Vue depuis Grünstadt – Cathleen, le Kommissär Hunkeler et la voix de Hölderlin

Beaucoup d’orages et de pluies cet été.  Pendant que je lisais le nouveau roman policier de Hansjörg Schneider «Hunkeler und die Augen des Ödipus» Cathleen ravageait une partie de l’Allemagne, – surtout la région de Münster.  Même ici, dans le Leiningerland, il y a eu des dégâts considérables, – une route entière fut emportée par un glissement de terrain à Neuleiningen  (Die Rheinpfalz Unterhaardter Rundschau Samstag 28. August 2010) – et  la sortie de l‘ Autoroute (BAB 6 ) à Grünstadt fut submergée par les pluies d‘ orages du 26 au 27.8.2010.

A Grünstadt et dans l’Unterhaardt l’orage débuta  le jeudi  26.8.2010 vers 23.00 pour se terminer  le vendredi  après- midi 27.8.2010 vers 18 :00.  Parfois quelques  lueurs de soleil – et l’orage reprenait. Dans ces rares heures de soleil on a parfois l’impression de se trouver sur les Açores. Mais la pluie et l’orage reviennent beaucoup plus vite qu’aux Azores. On a plus souvent l’impression de se trouver au début d’un automne précoce.  J’ai une amie qui fait le Westweg à travers la forêt noire en ce moment, on y annonce des températures maximales en dessous les 10 dégrés.  Avec les nuages bas, les brouillards des hauteurs sont déchirés par les premières bourrasques des tempêtes venues de l’ouest cela  doit être déjà très automnal. Dans les sombres hauteurs de la Forêt Noire les premiers flocons de neige ne doivent pas être très loin.

Ici dans le Sud de l’Allemagne on a bien l’impression que nous sommes au début d’un automne précoce.

„Mit gelben Birnen hänget

Und voll mit wilden Rosen

Das Land in den See,

Ihr holden Schwäne,

Und trunken von Küssen

Tunkt ihr das Haupt

Ins heilignüchterne Wasser »

Weh mir, wo nehm‘ ich, wenn

Es Winter ist, die Blumen, und wo

Den Sonnenschein,

Und Schatten der Erde?

Die Mauern stehn

Sprachlos und kalt, im Winde

Klirren die Fahnen. .

buchdeckel-hunkeler-und-die-augen-des-odipus.1283098634.JPGC’est «Hälfte des Lebens» un poème d’automne de Hölderlin. Je l’ai  redécouvert en lisant le dernier roman policier de Hansjörg Schneider « Hunkeler und die Augen des Ödipus ». Le dernier roman sorti de la série des «Kömmissär Hunkeler». Un roman plein de citations, un peu de Brecht, mais surtout du Hölderlin.  Un roman qui joue dans le milieu du théâtre à Bâle , sur les quais du port de Bâle, et naturellement, comme si souvent chez Hunkeler ,cela se passe dans le Sundgau avoisinant. Même si dans ce Hunkeler le Sundgau ne joue plus le rôle qu’il jouait dans les autres Hunkeler, on peut aussi  découvrir les paysages du Sundgau avec ce roman-ci.  Oui, les romans de Hunkeler sont une vraie initiation à  la géographie, aux paysages du Sundgau – et parfois même aux  moments les plus sombres de l’histoire franco-allemande.  Dans «Hunkeler und der Fall Livius » Schneider fait ressurgir le souvenir  du massacre de Ballersdorf, un épisode tragique de la deuxième guerre mondiale, presque oublié, sauf peut être dans le Sundgau et à Ballersdorf. Je me demande pourquoi les « Kommissär Hunkeler » n’ont été pas encore traduits en français. La description de la nature, des paysages, des villages et même des brasseries, auberges et restaurants du Sundgau mériteraient déjà une traduction en français.  Donc dans ce dernier « Hunkeler » un peu moins de paysages du Sundgau, mais beaucoup d’atmosphère de quais, de port et de théâtre. Hunkeler est parti en retraite et nous apprenons qu’il rêve d‘ une retraire paisible, d‘ un bateau péniche pour faire les fleuves et canaux français. Peut être nous pourrions rencontrer  Hunkeler comme « détective privé » – il y aura certainement un public de lecteurs attentifs.

Même si les critiques ne sont pas unanimes en Allemagne (p.ex. ici dans le Kulturspiegel), j’ai lu le roman avec beaucoup de plaisir. Et quoi de  plus beau que d‘ entendre la voix du messager (du König Ödipus) faire résonner sur la Unterhaardt et la plaine du Rhin par temps de gros orage les mots de Sophocle traduits par Hölderlin, Hölderlin Passeur (pour utiliser l‘ expression de P. Assouline pour les traducteurs littéraires)  de Sophocle pour les pays de langue allemande :

Die goldnen Nadeln riß er vom Gewand,

Mit denen sie geschmückt war, tat es auf

Und stach ins Helle seiner Augen sich und sprach,

So ungefähr, es sei, damit er sie nicht säh

Und was er leid und was er schlimm getan,

Damit in Finsternis er anderer in Zukunft,

Die er nicht sehen dürft, ansichtig werden mög

Und denen er bekannt sei, unbekannt.

Und so frohlockend stieß er öfters, einmal nicht,

Die Wimpern haltend, und die blutigen

Augäpfel färbten ihm den Bart, und Tropfen nicht,

Als wie von Mord vergossen, rieselten, sondern schwarz

Vergossen ward das Blut, ein Hagelregen.

Aus einem Paare kam’s, kein einzeln Übel,

Ein Übel zusammen erzeugt von Mann und Weib.

Ihr alter Reichtum, wahrhaft war’s vor diesem

Ein Reichtum. Aber jetzt, an diesem Tage,

Geseufz und Irr und Tod und Schmach, so viel

Von allen Übeln Namen sind, es fehlet keins.

Livres et sources cités:

Schneider, Hansjörg (2009):Hunkeler und der Fall Livius. Bastei Lübbe, ISBN 978-3-404-15983-3 (Taschenbuchversion)

Schneider, Hansjörg (2010): Hunkeler und die Augen des Ödipus. Diogenes Verlag Zürich. ISBN 978-3-257-0661-3

Die Rheinpfalz – Unterhaardter Rundschau Samstag 28. August 2010 : Unwetter: Erdrutsch in Neuleinigen.

La citation du König Ödipus dans la version traduite par Friedrich Hölderlin provient du site „Projekt Gutenberg.De„. Même chose pour le poème «Hälfte des Lebens».

Christophe Neff, Grünstadt le 29.8.2010

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