Retour en arrière sur les événements de Niamey du 18.2.2010

En écrivant „Coup d‘Etat in Niamey (Niger) (18.2.2010) „ – je me suis un peu trompé  .Les événements de Niamey du 18.2.2010 ont quand même eu un couvert médiatique en Allemagne. Même la Rheinpfalz a publié dans son numéro du samedi 20.2.2010 en  page deux un assez grand commentaire de Johannes Dieterich « das Dilemma » sur les événements de Niamey.  Une très bonne analyse de Hans Jürgen Schlemp «Terroristen in Nordafrika – Al-Qaidas Wüstenkiller eröffnen neue Front gegen Europa »  dans le SPON, – même si cette analyse est plutôt en relation avec la libération de Pierre Camatte. Mais je pense que même si l’analyse de Schlemp n’est pas en relation directe avec les événements de Niamey 18.2.2010  ses conclusions  sont valables aussi bien pour le Niger,  que pour le Mali et la Maurétanie.  Les résultats de Schlem ne sont pas très nouveau x(voir aussi ce que  j‘ écrivais dans « F comme Freidoune – et ouvrons-leur nos portes quand ils en auront besoin.? » sur l‘ influence du whabisme dans les Sahel & Soudan durant les années 1990) – mais en Allemagne l’Afrique francophone sauf quelques exceptions (comme l’auteur du blog-paysages)  n’intéresse guère personne. A tel point que  le soi- disant expert de l’Afrique du Nord Wolfram Lacher pouvait décréter il y quelques mois dans   « Solarenergie aus der Wüste: „Die Sahara-Sonne ist terrorresistent »  que dans le Sahara les risques  de voir des attaques terroristes mettre en danger le projet Desertec seraient quasi nuls.  Apparemment Lacher est plutôt un expert en question de fin de règne vu ce qu’il écrit  « The Rising Sons of North Africa »  (version française  = Les frères naissants de l’Afrique du nord) qu’expert en géopolitique de l’Afrique francophone.  Il aurait dû simplement lire la magnifique « Länderkunde » de Thomas Krings sur les pays du Sahel. Un ouvrage dans la grande tradition de la géographie régionale allemande – la Länderkunde -une géographie régionale couvrant la Mauritanie, le Sénégal, la Gambie, le Mali, le Burkina Faso er le Niger qui mériterait certainement une traduction en français.  Lacher n‘ a apparemment pas lu le livre de Krings où on trouve  de telles phrases  concernant le Mali :  „Im Mai 2006 zeichnet sich mit der vorübergehenden Besetzung des wichtigsten Regionalzentrums Kidal im Nordosten des Landes durch Angehörige desertierter Tuareg – Soldaten die Gefahr eines Wiederaufflackerns des Tuareg – Konfliktes ab. Erneut stand die Forderung einer autonomen Tuareg – Region, die das riesige Gebiet  der drei Verwaltungsregionen Timbuktu, Kidal und Gao umfassen soll, im Raum. Es besteht die Vermutung, dass die Tuareg von Angehörigen der algerischen „Salafistischen Gruppe für Predigt und Widerstand, die von den USA zu den fundamentalistischen Gruppen gezählt werden, in ihren Bestrebungen unterstützt wird (Krings 2006: 190)“ – et concernant le Niger „Nach Übergriffen der Armee auf Tuareg-Angehörige scheint sich die frühere Rebellenorganisation „Front de Libération de l‘ Air et de l‘ Azaouak“ zu reorganisieren, die eine fehlende Umsetzung der Friedensverträge von 1995 beklagt. Wie in Mauretanien verfolgt die Regierung auf Druck der USA seit 2004 auch im Niger islamistische Gruppen. Dadurch besteht die Gefahr einer Koalition zwischen früheren Tuareg-Rebellen und Islamisten.  Die Heuschreckenplage im Jahre 2004 und die darauffolgende Hungerkrise im Jahre 2005, auf die die Regierung nur schlecht vorbereit war, belegen das Ausmaß der Krisenanfälligkeit des Landes( Krings 2006: 191)“.

