Jeudi 29.9.2011 le Bundestag a voté le plan de sauvetage de l’euro, la Kanzlermehrheit est au rendez-vous et depuis, Madame Merkel pourra un peu reprendre son souffle, le lendemain Pierre Assouline se permet de faire l’éloge de wikipedia « N’est pas Karl Kraus qui veut (pour une fois, la notice Wikipédia est excellente) » ce qui a aussi quelque chose d’ historique , de en plus le billet fait découvrir une nouvelle expression – archéo-postsoixantehuitard– eine echte Wortkreation! Un véritable néologisme. Après une longue pause, Au jour le jour nous présente un billet automnale et nous témoigne une fois de plus à quel point l’auteure, ancienne grande dame de la Socialdemokratie du Südweststaat, désespère une fois de plus des baronnies locales, des grands et petits chefs du P.S. français. Elle devrait peut être lire « 30 ans après » de Serge Moati. C’est bien écrit, cela fait revivre de bons souvenirs, et cela peut donner du courage pour affronter l’épreuve des présidentielles en 2012.
Pour revenir au vote du plan de sauvetage de l’Euro au Bundestag, je me suis longtemps interrogé comment j’aurais voté moi – même en ce jour décisif au Bundestag. J’aurais certainement voté pour, comme une grande majorité de la SPD et des Verts, mais avec le cœur lourd, même très lourd, car le traitement que ce plan envisage pour les pays en difficulté est à mes yeux une politique digne de la politique économique du gouvernement Brüning qui mena l’Allemagne au désastre politique connu. Aux Etats Unis durant ces temps mouvementés et pleins de désespérance socio-économique, Franklin Delano Roosevelt commença sa politique du New Deal et sortit les Etats Unis grandis de cette rude épreuve, pendant que l’Allemagne s’enfonça dans un des plus sombres chapitres de son histoire. Parfois tout cela me rappelle du déjà vu et je reviens à une lecture qui m’avait très impressionne durant mes études, le fameux livre de Charles Kindleberger « The World in Depression. 1929–1939 » que j’avais lu en traduction allemande « Die Weltwirtschaftskrise ». Ce livre mériterait d’être lu (ou relu) par nos élites politiques. Le capitalisme sans limites, qui parfois me semble être digne d’un « Freibeuterkapitalismus », d’un capitalisme flibustier, comporte tous les ingrédients pour mettre nos sociétés au bord du gouffre.
Je finis cette petite blognotice avec une citation, que j’ai découverte en lisant « 30 ans » de Serge Moati « Le véritable ennemi, j’allais dire le seul, parce que tout passe par chez lui, le véritable ennemi si l’on est bien sur le terrain de la rupture initiale, des structures économiques, c’est celui qui tient les clefs… c’est celui qui est installé sur ce terrain là, c’est celui qu’il faut déloger… c’est le Monopole ! terme extensif… pour signifier toutes les puissances de l’argent, l’argent qui corrompt, l’argent qui achète, l’argent qui écrase, l’argent qui tue, l’argent qui ruine, et l’argent qui pourrit jusqu’à la conscience des hommes ! » – ce petit bout de phrase est issue du discours d’Epinay de François Mitterrand („QU’ALLONS-NOUS FAIRE DE L’UNITÉ ET SURTOUT, COMMENT ALLONS-NOUS FAIRE ?“ (EPINAY, 13 JUIN 1971))– et ce petit bout de phrase n’a rien perdu de son actualité ni de sa véracité.
Sources citées :
Moati, Serge (2011) : 30 ans après. Paris, Editions du Seuil, ISBN 978-2-02-098819-3.
Christophe Neff, le 1.10.2011