Blognotice 11.10.2011 – petites remarques sur les prix littéraires

Pour les chutes de neiges, dans les Vosges et en Forêt Noire je  ne me suis pas trompé, – il a même neigé sur la Schwäbische Alb. Par contre pour les lauréats du Nobel de Littérature 2011 mes quatre favoris Assia Djebar, Adonis, Ibrahim al-Koni et Ngũgĩ wa Thiong’o n’étaient pas du cru – c’est Tomas Tranströmer qui fut l’heureux gagnant du Prix Nobel de littérature 2011. Pour une grande partie de la critique littéraire, Tranströmer semble plutôt être un illustre inconnu, mais personnellement j’avais déjà entendu parler de ce poète suédois.  Juste une semaine avant l’annonce des prix Nobel  j’avais  reçu en cadeau un ouvrage de poésie, – Tradarbeten – Flechtwerk –  de HC Ericson, traduite par une des mes anciennes étudiantes Julia Baum. En fait, il s’agit d’une œuvre de poésie bilingue éditée en suédois et en allemand. Donc je me suis mis une fois de plus dans la Littérature suédoise –  où le nom de Tranströmer est un nom incontournable en ce qui concerne la poésie. En  plus dans le fond de ma mémoire  les souvenirs de Selma Lagerlöf, première femme à recevoir un prix de Nobel de littérature, en 1908, restent bien présents.

Quant aux critiques pour le Nobel de Littérature 2011, pour beaucoup des critiques professionnels le choix du comité de Nobel reste incompréhensible – je renvois ici à « What’s Wrong With the Nobel Prize in Literature » de Tim Parks – en Allemagne on a un peu l’impression que Tomas Tranströmer est un illustre inconnu ! Je fus, il faut le dire, très déçu de la critique « Tomas Tranströmer, poète nobélisé » de Pierre Assouline. Par contre, un très bel article de    Nils C. Ahl dans le Monde – « Tomas Tranströmer, un poète sobre et moderne remporte le Nobel ». A lire aussi la très belle comparaison Staring Through the Stitches  de Tomas Tranströmer et Wislawa Szymborska écrite par Helen Vendler en octobre 1998. Naturellement comme l’écrit Vendler «  Relying on translation, one has to trust the translator – on dépend toujours de la traduction », en poésie encore bien plus ! Dans ce sens, la traduction allemande de l’œuvre « Tradarbeten » de HC Ericson  par Julia Baum  me semble être une réussite – rythme et grande clarté du langage – Rhythmus und große Klarheit der Sprache. Un jour après le Nobel de littérature on nous annonçait les lauréats du prix du Nobel de la paix, là par contre pas de grande surprise avec Ellen Johnson-Sirleaf, Leymah Gbowee et Tawakkul Karman.  Le lauréat du Nobel de la paix 2010, l’écrivain et poète chinois Liu Xiaobo croupit encore en prison, de plus en plus oublié par l’opinion publique mondiale.  En Allemagne il y quelques semaines, un peu méconnu du grand public, un livre fut édité par Tienchi Martin-Liao et Liu Xia, « Liu Xiaobo – Ich habe keine Feinde, ich kenne keinen Hass. Ausgewählten Schriften und Gedichte. »  Je ne crois pas que ce livre trouvera un grand public.  Autre livre qui ne trouva jamais un grand public, mais qui certainement mériterait une lecture approfondie, est « la Montagne de l’âme» de Gao Xingjian (Prix nobel de littérature 2000). Je viens de le retrouver dans mon étagère à livres.  Dans cette version du livre, avec un paysage de Gao Xingjian en encre de chine en couverture, une préface  de Noel Dutrait  nous trouvons en fin de cette préface une petite notice : « Le texte français de la Montagne de l’Âme a été relu par l’auteur  et un fécond travail  sur la langue a pu s’engager avec les traducteurs.  Déjà publié en suédois, le roman doit prochainement paraitre en anglais et en Allemand ».

Nous sommes, pour les langues que nous ne maitrisons pas  ou pas assez, dépendants  de la traduction littéraire.  Dans le cas de  « la Montagne de l’âme » nous avons la chance que l’auteur ait relu la traduction française avant la publication de l’œuvre.  Malheureusement nous n’avons pas toujours droit à de telles circonstances. Comme l’écrit Helen Vendler – nous devons faire confiance au traducteur.  Pour les traductions allemandes de Tanströmer surtout à Hanns Grössel, pour les traductions françaises je crois surtout à Jacques Outin. Je ne crois pas que l’œuvre de Tranströmer deviendra un bestseller, mais je ne pense pas, qu’un Nobel, un Goncourt, ou un deutscher Buchpreis ait  la fonction de produire des « bestsellers »,  même si les maisons d’éditions aimeraient bien qu’un prix littéraire transforme l’œuvre d’un écrivain en bestseller.  « Tauben fliegen auf » le roman de Melinda Nadj Abonji  qui fut récompensé  par le deutsche Buchpreis 2010, ne fut pas un Bestseller – est cela a provoqué beaucoup d’agitation dans le milieu d’édition allemand.  Peut être le lauréat 2011 du Deutsche Buchpreis, le roman « In Zeiten des abnehmenden Lichts»» de Eugen Ruge trouvera plus de lecteurs  que «Tauben fliegen auf ».