Le livre de Thomas Krings date de 2006, mais son analyse reste  pertinente !  Pierre Camatte a été vendu par des Touaregs aux réseaux d’Al Qaida Maghreb le 27.11.2009. Triste constat de voir à quel point Al Qaida Maghreb réussit à exploiter le problème « Touareg » – qui apparemment est toujours resté sans une  vraie solution durable. Concernant le livre « Sahelländer » de Thomas Krings – je crois  qu’une édition révisée  (le livre date de 2006) et adaptée au monde francophone pourrait  très bien trouver de nombreux lecteurs en France et dans le monde francophone.

Finissons ce billet par  le voeu que les foules qui ont acclamé le changement de régime à Niamey ne seront pas trop déçues  dans les semaines et mois suivants.

Sources :

Dieterich, Johannes (20.2.2010): Kommentar: Das Dilemma – In Niger hat das Militär gegen einen ungeliebten Machthaber geputscht. Nichtsdestotrotz bleibt der Coup illegitim. In: Die Rheinpfalz, Nr. 43, Politik, Samstag 20 Februar 2010.

Krings, Thomas (2006) : Sahelländer, – Geographie, Geschichte, Wirtschaft, Politik, WBG-Länderkunden. Darmstadt (Wissenschaftliche Buchgesellschaft), ISBN 987- 3-534-11860-1

Christophe Neff, Grünstadt le 28.2.2010

Coup d‘Etat in Niamey (Niger) (18.2.2010)

There has been a coup d’état in Niamey, the new strong man in Niger seems to be the army major Adamou Harouna. President Mamadou Tandja is hold in captivity by the rebels.

Is this the end of the Nigerien constitutional crisis convulsing Niger since August 2010? Difficult to judge now, – perhaps the situation will improve, perhaps the situation will worse. Nobody knows.

This is the fourth coup d‘ Etat since 40 years in Niger. Niger is one the world’s least-developed nations, perhaps one of the poorest African states. But Niger is still a state. A state with some financially rewarding resources like Uranium.  But also a state where natural resource depletation,  growing demographic pressures, ecosystem degradation will enormously stress every form of government.

Finishing the short posting with the question – how long will the news of the Coup d’état in Niamey take to reach the world (outside the francophone world) ( BBC news has posted this report „Niger leader Mamadou Tandja ‚held by soldiers‘ „ ), when will the news arrive in Germany? Is anybody in Germany concerned by political struggle in Niger?  Perhaps some motor-bike tourists searching the famous „Arbre du Ténéré„? Perhaps?

P.S. I (19.2.2010 8:40): The eastern Sahel , Niger included, is facing a new hunger crisis  – and perhaps this should also be taken into consideration in our analysis of the current political process in Niger.

P.S. II (19.2.2010 11:40): The new strong men seems to be chef d‘ escadron (major) Salou Djibo. He heads the Supreme Council for the Restoration of Democracy (French: Conseil suprême pour la Restauration de la Démocratie , or CSRD).

P.S. III (19.2.2010 11:50): At 11:40 19.2.2010 the SPON published an article called „Putsch – Militär übernimmt die Macht in Niger“ – describing the coup and analyzing the actual political situation in Niger.

Quelques réflexions sur l’invité d’honneur de la Buchmesse 2009 à Frankfurt

La Chine est l‘ invité d‘ honneur à la „Buchmesse de Frankfurt  » – Kunstoff Thierry sur la Toile – l’a précisé récemment « Frankfurter Buchmesse : China als Gast » pour la blogosphère francophone.  Et il a  naturellement raison en écrivant « J’espère qu’il ne viendra à personne l’idée de boycotter la littérature de Mainland China. ». Tout à fait d‘ accord. La Buchmesse 2009 a eu au moins le mérite  de mettre la lumière sur la situation peu enviable des droits de l‘ homme en Chine, surtout des écrivains non conformes au régime à  Pékin, comme par exemple l‘ article de Iris Radisch  sur « Yan Lianke », dans le dernier supplément littérature de la Zeit (déjà cité dans ce blog ) – Yan Lianke qui est personna non grata sur la Frankfurter Buchmesse surtout à cause de son roman « Rêve du village des Ding ». Persona non grata à cause de l’intervention du régime de Pékin auprès de la Buchmesse. Notons aussi l’initiative du Spiegelonline de consacrer une page spéciale aux écrivains chinois persécutés par Pékin sous le titre « Verfolgte chinesische Schriftsteller: Zehn Jahre Haft für eine Fabel » (écrivains chinois persécutés – dix ans pour une fable)».  Non, ne boycottons pas la littérature chinoise, au contraire, lisons les œuvres des écrivains chinois opprimés, car c‘ est peut- être la seule chose qui puisse les aider.

