Le journaliste Hasnain Kazim de l’hebdomadaire allemand der Spiegel en Turquie a été contraint de partir car son accréditation de presse n’a pas été prolongée par les autorités turques. Un signe de plus qui témoigne de la dérive autoritaire de l’actuel gouvernement turc. Même en France ce triste évènement a été repris par les médias comme par exemple par le Monde.fr « Le correspondant du magazine allemand « Spiegel » contraint de quitter la Turquie ». Si les autorités turques commencent à se débarrasser des correspondants étrangers un peu trop critiques envers le gouvernement turc on peut que craindre le pire pour la liberté de la presse, la liberté tout court en Turquie. Ce qui semble être sûr, c’est que les medias critiques en Turquie en ce moment n’ont pas la vie facile.
Ce départ forcé de Kazim Hasnain nous le raconte sous le titre « Ein schmerzlicher Abschied/un douloureux adieu » dans le dernier Spiegel. J’ai beaucoup aimé les reportages de Kaszim Hasnain sur la Turquie, ses prises de positions courageuses, comme par exemple pendant le siège de Kobané – ou dernièrement fin janvier 2016 et, cela ne concernait pas la Turquie, sa prise de position courageuse contre la montée du racisme en Allemagne – « Rassismus in Deutschland: Wir wehren uns. Schon immer. /Racisme en Allemagne : nous nous défendons –depuis toujours »
J’avais déjà parlé de Hasnain Kazim dans paysages, en avril 2010, car son livre « Grünkohl und Curry. Die Geschichte einer Einwanderung » – fut déjà sujet de bac allemand en France. Dans son livre, histoire d’une intégration réussie – mais aussi d’une enfance entre Inde, Pakistan et Allemagne du Nord (Norddeutschland), – nous trouvons dans les dernières pages un chaleureux témoignage de l’auteur envers son ancienne enseignante de français « Manon Maliszewski » passage que je me permets de citer et de traduire ici « Es war eine merkwürdige, von Angst bestimmte Zeit. In der Schule vertraute ich mich einer Lehrerin an, Manon Maliszewski, selbst Ausländerin, Französin. Ich erzählte ihr von den Anrufen und von meiner Sorge, meine Eltern könnten sich für einen Wegzug aus Deutschland entscheiden. In ihr fand ich eine Verbündete/ Ce fut une période étrange dominée par la peur. A l’école je me confiais à une enseignante Manon Maliszewski, un française, étrangère comme moi-même. Je lui parlais des appels téléphoniques et de mes craintes que mes parents puissent décider de quitter l’Allemagne. Dans la personne de Manon Maliszweski j’ai ainsi trouvé une alliée contre mes peurs (libre traduction de l’allemand C.Neff 20.03.2016) (Kazim, H, 2009, 250, 251). Ce livre, dont je tire cette petite citation mériterait certainement une traduction française. Et pour finir, l’article « Ein schmerzlicher Abschied » mériterait une large distribution, – et comme le Spon a aussi publié une version anglaise sous le titre « A Painful Farewell » on peut au-moins espérer que cette fine analyse très personnelle de l’évolution politique en Turquie de 2013 à 2016 trouve aussi une résonance internationale plus large.
Sources :
Kazim, Hasnain (2009) : Grünkohl und Curry. Die Geschichte einer Einwanderung. München, DTV, ISBN 978-3-423-24739-9
Kazim, Hasnain (2016): Ein schmerzlicher Abschied. Der Spiegel-Korrespondent Hasnain Kazim über seine Erfahrungen mit der Pressefreiheit unter Präsident Erdogan- und seine unfreiwillige Ausreise aus dem Land. In: Der Spiegel, 12/2016, pp. 106 – 107. Version www de l’article dans le SPON: „Hasnain Kazim über die Türkei: Ein schmerzlicher Abschied“, version anglaise „A Painful Farewell“.
Christophe Neff, écrit le 20.03.2016 publié le 21.03.2016