Kodak arrête la production du Kodachrome , le monde.fr l’a annoncé déjà hier, – le Spiegelonline aujourd‘ hui dans Netzweltticker , où on trouve une belle petite petite histoire chez Reuters – Kodak kills Kodachrome film after 74 years (on a bien l‘ impression que l‘ article du monde n‘ est qu‘ une traduction légèrement adaptée du texte de Reuters). Dans l‘ article du Monde un lien vers le site de SteveMcCurry où on trouve quelques mots sur la disparition du Kodachrome dans son blog « Kodak To Discontinue Kodachrome ». Un certain regard sur le paysage disparaît, – une certaine vision de notre mémoire, de notre image de nous -mêmes va donc disparaître. Dans un certain sens le kodachrome est naturellement lié à la photo de SteveMcCurry de Sharbat Gula qui figurait comme couverture dans le National Geographic de juin 1985 .
Mais en réalité le kodachrome ne se résume pas à la photo de McCurry. D‘ une part – dans le Kodachrome C – 64 – furent mémorisées les images d‘ enfance des babyboomers, que ce soit aux Etats-Unis, en France, en Allemagne ou ailleurs. Mon père, mes grands-parents furent aussi de ces photographes amateurs utilisant le C- 64, – et encore aujourd’hui ces photos datant des années 1950, 60 et quelques brillent dans leurs couleurs originales sans aucune pâleur. Les couleurs des souvenirs encaissés dans les photos numériques pourront- elles aussi autrant briller dans 30 ou quarante ans, voire cinquante ans comme le font encore les diapositives tirées des C- 64. Quelle est la longévité d‘ un cliché numérique, -sur quel support l‘ image voyagera-t-elle à travers le temps? Il y a même des spécialistes qui pensent que même si en ce moment nous sommes littéralement envahis par les photos numériques ce ne seront que des images éphémères – et dans quelques années toute une génération va s‘ apercevoir de ce que sa propre mémoire photographique a disparu.
Parlons de couleurs, – le C- 64, – fut longtemps le film de référence pour la photographie des paysages, – surtout à cause de la finesse du grain et des couleurs reproduites, considérées comme très proches des couleurs naturelles. Avec le C – 64 un certain regard sur le paysage disparaîit, reflets et lumières du Kodachrome s‘ évanouissent dans le vide. Les rêves aussi se dissipent, – j‘ ai toujours rêvé faire une fois dans ma vie des vacances – un voyage de découverte de paysages et d’hommes oubliés sur les rives de la méditerranée avec une vielle Leica M- 4 ou 5 (ou même un M-7) – une reflex un peu plus moderne, et des films Kodachrome C- 64 en poche, ce rêve est donc terminé ! En outre il devient de plus en plus difficile d‘ acquérir de bons appareils reflex analogues. La photographie de paysage analogue (diapositive) est avec la disparition du C-64 Kodachrome devenue encore plus que jamais un art d‘ initié. Combien de temps va-t il encore survivre ?
Christophe Neff, Grünstadt le 24.6.2009
P.S: Et voici le site commemorative de Kodak pour le Kodachrome: A thousand word – tribute to Kodachrome : A Photography Icon .