Mais en ce qui concerne la Chine, – le lecteur francophone devrait savoir aussi que l‘ Allemagne paie à la Chine de l‘ Entwicklungshilfe  (aide au développement), depuis 2004 plus de 500 Milliions d‘ Euro.  Notons que j’en suis sûr, une majorité d’allemands  l’ignorent.

500 Millions de trop ! – et là je suis d‘ accord aussi bien avec la FDP qu’avec le Spiegel « Entwicklungshilfe für China kappen »  – l‘ Allemagne doit impérativement cesser de payer de l‘ aide au développement à la Chine. 500 Millions d‘ Euros pour un gouvernement qui  ne voit  aucun inconvénient à négocier avec la junte guinéenne (Le Monde Mardi 13 octobre 2009 : La Chine négocie avec la junte guinéenne ,voir Pékin tend la main à la junte de Courrier international) – la on se demande vraiment « qui pleure les morts de Conakry »  .

Dans ce contexte, j’aimerais aussi noter que le livre « la Chinafrique » (Michel & Beuret 2009) vient de sortir en livre de poche, – une édition  livre de poche actualisée et augmentée – (2 chapitres de plus). Certainement une lecture intéressante pour tout  lecteur n’ayant  pas encore « enterré  l’Afrique  »,  un livre qui mériterait une traduction en allemand. Vu que la Chine est l’invité d’honneur à la Buchmesse, – la foire du livre la plus importante du monde (d‘ après les organisateurs) ,on aurait bien pu lancer une traduction  allemande de la « Chinafrique » pour la Buchmesse.  Il existe déjà une traduction du livre en anglais : «  China Safari: On the Trail of Beijing’s Expansion in Africa. » . Mais à ma connaissance,  il n’y a toujours pas de traduction allemande.  Une occasion manquée pour la « Buchmesse 2009  ».

Sources :

Michel, Serge; Beuret, Michel, Woods, Paolo (2009): La Chinafrique. Pékin à la conquête du continent noir. Nouvelle édition augmentée. Editons Grasset & Fasquelle. ISBN 978-2-01-279479-5

Michel, Serge; Beuret, Michel, Woods, Paolo (2009): China Safari: On the Trail of Beijing’s Expansion in Africa. Nation Books. ISBN 978-1568584263.

Radisch, Iris (2009): Chinesen weinen viel – Yan Lianke. In Zeit-Literatur, – Wozu verführt uns China, p. 35.

Christophe Neff, Port Leucate le 16.10.2009

Les massacres de Conakry du 28.9.2009 introuvables sur Wikipedia.fr

Pourquoi – est ce qu’on ne trouve pas d‘ article sur les massacres de Conakry du 28.9.2009  sur Wikipedia.fr ? Pourquoi  ? Alors que Wikipedia.en nous en présente un sous le titre de 2009 Guinea protest (et même en pt et es il y a des articles) créé par l’utilisateur SpaceFligth89 le 28.9.2009 à 21.29. !

La réponse  se trouve peut- être dans un des mes derniers billets « Qui pleure les morts de Conakry » où j’écrivais « A part cela, l’opinion mondiale a depuis longtemps enterré la Guinée, comme une grande  partie de l’Afrique noire ». Opinion et medias français auraient-ils aussi comme le reste du monde enterré la Guinée ?

Christophe Neff, Grünstadt le 5.10.2009

Qui pleure les morts de Conakry ?

Qui pleure les morts de Conakry   , qui pense à cette Guinée maudite ?

