Blognotice 08.09.2014: Quatre jours de vacances à Leucate, de très petites vacances ….

Z 27861-62 (Sncf) AGC devant le 76432 arrivent de Perpignan en Gare de Leucate - La Franqui
Z 27861-62 (Sncf) AGC devant le 76432 arrivent de Perpignan en Gare de Leucate – La Franqui © C.Neff 29.8.2014

Quatre jours de vacances à Leucate, de très petite vacances, – passées au bord de la mer fin août-début septembre dans le pays leucatois. Soleil, – mer – et déjà la première rafale de Tramontane. Beaucoup de baignades dans la grande bleue, – un peu de cerf volant sur la plage du Kyklos. Des jours tranquilles en bord de mer. Peu de lectures, – le Monde, même en vacances,  – deux notices de blog chez Paul Edel[1]. Le livre « Amer azur – Artistes et écrivains à Sanary »de Manfred Flügge, que j’avais dans mes bagages, je l’ai à peine feuilleté. Mais j’ai beaucoup pensé, à un livre de Manfred Flügge, un livre que j’avais lu exactement un an avant durant mes vacances à Port Leucate – « Traumland und Zuflucht – Heinrich Mann und Frankreich» – Heinrich Mann et la France. Un livre qui mériterait une traduction en français (et peut être un article dans paysages).

En fait j’ai beaucoup pensé à la France, au midi français car avant et après ces quatre jours de vacances, je préparais un cours pratique sur la géographie du Midi méditerranéen français, – un cours intensif qui comporte un séminaire et voyage d’étude pour une vingtaine d’étudiants de géographie qui débutera prochainement. C’est quoi un paysages typique du midi méditerranéen français, – le chant des cigales, les champs de Lavande, les vignes, les garrigues – ou la couleurs des paysages qui inspira artistes, écrivains, cinéastes durant des décennies, –  le maquis, une formation végétale typique des paysages méditerranéens, – mais c’est aussi bien le maquis haut lieu de la résistance contre l’envahisseur allemand, contre la terreur nazie et leurs supplétives françaises de la milice.

Durant ces quatre jours de vacances, – je faisais aussi un peu de « trainspotting[2] » –  à la gare de Leucate – la Franqui , et à la gare de Perpignan … mais ce qui ma frappa le plus, durant mes préparations de ce cours de géographie, mon voyage de préparation à travers la France, à travers les midis française c’est de voir à quel point ce pays, qui fut un pays de chemins de fer,  est devenu un pays à l’abandon. Depuis des décennies, les gouvernements, qu’ils soient de gauche ou de droite, laissent mourir ce qui fut une fois le réseau européen Nr. 1 de chemin de Fer, à petit feu. Ceci concerne tout le territoire français, – Bitche depuis peu décroché du chemin de Fer, l’Auvergne ferme silencieusement une ligne après l’autre, – combien de temps encore verra –t-on circuler des trains sur la ligne des Causses. J’utilise pour cette notice de blog en photo de couverture le Z 27861-62 (Sncf) AGC devant le 76432 arrivant de Perpignan en Gare de Leucate – La Franqui – ici à la gare de Leucate – sur la ligne Narbonne – Perpignan – Cerbère – Port Bou  le service public ferroviaire  français fonctionne encore, – nous avons même un quasi service cadence pour les TER, – mais une très grande partie des ruraux français sont tout simplement débranchés  du réseau SNCF.

Les petits Pins parasol poussant entre les rails entre Gallician et St. Gilles sur la ligne d’Arles à Lunel sont plus qu’un symbole fort pour ce déclin. Ici sur cette partie de l’ancienne ligne Arles à Lunel, – où jusqu’en 2008 passait encore un train de marchandise pour desservir la distillerie de St.  Gilles – qui est déjà envahie par la végétation forestière on pourrait avec le livre « fractures françaises[3] » de Christophe Guilly tenir en main un magnifique cours sur le déclin des ruraux français. C’est peut être une coïncidence, – mais le fait que cette ligne de chemin de Fer  se situe dans la Deuxième circonscription du Gard – dont le député élu est Gilbert Collard apparenté FN, – est plus qu’un symbole fort. C’est en fait une image très parlante. Malheureusement je n’ai pas pris de photo de ce qui reste encore de cette petite ligne de chemin de Fer.

Depuis quelques jours je suis de retour en Allemagne, – et encore en train de préparer ce cours sur la géographie du midi méditerranéen français. Sur mon bureau le magnifique livre de Magali Laure Niededka sur Sanary sur Mer, – Sanary sur Mer qui fut pendant les années 1930 la capitale de la littérature allemande[4]. Le livre, un travail universitaire sur l’exil d’artistes d’expression allemande fuyant les fureurs du nazisme à Sanary sur Mer. Dans ce livre j’ai retrouvé les traces de Jeanpierre Guindon, germaniste vivant à Sanary. Monsieur Guindon il y presque 20 ans m’avait guidé avec un groupe d’étudiants allemands de l’université de Mannheim sur les traces des artistes allemand ayant trouvé refugiés à Sanary. Le livre de Magali Laure Nieradka est un travail universitaire – mais c’est tellement bien écrit – qu’on a l’impression de revivre partiellement l’ambiance des paysages de l’exil des artistes allemands à Sanary. Et plus, le  livre est particulièrement bien documenté. Sanary sur Mer – sera une des stations du cours de géographie sur les paysages méditerranéens français. Sans le refuge offert par Sanary sur Mer, – que serait devenue la littérature allemande? Que resterait – il de la Montagne magique ? Sans Sanary, pas de « Joseph et ses frères (Thomas Mann) », pas de « Geschwister Oppermann (Lion Feuchtwanger), pas de « Veuve Bosca (René Schickele) », car tous ces ouvrages ont été au moins partiellement écrit dans le ville refuge qui fut Sanary-sur-Mer[5].