Un prix littéraire, que se soit le Nobel, le deutsche Buchpreis, le Goncourt, le Joseph-Breitbach Preis ou un simple prix de poésie régional  doit surtout inciter le lecteur curieux à découvrir un nouveau paysage littéraire.  C’est en ce sens que vais surement lire une des œuvres de Tranströmer, pour découvrir un nouveau paysages poétique. Peut être aussi « Tauben fliegen auf » de Melinda Nadj Abonji , si le livre sort en version poche , car je manque cruellement de place pour ranger mes livres. Comme je l’avais fait il a y quelques années avec V.S. Naipaul, lauréat du Nobel de littérature 2001, – en lisant « a House for Mr. Biswas » dans la traduction allemande de Karin Graf « Ein Haus für Mr. Biswas » – roman dans lequel  je  découvris un paysage littéraire  totalement inconnu.

Sources citées :

Ericson, HC (2011): Tradarbeten – Flechtwerk (Übersetzung ins Deutsche Julia Baum). Stockholm, Carlson Bokförlag, ISBN 978-91-7331-4527

Martin-Liao, Tienchi ; Xia, Liu (Eds) (2011): Liu Xiaobo. Ich habe keine Feinde, ich kenne keinen Hass. Ausgewählte Schriften und Gedichte. Aus dem Chinesischen von Karin Betz und Hans Peter Hoffmann. Mit einem Vorwort von Václav Havel.  S. Fischer Verlag Frankfurt, ISBN 978-3-10-092591-6

Naipaul, V.S. (2001) : Ein Haus für Mr. Biswas. Deutsch von Karin Graf.  Ungekürzte Ausgabe.  2 Auflage Dezember 2001.  Titel der englischen Original Ausgabe « A House for Mr. Biswas ©V.S. Naipaul), München,  Deutscher Taschenbuchverlag, ISBN 3-423-12020-7

Xingjian, Gao (2000): Le Montagne de l‘âme. Traduit du chinois par Noel et Liliane Dutrait.  Titre original « Lingshan ». Paris, Éditions de l’Aube (© Gao Xingjian , © éditions de l’Aube 1995 & 2000 pour la traduction française.), ISBN 2-87678-526-9

Christophe Neff, le 11.10.2011

Ein Kommentar zu „Blognotice 11.10.2011 – petites remarques sur les prix littéraires

  1. Bonjour Christophe Neff,
    la Note de Pierre Assouline était bien brêve, Tomas Transtörmer est „beinahe“ inconnu en France. J’ai bien aimé les deux poèmes lus par Ulrich Tukur sur ARD, ces deux textes fonctionnent fort bien en allemand, mais sont-ils fidèles aux originaux suédois ? Je ne le saurais jamais.
    Inhalt und musik? Le narratif et le rythme ? Est-il possible de traduire un style ?
    Pratiquement aucuns commentateurs de la RdL a rebondit sur la difficulté de traduire de la poésie ou un style, c’est à dire personne ne semble être sensibilisé par la presque impossible possibilité de traduire de la poésie qui est d’abord de la musique rythmée. Chaque langue a son rythme.
    J’ai lu „Brothers“ de Yu Hua en français, puis certains passages en anglais et en allemand; je fus surpris de retrouver dans les trois langues, le même rythme. Traduire du mandarin vers une de nos langues doit être diffcile, il est possible qu’une langue ou une autre, soit plus appropriée pour faire faire „le passage“.
    J’ai l’impression, parfaitement subjective, il faudrait juger sur pièces, que l’allemand soit un meilleur support/tool pour une traduction du suédois.
    Toma Transtörmer est introuvable en librairie dans Zürich.
    J’ai acheté ce livre, malheureusement non bilingue, de poèmes Islandais:
    Isländische Lyrik, Insel Verlag ISBN 9 783458357544

    Quand Samuel Beckett traduisait lui-même un texte, il changeait largement les phrases.
    En fait dans une langue ou une autre, on exprime des choses qui ne sont pas vraiment identiques et cela fait la richesse des langues ou des dialectes.

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