Apparemment pas grand monde, si je compare cela à la mobilisation mondiale lors des événements de la vague verte en Iran récemment. Naturellement l’édito du Monde Guinée maudite ? -ou l’analyse écœurée de Tierno Monénembo « La Guinée, cinquante ans d’indépendance et d’enfer » dans le Monde. Mais à part cela ? A part cela , l’opinion mondiale a depuis longtemps enterré la Guinée, comme une grande  partie de l’Afrique noire.

« Pourquoi l’Afrique meurt …

C’est désormais la seule question qui reste, l’unique qui importe, vitale pour les Africains, fondamentale pour les autres, du moins ceux  qui cherchent encore et toujours à comprendre ce continent, « Ubuland » sans frontières, terres   de massacres et de famines, mouroir des  espoirs  (Smith 2003)»

Ainsi commence l’introduction au livre « Nécrologie – pourquoi l’Afrique meurt » de Stephen Smith . Le livre date de 2003,  et depuis, j‘ ai  l’impression que les choses ont plutôt empiré. Quand j’ai des cours à donner sur l’Afrique noire , il m’est de plus en plus difficile de donner des exemples positifs pour le développement en Afrique noire, je cite donc le Sénégal, le Mali, le Botswana, pour le Benin j’hésite et pour le reste, je préfère ne rien dire. Non, depuis la sortie du livre de Smith les choses en Afrique noire  ont plutôt empiré, en plus l’influence chinoise devient de plus en plus pesante. Mais même cela, à part quelques spécialistes, n’intéresse guère grand ‘monde.  Est-ce que le livre «  la Chinafrique »( Michel & Beuret 2008) a vraiment entamé une discussion approfondie sur le sujet ?

« « Ubuland » sans frontières, terres   de massacres et de famines, mouroir de espoirs (Smith 2003)» cette phrase est encore pleine  d’actualité, vu les évènements à Conakry, vu les évènements quelque part dans la région des grand lacs dont personne ne parle. Dans ce contexte j’aimerais signaler la sortie du livre « Afrika wird armregiert » – livre de Volker Seitz , – ex- ambassadeur allemand au Cameroun – un livre qui mériterait d’être traduit en français – car se penchant beaucoup sur l’Afrique francophone – livre qui  ne se situe pas si loin de l’analyse de Smith datant de 2003.

En ce qui concerne les morts de Conakry , – il me reste pas grand-chose à dire – espérons  que le cri d’angoisse de Tierno Monéne soit réellement entendu et trouve son écho !

Malheureusement je ne me faits plus d’illusions.

Ce qui m’intéresserait beaucoup c’est l’avis de Stephen Smith,  qui en ce moment est visiting Professor  à la Duke University (Durham, North Carolina). Depuis qu’il a abandonné le Monde, on n’entend plus grand-chose de sa part. Personnellement, je le considère comme un  des rares spécialistes internationaux de l’Afrique francophone.  Est-ce que depuis « l’Afrique meurt » en 2003 les choses ont plutôt empiré comme je le pense (et je le transmets dans mes cours) – ou est ce que il y a quelque part une lueur d’espoir lointaine à découvrir ?

Sources & livres citées :

Michel, S., Beuret, M. (2008) : La Chinafrique : Pékin à la conquête du continent noir. Paris,  (Grasset), ISBN 978-2-246-73621-9

Seitz, V. : Afrika wird armregiert – oder Wie man Afrika wirklich helfen kann.  Mit einem Vorwort von Rupert Neudeck.  München, (DTV Premium), ISBN 978-3-423-24735-1.

Smith, S. (2003): Négrologie – pourqoui l‘ Afrique meurt.  Paris, (Calmann-lévy), ISBN 2-70721-3334-7

Christophe Neff, Grünstadt le 3.10.2009

P.S. (5.10.2009 21 :05) : Des compléments d‘ info sur les massacres du 28.9.2009 à Conakry se trouvent  ici sur le blog Veilleur de Jour, le blog de Eric Azan.

Villa Jasmin – quelques pensées personnelles en vagabondant sur le téléfilm de Férid Boughedir

Le téléfilm de Férid Bougehedir , « Villa Jasmin » est passé Samedi dernier 30.5.2009 à la télévision- la critique de Véronique Cauhape dans le Monde Télévision reprise ici en bas dit presque tout.

