Georges Kuhnholtz – Lordat sur wikipedia.fr

En préparant la semaine dernière une intervention majeure sur les perspectives de recherche en écologie du feu pour un colloque sur l‘ écologie des perturbations (all. Störungsökologie, ang. Disturbance ecology ) à l’université de Bayreuth ,par curiosité, j’ai fait une demande Google pour savoir ce que la toile savait sur Georges Kuhnholtz-Lordat, que je considère personnellement comme un des pères-fondateurs de l’écologie du feu , et qui est systématiquement cité comme tel par la littérature scientifique anglo-américaine , mais qui est presque oublié en France et en Europe. Dernièrement par exemple dans „Fire ecology and fire politics in Mali and Madagascar » de Christian A. Kull et Paul Laris (Kull & Laris 2009) ou dans le mémorable livre de Christian A. Kull sur l‘ écologie politique du feu sur l’ile de Madagascar – « Isle of Fire » (Kull 2004),ou même dans le chapitre de l’historien du feu et de l’écologie du feu Stephen J. Pyne „Eternal Flame: An Introduction to the Fire History of the Mediterranean “ qui écrit « The one great innovation that emerged was the stimulus Greater France gave to the first systematic attempt to tabulate fire throughout the Earth, Georges Kuhnholtz-Lordat’s Le Terre Incendiée (1938) (Pyne 1997) » dans le livre „Earth Observation of wildland fires in Mediterranean Ecosystems“ édité par E. Chuvieco. En fait il s’agit d’un essay qui résume un chapitre beaucoup plus large sur les feux dans le monde méditerranéen dans le livre « Vestal fire » que Pyne publia déjà en 1997. Donc grande surprise de trouver un article dans la wikipedia.fr sur Kuhnholtz-Lordat, car personnellement j’ai l’impression que la wikipedia francophone a parfois un caractère anti- scientifique et anti-intelectuel. Chaque petite starlette de télés & cinémas, les footballeurs de 3 eme classe etc., ont droit à leur articles – mais il est rarissime de trouver un bon article sur un scientifique – sans parler de géographes, biogéographes ou écologues du paysage :rien ou presque rien , rien sur Pierre Quezel le grand maitre de la biogéographie des forêts méditerranéennes, rien sur Louis Trabaud qui fit renaitre l‘ écologie du feu en France et qui contribua ainsi à l‘ établissement d‘ une écologie du feu européenne et méditerranéenne, rien sur Marco Conedera qui a introduit l‘ écologie du feu en suisse et qui est reconnu internationalement comme un des premier écologues du feu européen , la même chose vaut pour Eric Rigolot : rien sur Eric Rigolot qui actuellement contribue au niveau européen au développement de l‘ écologie du feu et ainsi de suite – donc j‘ étais agréablement surpris de découvrir le petit article sur Georges Kuhnholtz – Lordat dans la wikipedia francophone. Malheureusement on ne trouve rien sur l’importance des travaux de Kuhnholtz-Lordat sur le développement de l’écologie du feu, – ni sur la valeur de son ouvrage la terre incendie ,premier livre traitant des feux végétaux au niveau global et mondial. Dans ce sens on pourrait même dire que le livre fut une des premières monographies de « global change ecology ». Vu sa valeur fondamentale pour le développement de la « Fire ecology » et la « disturbance ecology » anglo-américaine (et des citations dans les publications scientifiques internationales)- le livre lui-même vaudrait certainement aussi un article dans la wikipedia. Moi – même dans une de mes premiers publications scientifiques (Neff 1995) j‘ avais décrit la Terre incendiée comme la première monographie francophone dédiée entièrement aux Feux de forêts : « Kuhnholtz-Lordat’s « la Terre incendiée » war die erste französischsprachige Monographie, die sich auschließlich mit landschaftsökologischen Folgen und Risiken von Waldbränden auseinandersetzte ». (Neff 1995, 9).

