« Saint-Genis-Pouilly à bientôt » est une pancarte publicitaire que j’ai découverte pendant les fêtes de noël que j’ai passées dans le pays de Gex.
Le panneau annonce donc la réactivation de ligne de chemins de fer Collonges – Divonne, – c’est au moins mon interprétation personnelle.
C’est un projet dont on parle depuis longtemps, – mais qui, d‘ après mes informations, n’a jamais pris une forme réelle. En plus, depuis quelques mois on parle aussi d’intégration dans le système RER genevois en construisant une nouvelle ligne St. Genis Pouilly – Genève- Mont Fleury . Je ne sais pas si le panneau peut être interprété comme un réel signal, que ces projets aboutissent vraiment et qu’on pourrait dans les mois et les années à venir voir un résultat positif ; on peut au moins espérer. Pour le bilan environnemental cela serait sûrement une bonne chose.
Pourquoi parler de ce projet de renaissance ferroviaire dans le Pays de Gex en relation avec le sommet de Copenhague ? Nous avons dans nos pays, aussi bien en Allemagne qu’en France attribué l‘ échec de Copenhague a la Chine, les pays en voie de développement etc. (voir aussi mon billet Copenhague 2009 et après) , et nous pensons que nous sommes les champions de l‘ économie climatique (dans ce contexte, je signale le billet la «chancelière verte » de Berlin en parle), mais les réalités du terrain ont souvent un aspect beaucoup moins glorieux. Il se trouve que pour arriver en pays de Gex, j’avais pris le train depuis Mannheim pour la gare de Genève aéroport. Notons que si les projets (nouvelle ligne Genève – St. Genis) étaient réalité j’aurais aussi pu me rendre directement à St. Genis, ou même à la gare de Crozet, l’actuelle gare de terminus des trains de marchandise (déchets ménagers, graviers) de la partie de la ligne Collonges – Divonne encore en service.
Quand on circule en train, la différence d’image entre l’Allemagne et la Suisse (et on pourrait facilement constater la même chose entre la France et la Suisse) est vraiment crispante. En Allemagne, sauf quelques exceptions où des sous-traitants ont repris le wagon isolé (comme par exemple la HZL ), le wagon isolé a disparu (en France il est en train de disparaitre), – une grande partie d‘ embranchements particuliers ne sont plus exploités. Tous ces trafics on été repris par la route en Allemagne et France. En Suisse une grande partie de ces trafics est encore un domaine des chemins de Fer. Cela se voit déjà aux installations de gare dans les gares suisses, – installations de voie complexes, – voie d‘ évitement encore en service, voie de garage et de chargements entretenue, embranchements particuliers en exploitation ,tout cela fait encore partie du monde ferroviaire suisse , et est en voie de disparition en Allemagne en France. En Allemagne on a tellement enleve d‘ infrastructures ferroviaires, que ces sites sont devenus des portes d‘ entrées pour les plantes néophytes ;dans le Sud de l‘ Allemagne ce sont surtout Solidago canadensis et Buddleja davidii qui ont profité de l‘ abandon massif des installations ferroviaires. L‘ image qui se présente au voyageur traversant le Jura Suisse du Nord au Sud en train est qu’en pays helvétique les installations ferroviaires sont bien soignées :elles servent encore à faire circuler des trains !
Le Jour de l’élection au Bundestag le 27.9.2009 j’avais pris le train depuis Mannheim à Sulz – et entr‘ autre emprunté la Gäubahn entre Stuttgart et Sulz am Neckar . La Gäubahn – à travers le Gäu – le Korngäu qui fut jadis le grenier du Württemberg (Korngäu = pays du ble) :dans presque dans chaque gare se trouvait un embranchement particulier desservant les silos des WLZ (aujourd’hui‘ hui Baywa) , – les Silos sont bien encore là ,mais les embranchements particuliers ont tous disparu – il n‘ y plus de trafic marchandises local ni régional sur la Gäubahn au Sud de Böblingen (au moins entre Böblingen et Sulz) ,il reste le train de fret international de la DB transitant vers la Suisse ou l‘ Italie – et quelques trains de travaux et infrastructures. Tous ces trafics ont été transférés sur la route.