Villa Jasmin un homme revient dans son pays, sur les traces familiales

»Serge et sa femme, enceinte de leur premier bébé, débarquent dans le port de la Goulette, à Tunis. Voilà vingt ans que Serge n’est pas revenu dans ce pays qu’il a dû quitter à l’âge de 11 ans, à la mort de ses parents, tout juste avant l’indépendance que son père espérait tant. Ses bagages à peine posés, le jeune homme part sur les traces de son enfance.

Chaque lieu fait remonter son lot de souvenirs : l’insouciance de l’avant-guerre, la douce présence de sa mère, le courage et l’enthousiasme de son père juif, socialiste et franc-maçon, résistant, déporté en Allemagne, relâché par miracle et libérateur de Paris. Adapté du roman de Serge Moati, Villa Jasmin (Fayard), le téléfilm de Férid Boughedir restitue assez bien le voyage intime d’un fils qui tente de rétablir le lien avec ceux qui l’ont laissé trop tôt orphelin, de recoller les deux morceaux de son histoire : l’avant et l’après de la mort de ses parents. Il perd hélas l’humour et le souffle romanesque qui portaient le livre et le coloraient de toutes sortes d’émotions. Ni rires ni larmes dans ce téléfilm. Seulement les belles couleurs de la Tunisie. » Veronique Cauhape Le Monde Television, 24.5.2009, p. 15 les choix du Samedi.

 

Presque tout, à rajouter quelques détails, idées et pensées personnelles. D’ abord en raison des circonstances expliquées dans le billet précédent je n’ai pas pu voir la totalité du film : pour moi le téléfilm s’arrête donc à la libération. Mais on pourrait espérer une version DVD, pour voir la fin du film, -comme j’attends encore une réédition de la DVD d’un été à la Goulette et Halfaouine l’enfant des terrasses , les deux grands films de Férid Boughedir.

Les belles couleurs de la Tunisie, du Golf de Tunis, de Sidi Bou Said, de la Marsa , de Tunis, – oui, la lumière du ciel au-dessus de Tunis, cette lumière d’été, cette atmosphère a été très bien reconstituée. Pour le reste, disons, que comme toujours dans les cas d’une adaptation littéraire en film ou téléfilm, – c’est toujours l’image transférée que le réalisateur se fait de l’œuvre originale, c’est la vision du réalisateur.

Dans le cas, de « Villa jasmin », tout laisse croire que Férid Boughedir a fait le film en collaboration avec Serge Moati . Ce que j’ai vu du film, m’a beaucoup plus, au point que s’il sortait un DVD du film, je serai sûrement acheteur. Naturellement si par chance, j’avais eu l’occasion de faire un film sur ma vision de Villa Jasmin, j’aurais mis plus d’importance à la communauté juive de Tunis, son histoire, ses vies ; le front populaire ; Serge Moati père (dans le Film Serge Boccara) le socialiste, l’homme de gauche qui vivait sur le rêve d’un monde meilleur, – et d’une autre façon j’aurais un plus détaillé le personnage de Rahn, – mais surtout Georges Guilbaud – le communiste devenue milicien, – dans un certain sens – l’anti- figure de Serge Moati père, – Georges Guilbaud figure complexe, qui devient porteur du mal. Mais je n’écris pas le billet du roman autobiographique de Moati, – ce sera peut être pour un autre article. J’ai fini donc ce billet, en me souvenant comment j’ai acheté le livre de Moati en juillet 2005 à la libraire Mille feuilles à la Marsa Gare, face à la Gare du TGM, comme je remontais via la corniche à l’Hôtel, – Hôtel Sidi Bou Saïd sur la colline de Sidi Dhrif où la GTZ loge habituellement ses experts scientifiques. Je suis souvent retourné depuis à l’hôtel Sidi Bou Saïd à Shidi Dhriff, et chaque fois que possible, quand j’avais une heure de libre entre deux rendez-vous, j’essayai de retourner, de descendre a travers les ruelles de Marsa la Corniche pour aller à la librairie Mille feuilles en face de la Gare du TGM.