Le livre de Magali Laure Nieradka nous rappelle, que pendant un des pires moments de l’histoire allemande, Sanary fut tout simplement la capitale de lettres allemandes.

Durant la préparation de ce cours de géographie et aussi pendant ces quatre jours de vacances à Port Leucate, – j’ai aussi pensé beaucoup à un de mes maitres – le Dr. Rainer Joha Bender – décédé il y vingt ans, le 23. Aout 1994 à Mannheim[6]. C’est aussi grâce à lui, et ses cours sur la géographie du Var qu’il tenait ensemble avec Michel Mestre et Catherine Mestre de l’Université de Toulon[7], que j’ai appris à déchiffrer et lire les paysages côtiers de la méditerranée provençale entre Marseille, Ciotat, Sanary, Toulon, Port Cros, Ramatuelle …. Ces paysages qui seront au cœur du cours que je prépare en ce moment. C’est avec Rainer Joha Bender, pendant une excursion en 1988 sur la « géographie touristique du Var »[8] que je découvrais les magnifiques paysages de Port Cros.

Pour clore ce petit billet de blog, – pendant les préparations de ce cours de géographie, – interrompue par ces quatre jours de vacances à Port Leucate, – la France s’est dotée d’un nouveau gouvernement, – le Gouvernement Manuel Valls (2). Je semble être un des rares électeurs de François Hollande qui salue le virage « social-libéral » de ce remaniement gouvernemental. Il y a quelques années, – les medias allemands préconisaient aux parents d’adolescents surfant sur les réseaux sociaux, d’entrer dans Facebook, pour se prémunir de mauvaises surprise – et c’est ainsi qu’avec l’aide de ma nièce Céline je suis entré dans Facebook. Dans tendance politique j’avais écrit « Libre penseur de tendance social-libérale ». Mes convictions n’ont guère  changé depuis. Donc je ne peux que saluer ce virage « social-libéral » du nouveau gouvernement Valls.

Photo: Z 27861-62 (Sncf) AGC devant le 76432 arrivent de Perpignan en Gare de Leucate – La Franqui © C.Neff 29.8.2014

Ouvrages cités :

Bender, R.J. (Ed.)(1988):  Deutsch-französisches Seminar Tourismus und Marketing : Toulon 5.-12. 6. 1988. Mannheim Geographisches Institut.

Flügge, M. (2007): Amer Azur. Artistes et écrivains à Sanary. Paris, ISBN 978-2-86645-650-4

Flügge, M. (2013): Traumland und Zuflucht. Heinrich Mann und Frankreich. Berlin, Insel Verlag Berlin. ISBN 978-3-458-35954-8

Lentz, S, Lukhaup, R. , Neff, C.,  Ott, Th., Swiaczny F. (Eds): Gedenkschrift für Rainer Joha Bender, Mannheim 1996, Mannheimer Geographische Arbeiten 44, ISBN 3-923750-66-8.

Nieradka, M.L.  (2010): Die Hauptstadt der deutschen Literatur. Sanary-sur-Mer als Ort des Exils deutschsprachiger Schriftsteller. Formen der Erinnerung 44, Göttingen, ISBN 978-3-89971-792-1

Christophe Neff, le 08.09.2014

P.S.: La lecture du billet « Mes vacances, Clopine » dans le Blog de Paul Edel, pendant mes quatre jours de vacances fin aout 2014 à Port – Leucate m’inspira à écrire ce billet, même si à première vue les deux billets n’ont guère en commun. Enfin, dans les deux billets on écrit sur des livres, des paysages et des hommes.


[3] Une petite impression personnelle  du livre « fractures françaises »  se trouve dans le  « billet la géographie le grand gagnant du scrutin des présidentielles 2012 »

[4] Nieradka, M.L .  (2010): Die Hauptstadt der deutschen Literatur. Sanary-sur-Mer als Ort des Exils deutschsprachiger Schriftsteller. Formen der Erinnerung 44, Göttingen

[5] Dans les pages 177-181 du livre de Magali Nieradka  (Ibidem)- nous trouvons un inventaire détaillé sur les ouvrages écrites par les écrivains d’expression allemand écrit a Sanary durant les années 1930-1940.

[6] Les amis et disciples de Rainer Joha Bender lui ont consacré une Gedenkschrift en 1996 « Gedenkschrift für Rainer Joha Bender » édite par Lentz, S. et al.1996).

[7] Voire aussi Mestre, M., Mestre, C. (1996) : Zur Universitätspartnerschaft Toulon – Mannheim. In: Lentz, et al. (Eds): Gedenkschrift für Rainer Joha Bender, Mannheim 1996, Mannheimer Geographische Arbeiten 44, p. XVII- XVIII.

[8] Bender avait publié les principaux résultats de ce cours/excursion franco-allemand dans une petite brochure (Bender 1998).

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