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Pour préparer la conférence sur les perspectives de rechecherche en écologie du feu – je me suis donc procuré un exemplaire de « la terre incendiée (la Bibliothèque universitaire Mannheim a une photocopie du livre) » – et j’ai relu quelques chapitres – car l’expose à préparer contenait une section sur l’histoire du développement de l’écologie du feu en tant que science. Et là ,quelle surprise ;je découvre que Kuhnholtz – Lordat ,comme je l’avais fait dans Feux de forêts et lectures de paysages méditerranéens cite Maria Chapdelaine , cite le roman de Louis Hémon dans la terre incendiée. Cet ainsi que la première partie du livre , « le feu et la culture ,A. les incendies préculturaux sur deckblatt-la-terre-incendiee.1277617333.jpgForêt » débute avec comme introduction un extrait du roman de Maria Chapdelaine – « Un beau morceau de terre qui a été plein de bois er de chicots et de racines et qu’on revoit une quinzaine après, nu comme la main, prêt pour la charrue, je suis sûre qu‘ il ne peut rien y avoir au monde de plus beau et plus aimable que ca » , disait la mère de Maria Chapdelaine. Louis Hémon » (Louis Hémon cité dans Kuhnholtz-Lordat 1939, p. 79). Même si Kuhnholtz-Lordat cite une autre partie de Maria Chapdelaine que celle citée par moi dans Feux de forêts et lectures de paysages , je ne me suis guère trompé en écrivant que le roman de Hémon était « certainement à ma connaissance une des premières descriptions « littéraires » de la dynamique végétale après incendies de forêts ».

71 années après son édition, la lecture du livre «la terre incendiée» de Kuhnholtz-Lordat, même si certain concepts d’un point de vue scientifique sont certainement dépassés , reste encore une lecture enrichissante et ce n’est pas sans raison que l’ouvrage est encore systématiquement cité dans la littérature scientifique internationale , même si je doute que tous les auteurs qui citent le livre aient réellement lu l’ouvrage. Néanmoins ,ce livre peut être considèré comme l‘ ouvrage fondamental qui donna naissance à ce qui s‘ appelle de nos jours dans le langage scientifique international « fire-ecology ».

Ouvrages et sources cités :

Kuhnholtz-Lordat, G. (1939) : La Terre incendiée. Essai d‘ agronomie comparée. Nîmes (Éditions de la Maison carrée)

Kull, C. A. (2004) : Isle of Fire. The political Ecology of Landscape Burning in Madagascar. Chicago (The University of Chicago Press), ISBN 0-226-46141-6

Kull, C.A., Laris, P. (2009): Fire ecology and fire politics in Mali and Madagascar. In : Cochrane, M.A. (Ed): Tropical Fire Ecology. Climate Change, Land-Use and Ecosystem Dynamics. Berlin, p. 171 – 226 (Springer), ISBN 978-3-540-77380-1

Neff, C. (1995): Waldbrandrisiken in den Garrigues de Nîmes (Südfrankreich) – eine geographische Analyse. Mannheim, ISBN 3-923750-50-1

Pyne, S.F (2009): Eternal Flame: An Introduction to the Fire History of the Mediterranean . In: Chuvieco, E. (Ed.): Earth Observation of wildland fires in Mediterranean Ecosystems, pp. 11- 26, (Springer), ISBN 978-3-642-01753-7.

Christophe Neff, Grünstadt le 27.6.2010

2 Kommentare zu „Georges Kuhnholtz – Lordat sur wikipedia.fr

  1. Bonjour, lu avec intérêt votre papier. Merci. Avez-vous lu la version remaniée de la Terre incendiée intitulée L’Ecran vert, 1958, Paris: éd. du Museum ? (avec une grosse biblio)
    Bien cordialement.

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  2. J’aimerai connaître l’adresse courriel de C. Neff. Je trouve son commentaire très pertinent ayant eu le privilège de connaître le Pr G. Kuhnholtz -Lordat, premier titulaire d’une chaire d’Ecologie en France, celle du Museum en 1954, et aussi de Pierre Quezel, dont l“oeuvre écologique sur les écosystèmes forestiers méditerranéens est mondialement connue mais là encore relativement minimisée en France dans les jeunes générations d“écologues

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