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Vue sur la libraire „Mille feuilles à la Marsa Gare“. Photo et Copyright: www.nachoua.com . Photo publiée avec l‘ autorisation de nachoua.com. (email du 31.5.2009)

En Juillet 2005 donc, j’avais acheté la version poche du livre de Serge Moati , avec comme couverture la Peinture de Didier Paquignon , – couverture de livre que j’utilise depuis comme transparent PowerPoint introduisant mes cours magistraux sur la géographie régionale du Maghreb.

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 Copie du transparent PowerPoint introduisant mon cour magistral sur la géographie régionale du Maghreb du semestre d’éte 2008.

 

J’ai lu l’ouvrage dans les trois nuits suivantes à l hôtel, – et pendant la lecture je retrouvais un peu le monde perdu de mon enfance quand mon grand – père me racontait sa gauche. Les mémoires d’une gauche, d’un monde meilleur, mais aussi cette vision d’une France- pays des droits de l’homme, pays du progrès, – ceci fut le monde de Jean Migliori, mon grand père, immigré italien, macaroni, rêveur marxist, résistant, socialiste, mitterrandiste avant que le mot « génération Mitterrand » fut invente. Monde, idées et histoires de mon grand père qui il me racontait, – le Journal Le Monde à l’appui, – et qui ressurgissait pendant ma lecture de l’ouvrage de Moati sur la colline de Sidi Dhrif surplombant Marsa la Corniche et Marsa Plage.

La seule critique que je me permettrai donc de formuler envers la réalisation de Férid Boughedir, c’est qu’à mon goût le personnage de Serge Bocara (alias Serge Maoti) ne ressort pas assez comme homme de gauche, comme socialiste pur et dur. Naturellement ceci reflète aussi l’image que je me faisais de Serge Moati père pendant ma lecture de Villa Jasmin à l’Hôtel Sidi Bou Said, – et cette image q’ on se construit pendant la lecture d’un roman n’est pas seulement le reflet de l’ouvrage lui-même, mais aussi du bagage culturel et socio-historique du lecteur.

Finissons donc avec une fin de note très personnelle, même ci cela n’ a à priori plus grand-chose à faire avec la réalisation du téléfilm « Villa Jasmin » de Férid Boughedir – ce que j’ avais aussi un peu retrouvé, ressenti dans le roman autobiographique de Serge Moati « Villa Jasmin », – c’ était d’ une part cette image d’une France imaginaire, porteur de civilisation positive, des droits de l’ homme, l’ école républicaine et laïque, aussi d’ une France qui accepta le rôle d’ un havre de paix et d’ un potentiel de réussite socio-économique, d’ autre part cette idée de la gauche, le rêve mobilisateur d’ un monde meilleur, d’ une société plus humaine, plus juste. Ces rêves et images que les Migliori, les Casciolas, les Moati, les Filipetti, et tous les autres que je ne connais pas, les juifs d’ Europe de l’ Est qui fuyaient les cauchemars d’ un Volodja parsemant les steppes ukrainiennes de pogromes, les italiens qui fuyaient la misère toute crue de leurs montagnes austères de l’Apennin, les arméniens qui cherchaient un havre de paix sûr, les portugais fuyant la misère de la vie rurale dans le Portugal de Salazar et le service militaire dans les colonies lointaines : ils portaient dans leur cœur ce rêve – cette image d‘ une France prometteuse qui fait encore rêver des oubliés et des perdus des nos jours quelque part en Afrique, les Harragas , – les passagers des pateras qui ,au moment où j’ écris ces phrases, divaguent, sombrent quelque part en Méditerranée, au détroit de Gibraltar ou sur l’ Océan atlantique . Naturellement , je sais bien que cette image d’une France offrant havre de paix et potentiel de réussite socio-économique, pays de la liberté et des droits de l’homme, était souvent une image chaste, loin des réalités vécues, mais ces rêves et images d’une France meilleure existaient et je suis sur qu’ils existent encore. En ce qui concerne la gauche socialiste, vu l’état actuel du P.S., j’ai malheureusement l’impression que le tableau s’est nettement assombri.

