
Boualem Sansal est porté disparu dans une prison algérienne ! J’ai découvert la nouvelle par le petit billet « Pour Boualem Sansal » publié par Pierre Assouline dans la République des livres le 23. Novembre 2024 ! En lisant les lignes de Pierre Assouline, en particulier « Au début des années 30, ils n’étaient qu’une poignée d’écrivains à inquiéter leurs lecteurs sur les dangers à venir annoncés par la montée du nazisme. Ils manifestaient là un devoir d’intranquillité correspondant à l’idée qu’ils se faisaient se leur vocation d’écrivain. Dans l’Europe d’hier, ils s’appelaient André Suarès, Klaus Mann… Dans l’Europe d’aujourd’hui, ils s’appellent Kamel Daoud, Boualem Sansal… Des lanceurs d’alerte contre l’islamo-fascisme » je pensais au premier livre de Sansal que j’avais lu durant l’été 2008, et j’espérais que Sansal, l’écrivain dissident, – le prisonnier politique pourrait regagner la liberté dans un court délai, – mais hélas je ne me faisais aucune illusion ! « Poste restante : Alger Lettre de colère et d’espoir à mes compatriotes ». Ce livre, en version folio, qui débute avec l’avant propos « A la mémoire de Mohamed Boudiaf Président de l’Algérie de janvier à juin 1992 Assassiné à Annaba le 28 juin 1992 Par un officier de la garde présidentielle » je l’avais acheté dans la libraire Adamus, à Leucate il y a maintenant presque 20 ans. J’aimais bien cette librairie, qui a malheureusement disparue, comme beaucoup d’autres petites librairies & point vente de presse qui disparaissent « sans faire de bruit » du paysage ruraux français. Au fil des années dans « paysages » ici et là je parlais aussi un peu de cette charmante petite librairie[1]. Et concernant le livre « Poste restante: Alger. Lettre de colère et d’espoir à mes compatriotes » je crois que c’était même Mireille Adamus qui me l’avait recommandé ! Et maintenant après 16 ans, – le pouvoir algérois lasse disparaitre Sansal dans une prison inconnue. Heureusement, dans le Monde francophone[2] les écrivains, les intellectuels se sont très mobilisés pour Sansal, – je citerai simplement la tribune écrite par Kamel Daoud « Des Prix Nobel de littérature se mobilisent pour Boualem Sansal » publié dans le Point. On retrouve ces appels sous le Hashtag #BoulemSansal dans Mastodon ou chez Bluesky » . En Allemagne par contre la mobilisation est plutôt restreinte, – on retrouve l’article d’Iris Radisch « Boualem Sansal ist verschwunden » dans la Zeit, un article dans la TAZ « Algerischer Schriftsteller verschwunden. Der Schriftsteller Boualem Sansal ist verschollen“, Heiner Wittmann „Die Verhaftung von Boualem Sansal in Algerien“ dans le Frankreich Blog et l’auteur de paysages en parle dans son dernier billet „Blognotiz 24.11.2024: Worms im Nebelmeer“. Dans les pays anglophone c‘est plutôt le silence complet. Il reste donc que d’espérer que Boualem Sansal retrouve bientôt sa liberté et de lire ses livres. Et naturellement ne pas oublier ces milliers d’autres écrivains, artistes, dissidents, prisonniers politiques dans le reste du monde, comme par exemple Maria Kalesnikava en Biélorussie[3] ou Mahsa Amini et le mouvement Femme, Vie, Liberté en Iran[4].
Bibliographie :
Sansal, Boualem (2006) : Poste restante : Alger Lettre de colère et d’espoir à mes compatriotes. Paris, Folio – Gallimard (© Éditions Gallimard 2006), ISBN 978-2-07-035550-1
Christophe Neff, Grünstadt le 03.12.2024
[1] Voir aussi « Vendredi, journée de marché à Leucate (16.10.2009) » , « Blognotice 14.10.2012: encore une nouvelle librairie à Leucate » et « Blognotice 16.06.2022: Retour à Leucate – des vagues de la méditerranée qui se brisent au Cap Leucate jusques aux neiges du massif du Carlit – récit d’un cours de géobotanique en juin 2022 ».
[2] Voir aussi « Arrestation de Boualem Sansal : les réactions du monde littéraire De nombreux auteurs et institutions littéraires s’émeuvent et exigent la libération de l’écrivain algérien, arrêté à Alger le 16 novembre. Propos recueillis par Raphaëlle Leyris et Florent Georgesco» Le Monde/LeMondeAfrique 28.11.2024.
[3] Voir aussi « Maria (für Maria Kalesnikava) » et « Pour une juste cause – „Maria Kalesnikava“ emprisonné depuis plus de 1000 jours »
[4] Voir aussi « Le prix Sakharov attribué à Mahsa Amini et au mouvement des femmes en Iran – Femme, Vie, Liberté » et « Courir toujours plus loin pour un brin de liberté (pour les courageuses femmes iraniennes) ».