140-29292-6

Christophe Neff, 1.07.2012