Et en écrivant ces dernières phrases, juste une semaine avant les élections européennes je me demande si en France il y a tout simplement encore une gauche, – une gauche qui peut mobiliser les rêves, les idées, les hommes. Vu d’Allemagne on a l’impression que le P.S. a cessé d’exister comme véritable force politique, comme parti rassemblant la gauche, des centristes, des libéraux avec le cœur à gauche (les Sozialliberale en allemand), jusque aux marge du P.C. Espérons que mon impression me trompe !

Une Europe unie, libre, démocratique, juste et sociale – ceci pourrait être une image pour une gauche visionnaire qui est encore capable de mobiliser des hommes et des idées un peu comme les valeurs et les idées qui ont mobilisé Serge Moati père et ses camarades socialistes, mon grand père Jean Migliori et tous les autres pendant les années 30 et 40 d’une autre ère.

Bibliographie et sources :

Cauhape, V. (2009) : Le Monde Television, 24.5.2009, p. 15 les choix du Samedi.

Moati, S. (2003) : Villa Jasmin, Paris (Fayard, le livre de Poche).

Christophe Neff, Grünstadt le 2.6.2009

P.S. : Des très belles photos de la Marsa se trouvent sur ici .

III. Un blog sur les paysages: an English introduction

After having presented a French petit début and a German prolog to my paysage blog, follows here the English version. It is not the translation of the two other versions; as it is written in English, it is perhaps a slightly different approach to the subject. The blog will present some thoughts and ideas about paysages, the French word for landscapes – but I am not sure if both words really mean the same. The blog should present some subjective thoughts about paysages, landscapes and Landschaften – for the more objective scientific approach you can go to my professional homepage . It will be a multilingual blog, most of the contributions will be written in French and German, some perhaps also in English. As I did it in the French and German notes I want to begin with a citation of David Blackbourn : “What we call landscapes are neither natural nor innocent; they are human constructs. How and why they were constructed (many would say “imagine” even “invented”)belongs to the stuff of history (Blackbourn 2007: 16)”, yes I agree with Blackbourn, but with one exception, – the analysis of the human construct of what we call landscapes, landschaft or paysage should also be a stuff of geography, of what we call a modern landscape geography (or should be called) who can read and understand natural environmental processes and systemsand what kind of human constructions produced the landscapes behind these processes, the images and the storylines behind. This also linked to the language we use.

I learned English at school, – in the Gymnasium Schramberg in Schramberg where I passed great part of my childhood and youth, – and my approach to English language is rather different as my French or German. English is together with French my working language, but its more technical than the French i use, actually most of the papers and books I have to read for my profession are in English. In this sense English is for me language of scientific text books and papers, National Geographic, Newsweek and CNN etc.

French, because in the regions (Mediterranean countries, francophone Africa) where I mostly work actually, is still the dominant scientific and technical language. In this context is interesting to observe, (from a german point of view) – that because in Germany education of French language is very declining, more and more scientists, advisers, consultants etc. working in francophone Africa (African French ) for german enterprises, organisations, NGO, consultants-firms etc. are coming from Switzerland, even from the alemanique German Switzerland, where they have a good French teaching, from Canada (not only from Quebec), from the United States, from Britain, Italy, Portugal, Spain etc – those nations have an increasing presence on the „terrain“ – and Germany is actually losing influence, not only at the scientific-technical level, no one on a more broader range reaching from socio-economics to cultural liaisons. As I have heard recently the German GTZ has sometimes problems to get experts for their jobs in francophone Africa. Most of the paper concerning this regions are still published in French, and I think still the best way, to reach a forester, agricultural engineer in Marocco, Tunisia, Algeria, and France is to publish in Forêt Mediterranéenne , Sécheresse, – and not in a any Anglo-American ISI quoted journals– nobody will read it. But perhaps in Germany it’s the same, – is a forest engineer on the terrain (in the Black Forest, the Pfälzer Wald etc.) reading Forest Ecology and Management, – no – at best he will perhaps read the AFZ – die Allgemeine Forst Zeitschrift.

