Blognotice 10.12.2014: L’éruption du Pico do Fogo du 23.11.2014 – l’éruption oublie ….

Le volcan Pico do Fogo (Cap Vert) est entré en éruption depuis quelques semaines[1]. Le Pico do Fogo est un stratovolcan situé sur l’île de Fogo . Le Pico de Fogo est aussi le  point culminant du Cap Vert avec 2 829 mètres d’altitude. Cette éruption qui débuta le 23.11.2014 – est un peu oubliée par les medias internationaux et donc par une grande partie du monde.

L’évènement se situant  sur une ile perdue dans l’océan atlantique, appartenant au monde lusophone, cette éruption n’a guère intéressé les medias internationaux. Comme la République de Cabo Verde fait aussi partie de la « Francophonie », ici et là quelques rares medias francophones ont  parlé de l’évènement[2]. En Allemagne les nouvelles sur l’éruption de « Homi Grande (L’homme Grand)[3] » comme on dénomme aussi le volcan sont arrivées le 9.12.2014 avec un article du SPON « Kapverdische Inseln: Lavamassen löschen Dörfer aus (Illes du Cap Vert – les masses de Lava ont detruisent deux villages) », donc avec deux semaines de retard.

Pour les vulcanologues c’est un évènement spectaculaire, – donc l’analyse peut agrandir notre savoir sur le volcanisme. Pour les amateurs de  volcanisme ce sont des frissons et des belles photos et vidéos[4]. Pour l’écologie terrestre un site extraordinaire pour observer la reconquête et  la dynamique végétale après une éruption volcanique. Mais pour les habitants c’est tout simplement une catastrophe. Même si jusqu’ à présent il n’y a eu aucun mort à déplorer, – pour les habitants des villages de la  Chã das Caldeiras c’est tout simplement une catastrophe. Il suffit de regarder les différentes vidéos de la télévision Capverdienne et Portugaise[5].

Visionnant ces  différentes vidéos, j’ai beaucoup du pense à Capelo sur l’ile de Faial, totalement ensevelit par l’éruption du Capelinhos en 1957/58. D’abord à mes propres travaux sur la reconquête végétale après l’éruption du Capelinhos, – travaux et documents qui attendent depuis 2008 leur rédaction et publication. Mes deux publications sur les Azores, ne parlent que très brièvement de la reconquête végétale sur le site du Capelinhos à Capelo[6]. Peut-être le jour viendra où je pourrai enfin publier les résultats de ces analyses sur la dynamique végétale à Capelo.

Mais en visionnant ces images de désolation, les larmes des habitants de Portela qui ont tout perdu, j’ai surtout pensé au  Pastore-Kennedy Act de 1958 – acte aussi dénommé Azorean Refugee Act of 1958 – cet acte qui ouvre les portes des Etats Unis pour les refugiés de l’éruption du Capelinhos de Capello, de Praia do Norte,  Norte Pequeno, etc. sur l’ile de Faial. Les initiateurs de ce acte furent le sénateur démocrate John O. Pastore de Rhode Island, et le sénateur démocrate John F. Kennedy du Massachusetts.

Les iles du Cap Vert font bien partie de la francophonie – et en visionnant les images parvenant de la  Chã das Caldeiras, –  je me suis demandé où sont les hommes et femmes politiques francophones (française, suisses, belges, québécoise etc.) qui pourraient être le fer de lance t’une telle initiative courageuse – comme le fut John Pastore ou John F. Kennedy en 1958. C’est en France que débuta la véritable carrière internationale de Cesária Evora, – pourquoi la France ne prendrait pas le devant d’une telle initiative. Le Portugal, l’ancien pays colonisateur, – pays qui souffre encore  énormément des suites de la crise financière,  – un pays où la pauvreté fait rage –  fait ce qu’il peut – a  envoyé la Frégate Álvares Cabral – pour une première aide – sur place.  Mais la France a sûrement les moyens de faire plus que le Portugal.

Peut-être les hommes et femmes politiques avec le courage d’un John O Pastore ou John F. Kennedy en France sont devenus rares. Et en plus on a tellement peur du FN en France.

Quelle personnalité politique en France de nos jours aurait le courage d’ouvrir la porte d’entrée pour les refugiés de l’éruption du Pico do Fogo, – des villages de la Chã das Caldeiras. Le petit village de de Portela a quasiment disparu sous la rivière de lave  en provenance de la « bouche » de  l’Homme grand. Et l’éruption continue de sévir, d’après les dernières publications du Publico, l’éruption est même en train de se renforcer!

Je finis ce petit billet avec une pensée pour Orlando Ribeiro, grand maitre de la géographie portugaise. Le livre « A Ilha do Fogo e as suas erupções[7] (l’ile de Fogo et ses éruptions)» fut un de ses chefs-d’œuvre. Le quotidien Público le rappelle bien dans sa couverture de l’éruption du Pico du Fogo, en honneur de Orlando Ribeiro un des cônes du Pico du Fogo s’appelle Monte Orlando!

Christophe Neff, 10.12.2014


[1] Le billet est une version élaborée de la notice bilingue (fr/en)  « Le volcan Pico do Fogo (Cap Vert) est entrée en éruption depuis quelques semaines » sur mon site Google+.

[6] Mes deux publications traitant des Acores sont „ Neff, C. (2002): Quelques observations géographiques et botaniques sur Fajã Grande (Flores/Açores/Portugal) – notice d’un voyage d’études aux Açores (Flores/Faial) pendant l’été 2001. Geoöko 23(4), S. 279–288. » et   Neff, C. (2004): Azoren: Blumeninseln im Atlantik. Geographische Rundschau 57(9), S. 24–28.

[7] Orlando Ribeiro „A Ilha do Fogo e as suas erupções”. 12ª ed. – Lisboa : Junta de Investigações do Ultramar, 1960. – 319 p. : 61 est. – Memórias / Junta de Investigações do Ultramar.Série Geográfica.

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