En revenant de deux semaines de vacances en France, je découvris en lisant la Wochenendausgabe de la Rheinpfalz qu’André Weckmann était décédé le 29 juillet à Strasbourg. La Rheinpfalz avait publié un belle nécrologie d‘ André Weckmann écrite par Bärbel Nückler sous le titre « Der Sprach-Brückenbauer – Nachruf: – In dieser Woche starb der elsässische Dichter André Weckmann- Erinnerung an eine große literarische Stimme am Oberrhein». La nouvelle ne parvenait pas dans le Midi français, – les medias nationaux n’avaient pas transporté le triste message du décès d’André Weckmann, – celui-ci restait confinée entre les Vosges et la plaine rhénane. J’aurais tellement aimé lire une belle nécrologie dans le Monde, ou dans la République des lettres,- mais presque rien – sauf la très réussie nécrologie de Claude Keiflin « André Weckmann: « J’ai toujours eu de la chance » » publiée dans les blogs le Monde. Est-ce que la France médiatique aurait un une fois de plus peu oublié l’Alsace, – oublié l’ancien malgré-nous qui déserta pour rejoindre les FFI, le chantre du bilinguisme, le poète des messages d’espérances et d’humanisme. En fait le grand public français avait que découvert André Weckmann grâce à sa lettre de soutien à Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier pendant leur enlèvement en Afghanistan – lettre qui fut lue le 28 février 2011, par le comédien Charles Berling à Paris et l’enregistrement fut diffusé sur RFI. Dans cette lettre André Weckmann nous parle des peurs et des angoisses qu’il ressentit dans la cave à Steinbourg où il se cachait pour se soustraire à la Wehrmacht – après avoir déjà été blessé à trois reprises sur le front de l’est comme incorporé de force dans l’armée hitlérienne , sachant bien que, si l’occupant allemand l’attrapait il serait exécuté, pendu – un châtiment exemplaire pour disséminer la peur en Alsace. Après la guerre André Weckmann, devenu Professeur d’Allemand, écrivain, poète, humaniste , fut aussi un des bâtisseurs de la réconciliation franco-allemande. J’aurais aimé qu’on parle plus du décès d’André Weckmann dans la France de nos jours, sur l’œuvre littéraire, sur l’homme qui contribua à la réconciliation franco-allemande. J’ai parfois l’impression que l’œuvre littéraire de Weckmann est actuellement plus présente dans les milieux littéraires allemands que français. Mais peut-être me trompé-je. Peut-être pourrait- on rééditer son premier roman « Les Nuits de Fastov » pour que l’auteur ne sombre pas dans l’oubli en dehors de ses terres natales entre Steinbourg et Strasbourg.
Le dernier récit de Weckmann que j’ai lu était le « Babbaschott » publié dans un numéro spécial du magazine littéraire « Allmende » consacré à la littérature & paysages alsaciens (Allmende 87/Literarische Landschaften-das Elsass). C’est une fable sur les paysages ruraux de l’Alsace contemporaine, écrit en « Hochdeutsch » mélangé ici et là avec des expressions françaises, parsemé de vers en « Elsässerditsch » – dont je me permets de reproduire le dernier publié dans le récit « Babbaschot ».
« Luej
dr owed het saim
heer
der wind raitzelt in de baim
spier
d wärme von der letschte traim (Weckmann, André 2011, 58).»
Textes cités:
Nückler, Bärbel (2012): Der Sprach-Brückenbauer – Nachruf: – In dieser Woche starb der elsässische Dichter André Weckmann- Erinnerung an eine große literarische Stimme am Oberrhein. In : Die Rheinpfalz Nr. 180, – Balkon: Über Grenzen. Samstag 4. August 2012.
Weckmann, André (2011): Babbaschott. In: Allmende, Zeitschrift für Literatur, 87, 31. Jahr, Juli 2011: Literarische Landschaften – Das Elsass, p. 45- 58, Karlsruhe, ISBN 978-3-88190-639-5
Christophe Neff, le 7.08.2012