Actually I have only read three novels in English, – Hemingway’s “for whom the bell tolls”, Malcolm’s Lowry “under the volcano” and Graham Greens “the Quiet American”, – not more – and because I think – our readings are also important to the ways we construct our landscapes – the approach to landscapes in English seems to be rather different to my approach in German or French. My English, even if it’s not a pristine or innocent English, – I would call it a juvenile English – has not the same cultural baggage of hundred of novels, which my French or my German has. Surely I have read some translation of English and American books, for example the german translation of complete work of Hemingway. But I think its not the same, because the original picture the author creates has been transformed by the translator. The picture Hemingsways creates, the images of landscapes he is painting, – is a different – the American English image of landscapes, man and women sounds different, is different from the German translation, the translator is also an interpretor, a third person between original work and reader. In this context, I would suggest to read the blog contribution of Pierre Assouline concering the new translation of Berlin Alexanderplatz from Alfred Döbelin into French “ Retour en majesté d’Alfred Döblin ” done by Olivier Le Lay.

So whenever possible books should be read in their original language, independently therefrom if it is a novell or a scientific text book. For example I suggested to my students to read the cited „conquest of nature“ from David Blackbourn in the English original. Whereas the German Edition of the book „Die Eroberungen der Natur – eine Geschichte der deutschen Landschaft.“ has got a excellent critic by Hartmut Leser (2008) published in „Die Erde – Zeitschrift der Gesellschaft für Erdkunde zu Berlin „, but i think, as worte above, if possible try to read the original version.

 

Actually in our world, the construction of what we call landscape, has become partly a domain reserved to the writing class (and to the world of movies), journalists, novelists, scientists, blogger, wikipedianists. Reflecting the importance of the writing class for the construction, I think the statements of Blackbourn should be broaden in the sense of the words of Golo Mann « wir alle sind was wir gelesen » (originally a citation of Eichendorff ) “we are all what we have read” – or translated to landscapes – the landscapes we construct in our imagination are strongly influenced by our readings. In a foreign language, which we normally learn at school, – it’s also important to see what kind of mental geography is transmitted to the pupils by their teachers. I think I will discuss this in a one contribution apart, because it’s a very interesting topic and important topic – what kind of mental geography doe foreign language teachers provide to their pupils.

For me English in a certain sense is the “pristine” (but not innocent) language of a more scientific approach to landscapes. But it’s clear that the American, English authors and authors from other country might they be native English speakers of not, – they all carry their cultural and academic baggage even if the try to describe us so called pristine landscapes (as for example Thomas Vale in Fire, Native Peoples and the Natural Landscape).

In this sense, geography or landscape ecology can never be an innocent science, because they are always charged with the cultural baggage of those who do the science, the research and the way they talk to their public, scientific public or wider scientific vulgarization.

Reflecting Ideas, subjective thoughts – and sharing discussions about what we call landscapes, paysages and Landschaften (at all levels of perception) will certainly be one of the objectives of the blog.

 

 

The other focus of the blog is to provide me a platform for citizenship, – a platform for presenting and discussion of my political opinions, of my personal view of the globalized world. This is the blog of the Citizen Neff.

As well as one the French petit début and the German prolog this posting is ending with a chanson from Patricia Kaas , – d’ Allemagne a song where Patricia Kaas is painting a very strong emotional picture of Germany of the the 1980.

 

Sources and Citations:

Blackbourn, D. (2007): The Conquest of Nature. Water, Landscape and the Making of Modern Germany. New York (Norton Paperback)

Blackbourn, D. (2007): Die Eroberungen der Natur – eine Geschichte der deutschen Landschaft. München (DVA)

Green, Gr, (1955): The Quiet American. London, (Heinemann)

Hemingway, E. (1940 ): For whom the bell tolls. (Charles Scribner)

Leser, H. (2008): Blackbourn, David: Die Eroberungen der Natur – eine Geschichte der deutschen Landschaft. München DVA 2007. In: Die Erde, Zeitschrift der Gesellschaft für Erdkunde zu Berlin, Forum für Erdsystem und Erdraumforschung, Buchbesprechungen, 272-273.

Lowry, M. (1947): Under the volcano.

Mann, G. (1991): Wir alle sind war wir gelesen. Aufsätze und Reden zur Literatur. Berlin (Verlag der Nation).

Vale, T.R. (2002): Fire, Native Peoples and the Natural Landscape.Washington,(Island Press).

 

 

Christophe Neff, Grünstadt 28.5.2009