Même constat pour beaucoup de lignes de la Sncf, – la ligne Nîmes – Sommières – Le Vigan (un très beau site décrivant cette ligne de chemin de Fer se trouve ici) connaissant encore un trafic considérable durant les années 1970 à 1980 a été dabandonnée (cette ligne est tellement oubliée qu‘ il existe même pas d‘ article wikipedia) , – les lignes du Massif central, qu‘ il s‘ agisse de la ligne dite des Cévennes (Nîmes – Clermont) ou des Causses (Béziers – Clermont) sont agonisantes et ,sauf miracle, vont bientôt s‘ endormir faute d‘ entretien raisonnable. Quelle différence en Suisse – l’embranchement particulier vit encore, le trafic local marchandise est encore assuré ,même le wagon isolé a survécu! Même le transport des betteraves sucrières vers les centres de raffinage est assuré par voie ferrée en Suisse (et on prévoit même d’intensifier ce mode de transport en Suisse). En Allemagne, la DB depuis presque 20 ans n’assure plus le transport de betteraves sucrières. (Une série d’images historiques sur le transport par voie ferrée des betteraves sucrières en Allemagne se trouve ici.) La Suisse, du moins en ce qui concerne les modes de transport avec un bilan environnemental positif, nous montre l’exemple – un chemin à suivre, aussi bien en Allemagne qu‘ en France. Mais pour cela il faut une volonté politique bien affichée et il ne suffit pas de montrer du doigt les soit- disant coupables de l’échec de Copenhague. En attendant un nouvel accord international pour la réduction des gaz à effet de serre nous pourrions en France, en Allemagne, en Europe nous orienter vers une politique de transports plus écologique : la Suisse nos montre l’exemple.
Notons en fin de billet, qu’en ce qui concerne une politique transport écologique, il n‘ y pas seulement le transport ferroviaire mais aussi le transport fluvial , un mode de transport complètement oublié – avec un bilan d‘ épargne de Co² considérable – une péniche émet trois à six fois moins de CO² qu’un camion (voir aussi – Les Pays-Bas, champions de la batellerie – Le canal Seine-Nord, clé de la renaissance du transport fluvial , deux articles dans le Monde.fr.). Nous avons donc encore beaucoup de potentiel pour de développement de modes de transport écologiques en Allemagne et France : cela réduit le bilan Co², cela réduit la facture et la dépendance énergétique (aussi un argument à ne pas perdre de vue, l‘ Allemagne par exemple devient de plus en plus dépendant des importations énergetique de la Russie ) – et au moins pour la France – met aussi à l‘ abri de la mauvaise humeur des transporteurs routiers.
En attendant, j’essaierai de suivre le développement du projet de renaissance de la ligne Collonges – Divonne , en espérant que ce projet ambitieux de transport régional réussisse réellement !
Photos : Tous C. Neff ; 1.) panneau publicitaire sur la D. 35 Saint-Genis-Pouilly – Fernay – Voltaire (27.12.2009) annoncent l’arrive du future train voyageur à St. Genis ; 2.) Train d’infrastructure sur la Gäubahn à Horb am Neckar avec la diesel Adam 11 (une ex 202 DR/DB) de la compagnie Uwe Adam (27.9.2009).
Christophe Neff, Grünstadt le 3.1.2010
P.S.: Pour les ferriophiles et autres intéresse, – le 24.12.2009 j‘ ai pris un ICE 3 de la DB assurant la liaison Mannheim – Basel SBB – et un RABDe 500 des CFF assurant la liaison ICN Basel SS- Genève aéroport via Delémont, Moutiers, Neuchâtel.